Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Une petite virée sur les bords de la mer rouge: impressions de voyage - Liban

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LIBAN

 

 

1/ Impressions de voyage de Christian  

 

J'avais annoncé une journée chargée, elle le fut! J'aime tenir parole!

En fait, tout simplement, un départ à 8 heures et une arrivée à 20 heures, une frontière jordanienne où on a le sentiment d'un énorme tiroir caisse ( on a payé des droits de sortie!), une douane syrienne où les droits d'entrée ont été divisés par 5 par rapport à notre arrivée de Turquie ( il y en a qui s'en sont mis plein les poches, semble-t-il!); ensuite l'autoroute, c'est à dire quatre voies et rien d'autre, sauf un vent violent qui donnait à nos motos un air penché très spécial et qui sollicitait nos muscles.

Un peu plus tard, la pluie, légère pour commencer, puis un véritable déluge; enfin, un abri dans une station d'essence que l'on aurait pu croire désaffectée, l'accueil tout en simplicité et en chaleur humaine du pompiste, ses trois thés qu'il ira nous préparer, son réchaud qu'il laissera allumé pour nous permettre de nous réchauffer, son poste de télévision où il finira par trouver l'émission...."Des chiffres et des lettres": scène surréaliste alors que la pluie redoublait dehors et que le tonnerre grondait, nous nous retrouvions dans ce coin perdu de Syrie en train d'essayer de composer les mots français les plus longs et de faire nos plus belles opérations!

Syrie

 

Peu avant Damas, direction l'ouest, avec une route qui monte... et un vent qui fait de la résistance; pauvre Marie et sa petite Varadero devant ce mur invisible. Juste avant la frontière, un petit café avec juste deux places assises, elles étaient pour nous. Le cafetier nous offre un gâteau fait maison et refuse d'être payé au moment de notre départ.

Tout de suite après, une nouvelle douane "fatiguée", aux murs décrépis, avec un bureau où trône le vieux poêle en bois, la télé (!) et même un lit (!!). Nouveau petit droit de sortie (grrrr!), puis le jeune planton qui nous presse de partir avant l'arrivée du capitaine occupé à discuter pour, semble-t-il, éviter un nouveau bakchich. Enfin, la douane libanaise interminable où on nous allège de dix euros mais en nous indiquant qu'on nous dispense de prendre une assurance compte tenu de notre court passage! Soit disant, le douanier prenait cette responsabilité! N'importe quoi!

Je vais avoir du mal à me réconcilier avec les douaniers qui, manifestement, usent et abusent de leurs pouvoirs en sachant que si on commence à rouspéter, il leur est facile de nous faire passer quelque heures dans leurs beaux bâtiments. Quand la fatigue est trop présente, on baisse les bras... et on fulmine! Par contre, il nous serait très facile de transporter toutes sortes de produits illicites car le contrôle de nos motos n'est jusqu'à présent pas à l'ordre du jour!

Pour terminer, une arrivée à la tombée de la nuit dans un hôtel désuet, qui résiste de toutes ses forces au poids des ans, avec une propriétaire charmante... et parlant le français. Hé oui, nous sommes au Liban, et ce sont les femmes (non voilées) qui nous reçoivent. Marie est aux anges!!

Après cette journée marathon, le simple fait de se glisser sous les draps fut un véritable délice.

Départ le lendemain sur une belle route montagneuse d'où l'on apercevait la plaine de la Bekaa, avec une cinquantaine de kilomètres de rêve à la clef.... jusqu'à l'arrivée sur la côte. Car, de Beyrouth à Tripoli, il n'y a que des constructions et une autoroute surchargée. Du béton et des autos, jusqu'à plus soif! Pas terrible pour les deux pauvres motards car, côté conduite, ils en tiennent une bonne, les Libanais! Un peu comme les Syriens, mais avec des voitures nettement plus luxueuses, ce qui donne un paysage mécanique moins pollué mais qui sollicite autant, si ce n'est plus, le rythme cardiaque.

Heureusement, nous avons trouvé, près de Byblos, un camping, mmmhhh!, situé en haut d'une falaise, avec un point de vue superbe sur la côte, au calme, alors, qu'à moins d'un kilomètre, c'est la cohue.

Liban vue du camping de Byblos

 

Liban vue du camping de Byblos

Ce matin, deux Français qui travaillent ici, nous ont fait part des bouleversements qu'à connus le pays ces dernières semaines et de l'énorme soulagement après le départ des Syriens. Et c'est vrai qu'il règne dans les rues une atmosphère de fête avec les gens qui klaxonnent juste pour manifester leur joie. Le général Aoun est de retour et toute la population est en ébullition; il y a comme une euphorie collective qui s'est emparée du pays. Depuis deux mois, ils ont connu tellement de bouleversements et, enfin, ils ont l'impression d'un nouveau départ. C'est une impression extraordinaire de vivre en direct ces évènements. On sent tellement d'espoir en l'avenir et j'ai envie de leur souhaiter bonne chance, car la partie n'est pas gagnée d'avance.

Demain, nous allons à l'intérieur des terres ce qui, ici, veut dire que nous allons nous enfoncer de 30 ou 40 kilomètres vers les montagnes qui plongent dans la mer; ce pays est minuscule et il y règne une concentration de population incroyable. Alors, vivement l'air pur des montagnes et les routes un peu plus désertes.

Ce qui choque immediatement au Liban après la Syrie, c'est la richesse du pays qui transparait à travers ses nombreuses banques et ses voitures; 4X4 dernier cri, grosses automobiles américaines, Mercedes en veux-tu en voilà. Ici, les jeunes qui font mumuse avec leurs joujous à grands coups d'accélerateurs le font au volant de BMW, pas avec une vulgaire 205 comme chez nous. Et, à côté de cette richesse, il y a la deuxième catégorie d'habitants, les sans grade, de préférence étrangers ( Pakistanais, Indiens, Africains) qui assurent les boulots les plus ingrats dans des conditions qui m'ont l'air bien difficiles.

Et, comme dans tous pays riche, nous devenons transparents. C'est fou comme le comportement d'une population change d'un pays à l'autre. Indifférente en Grèce, au Liban, en Italie, elle s'intéresse à nous et à notre voyage en Tunisie, Syrie, Turquie. La richesse, le confort nous amène à nous replier sur nous même, je crois, et nous devenons blasés.

Pour ma part, je ne me suis pas encore lassé de notre beau voyage, donc, demain, une nouvelle étape nous attend avec, je l'espère, de belles surprises à la clef.

 

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La bouteille à moitié vide ou à moitié pleine?

Nous avons quitté ce petit pays où Marie voulait tant aller. J'en garde un sentiment mitigé.

Bien sûr, ce fut interessant de vivre en direct les bouleversements que connait le pays en ce moment après le départ des voisins Syriens et l'arrivée du général Aoun. Il y avait une liesse générale qui faisait plaisir à voir. Dans les rues, les magasins, régnait une atmosphère électrique. En même temps, je ressentais une fragilité dans tout cela, et je me demandais si le retour du général n'était pas attendu par la communauté chrétienne essentiellement; j'espère très fort que ce pays va conserver sa stabilité.

J'ai beaucoup moins aimé l'odeur omniprésente de l'argent, et je dois reconnaitre que je me sens beaucoup mieux en Syrie ( je ne parle pas de mon amour pour Bachar El Assad, que l'on ne s'y méprenne pas!).

Une fois que nous avons quitté la côte surpeuplée et où tous les conducteurs sont des meurtriers en puissance ( c'est bien pire qu'en Syrie car, au Liban, les voitures ont beaucoup de chevaux), nous avons retrouvé un peu de calme et d'air pur. Cette attitude de tueur potentiel me laisse sans voix; quoique. Un Libanais qui emmenait toute sa famille dans son Combi Volkswagen est resté interdit quand, après une de ces manoeuvres dont ils ont le secret, je l'ai copieusement engueulé ( en français dans le texte); je l'ai senti soudain désemparé devant ma réaction somme toute inhabituelle ici.

La montagne est belle, très belle et nous avons musardé sur des routes sinueuses à la recherche des fameux cèdres .Et, là-haut, l'esprit brouillé par le manque d'oxygène, nous avons dormi dans la suite d'un hôtel; bon, d'accord, ce n'était qu'une suite "junior", dixit la réceptionniste, mais quand même!

En fait, après des recherches infructueuses pour trouver un hôtel, nous avons trouvé le Country Club Hôtel; rien que le nom nous a fait peur! Mais, entre le prix hors saison, plus la proposition de la réceptionniste devant notre grimace à l'annonce du prix, notre suite nous est revenue à 38 euros. Après trois nuits au camping d'Amchir, douches froides comprises, le contraste fut à la hauteur. Le luxe à petit prix, c'est au Liban qu'il faut le chercher!

Dernière journée au Liban. Tout d'abord, une longue descente vers la mer où l'on se laisse glisser, la visière entrouverte. La suite se complique; il faut dire que les Libanais sont des adeptes de la chasse au trésor, et c'est pour cela qu'ils ne mettent pas de panneau indicateur, les petits farceurs!

Soudain, nous avons quand même compris que nous étions à Tripoli; ville repoussoir, tout du moins ce que nous avons traversé avec des immeubles criblés d'impacts de balles et de mortiers, et une saleté omniprésente.

Je n'avais qu'une envie: prendre la direction de la frontiere au nord. C'est une route à quatre voies qui nous a accueillis ( le terme me parait inapproprié en l'espèce); défoncée, cassée, jonchée de détritus avec, régulièrement, sans raison apparente et sans panneau indicateur les annonçant, des ralentisseurs que j'appellerais plutôt des casse-motos. Si tu oublies de ralentir, tu as droit, soit à une jante pliée, soit à une vertèbre fêlée! Et pour maintenir l'ambiance, on pouvait faire confiance aux conducteurs de taxis, minibus, cars, camions, ils n'oubliaient surtout pas de nous garder sous pression!

En parcourant cette région du nord de Tripoli, c'est comme si nous avions quitté le Liban; j'ai soudain réalisé que les nombreux gros 4X4 et autres Mercedes ne circulaient pas ici, que la plupart des voitures étaient de véritables épaves ambulantes. Puis, il y eut la vue de bidonvilles sur le bord de la route, avec des maisons de carton, plaques de ferraille et de plastique, des immondices un peu partout et une route qui semblait depuis longtemps oubliée par les services de l'équipement du pays.

Quelle est donc cette région repoussée, abandonnée, dans le nord du pays?

Rien d'étonnant à ce que la douane soit à l'image du coin. Elle fait partie de ces frontières que l'on aimerait voir plus souvent.... dans les films, tant elles dégagent une atmosphère inimitable. Dans la réalité, on trouvera drôle d'en parler plus tard, avec la famille et les amis....

Sur le moment, on se regardait, avec Marie, en se demandant si l'on ne rêvait pas. J'y ai entamé mon premier sitting quand on nous a réclamé 14 dollars et que l'on nous refusait la seule monnaie dont nous disposions, celle du pays. Quelle idée aussi d'avoir de l'argent utilisé dans le pays où l'on rentre! C'était un peu kafkaien, mais ils ont bien vu que les dollars et nous, ça faisait deux, et l'on est arrivé à une solution. Plus tard, il faudra que j'édite un guide des douanes; après 25 années de voyage, j'en ai vues qui méritent le déplacement.... si on aime les complications.

 

 

2/ Impressions de voyage de Marie

 

J'ai un peu de retard dans l'écriture, puisque mon dernier billet a été écrit à Madaba, en Jordanie. Depuis, il y a eu la folle étape (12h !) jusqu'à Zalhan (Liban), avec traversée de 2 frontières (Jordanie-Syrie puis Syrie-Liban) et en ayant essuyé un bel orage (vent, froid, pluie, tonnerre... bref, le grand jeu !). Puis le passage d'un col au dessus de Zalhan, pour rejoindre la côte libanaise, tout en ayant soin d'éviter Beyrouth... et enfin une halte bien méritée au camping près de Jbail (Biblos)...

Liban Byblos

 

Liban Byblos

 

 

Les Jordaniens m'avaient laissé une impression mitigée, pour cause de jets de cailloux intempestifs ou autre comportements agressifs de la part de certains jeunes ou carrément morpions. Heureusement, il y a eu aussi les Jordaniens très gentils, très prévenants, adorables... une douche écossaise quotidienne quoi !

Les Syriens rencontrés lors de la folle étape nous auraient presque fait regretter de quitter si tôt leur pays... entre le pompiste qui nous a réchauffés devant son butagaz et offert le thé au plus fort de la tempête, et le cafetier près de la frontière qui nous a offert un gâteau de chez lui (très bon) ainsi que les consommations, alors que nous étions gelés et un peu fatigués, il y a de quoi retrouver la pêche même en pleine étape galère !!!

Quant aux Libanais, ils conduiraient de façon un peu plus sage que je ne m'en plaindrais pas !!! Il semble qu'une partie de la population passe son temps à faire le cacou au volant de Mercedes ou autres BMW, sur les rocades, autoroutes et même dans les rues. Il faut dire qu'avec le retour au pays d'Aoun, le contexte est un peu particulier; peut-être sont-ils très sages en temps normal !

Toujours est-il qu'ils sont tous partis aujourd'hui accueillir le général à Beyrouth (a 35 kms d'ici), et qu'on a donc un peu de tranquillité en attendant ! Je me dis que la plupart des jeunes que l'on voit en voiture agiter des drapeaux libanais, chanter et crier, n'ont certainement aucun souvenir du fameux général, mais sans doute ont-ils l'impression de vivre un grand moment de l'histoire.

Demain, nous quittons la côte (bétonnée de Beyrouth a Tripoli), donc nous allons en montagne ! (il n'y a pas le choix !) De l'air plus pur donc, et beaucoup moins de monde !!!

 

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Nous revoilou en Turquie ! Gloups, ça sent le retour,cette affaire !

Notre petit tour dans les pays arabes est bel et bien terminé. Je suis contente de retrouver Antakia, mais ça veut dire que nos semaines sont désormais comptées..."Plus que" 6 semaines au compteur !!!

Hier, nous avons quitté le Liban et son cèdre (et oui, nous n'en avons finalement vu qu'un !).

Auparavant, nous avons découvert un autre visage du Liban.Tripoli, avec ses immeubles criblés de balles et dévastés. Au nord de Tripoli en suivant la côte, des bidonvilles... ça fait d'autant plus bizarre que le Liban semble beaucoup plus riche que ses voisins arabes !

Des travaux sur la route sans signalisation d'aucune sorte, les voitures qui veulent passer dans les 2 sens en même temps alors qu'il n'y a pas la place, et le godet de la pelleteuse qui vous passe gentiment au dessus de la tête ! Enfin, la frontière (glauque de chez glauque !) où, du côté syrien, les douaniers exigent que la "taxe" soit payée en dollar. Nous avions de l'argent syrien, mais ça ne les intéresse pas. Le but du jeu est de récupérer des devises. Finalement, le préposé au change nous a fait un papier comme si on avait changé des dollars pour des livres syriennes, tout en prélevant sa commission. Je ne sais pas si vous avez tout suivi mais sinon, c'est pas grave, on continue.

Un autre exemple de grosse fumisterie : le carnet de passage en douane (le passeport des motos). Initialement fait pour éviter les trafics de véhicules, son efficacité réside dans les contrôles lors des passages à la douane, du numéro d'immatriculation, et même du numéro du moteur... Dans aucun des pays concernés (Jordanie, Syrie, Liban), les douaniers ne les ont contrôlés. C'est donc une formalité qui ne sert a l'heure actuelle qu'à faire gagner des sous à l'Automobile-club de France (l'organisme qui délivre les carnets moyennent beaucoup de pépettes). Y'en a marre des frontières !!! Calmons nous, la prochaine n'est pas pour tout de suite...

 

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