Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Une petite virée sur les bords de la mer rouge: impressions de voyage

Index de l'article

Les mois qui précèdent le départ d'un voyage sont intenses. On passe de l'excitation à l'angoisse, de l'énervement au rêve, de l'enthousiasme au découragement.

 

Itinéraire: Tunisie. Sicile. Sud de l'Italie. Grèce. Turquie. Syrie. Jordanie. Syrie. Liban. Turquie. Bulgarie. Roumanie. Hongrie. Autriche. Suisse

 

 

https://maps.google.fr/

 

 

 

 FRANCE

 

Enfin, il y a le jour J, le moment où l'on appuie sur le bouton du démarreur, où la tension s'évanouit subitement pour laisser la place au bonheur de prendre la route pour plusieurs mois.


Oui, mais, ce jour là, cela ne s'est pas vraiment passé de cette manière.


D'abord, c'était le tout premier voyage de Marie au guidon de sa 125, après une année et 6000 kms pour toute expérience, ce qui m'inquiétait un peu, et la neige s'était invitée. Tarbes était sous les flocons et il y avait le plateau de Lannemezan qui nous attendait un peu plus loin.


La montée de la rampe de Capvern fut tendue, avec la neige qui commençait à accrocher à la route, mais,heureusement, le temps s'améliora et nous pûmes respirer un peu mieux sous nos casques.

Le premier obstacle était franchi; il ne nous restait plus que 17 000 kilomètres à parcourir ....

 

Le départ

Le départ

Plateau de Lannemezan

 

 

L’attente du bateau sur le port est un instant privilégié. On est déjà dans le voyage. Les pensées s’envolent vers les jours prochains, ceux que l’on va passer dans un autre pays, à faire de nouvelles rencontres, à découvrir un mode de vie, une architecture, une cuisine, des paysages.

Nous avons eu le temps de nous évader car notre bateau s’est fait attendre pour cause de mer mouvementée. Mais, ce n’était pas très grave. La vie du port était là pour nous faire patienter et il était doux d’espérer la venue prochaine, à l’horizon, de ce navire qui nous emmènerait vingt quatre heures durant, vers le sol africain.

Port de Marseille

Le Méditerranée

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TUNISIE

 

 

1/Impressions de voyage de Christian

 

Jerba.

En fait, arriver dans cette île, c'est très facile!!


Bon d'accord, il y a eu d'abord la chute de Marie après 15 centimètres sur calage, puis le petit V-twin qui a eu un coup de froid sur le plateau de Ger (carburateur givré?), également la neige qui s'est invitée à partir de Soumoulou, a redoublé de violence au départ de Top Motos, s'est définitivement accroché aux visières en montant sur le plateau de Lannemezan. Puis la routine des kilomètres qui défilent sous le blizzard (Marie a même vu quelques ours traverser l'autoroute, quant à Christian, il lui a semblé apercevoir, au loin, dans le brouillard, le traineau du Père Noël).


Enfin, le mistral nous accueille dans le sud-est et notre bateau arrive au port de Marseille avec plusieurs heures de retard après avoir essuyé une tempête vers la Sardaigne.
Sinon, R.A.S!!
Sauf, pour Marie, la découverte des conditions de circulation quelque peu différentes (ô combien!): voir billet de Marie très prochainement....


Les motos sont irréprochables, mais cela n'a rien d'étonnant; celle de Marie est très admirée, la Transalp en verdit un peu plus de jalousie, surtout que ce soir un Tunisien l'a prise pour une 125!


On va se reposer un peu sur cette belle île dans la maison paradisiaque (si, si!!) de Rachid et Annie.
 

Arkou sur l'île de Jerba



Maison d'Arkou


Maison d'Arkou

Il se confirme que la maison de Rachid et Annie est petit coin de paradis dans un coin de Tunisie. Depuis notre arrivée, hier au soir, nous bullons....et c'est très bon!


D'autant que, après une petite pluie dans la soirée, c'est le plein soleil qui nous a accueillis au réveil avec donc l'obligation de prendre le petit déjeuner sur la terrasse (il ne fait pas trop froid en France, j'espère?).
Ensuite, il y a eu une belle séance d'accordéon-flûte dans la douceur du petit matin.
Bref, je vais arrêter là car, comme vous le voyez, la journée fut éprouvante.


Après plus de 1100 kilomètres dans le froid et la pluie, voire la neige, nous avons estimé qu'un petit repos était amplement mérité. A l'unanimité.

Depuis jeudi, il faut dire que nous avons vécu intensément.
Marie se conduit comme une pro du voyage, même si, parfois, dans sa tête, ça doit remuer pas mal. Pour un premier voyage au guidon de sa moto, elle commence très fort!


Quant à moi, j'ai réalisé que j'avais oublié deux pièces de rechange, à savoir deux rétroviseurs. Je les regarde tellement souvent pour voir si le phare de la Varadéro suit qu'ils ne tiendront jamais tout le voyage. Ils vont s'user à vitesse grand V!

Voitures fatigués, mobylettes à foison, ânes omniprésents, charrettes, circulation anarchique mais dans un certain calme, boucherie-resto où l'on coupe directement les morceaux dans la bête pour vous les faire cuire, piétons suicidaires (parfois ce sont même les flics qui vous traversent sous les roues!), champs d'oliviers, haies de cactus, camions très chargés... et très tordus, voilà les premières impressions après deux jours de route en Tunisie.

Beaucoup de plaisir d'aller au fil des routes, traversant les villes, en ne se préoccupant que de trouver un endroit où dormir, où manger, en ouvrant grand ses oreilles, ses yeux et ses narines, en sachant que cela va durer pendant de longues semaines, sans contraintes. En fait, le bonheur, ce n'est pas plus compliqué que deux motos sur les routes du monde.

Justement, je vous quitte, il va falloir se mettre à la recherche d'un resto; j'ai très envie d'une blabi (soupe tunisienne à base de pois chiches, pain, sauce et très parfumée). Bon appétit et à bientôt!




Tataouine existe vraiment; la preuve, c'est de cette ville du sud de la Tunisie que je suis en train de vous écrire. Ce n'est donc pas seulement une expression française pour dire que l'on vient du bout du monde.


Du monde, il y en a même pas mal car nous sommes arrivés le jour du marché et Marie a eu droit à son épreuve de maniabilité lente au milieu de la foule qui avait envahi le centre. Très bon entraînement!


Après deux jours de farniente à Jerba, c'est avec un grand plaisir que j'ai repris le guidon, d'autant que le soleil est de la partie pour nous faire oublier le vent du nord. Plaines arides, sable de plus en plus présent, qui mord parfois sur la route, ça commence à sentir le désert. La route a beau être rectiligne, il n'y a pas d'ennui à rouler dans ces paysages si différents de ceux que nous connaissons en France; le coeur bat un peu plus fort au milieu de ces contrées.

Tout à l'heure, j'ai cru un moment que nous étions devenus des personnages importants quand le policier a carrément arrêté la circulation de l'axe principal que nous allions couper pour nous laisser passer; si ça peut leur faire plaisir, je veux bien continuer à griller des stop! Je n'ai jamais connu un tel honneur en France...

Sur la route, Marie devient infatigable; voilà qu'elle me reproche de m'arrêter pour reposer un peu le bonhomme; il va falloir que je lui refile mon surnom de "roule toujours" car, une fois qu'elle est lancée, il devient difficile de l'arrêter. Peut-être va-t-il falloir songer à rallonger l'itinéraire qu'elle va trouver bientôt un peu court à son goût?

Hier, la journée s'est écoulée paisiblement à faire le marché à Midoun, à nous préparer un plat marocain (hé oui!), à bouquiner, à sortir nos instruments de musique, à marcher sur les sentiers de sable, à retrouver l'ancienne maison de Rachid où j'avais passé une merveilleuse semaine il y a .... très longtemps; en 1981, lors de mon tout premier voyage avec la petite Honda 125 CG. Là, nous avons rencontré un de ses cousins (il y en a beaucoup, semble-t-il) qui nous a fait visiter la maison en travaux; le petit puits était toujours là, mais plus la boîte de conserve attachée à une corde pour remonter l'eau, une pompe a pris le relais.

Mosquée d'Arkou

Puits

 

La journée s'est terminée en compagnie de Hocine qui nous a préparé le thé pendant que les étoiles s'installaient dans le ciel pour la nuit.
Comme vous pouvez le constater, il y a beaucoup de souffrance dans notre voyage, mais nous nous accrochons pour ne pas abandonner en cours de route!

Jerba 11 mars: Hier, après Tataouine, nous sommes allés à Chenini, vieux village en ruines accroché à la montagne. Les contrastes entre le bleu très pur du ciel, la montagne ocre et la mosquée blanche étaient superbes.
Au retour, dans la ligne droite sans fin, je regardais dans mon rétroviseur le pneu arrière de la Varadéro qui soulevait le sable si fin déposé sur la route; sous le soleil qui déclinait, l'image était superbe; j'avais l'impression que nous étions loin, très loin de tout, et c'était un sentiment merveilleux.

 

Peu après alors que nous nous étions arrêtés, un couple de Français en voiture a stoppé à notre hauteur. Quel immense plaisir de répondre à la question:" Vous visitez la Tunisie?", "Oui, pour commencer". Quand tu prends conscience du temps que tu as, quand tu réalises tous les pays qu'il nous reste à traverser, les rencontres qui vont s'offrir à nous. Le bonheur est en route.

Demain, départ pour trois jours d'une virée qui nous mènera à Matamata, Douz, Tozeur, Tamerza.En attendant, nous allons préparer des crêpes car nous sommes invités chez Hocine ce soir.


11 mars 2005: la nuit s'était installée depuis longtemps autour de la maison familiale d'Hocine. Nous avions fini de manger, le troisième thé mijotait doucement au dessus du foyer de charbon de bois, dans sa petite théière marron. Alors, je me suis décidé, j'ai sorti l'accordéon de son sac et j'ai dit à Hocine et à sa femme que j'aimerais leur jouer quelques airs avec cet instrument qu'ils ne connaissaient pas. Les premières notes de la valse à Joseph, je suis allé les chercher loin, osant à peine tirer sur le soufflet pour ne pas rompre trop brutalement l'atmosphère si paisible de la petite pièce; les sons sont arrivés, peu à peu, et la musique a pris sa place.

Nos hôtes restaient silencieux mais attentifs au mouvement du soufflet, aux doigts qui couraient sur les boutons de nacre. Ensuite, la danse de l'ours a pris le relais et, là, j'ai noté d'imperceptibles mouvements de nos deux amis, a priori sensibles au rythme dansant de cet air populaire. La musique a continué, avec Marie qui m'accompagnait en chantonnant.
Merci mon petit Stelvio de m'avoir accompagné dans ce voyage. Je souhaite qu'il nous offre encore de beaux moments. Et il a sûrement donné envie à Marie de m'accompagner avec sa jolie flûte en bois d'érable.

Aujourd'hui, nous sommes à Douz et nous sommes le treize (!). Depuis hier, nous avons changé de monde en nous frottant au désert. Hier, il y eut la traversée du Chott El Djérid, ancienne mer, où la réverbération extraordinaire participe à la création des mirages. Une impression superbe que cette étendue plane salée avec la montagne au loin.


Puis, ce matin, nous avons élevé le débat.... en rejoignant les oasis de montagne de Tamerza, puis de Midès. De là, à portée de main, l'Algérie, juste derrière cette crête que nous a montrée un Tunisien. L'Algérie que j'ai tant aimée et qui m'a accueilli si chaleureusement à quatre reprises. Une cinquième fois, peut-être.... bientôt?

Alors que nous venions de franchir le cap des 2000 kilomètres de notre voyage, Marie a décidé de me doubler dans le hurlement de ses deux petits cylindres (petits mais vaillants!) et d'ouvrir la route. Heureusement pour moi, elle n'a pas roulé trop vite, mais il faut que je me méfie, elle apprend vite. Il va falloir que je songe à lui installer mes sacoches Touratech sur sa Vara pour la freiner un peu...

Je commence à être "dans" notre voyage. Comme toujours, il faut laisser un peu de temps pour que tout se mette en place et le plaisir grandit au fil des jours.
Au niveau du climat, je dirais juste que mes manchons ont quelque chose d'incongru depuis deux jours! Bref, nous sommes sortis de l'hiver pour rentrer directement dans l'été. Mais, en Sicile, dans quelques jours (déjà), ce sera sûrement différent. Si nous ne nous sommes pas trompés, un ferry devrait nous emmener de Tunis à Trapani le 18 à 20 heures. Ensuite, ce sera un nouveau voyage.

15 mars: dernière soirée à Arkou. Hocine est arrivé avec son sourire teinté de discrétion et, dans son couffin, tout ce qu'il fallait pour préparer le thé. Quelques brindilles que l'on fait flamber, un peu de charbon de bois dans le petit foyer posé sur la vieille boîte de thon Sidi Daoud. Le vent marin suffit à attiser les flammes.
Et, c'est le long rituel de préparation du thé entrecoupé de quelques paroles et de longs silences. Nous nous sommes assis par terre sur la terrasse, adossés au mur.

Devant nous, la petite cour nous offre le spectacle de ses bougainvilliers, de son citronnier, de son mimosa. Autour de la maison, il y a les trois moutons et l'âne que les voisins sortent pour la journée, quelques poules qui vont et viennent. Lentement, très lentement, le thé prend tout son arôme sous le feu des braises. La soirée s'installe. Plus tard, c'est l'appel à la prière de la petite mosquée d'Arkou qui se fait entendre; de temps en temps, une mobylette passe sur le chemin proche.

Il y aura le partage des trois thés, le premier un peu amer, le dernier d'une douceur exquise. Enfin, un dernier au revoir; la promesse de lui envoyer les photos à notre retour de voyage. Alors, silencieusement, Hocine s'en est allé dans la nuit rejoindre sa famille. La fin d'une très belle soirée, de celles qui me font réaliser que nous vivons un voyage magnifique.
Merci, Hocine.

La veille, nous avions accompli une magnifique étape entre Douz et Arkou, via Matmata et Toujane. Le matin, nous avions flâné un brin avant de nous décider à partir, comme si nous étions sous l'influence de cette ville saharienne où le temps ne semble pas avoir la même importance. Nous avions discuté avec un couple de Canadiens en route pour un tour de la méditerranée (cela m'a rappelé quelques souvenirs...).

Il a fallu sortir les motos de l'hôtel où elles avaient passé la nuit; d'ailleurs Marie avait eu quelques sueurs froides en me voyant franchir les marches d'accès un peu trop hautes à son goût.... et au mien.

Parking personnel à l'hôtel de Douz!

Tout d'abord, il y eut la traversée d'une plaine aride interminable puis, peu à peu, la route s'est élevée, sinueuse au milieu d'un paysage de rochers égayé par quelques palmiers. Magnifique parcours accidenté où nous avons enchainé virages sur virages. Avec ce sentiment d'être loin de tout. Arrivée à Matmata et ses maisons troglodytes non pas taillées dans le rocher, mais enfouies sous terre. Du dessus, on aperçoit la cour intérieure avec, parfois, son petit puits. Certaines sont encore habitées, la plupart servent de basse cour, d'enclos pour les animaux.

Matmata

 

Matmata

 

région de Matmata

 

 



De nouveau, la route belle et sinueuse avant de rejoindre la plaine.

Hier, nous avons entamé notre remontée vers Tunis. C'est avec émotion que j'ai regardé pour la dernière fois cette maison d'Arkou qui nous a hébergés. Doucement, nous avons traversé les 30 kilomètres de l'île, une façon de lui dire au revoir.


Ensuite, ce fut moins drôle car nous avons emprunté la N7 tunisienne, peuplée de camions et voitures en tout genre; et le vent froid s'était invité. Comme j'ai dit à Marie alors que nous nous arrêtions dans un "routiers": "Un temps de merde et une route de merde". C'est là qu'elle m'a appelé le schtroumph grincheux! Arrivée à El Djem, petite ville qui a la particularité de posséder un colisée romain superbement conservé.

Et, aujourd'hui, la dernière étape tunisienne avec un arrêt sur le site de Thuburbo Majus, témoignage de la présence romaine dans le nord de la Tunisie. Perdu dans la nature, avec un sol parsemé de fleurs multicolores et aux douces senteurs, la ballade dans ce site désert fut un enchantement.

Ce soir, nous dormons à Carthage, les billets du ferry sont dans la poche; à 20 heures, demain, nous nous dirigerons vers Trapani, en Sicile. Au revoir l'Afrique, bonjour l'Europe. Il va falloir se réhabituer à la vie occidentale .... et à ses tarifs!

 

 

 

 

Deux semaines que nous sommes partis et, comme toujours, le sentiment qu'il y a très longtemps que nous avons accompli nos premiers tours de roues, tant les journées sont denses, variées, surprenantes; tous nos sens sont mis à contribution du matin jusqu'au soir, et j'aime ça.... Marie aussi à priori. Puisqu'elle ne lit pas mes messages, je peux dire sans la faire rougir qu'elle se révèle une sacrée voyageuse, endurante, s'adaptant aux circonstances; en plus, elle a réalisé de beaux progrès en conduite. Quant à la petite Varadéro, c'est une véritable Transalp en miniature.


3000 kilomètres parcourus, déjà. La vie est belle.

 

 

 

 

2/Impressions de voyage de Marie

Jerba : J'ai mis un moment avant de me rappeler qu'on est mardi, le 8 du mois de mars...ça y est, ça commence ! J'ai tout oublié de ma vie d'avant !
Vous savez quoi ? Je me sens si bien ici que je crois que je vais me mettre à mon compte : une boutique internet par exemple; j'ai déjà calculé le chiffre d'affaire potentiel mensuel en attendant de pouvoir interneter : environ 2000 euros par mois !
Bon, c'est sans compter les frais bien sûr ! En tout cas, ici, c'est toujours plein à craquer !


Ou alors, je construis une usine de recyclage de déchets ménagers... il y a de l'avenir aussi ! Tout ça pour dire que je me sens très bien ici, dans cette île, dans la maison de Rachid et Annie. C'est un petit paradis : une belle architecture, du bleu et du blanc, des bougainvilliers roses, rouges, hauts comme la maison, des chèvres, des moutons, des géraniums en fleurs et au loin la mer...

Bon, je devais vous parler des autoroutes tunisiennes... et oui, j'ai été un peu surprise de trouver sur le bord de l'autoroute des poules, des chèvres, des moutons... mais très disciplinés; tout ça reste sur le bord... c'est pas comme les policiers à pied, qui s'imaginent de traversent l'autoroute devant nous, ou comme les quidams, à pied également, que tu vois passer devant toi comme dans un rêve !!!

Au fait, j'ai un scoop ! Il semblerait que le compteur de Christian soit trafiqué !!! En fait, quand je fais 100kms, il en fait 102.5 à son compteur! C'est facile, comme ça, de dire qu'on a été loin... si ça se trouve, avant de me connaitre, il n'a pas été plus loin que le plateau de Lannemezan, et là il a rencontré un routard auquel il a piqué tous ses récits de voyage et ses photos !?! Bon, je surveille son kilométrage de près maintenant !!!

Sinon, pour parler sérieux, je me disais hier sur la moto que je ne regrettais pas du tout mon choix de devenir conductrice de mon propre engin. C'est beaucoup plus excitant !!! J'ai l'impression de vivre le voyage plus intensément. Même si c'est plus dur physiquement et qu'il faut assumer les conséquences de ses choix : plus de fatigue, d'efforts, de peur parfois, mais tout ça c'est rien !

Ce qui est marrant, c'est les attitudes des filles que je croise et qui me prennent sûrement pour un homme... je pense que je n'aurais pas les mêmes sourires si elles savaient que je suis leur soeur !!!



Tataouine.
C'est vrai, c'est presque le désert, c'est aux portes du désert exactement.
Pour y aller depuis Djerba ? Facile !
Tu prends la voie romaine qui relie l'île au continent (environ 7 kms) et puis c'est tout droit... un peu monotone au début, avec des champs d'oliviers à droite et à gauche.


Puis surprise : la piste indiquée sur la carte est devenue une route ! Cela nous fait un joli raccourci (pas besoin de passer par Medenine). En plus, le fait de prendre cette route toute neuve me donne l'impression d'être un explorateur, tel Christophe Colomb mettant pour la première fois les pieds en Amérique !


Peu à peu, le sable s'installe et on se demande si la route ne va pas se transformer en piste de sable. Et puis non, on fini par apercevoir au loin une barrière rocheuse.
C'est au pied de cette petite montagne que se trouve Tataouine. Ce n'est pas extraordinaire, c'est une ville qui n'a rien de spécial, mais ça fait quand même quelque chose de se trouver là; en plus, plus bas, c'est les dunes, et encore plus bas c'est interdit (zone militaire apparemment).


Il faudra attendre la Jordanie pour aller encore plus au sud... mais nous n'en sommes pas là.
Dans l'immédiat, nous allons explorer les restaurants de Tataouine.

 

 

 En parlant de gastronomie (j'ai très faim !), j'ai découvert les mets suivants :
•    la confiture de figues de Barbarie faite à partir des fruits du cactus (à part le plaisir de la découverte, ça n'a rien d'extraordinaire, sauf que c'est fait avec 60% de fruits... mieux qu'en France !)
•    les bricks (garnies avec des pommes de terre, des fines herbes)
•    une soupe tunisienne, avec des pois chiches, du pain et des épices



Et surtout, j'ai assisté à la préparation du thé à la menthe tunisien...
Vous prenez un grand matelas, vous le portez sur la terrasse. Maintenant, munissez-vous d'une vieille boite de thon (ou de ce que vous voulez du moment que c'est une très grosse boite !) Vous faites un feu de brindilles dans la boite, puis vous rajouter du charbon de bois sur le dessus.Portez la boite sur la terrasse, à coté du matelas et mettez une bouilloire dessus. Une poignée et demi de thé, 4.5 cuillères à café de sucre, de l'eau, et maintenant asseyez-vous sur le matelas parce que ça va être long !
N'empêche, ça vous fait un bon thé fort, avec un gout de sucre caramélisé pas mauvais du tout. Ce qui est surprenant, c'est qu'on l'a bu à l'heure de l'apéro !
Le voisin Tunisien qui nous l'a fait est très gentil, pas très bavard mais de toute façon, on a un peu de mal à se comprendre par moments... sa proposition de nous faire le thé était une très bonne surprise et nous a permis de nous réchauffer, en surface comme à l'intérieur....


Nous étions deux au départ de Djerba, nous arrivâmes à Douz...
Il fallait bien que quelqu'un la fasse... j'espère que Christian n'y a pas pensé !
Bon, pour parler sérieusement, depuis 2 jours on n'a pas chômé !
On est partis vendredi de Djerba, en prenant le bac cette fois. On a tout de suite compris qu'on n’aurait pas du beau temps... je ne savais pas que j'allais affronter ma première mini-tempête de sable !
Le vent s'était levé, soulevant le sable et la poussière, un bon vent qui fait bien pencher la moto. Plus on avançait, plus on voyait l'horizon se boucher; j'étais pas fière-fière ! En plus, la route qu'on a dû emprunter au début était pleine de camions, bref, des conditions idéales !


Et puis petit à petit, la purée de pois s'est levée, le vent s'est calmé et le soleil a fini par apparaitre comme on arrivait au Chott El Jerid. Le Chott El Jerid, c'est un désert tout plat et salé ! Sans doute les restes d'une mer ancienne. Le sel est là affleurant partout. Un "ruisseau" d'eau salée coule le long de la route, de chaque côté. Au fond du ruisseau, on voit les cristaux de sel. Au loin, les montagnes... J'ai même vu un mirage ! Qu'on se rassure, je n'ai pas sauté sur Christian en le prenant pour une bouteille de martini....(c'est un peu comme ça que je voyais les mirages : la faute à Tintin !).

Chott El Jerid

 

 

 C'est juste des formes imprécises qui flottent au loin au dessus de l'horizon. Bref, voilà les palmiers de Tozeur.
Hélas, j'avais en tête la magnifique palmeraie de Tinhérir, au Maroc...
La palmeraie de Tozeur on l'aperçoit quand on est déjà dedans.
Elle parait toute grise et triste et on n'y a pas vu de cultures; il y manque de la vie. Pour tout dire, on a vite rebroussé chemin à cause d'un molosse qui nous a barré la route.. C'était un signe, on s'est repliée vers la ville ! (il faut dire aussi qu'on était crevés !)
Plutôt bruyante cette ville !
Elle a la particularité d'être construite en briques très claires.


C'est aussi le royaume des dattes mais pour les avoir fraiches il faut venir d'octobre à janvier. Super petit hôtel et bon restau, et en route ce matin pour Tamerzat, avant Douz ce soir. Tamerzat, puis Midest, sont des oasis de montagne, magnifiques. En fait, on en a mieux profité une fois que le soleil a daigné de lever et éclairer la montagne. Au loin, l'Algérie ! (pas si loin que ça en fait... bon, on verra plus tard !).

 

 

 

Enfin, nous voici à Douz, avec ses dunes...je peux pas en dire grand chose car je ne les ai vu que de nuit !!! Je peux juste dire qu'à Douz, y'a un restau qui fait des petits pois-agneau très-très-très épicés!!! j'ai jamais mangé autant de pain avec de l'agneau aux petits pois ! Bon, faut qu'on aille s'acheter une petite pâtisserie pour faire passer tout ça...

 

Douz

 

Douz

 

Demain on remonte vers le nord, et mon billet sera court car on est pressé... nous sommes invités à prendre le thé... c'est speed la vie ici !!!
Surprise tout à l'heure, quand on est arrivé devant la boutique internet : l'enseigne était la même mais plus rien n'était pareil à l'intérieur ! Une boutique deux fois plus petite et repeinte à neuf. On s'en va 3 jours et ils nous ont monté un mur !!! D'ailleurs ça sent la peinture. Maintenant j'en suis sûre, c'est bien la même boutique, je reconnais la patronne.


On m'a demandé à quoi ça ressemble ces cafés internet. D'abord, ce ne sont pas des cafés. Ensuite, on est plus ou moins serrés; selon les endroits, plus ou moins bien assis; il n'y a que des ordinateurs, séparés parfois en petits box (plus intimes). Parfois, c'est le clavier qui est fatigué, parfois c'est la connexion via internet qui a du mal à passer... mais pour l'instant, ça a toujours marché !

Le monsieur qui va nous faire le thé tout à l'heure (sur "notre" terrasse) nous a invités vendredi soir à manger chez lui. Peu de temps après notre arrivée, Occine (je ne sais pas comment ça s'écrit) m'a dit d'aller voir les femmes à la cuisine pour qu'elles me montrent ce qu'elles cuisinaient, tandis que lui et Christian allaient préparer le thé... je me suis dit "ça commence bien cette histoire, si on m'envoie déjà à la cuisine ! "


En fait, l'épouse d'Occine m'a amené dans la chambre à coucher, m'a montré des tissus, et en un quart d'heure, j'étais transformée en femme tunisienne!!! Robe rouge faite de 2 morceaux de tissus, une coiffe faite d'un petit chapeau sur lequel vient s'accrocher un voile, des parures dorées, des bijoux (mêmes aux chevilles !), et des escarpins... bon, il a fallu remonter un peu le Jean qui dépassait et qui ne faisait pas beau du tout !!!


Quand je suis venue rejoindre Christian, il avait revêtue une longue cape marron traditionnelle... ne riez pas sinon vous ne verrez pas les photos !!!


On a quand même du enlever tout ça pour manger, ça aurait été un peu embarrassant. Puis on a partagé le repas avec Occine et son épouse, les 4 enfants mangeant à part. J'ai vécu là une soirée un peu féerique et surtout chargée en émotion. Ce qu'ils nous ont offert là, je ne suis pas prête à l'oublier...

 

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La recette de la soupe Lablabi
J'ai un scoop !Je détiens la formule de la soupe Lablabi, mixture que Christian adore et qui rendrait verts d'épouvante les nutritionnistes de chez nous ! C'est une soupe à base de pois chiches (500g) que l'on fait cuire 3/4 d'heure dans 3l d'eau, 1/4 l d'huile et un peu de sel.On rajoute en fin de cuisson du cumin, et selon les gouts, un oeuf mollet et /ou du thon !!! Bon appétit !

 

La blabi mijote

 

Aujourd'hui, nous avons visité gratis le théâtre romain de Carthage. Endroit paisible, quasiment désert et propice à la rêverie.
Je me suis dégonflée... je n'ai pas eu envie d'amener ma Titine dans la circulation de Tunis; et puis vu que je suis zen, j'entends le rester aussi longtemps que possible ! De toute façon, des médinas j'en verrai ailleurs, na ! Bon, il faut que je vous laisse, j'ai du courrier en retard...


Comment résumer 3 jours de voyage, très très remplis ì C'est ce que je vais essayer de faire, malgré l'extrême difficulté.
Pourquoi avoir raconté la recette de la soupe Lablabi et pas l'étape Douz-Djerba ?
Parce qu'il arrive que l'informatique ait des défaillances. En effet, le billet de mon étape préférée en Tunisie s'est envolé.
Ce n'est pas les dunes de Douz qui m'ont charmée, ce sont les montagnes près de Matmata. Non seulement elles étaient magnifiques mais en plus j'ai eu l'impression d'un paysage familier. En plus, ma Titine et moi on s'est bien débrouillé dans cette étape redoutée de nous deux.


Du trajet de retour, je ne vous parlerai que de El Jem et de son colisée. Je commençais à découvrir les traces de l'empire romain en Tunisie.
Puis il y a eu les ruines de la ville de Tuburbo Majus, plus au nord, magnifiques, dans un parterre de fleurs de toute beauté, et notamment quantité de bourrache. Je sais, ce n'est pas très joli comme nom mais sa fleur bleue est très belle.

 

 

 

 

 https://maps.google.fr/

 









SICILE. ITALIE


1/Impressions de voyage de Christian


Troisième jour en Sicile, un nouveau pays si différent de la Tunisie.

Récapitulons :
18 mars: ambiance particulière sur le port de La Goulette devant le portail fermé; derrière, le quai d'embarquement. Nous sommes arrivés les premiers, puis une, deux, trois, quatre motos nous ont rejoints.



Il y avait l'Allemand avec sa BMW monocylindre de bric et de broc, son propriétaire aussi d'ailleurs! Puis, les deux Autrichiens, leur sur son custom bardé de chrome et d'astuces, un vrai Mac Gyver, et son copain avec sa 1100 GS impeccable, comme lui. Enfin, le couple d'Italiens sur leur Yamaha TT 600 au bruit assourdissant et dont on se demandait comment ils arrivaient à se caser dessus au milieu de tous leurs bagages.

Le bateau s'est fait longuement attendre (4 heures de retard), alors, la nuit tombée, j'ai osé sortir mon accordéon en essayant d'oublier les quelques dizaines de personnes présentes et j'ai joué. Ce furent les premières notes les plus difficiles, après, ce n'était que du bonheur avec la demi-lune au dessus de nous.



La Sicile, après la Tunisie, je dirais que ça change pas mal!
Tout d'abord, c'est le retour en Europe avec tous nos repères de Français, mais aussi une manière de vivre très particulière. De conduire, devrais-je dire tant le Sicilien s'exprime au volant ou au guidon.

La majorité conduit à l'instinct, c'est à dire un peu n'importe comment, très vite pour la plupart ou carrément à allure d'escargot pour quelques uns qui ont décrété que la vitesse raisonnable était le 40 km/h. Point commun, le non respect systématique des stops, lignes blanches et autres panneaux routiers plus décoratifs qu'autre chose!

Ce qui m'a frappé aussi, c'est le nombre incalculable de deux roues, surtout des scooters, utilisés aussi bien par les jeunes que par les papys avec la même propension à visser la poignée de gaz. Et souvent sans casque qui a l'air facultatif ici.


Sicile



Sinon, le pays est très beau, vert en cette période, avec des orangers et des citronniers à foison, de belles petites montagnes, des villages où l'on se sent bien. Mais aussi, que nous nous sentons seuls après la Tunisie; ici, je trouve qu'il y a beaucoup d'indifférence et même de froideur parfois. Etonnant.

Dans quelques minutes, nous allons quitter la belle Syracuse, direction l'Etna.

C'est avec un énorme plaisir que j'ai retrouvé notre petite tente; quand nous campons, j'ai le sentiment encore plus fort de la vie nomade, avec nos deux motos qui transportent tout ce dont nous avons besoin, le manger, le couchage, le logement, les vêtements. Le plaisir s'en trouve amplifié. Et quand, près des oliviers, dans le camping désert, la flute de Marie et mon accordéon se sont accordés alors que la nuit venait de s'installer..... mmmmhhh!!

Sicile



La Sicile, c'est l'Etna, majestueux, c'est aussi Syracuse et sa vieille ville, Agrigente et ses temples dans un cadre grandiose, ses champs de citronniers et d'orangers, ses routes sinueuses à souhait, ses petits villages accrochés aux montagnes mais.... un pays, ce sont surtout ses habitants qui le construisent et, sur cette ile italienne, la déception fut grande.

Les contacts furent brefs, peu chaleureux, un brin hautains parfois et ce manque de relations avec les hommes et femmes de cette superbe région fut difficile à vivre. Quel contraste avec la douceur de vivre en Tunisie, avec ses conversations qui démarraient pour un oui ou pour un non, cette gentillesse omniprésente. Heureusement, à deux, il est plus facile de gérer une telle situation et nous avons su profiter malgré tout de la Sicile mais l'enthousiasme est resté au fond des sacoches.

En tout cas, un constat: les églises siciliennes sont beaucoup plus fréquentées que les mosquées tunisiennes. La religion semble avoir gardé une place importante dans la vie des gens. Et les curés aiment faire sonner les cloches pour faire concurrence à l'appel à la prière des muezzins.

Deuxième constatation: il y a beaucoup de motards, mais le signe universel, le V, n'est pas utilisé. Après plusieurs tentatives, j'ai fini par abandonner, je finissais par me sentir un peu bête avec ma main gauche levée...

Tertio. les routes sont... particulières. Très glissantes au point que les pneus crissent à tout va et que je serrais les fesses parfois quand un freinage un peu appuyé était nécessaire ( souvent!) et, surtout en ville avec des rues très défoncées avec trous et bosses qui malmènent les motards, et aussi, souvent, de bons gros pavés que je n'aimerais pas trop essayer par temps de pluie, cela doit ressembler à Holiday on ice!

Enfin, les prix sont astronomiques comparés à la Tunisie, et j'ai cessé de me sentir riche depuis quelques jours. Même les campings que nous avons systématiquement fréquentés pratiquent des tarifs un brin exagérés avec, comme à Syracuse une option douche chaude payante qui valait le déplacement; à 60 centimes d'euros, pour une durée vérifiée de 2 minutes 30 secondes, il fallait être sacrément rapide sous le pommeau de douche. Faites le calcul, cela fait l'heure de douche à 14,40 euros!

Hier, journée moyenne jusqu'à l'Etna où Marie a fait une chute sans gravité à l'arrêt (le piège du motard, c'est quand la moto ne roule pas). Enervée, fatiguée, sur des routes sinueuses et étroites à n'en plus finir, elle a fait une petite erreur et... patatras, la moto à terre. Rien de grave, une cuisse un peu mâchée pour Marie, du plastique un peu râpé et un sélecteur tordu pour la Vara.

Heureusement, le camping nous attendait 10 kilomètres plus loin et une ascension au coucher de soleil au pied de l'Etna remit les idées au beau fixe. Quant à moi, je n'ai pas pu résister; dans le camping désert (nous sommes vraiment hors saison), une belle séance d'accordéon face au volcan fut un grand moment; les sons étaient très beaux, du moins c'est ainsi que je les ressentais, et c'est le principal!

Ce matin, nous avons triché pour rejoindre au plus vite Messina en empruntant l'autoroute interdite aux motos de moins de 150 centimètres cubes; je m'étais préparé à discuter à l'italienne avec beaucoup de mauvaise foi en cas de contrôle policier, mais il n'en fut rien. Il faut dire, qu'ici, les policiers semblent surtout faire acte de présence vu le nombre faramineux d'infractions commises souvent sous leurs yeux.

Un bateau nous a transportés en un peu moins d'une heure à la pointe de l'Italie. Et, là, comment dire.... c'est étrange comment on peut se sentir bien tout de suite dans une région. Est ce que ce fut la vision de ce jeune berger gardant son troupeau de chèvres, la magnifique route qui longe la mer dans ses moindres recoins, avec ses cultures en terrasse sur des dénivelés vertigineux, ses petits villages qui semblent vivre paisiblement, ce pompiste chaleureux, ce boucher attentionné et serviable pour nous aider à trouver un hôtel, ces automobilistes peu nombreux et plus respectueux des autres usagers de la route.
Bref, au moment où j'écris, alors que la fatigue se dépose sur mon corps, je me sens simplement heureux. Puisse-t-il en être de même chez vous, si loin et si près.


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J'aime le rituel du départ, au petit matin. Quand nous campons, il y a l'exercice du démontage de la tente, avec une certaine rigueur, afin que tout puisse rentrer dans et sur les sacoches, avec l'intention chaque fois de faire un peu mieux.

Il faut tirer les sangles, accrocher les tendeurs et, pendant que j'accomplis ces gestes quotidiens, mon esprit commence doucement à se tourner vers la journée à venir. Et, là, c'est l'inconnu qui s'offre a nous.

Il y a quelques jours, en Calabre, les motos ont d'abord entamé une longue descente en quittant Vibo de Valentia; elles glissaient plus qu'elles ne roulaient dans la douceur du matin, avec la mer en contrebas qui nous faisait de l'oeil en scintillant sous les rayons du soleil. 


Tous mes sens étaient alors en éveil lors de ces premiers tours de roues et une joie intérieure m'envahissait. Ces débuts de journée ont vraiment un goût particulier car ils sont annonciateurs de l'étape. Ce jour là, plus tard, dans ce petit village qui plongeait dans la mer, la charcutière nous donna une leçon d'italien, puis un banc nous accueillit ou nous mangeâmes notre casse croûte en regardant la vie s'écouler autour de nous; peu après, un Italien frétillait autour de la Transalp, mis en appétit par son chargement, une brève conversation nous apprit qu'il était motard et qu'il partait pour la République Tchèque cet été et qu'il nous aurait bien invité à partager son repas.

Nous avons continué par cette montée abrupte avec des ponts incroyablement fixés aux parois rocheuses, et le vide que j'essayais d'oublier. Enfin, une petite route vallonnée qui serpentait entre les champs d'oliviers, puis au milieu de centaines d'arbres fruitiers en fleurs. Et, alors que la nuit tombait, après avoir vainement cherché un camping perdu au sommet d'une montagne abrupte (dont se souviendra sûrement Marie....) , le sourire de Mario, vieux Monsieur ô combien chaleureux qui nous accueillit dans son petit hôtel.

 

 

2/ Impressions de voyage de Marie

Puis vint la Sicile.

Ce qui m'a frappé en descendant du bateau, ce sont les palmiers, puis les cactus et la bourrache à nouveau à profusion. Finalement, on n'avait pas changé tellement de cadre !


J'avais cru pouvoir me détendre un peu à la conduite. En effet, si la traversée des villages est quand même plus facile... en fait les Siciliens sont complètement fous au volant et ils conduisent beaucoup plus vite que les Tunisiens ! Prudence donc...

Les paysages montagneux sont magnifiques, mais je ressens un bizarre sentiment de solitude depuis qu'on a quitté la Tunisie.. Là-bas, on ne passe pas une journée sans que des gens viennent vous parler... ce n'est pas possible. Ici, si !!!

Petit arrêt dans la vallée des temples, au pied de Agrigento, avec ses temples romains magnifiques.

Puis Syracuse avec ses maisons aux belles façades délabrées, son bord de mer, sa source d'eau douce (qui a, parait-il, une histoire d'amour à raconter... )

J'ai joué de la flûte au camping "j'aimerais tant voir Syracuse", entre les oliviers, dans la fraicheur humide du soir qui se couche très tôt !!! Un petit hommage également à Montand le rital, avec ses 3 petites notes de musiques qu'on a joué à 2 de concert.

Sous le casque en entrant en Sicile, je chantais à tue-tête "Oh Catterinna bella Chi-Chi", ou, par moment "Marinella", mais à la flûte, ça ne donne rien !!! On quitte Syracuse aujourd'hui, pour l'Etna... j'ignore si une chanson lui a été dédiée...

J'ai une grosse colère contre les Siciliens, leur indifférence, leur froideur, leurs routes pourries et leur conduite de m...!!!
En fait, j'avais commencé à vous en parler, mais ça m'a tellement pris la tête qu'il faut que j'en parle à nouveau... après ça ira mieux...C'est vrai que dans les villes, on n'est pas obligé de se faufiler entre les mob, les passants et les charrettes et les scooters ont remplacé les Peugeot 103. Mais attention ! En Sicile, la seule règle à connaitre, c'est qu'il n'y en a aucune !
Les stop, les lignes blanches, les casques...connait pas ! Et tout ça sous le nez des carabiniers !

Bref, c'est la Corse de l'Italie ! Il faut vraiment une vigilance de tous les instants pour rester sain et sauf ! En Tunisie, j'avais trouvé leur conduite olé-olé, mais finalement, je m'étais vite habituée, alors que la conduite sicilienne est si agressive que je ne m'y suis pas faite...

 

Sicile

 

Sicile

 

Sicile

 

 

Et ce qui devait arriver arriva, je tombai ! Oh, rien de grave, juste une éraflure pour la moto ( je vais me faire tailler les oreilles en pointe par Bruno de Top Moto !.)
Nous avions quitté Syracuse et la montée vers l'Etna s'annonçait pénible. Déjà, j'étais énervée, la route était pourrie comme dab en Sicile, plus on montait, plus il y avait du brouillard, des rues en pente, des carrefours sans visibilité, etc...
Donc je tombai, dans l'indifférence générale, à un carrefour, juste devant un garage. On nous aida juste à relever la moto, parce qu'on avait demandé de l'aide; pas plus !

Au camping Etna, la signora ne nous a guère dit plus que :"documento", pour demander le passeport, et puis basta !
Heureusement, le fait de dormir sous l'Etna nous consola ! Le monstre haut de 3340m était calme et crachait sa fumée blanche, ce qui est bon signe, parait-il. Par contre, il faisait frisquet au camping, à plus de 900m.

Pour quitter la Sicile, nous avons pris le bateau à Messina, jusqu'à la Villa San Giovanni. Il parait qu'Ulysse dû passer par ce même détroit, entre les deux monstres de Carybde (ville sicilienne) et Scilla (ville de la Calabre), et qu'il a eu très peur... et bien moi j'ai ressenti un soulagement dès que le bateau a quitté le port; je me suis à nouveau sentie légère, comme si je retrouvais le plaisir du voyage !

J'ai malgré tout beaucoup aimé les paysages montagneux de Sicile  que je ne m'attendais pas à trouver si verte, la ville de Syracuse et tutti quanti...

J'ai oublié le cafetier qui nous a servi 2 cioccolatte (chocolats), après ma chute; j'en parle parce qu'il m'a réconforté avec son breuvage et avec son sourire... Leur cioccolatte me fait penser au chocolat à cuire que l'on faisait autrefois; je suis trop jeune pour l'avoir connu bien sur, mais j'en ai entendu parler ! Un chocolat si épais que la cuillère tient toute seule dedans ! Un délice !!! Par contre, leur café est si court que même un petit sucre, il dépasse !!!).


Bref, nous voici à Vibo quelque chose (?), dans le fond de la botte, où ça sent pas plus mauvais qu'ailleurs !!!
Encore des paysages de bord de mer magnifiques...en plus, la conduite semble plus tranquille ici. Les villages traversés cet après-midi étaient endormis, une mama veillait au grain devant sa porte. TUTTI VA BENE

 

 









GRECE



1/ Impressions de voyage de Christian


Hier matin, après avoir visite le superbe site d'Olympie de bonne heure (heureuse initiative vu les hordes de touristes qui envahissaient les lieux à notre départ), les premiers kilomètres furent là aussi un véritable enchantement, sur une route qui.... parlait le grec. Je veux dire par là que, la veille, à notre arrivée à Patra par le ferry, nous avions suivi une route qui aurait pu être italienne ou espagnole. Là, c'était toute la Grèce qui s'offrait à nous derrière ses petits champs d'oliviers, ses églises coquettes aux toits tout en rondeur, ses femmes en noir, ses hommes marchant avec le chapelet enroulé autour des doigts, ses chats. Sur un filet de gaz, la visière entrouverte pour gouter aux odeurs, je me suis dit que notre séjour en Grèce commençait vraiment.

A l'arrivée, nous avons trouvé ce camping en bord de mer, protégé par une baie, avec le doux clapotis des vagues, le chant des oiseaux, deux malheureux camping cars, dans ce havre de paix.
Non, décidément, ce n'est pas tous les jours facile de partir en moto sur les routes d'Afrique du Nord, d'Europe et du Moyen Orient!! Dire que certains nous souhaitent " Bon courage" quand nous leur annoncions notre itinéraire. Les pauvres, s'ils savaient....


Grèce  Péloponnèse



Quand nous avons quitté Yeleva, j'espérais que cette étape serait belle, elle le fut au delà de mon imagination. A partir de Kalamata, entre mer et montagne, nous avons suivi ce mince ruban de goudron, tortueux, sinueux.
A allure d'escargot, tous les sens en éveil, ce fut un régal.

Les bas côtés étaient tapissés de fleurs, plus belles les unes que les autres; elles semblaient s'être donné le mot pour être élu le plus beau parterre de Grèce; sur notre gauche, la montagne, enneigée sur les plus hauts sommets, à notre droite, la mer qui multipliait les tons de bleu, scintillant sous le soleil. Parfois, nous la quittions, nous enfonçant un peu a l'intérieur des terres et, au moment où on s'y attendait le moins, elle était là, de nouveau, et la route "plongeait" dedans.

Dame nature s'est vraiment surpassée ce jour là et l'homme, pour une fois, est resté raisonnable et a peu construit ; les maisons étaient sobres, tout en pierre. Et la route est restée humaine; elle n'a pas cherché à forcer la nature avec ponts et tunnels. Non, elle s'est contentée de s'adapter au terrain, au relief, aux falaises, aux criques pour construire sa voie.

Au détour d'un virage, nous pénétrions soudain dans un village minuscule où, parfois, deux voitures n'auraient pu se croiser et, une vieille chapelle semblait attendre notre passage pour se faire admirer. Tout au long de ces 80 kilomètres, ce fut presque un trop plein d'émotion tant la beauté était présente, à tous les niveaux.

Imperceptiblement, le paysage se modifiait, les murs de pierre faisaient leur apparition, la nature paraissait plus rude, mais le bleu d'azur de la mer en contrebas apportait sa touche de couleur.

Une étape inoubliable.

Grèce Péloponnèse

 

Grèce Péloponnèse

 

Grèce Péloponnèse

 

Grèce Péloponnèse

 

Grèce Péloponnèse

 

 

Grèce Péloponnèse

 

 

Depuis hier, nous avons fait une halte à Gythios, dans un camping en bordure de mer. La tente est sous les pins, l'atmosphère y est douce. Y sont présents une famille de quatre Allemands en petit camping-car Volkswagen et un couple de Germaniques en Honda Africa Twin. L'ambiance est sympa et la dame Allemande, musicienne de son état, a voulu s'essayer a l'accordéon, sans succès. Pas évident les deux notes présentes sur la même touche; elle s'y est perdue. "Pourtant, je sais jouer de dix instruments" m'a-t-elle dit. J'ai aimé jouer sous les étoiles avec le doux chant des vagues tout près.

Ce matin, visite de Mystras, avec son château au sommet et ses magnifiques églises dans un cadre grandiose. Et toujours ces fleurs omniprésentes si belles au regard.

Bref, le Péloponnèse, c'est très, très beau et, semble-t-il, nous avons de la chance car le beau temps ne s'est installé que depuis peu. En fait, à part le jour de départ, la pluie nous a oubliés pour l'instant. Croisons les doigts pour que ça dure!

Ce soir, s'achève notre quatrième semaine de voyage. Tout juste un quart de la durée totale; nous avons encore de beaux jours à vivre.





Cela faisait des années que je menais l'enquête. Maintenant, je sais....
Je sais où Pliz, le fabricant de produits pour nettoyer les meubles, pour que ces derniers soient brillants, lisses ....et glissants, effectue ses tests.Sur la route entre Kyparissia et Pylos.Dejà, rien qu'à voir l'état de la route, des sueurs froides vous montent au cou et quand vous posez vos roues dessus....Mamma mia !!! Comment est-il possible de rendre un revêtement aussi glissant? Alors, on roule sur des oeufs, en essayant de ne pas freiner, d'accélérer doucement. A l'arrêt, quand on pose les semelles au sol, elles ont du mal à adhérer, pour vous donner une idée de la chose. Bref, Holiday on Ice, ça existe aussi en Grèce!


Cette petite Varadero, son poids plume, sa maniabilité, sa petite taille, je commence à me demander si, sur les routes du Peloponnèse, ce ne serait pas la moto idéale. Quand je la vois dans mes rétroviseurs inscrire avec aisance son train avant dans les innombrables virages, je me surprends a envier Marie et à prendre ma pauvre Transalp et ses énormes sacoches pour une Honda Gold Wing. J'ai bien essayé à plusieurs reprises de lui piquer sa super moto, mais elle s'y accroche comme une mère a son petit; c'est qu'elle l'aime, sa Vara !! En plus, elle a le toupet de moins consommer d'essence. Il n'y a vraiment plus de respect pour les grosses motos!

Aujourd'hui, premier jour à rouler sous la pluie....pendant une demi-heure au moins. Le ciel reste gris mais le moral est au zénith, lui.
Nous sommes allés visiter un superbe village accroché à un énorme rocher; ruelles si étroites et pentues que la visite ne peut se faire qu'a pied. Monenvassia, c'est vraiment très beau; on va finir par se lasser de voir tant de sites magnifiques!


Demain, nous quittons notre camping de Gythion d'où nous avons rayonné durant trois jours pour nous diriger vers Epidaure.

Puis, la question du bateau pour la Turquie va se poser; à ce jour, les nouvelles sont peu positives: pas de liaison directe Grèce-Turquie et, peut-être possibilité de transiter par une ile Grecque mais, il semblerait que, en cette morte saison, il n'y ait pas de ferry acceptant les véhicules. Wait and see. On va croiser les doigts, ce petit saut de puce en bateau nous éviterait 1600 kilomètres en moto; on aime rouler mais quand même!

J'ai encore en tête la superbe route côtière dont je vous parlais dans mon dernier message. En la parcourant, j'ai pensé a Nicolas Bouvier, dans son magnifique livre " L'usage du monde", lorsqu'il décrit la traversée d'une région de l'ex Yougoslavie si je me souviens bien. Il y avait tellement de beauté qu'ils roulaient avec l'accélérateur à main de l'époque sur les voitures, à 20 kilomètres a l'heure, pour mieux s'imprégner du pays alors que la nuit était tombée.C'est l'impression que j'avais alors que tous mes sens étaient en éveil. Seule la lenteur pouvait s'accorder avec un tel paysage.


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Il y a trois ans, quasiment jour pour jour, alors en route pour le Pakistan, je faisais la rencontre d'une jeune institutrice Française à Ankara et de Medar, son mari Turc. Ils m'avaient chaleureusement accueilli chez eux et j'avais passé plusieurs très belles journées en leur compagnie.

Et voila que, alors que nous finissions de visiter l'Acropole, j'entends quelqu'un m'interpeler. C'était Virginie, tout juste arrivée d'Ankara pour une semaine de stage de formation! Notre terre est très petite en fait, et, parfois, il y a des rencontres plus qu'improbables qui se font. Incroyable! Nous avons passé un long moment ensemble. Elle nous a accompagnés au port du Pirée où , bingo !, nous avons trouvé une liaison pour la Turquie via l'ile d'Hios; départ dans 4 heures pour une arrivée à trois heures du matin (ils sont fous ces Grecs!) et un nouveau départ a 8H30 pour une heure de traversée jusqu'à Cesme. Je sens qu'on va être frais demain matin! Nous avons quitté Virginie qui nous attend dans quelques semaines à Ankara.

Juste avant cette halte à Athènes, nous avons changé de climat avec un froid sibérien qui s'est abattu sur le Péloponnèse, au point que, deux nuits durant, nous avons laissé tomber le camping pour les pensions. Un froid à glacer les os qui a rendu les étapes plus physiques mais le pays est tellement beau.  Bien sûr, mes poignées chauffantes ont décidé de déclarer forfait à ce moment là, peut-être pour me mettre à égalité avec Marie...

L'Orient est proche et j'avoue que je commence à avoir des fourmis dans les jambes. Je ne rejette pas la Grèce que je trouve vraiment très belle avec des habitants très accueillants mais j'ai hâte de retrouver ce pays qui m'a laissé tant de bons souvenirs. Là, on franchit un palier dans notre voyage et, tout au fond de moi, je le ressens fortement et ça titille mon esprit.

Il y a quelques minutes, nous avons fait nos adieux à Reiner et Kerstin, le couple d'Allemands rencontré au camping de Gythios. Hier au soir, après avoir quitté Virginie, nous avons vu leur belle Honda Africa Twin garée près de nos motos. Encore une belle surprise en cette journée du 3 avril.

Justement, à Gythios, notre dernière soirée avait été musicale avec le duo infernal flûte-accordéon; Reiner semblait être porté par la musique, Kerstin laissait son corps danser sur les rythmes de certains airs; la nuit était belle. Et, au petit matin, alors que je préparais le petit déjeuner, une vieille dame Allemande est sortie de son petit fourgon aménagé et m'a lancé " Thank you for the fine music last night"; un des plus beaux bonjours que l'on m'ait fait et qui met une pêche d'enfer pour la journée!

Nous sommes a Athènes et... c'est une grande ville, bruyante (dure la nuit au camping situé en bordure de nationale malgré les bouchons d'oreilles), polluée, poussiéreuse. Bref, ce n'est pas ma tasse de thé. C'est Marie qui a insisté pour s'y arrêter et je l'en remercie après notre rencontre avec Virginie. Mais, après le calme, la sérénité du Péloponnèse, la transition est un peu brutale.

Les motos tournent comme des horloges, même si elles paraissent moins fringantes qu'au départ vu que, côté nettoyage, seule la chaîne de transmission a droit à tous les égards. La Vara (et Marie!) ont vaillamment affronté les nombreuses routes de montagnes du Péloponnèse.
Hier, alors que nous roulions et que je surveillais le phare de la Vara ( c'est devenu un réflexe chez moi) , je me disais que ce que vivait Marie pour son premier voyage au guidon de sa moto était vraiment extra- ordinaire. Ce que je vis est grand mais, pour, elle, je pense que les émotions ressenties à tous les niveaux doivent être d'un niveau tout autre. Découverte de tous les pays et de la conduite de sa moto, de ce rythme si particulier (et si bon!) du voyage au quotidien, du nomadisme, ce n'est pas rien.
J'ai perdu la notion du temps, je m'en rends compte un peu plus chaque jour et que cette sensation est douce.

 

 

 

2/ Impressions de voyage de Marie

 

Adieu l'Italie, bonjour la Grèce...
Après un accostage plus tôt que prévu samedi a Patra dans le Péloponnèse, il y eu Olympie, la baie de Pylos, les petits lacets de montagne entre Kalamata et Areopoli, et aujourd'hui Mystras, près de Sparte...
Nous avons laissé la tente à Gythios, pour venir admirer aujourd'hui la vieille ville de Mystras, près des montagnes, dans un écrin de fleurs...  Depuis Olympie, je pense à certaines de mon entourage qui n'en pourraient plus d'admirer toutes ces fleurs : elles embellissent les sites archéologiques, elles embaument les bords des routes de montagnes, partout elles s'épanouissent, pour mon plus grand bonheur...  

Par moment, elles accrochent tellement mon regard que je ne voudrais plus partir ! Les pavots en particulier, sont magnifiques; j'ai retrouvé encore plein de bourraches; partout des tapis de fleurs violettes, jaunes, rouges... un véritable enchantement ! Je les prends presque autant en photo que les ruines antiques ! Je pense que les Grecs utilisent moins de désherbants et de pesticides que nous, pour avoir autant de variétés de fleurs, à profusion... et c'est tant mieux !


Sinon, pour parler de chaque étape en particulier, j'étais contente de m'être levée de bonne heure dimanche pour voir Olympie... lorsque nous avons quitté le site vers 11h du matin, le 17eme groupe arrivait, et bien sûr les 16 premiers groupes étaient encore à l'intérieur...

 

Olympie

 

Olympie

 

Olympie

 

 
La veille, nous avions perdu 1h a cause du décalage horaire et le jour même 1h encore a cause de l'heure d'été... ça fait beaucoup en 2 jours mais maintenant nos journées sont plus longues !!!


La halte dans la baie de Pylos (un éden hellénistique), fut la bienvenue; la dernière halte auparavant était Syracuse.
Quant à l'étape d'hier, entre Kalamata et Aréopolis, ce fut une étape physique mais peut-être la plus belle depuis qu'on a quitté la Tunisie. Une étape de montagne, avec des lacets à n'en plus finir, avec tantôt la mer à droite, tantôt la montagne à gauche, parfois les deux, des villages magnifiques, des oliviers et des tapis de fleurs à leurs pieds... comme vous voyez, on n'a pas une vie facile mais on va essayer de tenir le coup !


En arrivant en Grèce, je m'attendais à trouver l'héritage des Grecs anciens, des Romains en y réfléchissant bien, mais sûrement pas des francs !
C'est en visitant Mystras d'abord, puis Monemvassia, que j'ai appris qu'un certain Villehardouin Guillaume, s'en allant aux croisades, crut être arrivé en terre sainte, et conquis quelques terres dans le coin.
C'est comme ça qu'on trouve des châteaux forts francs perchés sur des cailloux grecs ! Par la suite, il se fit piquer les-dits sites par le Pape, puis par les Vénitiens, et enfin par les Turcs !
Ces places fortes sont aujourd'hui désertées de leurs habitants, voire en ruines, et sont le royaume des chats, des commerçants... et des fleurs !


Mystras est au pied des montagnes avec les cimes enneigées d'un coté et de l'autre la plaine de Sparte.

Mystras Péloponnèse

 

Mystras Péloponnèse

 


Monemvassia est un caillou entouré par la mer, relié à la terre par un petit pont (sinon ce serait une ile !).
Au sommet du caillou, les remparts du château, en bas, le village accroché a la falaise.
Le jour de ballade à Monemvassia fut aussi le premier jour de pluie en Grèce, et ce n'est pas anodin vu l'état glissant des routes !

Monemvassia Péloponnèse

 

Monemvassia Péloponnèse

 

Monemvassia Péloponnèse

 

Monemvassia Péloponnèse

 

 

 

Pour se "réconforter" au retour, petit chocolat chaud (....qu'ils font délicieux !), accompagné d'une chocolatine bien grasse ...hum!!!
Hier, changement de météo : vent glacial ! Donc l'étape Gythios-Nauplie s'est faite a l'arraché !!! Tendus comme des arcs toute la sainte journée et frigorifiés, nous fûmes contents de trouver (non sans mal !) à Nauplie une petite pension.


Tout ça, c'était pour aller voir le théâtre d'Epidaure , qui est en très bon état... bon, je n'avais pas bien lu le guide et je m'attendais à trouver un temple... je fus donc un peu surprise... mais très agréablement. Une fois imprégnée du lieu, on s'imagine les 30000 spectateurs devant soi, hurlant des bis répétita pour qu'on rejoue la danse de l'ours dans un duo infernal flûte-accordéon !!! Il faut dire que l'acoustique est excellente !


Comme toujours pour ces lieux magiques, ils ont la montagne comme vis a vis, et des cyprès majestueux alentours, qui les protègent des regards.
Belle et dure étape donc !

Aujourd'hui lundi, c'est repos ! Il y en avait bien besoin après les derniers évènements ! Et surtout, on prend le bateau dans quelques heures pour Hios, une ile grecque; on n'a pas changé de programme, c'est juste le passage obligé pour la Turquie...


Eh oui, les voyages seraient moins savoureux si les choses étaient trop simples ! Faute d'avoir un aller direct pour la Turquie, on prend le bateau ce soir, pour arriver a 3h du matin (!) a Hios (une ile grecque)...De la, on reprend un autre bateau 5h plus tard, pour rejoindre Chesme en Turquie; autant dire que la nuit sera courte !

Déjà, la nuit dernière fut très très courte, à cause du froid surement. Heureusement qu'on avait pensé aux bouchons d'oreilles parce que le camping situe à 7 km d'Athènes en bord de route est très bruyant.

Hier, journée riche en émotions ! J'avais réussi à convaincre Christian qu'une visite à l'Acropole s'imposait... sinon, il nous faisait le tour d'Athènes par la rocade, direction Le Pirée, et puis basta ! S'agissant de l'Acropole, primo, c'est vrai qu'il y a beaucoup d' échafaudages, et beaucoup de monde (surtout un dimanche où l'entrée est gratuite !), mais ça vaut quand même le détour, ne serait-ce que pour la vue périphérique qu'on a d'Athènes... Et puis Christian est tombé sur une copine d'Ankara, alors qu'on finissait de visiter l'Acropole ! J'aime bien les tours que nous joue le hasard, parfois... on a donc passé ensuite la fin d'après-midi à refaire le monde dans un café !

Acropole Athènes

 

 

 Au retour a la tente, les Allemands rencontrés quelques jours avant au camping de Gythios avaient planté la tente à côté de la notre; un petit thé, un petit verre de vin grec, et re-bla-bla, en anglais ce coup-ci !


Figurez-vous qu'on s'est loupé le canal de Corinthe ! Pour venir de Gythios à Athènes, il fallait forcément passer dessus; à un moment, on a bien vu un tout petit pont de rien du tout, tout branlant... et bien il parait que c'était ça ! Il parait aussi que ce pont s'enfonce de plusieurs mètres dans l'eau pour laisser passer les bateaux... ce sont les Allemands qui nous l'ont dit. Kerstin, qui est passagère, a plus le loisir de regarder le paysage ! (l'excuse vaut ce qu'elle vaut !)


Nous avions passé le samedi à Ermioni, au bord de la mer, à marcher dans tous les sens dans les rues de la ville et autour de la baie, histoire d'oublier le vent et le froid ! A midi, dans une petite taverne, nous avions rencontré une Suisse résidente en Grèce, très bavarde, qui aurait volontiers passé l'après-midi à nous raconter la vie en Grèce.  Elle nous a dit entre autre que le coût de la vie avait fortement augmenté ces dernières années en Grèce, mais que malheureusement les salaires n'avaient pas suivi ! Pour le coût de la vie, on s'en était rendu compte... il nous tarde la Turquie pour dépenser un peu moins !


Voilà, on va prendre les motos et rejoindre le port du Pirée, acheter notre dernièr gyros pita (un sandwich à base de porc, oignons, tomates, sauce au yaourt, frites, le tout dans un pain-galette délicieux), et attendre le bateau. Cette fois-ci, c'est le début de l'Orient...

 

https://maps.google.fr/


 

 

 

 

 

 

TURQUIE

 

 1/ Impressions de voyage de Christian

 

 

 

 

Cesme et son port nous ont accueillis il y a quelques heures et une petite fatigue s'est alors abattue sur le duo motard. Il faut dire que la traversée fut épique. Départ du port de Pirée, près d'Athènes dans une cohue toute Maghrébine pour ceux qui connaissent le Maroc.

Quand la cale du bateau fut remplie à ras bord avec une trentaine de deux roues côte à côte et non attachés (l'idéal pour des dominos mais pas vraiment pour des motos en cas de gros grain), nous avons installé nos sacs de couchage sur un coin de moquette et avons essayé, sans grand succès, de dormir en attendant une arrivée prévue à trois heures du matin.

Le petit port de Cesme de nuit avec son café ouvert, ce n'est pas terrible pour attendre pendant quatre heures le ferry en partance pour la Turquie... surtout quand nous avons réalisé qu'il n'y aurait pas de liaison ce mardi 5 avril!

Nous étions en train d'envisager de trouver un petit hôtel quand deux Turcs, eux aussi désireux d'aller en Turquie et manifestement plus pressés que nous, ont indiqué avoir trouvé la possibilité d'une traversée non officielle, extra fut le terme, mais pour un coût très supérieur à celui du lendemain. Nous avons décliné l'offre et ils sont revenus à la charge une demi-heure plus tard en nous demandant quelle somme nous pouvions mettre. C'est ainsi que nous avons payé moitié prix et qu'ils ont pris en charge les autres 50%. C'est bien la première fois que j'arrive à négocier aussi bien!

Après, il y eut l'attente d'un bateau dont le pont arrière put accueillir une voiture et nos deux motos, mais on n'aurait pas pu y mettre grand chose de plus! A bord de cette coquille de noix, nous avons effectué la traversée en une heure sur une mer démontée. De belles sensations! Il y avait un côté irréel dans cette traversée en catimini. Alors, pour en rajouter un peu, j'ai eu envie de jouer de l'accordéon; ce fut sportif car il fallait s'accrocher aux branches, mais quel plaisir j'ai pris! Une expérience inoubliable.

Traversée pour la Turquie

 

Traversée pour la Turquie

 

Traversée pour la Turquie

 

 

 

Ensuite, malgré notre seule présence et au moins un rapport fonctionnaires/passagers de 1 a 10, il y eut une longue attente et on nous demanda une somme d'argent... qui alla directement dans la poche du douanier!! La fatigue était trop présente et nous n'avons pas réagi, ce que bien sûr je me suis reproché quelques minutes après. Quoique. Si cette somme est partagée entre les fonctionnaires, il aurait été hasardeux de se plaindre. Grrrr!!! Je déteste ces comportements.

Marie s'est écroulée dans la charmante pension que nous avons trouvée après m'avoir dit qu'il était hors de question qu'elle effectue le moindre kilomètre aujourd'hui. Petite nature!

Donc, c'est demain que nous irons à la recherche de l'Orient. Pour l'instant, je me verrais bien manger une bonne soupe aux lentilles (spécialité du pays) avec une pide, la pizza turque. Excusez moi, je vous laisse. Bon appétit!

 

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Si quelqu'un a le numéro de téléphone du PDG de Total, il est prié de nous l'envoyer de toute urgence.....

Hier, pendant que Marie faisait la sieste, je suis allé à la station service du coin pour laver les motos copieusement salées lors de la traversée mouvementée entre l'île d'Hios et la Turquie (vous remarquerez au passage que ce sont toujours les mêmes qui travaillent...).

Tant que j'y étais, j'ai fait le plein des montures. J'en étais resté à une essence très chère pour le pays (un euro il y a trois ans). Maintenant, elle est passée à 1,45 euro, soit 9,51 de nos déjà vieux francs! Quel choc! Alors, j'envisage de solliciter Total afin qu'il nous sponsorise pour la traversée de ce très grand pays qu'est la Turquie; en contrepartie, je m’engagerais à ne parler qu'en termes élogieux de ce fleuron de l'industrie française. Ce sera dur, mais je suis prêt à tous les sacrifices!

Aujourd'hui, première étape turque avec le sentiment d'avoir juste effleuré ce pays. Quelques images sur la route: le paysan sur sa vieille charrette brinquebalante, la femme en tenue traditionnelle ramassant des herbes avec sa faucille sur le bord de la route, le retour des bergers gardant les troupeaux de chèvres ou de moutons sur le bord des routes, le cheval tirant le soc de charrue dans un champ, l'antique side-car soviétique emmenant le paysan dans un panache de fumée, les minarets très effilés pointant vers le ciel.

Mais, la Turquie, c'est une terre de contrastes, comme ils disent si bien dans les dépliants des agences de voyages. Ce soir, nous avons atterri dans une ville balnéaire très moderne, très occidentale, Kasudasi.

En fait, il faut prononcer Kachoudasi car il y a une cédille sous le s; quand la cédille est sous le c, on dit tch, quand il y a deux points sur le o, on prononce eu. Prenez quelques notes, je procéderai à une interrogation écrite dès notre retour.

J'ai retrouvé cette caractéristique qui m'avait déjà frappé avec, d'un côté, une population avide de modernité et, tout près, dans les nombreuses campagnes, des traditions bien ancrées. J'aime la coexistence de ces deux mondes, je trouve que cela participe à la richesse d'un pays.

Pour ceux qui s'en inquiéteraient, nous avons trouvé hier notre soupe aux lentilles et notre pide et c'était délicieux.

Demain, journée de repos (qui a dit "encore"?) avec, quand même, la visite du site d'Ephèse situé à 30 kilomètres de notre camping; je me tue à vous le répéter, que ce voyage est dur!

Ephèse

 

Ephèse

 

Ephèse

 

 

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Et bien, on n'est plus très loin d'Adana, qui se trouve au nord de la Syrie. Bref, nous n'avons pas amusé le terrain ces derniers jours, de vraies bêtes a rouler! 

Nous avons traversé plusieurs Turquie; après la moderne et la touristique, nous avons peu à peu pénétré la Turquie rurale, traditionnelle et, au fur et à mesure que nous nous dirigions vers l'est, c'est l'Orient qui s'offrait a nous.

Je l'ai ressenti très fort pendant que nous marchions dans les rues d'Anamour, et pas seulement parce que la poussière était de nouveau là. Les vêtements des habitants, leurs véhicules, souvent les vieilles Jawa Tchécoslovaques qui "ratapètpètent"à qui mieux mieux dans un panache de fumée impressionnant , et odorant qui plus est! Au point que nous avons, avec Marie, revisité la chanson célèbre en fredonnant " c'est la Jawa bleue, la Jawa, la poubelle, qui fait des étincelles ....", les maisons qui ont abandonné leur toit en tuile pour la terrasse. Et puis il y a cette atmosphère un brin nonchalante que j'aime.

Quant a la route, depuis Antalya, nous avons trouvé un parcours très, très sinueux. A en avoir le tournis. Pour ceux qui connaissent, cela ressemble aux Baronnies, dans les Hautes Pyrénées, mais avec vue permanente sur la mer et les bananiers, et ça dure beaucoup plus longtemps.

Au départ, Marie n'a pas aimé du tout car la route grimpait assez haut, la montagne plongeant carrément dans la mer. Et, ici, pas trop de protections latérales; après la route, il y a au choix d'énormes rochers ou.... le grand vide. Je vous garantis que ça calme illico presto toute velléité de conduite sportive! Ce serait dommage de ne pas profiter de cet extraordinaire paysage avec cette côte déchiquetée, cette mer qui passe de l'azur au turquoise, les petits villages qui surgissent au détour d'un virage. Conduite fatigante mais quel plaisir!

 

 

I y a une heure, j'ai consulté la carte; elle m'a dit que nous nous rapprochions de la Syrie.... et cette perspective m'est très agréable. Comme souvent, mon esprit pénètre le pays avant mon corps, une sorte de douce introduction avant que nous plongions dans les bras d'un nouveau pays. En plus, dans ma tête, il n'y a que des bons souvenirs de cette terre Syrienne et surtout de ces habitants. Plus que quelques jours....

Pour le moment, je continue à apprécier les Turcs, souvent très prévenants. Un peu déçu malgré tout de certains endroits touristiques tels que Pammukale où j'ai ressenti surtout l'envie de "faire de l'argent" chez certains. Ainsi, à Karahayet, nous avons visité quatre campings où, à chaque fois,le prix demandé était supérieur, une véritable inflation galopante!

Nous avons terminé dans un "camping" où il était possible de loger quatre minuscules tentes et où, luxe suprême, nous avons découvert une "piscine" intérieure alimentée directement par de l'eau chaude calcaire; en même temps, tout, autour, était dans un état déplorable et la douche, elle, n'avait pas l'eau, le lavabo non plus; je ne vous parlerai pas des toilettes car je vous écris a l'heure du repas! Une ambiance assez surréaliste dans la campagne de Pammukale et, au final, un bon souvenir.

Au fait, depuis deux jours, c'est plein soleil ET chaleur. Normal dans une région qui cultive cacahuètes et bananes. Nous n'apercevons plus que des champs et des serres, des milliers de serres, et bien sûr beaucoup de paysans qui m'ont donné l'impression d'avoir un niveau de vie très modeste, qui contraste avec la vision que nous avons eue de la Turquie moderne. Les riches ont l'air très riches ici, quant aux pauvres....

6500 kilomètres depuis le départ, sans vraiment s'en rendre compte. Tout a l'heure, en retendant la chaine de la Varadero, j'ai trouvé du sable Tunisien entreposé sous la selle. Une drôle de sensation, comme si nous avions quitté ce pays il y a très longtemps.

Ainsi va le voyage.

 

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Antioche capitale de l'antique Syrie, appelée Antyaka maintenant, un nom qui sonne moins agréablement à mes oreilles.

Région Syrienne, pays alors sous mandat français, refilée aux Turcs en 1939 pour de sombres calculs géopolitiques.

Pour les deux motards arrivés sous une chaleur étouffante, ce fut surtout le sentiment très fort d'avoir franchi au cours de la journée une frontière invisible.

Tout ici respirait la Syrie, le bazar, la vieille ville accrochée aux flancs de la montagne. J'y ai retrouvé des images des ruelles de Damas.

Du haut de notre chambre d'hôtel, nous avons entendu l'appel à la prière; le chant du muezzin s'envolait du minaret, allait rebondir sur la masse rocheuse de la montagne qui renvoyait l'écho, l'amplifiait, jusqu'à ce qu'il s'évanouisse enfin. C'était d'une grande beauté, l'appel à la prière le plus émouvant auquel j'ai assisté.

Il régnait une atmosphère paisible, avec des gens souriants, des ruelles qui serpentaient au gré de la (forte) pente, des nombreux vols de pigeons.

Turquie Antioche

 

Turquie Antioche

 

 

 

 

 

Un matin, il y eut une belle rencontre dans une minuscule épicerie d'un quartier de la vieille ville que nous avions pris par mégarde pour un café, on nous a invités tout simplement à boire le thé en mangeant des cacahuètes pendant que les enfants jouaient dans la ruelle ; nous avons échangé quelques paroles avec notre turc approximatif. Instant de bonheur.

Avant, il y avait eu le bazar, tout ce qu'il y a de plus souk, où se mêlaient joyeuse pagaille, odeurs, deux roues, métiers oubliés chez nous comme les chaudronniers.

Officiellement, nous quittons la Turquie demain, direction Alep, mais, depuis quelques heures, nous sommes déjà en Syrie.

 

 

Quelques scènes de la vie en Turquie:

 

·        les motos étaient chargées et nous quittions doucement Anamour. Sur le trottoir, deux hommes travaillaient, l'un cassant d'énormes pierres avec une masse, l'autre transportant le lourd résultat de la force de ses bras pour poursuivre l'édification d'un mur.

·         

·        la veille, au sommet d'un col dominant la mer, nous faisions une halte. Des hommes, sous la lourde chaleur, peignaient de longues barres métalliques. L'un d'eux, s'adressant à moi, me demanda si je pouvais l'aider car ce travail était très dur, me disait-il. Il avait le sourire en me posant la question, mais difficile de ne pas se sentir gêné devant la dureté de vie de certains alors que nous sillonnions les routes avec nos motos.

·         

·        A comme agriculture. Depuis plusieurs jours, c'est un monde presque exclusivement rural qui s'offre à nous. Du coup, le pays semble très différent; personnellement, je m'y sens mieux. Le rythme y est plus paisible, les contacts avec les gens plus "vrais", mais la pauvreté parait plus présente.

·         

·        E comme espace. C'est l'impression qui prédomine en découvrant ce pays; il y a de la place, beaucoup de place. Alors, les villes s'étendent à qui mieux mieux, les immeubles se construisent par dizaines, aérés, avec parfois un lopin de terre au milieu, une vache qui broute son coin d'herbe. Et nos amis Turcs aiment construire à l'identique. Ils font un immeuble, puis le clonent a des dizaines d'exemplaires. De loin, cela donne des perspectives étonnantes quand ils sont situés sur les hauteurs de la ville. J'ai dit étonnantes, pas esthétiques!

·         

·        E comme écologie. Des milliers de chauffe eau, sûrement des millions dans le pays, "ornent" les toits des maisons. Esthétiquement, le résultat n'est pas renversant sauf si l'on aime l'art contemporain, mais si cela peut éviter la construction d'un barrage ou d'une centrale nucléaire, j'applaudis des deux mains.

·         

·        G comme gentillesse. Sur le bord de la route, une lokanta ( un petit resto) ; le serveur nous fit signe de nous garer à l'ombre, s'empressa de mettre une planche sous la béquille latérale pour assurer la stabilité, nous fit visiter les fourneaux pour choisir nos plats, nous chouchouta pendant tout le repas et nous versa une eau parfumée sur les mains à notre départ. Un service trois étoiles pour un tarif minimum.

·         

·                    Une station d'essence pour nous reposer mais sans faire le plein. Qu'à cela ne tienne, nous avons    quand même eu droit au thé, à la chaise et au coin d'ombre. Pourtant, je sens Marie qui fulmine parfois quand les hommes s'adressent plutôt à moi, quand elle a le sentiment de ne pas exister à leurs yeux, pas comme chez nous tout au moins. La Syrie arrive, elle risque de ne pas être déçue!

·        V comme voyageurs. Où sont-ils? A part quelques cars de touristes et deux camping-cars croisés, nous sommes toujours à leur recherche. Nous ne désespérons pas d'en trouver et nous vous tiendrons au courant.

J'ai le coeur qui bat un peu plus fort à la veille de pénétrer en Syrie; un nouveau voyage s'annonce.

PS: avec Marie, nous nous sommes donnés comme consigne de ne pas lire nos billets. Mais aujourd'hui, voilà que l'un de mes neveux m'apprend qu'elle s'est permise de porter une critique sur ma façon de couper les virages! Je vais rester beau joueur et ne rien dire sur le pilotage de la Vara....

 

 

 

2/ Impressions de voyage de Marie

 

Après une traversée épique du Pirée jusqu'à l'île Grecque de Hios (des mousses bargeots qui nous crient dessus et n'attachent même pas les motos, le duvet étendu sur la moquette du bateau, un "réveil" à 3 heures du matin et le débarquement dans la panique la plus totale), il y eut l'attente interminable dans le café du port (à côté de femmes grecques toutes en noir), pour le bateau Hios-Chesme qui n'arrivait jamais... et puis cette proposition d'un "extra", un bateau pour 4 personnes, proposition que j'ai d'abord trouvé louche... n'allait-on pas nous détrousser puis nous jeter en pleine mer ?

Si vous lisez la suite c'est que vous êtes quand même légèrement inquiet vous aussi ! Rassurez-vous, il s'agissait d'une proposition honnête ! A part un léger mal de mer et un sérieux roulis, rien à signaler... sauf qu'on se sentait comme des VIP et chouchoutés largement plus que pendant la traversée précédente !

Le premier contact avec les autorités turques fut beaucoup moins sympa... qu'ils nous fassent attendre des heures, bon. On est assis après tout ! Mais le bakchich, ça ne donne pas une bonne impression du pays !

Après ce fut repos total, dans la petite pension de Cesme : sieste, et TV ! J'ai pu apprécier les clips vidéo turcs, mélodramatiques en diable ! Imaginez un monsieur respectable (légèrement bedonnant), moustachu, en cravate, mimer et chanter un gros chagrin d'amour... ça vaut le détour ! Par contre, beaucoup trop de militaires sur le petit écran : défilés, parades...

Ce matin, au petit déjeuner, changement de régime alimentaire. J'avais abandonné le café depuis la Grèce (il est turc aussi !), j'ai goûté les brioches salées aux olives (pâte genre gâteau de viande de Dédée pour ceux qui connaissent)... très bon mais surprenant au réveil ! Hier soir c'était soupe aux lentilles agrémentée de citron, et pide (pizza turque).

Une fois qu'on a eu pris la route, d'autres signes incontestables m'ont fait dire qu'on avait traversé la Méditerranée : les minarets effilés par exemple, le muezzin, les militaires qui font leur entraînement sur le bord de la route, des drapeaux turcs, des gardiens de vaches(s), de chèvres... Et aussi une leçon à prendre : dans les villes qu'on a traversées, chaque maison, chaque immeuble a son (ou ses) panneaux solaires et son cumulus sur le toit !

Globalement, la Turquie qu'on a traversée aujourd'hui est très moderne : femmes habillées a l'occidentale, très beaux magasins, maisons modernes...De plus, à part les formalités de l'arrivée, les contacts qu'on a eus sont très chaleureux... les Turcs ont aussi un beau sourire, différent bien sûr du sourire grec (irrésistible !), mais que je vais aimer, je crois...

 

 

Turquie

 

 

Nous sommes a Kiskalesi... qui ne dit rien à personne, je sais ! D'ailleurs, on a même eu du mal a savoir le nom du bled ou on est ! Depuis deux jours, nous avons quitté la Turquie touristique, et abordé la Turquie profonde.

Après une incursion dans les montagnes pour un saut de puce à Ephèse, nous avions rejoint la Méditerrannée, toujours pour avoir le plus chaud possible... Voila qui est fait ! On a quitté les doublures des blousons et remisé les polaires dans le fond des sacoches !

Après Antalya, les choses sérieuses ont commencé. Fini les routes droites et monotones, bonjour les lacets, les petites routes sinueuses de bord de mer, où on n'en finit pas de monter pour redescendre.

Mais quel spectacle ! Bon, la première journée de ce régime, j'étais trop tendue pour en profiter, mais aujourd'hui, je m'étais un peu accoutumée... je trouvais même à certains moments que Christian coupait un peu trop ses tournants ! Bon c'est vrai, il n'a pas la chance d'avoir ma Titine et son agilité !

Bref, les paysages côtiers sont magnifiques (quand on n'a pas peur du dénivelée !), et pas défigurés par des hôtels monstrueux... En parlant d'exploitation touristique, il faut que je vous cause Pamukale.. .dans un autre billet...

Turquie

 

Turquie

 

Turquie

 

Turquie

 

 

 Dans le genre exploitation touristique, Pamukale est un modèle du genre. Au départ, une source d'eau chaude très calcaire, qui a creusé des vasques dans les rochers, ce qui donnait une colline toute blanche et un paysage magnifique... Hélas, les touristes se sont baignés dans ces vasques à qui mieux-mieux, et surtout les hôtels se sont implantés sur le site et ont utilisé cette eau pour faire des piscines thermales... Résultat : plus beaucoup d'eau, les vasques noircissent et les hôtels défiguraient tout ! Les hôtels ont donc été démolis, mais le mal est fait !

En plus, quand on arrive sur place, on est assailli par des propositions d'hébergement de toute sorte... et des plus sommaires parfois ! On est donc allé se faire exploiter au village d'après, (sans même visiter le site), espérant que l'addition serait moins salée et les services y seraient plus nombreux... bernique !

On s'est retrouvé dans une cour de ferme, où on nous a proposé de planter la tente sur un tout petit bout de terrain plein d'animaux (et ce qui va avec ) pour le même prix que quand on était sur la croisette turque !

Le plus beau, c'est que les propriétaires étaient très fiers de nous proposer leur piscine (avec l'eau de Pamukale !), mais n'avaient aucune douche à mettre à notre disposition !

On s'est donc retrouvé à se laver, a côté de la piscine, avec une bassine et un petit pichet... c'est pour ça que je parlais de bains turcs !!! Les hôtes ne nous ont pas causé, sauf que quand on se préparait au petit matin à partir, le même est venu plaisanter et me donner des bourrades dans le dos alors que j'étais en train de mettre mes lentilles !!! Un peu plus et on aurait dû chercher la lentille dans les bottes de foin !

Bon, la prochaine fois, je vous parle des hommes Turcs...et de leur considération pour les femmes...

 

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Nous sommes à Antakia (Antioche) depuis hier soir, dernière étape avant la Syrie. La frontière est toute proche (52 kms), mais on a l'impression d'y être déjà un peu...

Depuis hier soir, Christian dévore la carte et le guide sur la Syrie, et surtout il n'arrête pas d'en parler ! Il faut dire qu'on la sent toute proche. Mais d'abord, quelques mots sur les jours qui viennent de s'écouler.

On m'a souvent dit que j'étais tête en l'air, et bien ça sert ! Quand Christian a les yeux fixés sur l'asphalte pour repérer les "nids de poule", les cailloux ou les gravillons, moi j'ai le nez en l'air et j'admire les vols de cigognes !

Elles volent par 2 ou 3 le plus souvent, mais hier, c'était un vol de plusieurs centaines, beaucoup plus hautes que d'habitude. C'est très beau à voir, ces grands oiseaux majestueux qui tournent au dessus de nous.

J'ai aussi parlé de contrastes entre les grandes villes et les zones rurales. D'un côté, les femmes vêtues a l'occidentale, les maisons et les magasins modernes. De l'autre, des femmes vêtues du saroual et le foulard noué derrière la nuque. Les hommes aussi portent le saroual... là, j'ai été encore plus dépaysée !

J'ai ressentie aussi une attitude différente envers moi, de la part des hommes, dans les petites villes ou les villages. Pour parler clair, les hommes ont une très nette propension à m'ignorer totalement ! Ils causent à Christian, lui demandent ce qu'on veut manger par exemple, et si j'ai des velléités de vouloir m'imposer (demander 2 thés, demander l'addition...), ils vont demander quand même a Christian son approbation ! Et la plupart du temps, je n'ai pas droit aux salutations amicales quand on arrive ou quand on part...elles sont réservées a Christian !

Mais ce matin, j'ai eu ma "revanche" ! Au petit déjeuner, une femme est venue me demander si je voulais un autre thé... et elle n'a rien demandé a Christian ! J'ai compris après que j'étais censée répondre pour nous deux ! Christian faisait grise mine car lui, il aurait bien pris un autre thé ! Autre signe de la place des femmes dans la société, je n'en n'ai vu aucune dans les cafés !!! Des hommes de tout âge, oui, mais aucun foulard en vue !

Je ne parle pas bien sûr des grandes villes où les choses ont l'air d'être différentes.

Bref, j'essaie de rester zen en toutes circonstances... Et j'ai bien peur que les choses n'aillent pas en s'arrangeant quand on va rentrer en Syrie ou en Jordanie !

Ce matin, nous avons fait une petite ballade dans le bazar, dans la senteur des épices et les bruits divers... un marteau qu'on cogne sur une bassine en métal, pour finir de la façonner, par exemple. J'avais oublié que c'est un peu compliqué de circuler dans ces endroits... il faut laisser passer les charrettes à bras, les vélos, les mobylettes, dans des rues très étroites.

Turquie Antioche

 

On a pris de la hauteur pour voir la ville d'en haut. Gros dénivelée et gros effort, mais ça valait la peine. Avant de redescendre, il nous fallait un petit thé. On a cru s'arrêter dans un café, qui n'en était pas un mais ce n'est pas grave ! On nous a gentiment offert le thé et fait la discussion ! J'ai apprécié le fait que l'hôtesse participe a la conversation...

On a pu voir comme ça la vie de tout le quartier puisque les uns et les autres ont défilé dans ce qui était apparemment une épicerie, pour acheter une glace au fiston, nous dire deux mots ou boire le the avec nous... un moment très sympathique !!!

Turquie Antioche

 

De notre hôtel, on peut voir un bout du bazar, on entend ses bruits. On entend le muezzin aussi, qui a un écho surprenant, d'une colline à l'autre...ça donne presque des frissons...

Antakia est une très belle étape, et un bon endroit pour se reposer avant de nouvelles aventures...

 

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 SYRIE

 

 

 1/ Impressions de voyage de Christian

 

Nous avons basculé dans un autre monde. Quand je disais que nous étions en Syrie une fois arrivés a Antioche, j'étais dans l'erreur. Ce n'était qu'un avant goût.

Après un passage de frontière un peu chaotique ( nombreux camionneurs + douaniers énervés = beaucoup de tension), nous avons parcouru 50 kilomètres dans la campagne. Déjà, là, du changement. Des villages moins "rangés", des tas de gravats, des déchets sur le bord des routes et des véhicules.... étonnants tels que ces tricycles pick-up d'un autre âge et d'une rare laideur qui pullulent dans un bruit très musique expérimentale (!). C'est vrai que ca donne une touche très personnelle à l'esthétique des routes! Venant de Turquie, tout semble plus vieux, plus usagé, voire plus cassé, carrément!

Ensuite, il y eut l'entrée dans Alep. Je m'étais mis la pression dans mon désir d'emmener Marie le plus en douceur possible dans cette ville de 1,5 million d'habitants. Mission impossible tant les Syriens, une fois au volant, sont coriaces.

Alors que nous cherchions notre chemin, un homme en 125 décorée comme un sapin de Noël nous a montré notre route . A coup de coups de gaz rageurs, de tentatives de roues arrières, de slalom entre les bus souffreteux; un festival! Il en était quitte pour nous attendre régulièrement car j'ai passé l'âge de jouer a la roulette russe. Au milieu d'une circulation anarchique, dans une ruelle poussiéreuse, nous avons déniché un petit hôtel modeste, mais plein de charme. Une fois franchies les terribles marches d'escalier raides comme la justice, c'est une petite chambre en mur de pierre qui nous a accueillis. Sur la terrasse couverte, les voyageurs ( ça y est, on les a trouvés) se lancent dans des conversations animées.

Syrie Alep

 

Marie était complètement KO debout a notre arrivée. J'avoue qu'il y avait de quoi mais, trois jours plus tard, je vous rassure, elle a largement récupéré.

Au niveau mécanique, ma Titine a eu une petite faiblesse avec un point dur dans la colonne de direction. Ceux qui connaissent mes talents en mécanique (...) auront deviné que j'ai un peu gambergé mais mon petit message de SOS a reçu des réponses rapides et rassurantes.

Cela m'a permis de côtoyer les garages autour de l'hôtel et celui de Ryad qui m'a aidé à solutionner le problème. Incroyable dans quelles conditions ils travaillent; il aura été plus long de trouver les outils que de faire la mécanique, en fait juste desserrer la direction ! Le problème, c'est que Marie va attraper un peu plus la grosse tête avec sa Vara qui est l'objet de tous les compliments de la part des habitants rencontrés.

Je sens qu'elle est de plus en plus fière de sa 125: 7000 kilomètres, aucune consommation d'huile, démarrage au quart de tour, appétit d'oiseau et .... résistance aux chutes; elle va être certaine de détenir la perle rare! Si ça continue, je m'en achète une au retour. Non, non, je ne plaisante pas!

Information intéressante mais trop tardive pour nous: le carnet de passage en douanes pour les motos n'est plus obligatoire en Syrie et en Jordanie Il y a juste une taxe à payer à l'entrée ( 40 dollars). Quand je pense a toutes les complications et au coût de ce malheureux document....

Demain, direction Deir E Zor après trois jours à déambuler dans les rues d'Alep, dans cette ambiance un peu folle qui y règne, dans ce bruit incessant, cette poussière, mais aussi dans ses souks magnifiques, sa citadelle majestueuse, cette atmosphère si particulière que l'on se sent très loin de la France... et très bien.

Demain, on devrait malgré tout apprécier de retrouver un peu de quiétude dans la campagne syrienne.

 

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A Alep,quand le jour se lève,une nuée d'insectes jaunes s'abat sur la ville.

Ils virevoltent dans tous les sens, se frôlent, s'évitent mais je n'en ai jamais vu se toucher. Ils ne connaissent pas le doux plaisir du silence et poussent de petits cris à intervalles réguliers pour signaler leur présence. Cela va du pouet au tut et certains plus musiciens, entament de véritables ritournelles. On les appelle des taxis.

A Alep, il y a des insectes un peu plus hauts sur pattes.Généralement blancs. Ils passent leur journée, telles les fourmis, à transporter, encore et toujours, des charges hors de proportion avec leur frêle aspect. Ils se sont multipliés à vitesse grand V car ils étaient adaptés au milieu urbain. Très étroits, ils parviennent à se faufiler dans les moindres recoins des souks. Eux aussi lancent des petits cris à longueur de journée. Certains entament même l'air de la lambada quand ils décident de reculer. C'est sûrement pour impressionner les prédateurs. On reconnait les plus vieux d'entre eux au ratapetpet métallique qu'ils font en se déplaçant; à leur époque, en effet, on ne dansait que sur deux temps , pas sur quatre ( les motards et les mécanos comprendront...). On les appelle les micro-camionnettes. Elles sont à l'origine de la disparition d'une race animale, l'âne citadin avec couffins incorporés.

A Alep,au détour d'une rue, on a parfois un mouvement de recul devant d'énormes bêtes tapies en bordure d'un trottoir ou à l'ombre d'un immeuble. Puis, l'admiration s'installe devant la beauté de ces créatures d'un autre âge dont on ne sait comment elles ont résisté dans un milieu si hostile à leur grande taille. Parfois, l'une d'entre elles sort de sa torpeur et, avec une grâce toute éléphantesque, emprunte les ruelles de la ville. Cette race en voie d'extinction, ce sont les voitures américaines des années 60.

A Alep, un vendeur ambulant pousse dès le matin sa lourde charrette en bois garnie de brioches. Il nous a souri et serré la main en nous reconnaissant. Et a éclairé un peu plus notre journée qui commençait.

A Alep, encore endormie, à 6 heures,le balayeur nettoyait la rue et, quand le tas de détritus fut formé, il y mit simplement le feu. Peu après, une bouteille éclata sous la chaleur comme un petit feu d'artifice dans le silence du matin.

A Alep, dans des minuscules boutiques, des centaines, des milliers de savons au doux parfum d'huile d'olive et de laurier sont empilés.

A Alep, des hommes vendent sur le trottoir trois pantalons ou quelques piles.

A Alep, soudain, sous le sévère tchador noir des femmes, un beau sourire éclaire un visage.

A Alep, dans les rues, des hommes, des enfants, portent, rangent, à la force de leurs bras, des pneus empaquetés, des cartons, des sacs pesants, des rouleaux de tissus.

A Alep, des policiers agitent leur bâton au carrefour en sifflant et laissent les voitures griller les feux rouges. D'autres, esseulés, tournent dans les rues de la ville avec le casque accroché au gyrophare de leur moto et roulent tous feux éteints à la nuit tombée.

A Alep,nous avons mangé pour un peu plus d'un euro. C'était très bon et l'on nous a offert le thé.

A Alep, des groupes de pigeons blancs, beiges, gris, volent au dessus des toits, comme dans une parade de la patrouille de France et frôlent la terrasse de notre hôtel dans le doux bruissement de leurs ailes.

A Alep, Oussama, le jeune réceptionniste de l'hôtel, m'a demandé de lui jouer des airs romantiques qu'il aimerait entendre s'il était en compagnie d'une jeune fille.

A Alep, le silence s'en est allé depuis longtemps.

A la sortie d'Alep, dans une station d'essence crasseuse,le pompiste a fait le plein des motos en fumant sa cigarette et le compteur n'a pas affiché le prix.

A Alep où nous étions trois jours durant, nous avons vu tout cela et bien plus encore.

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

 

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

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Quand nous avons quitté Alep, il était très tôt, car nous voulions éviter la circulation un peu folle de cette ville.

Nous avions le ventre vide. Aussi, dès que nous nous sommes retrouvés hors d'atteinte des bus crachotant et des taxis fous, nous nous sommes mis en quête d'un petit café pour notre thé quotidien. Et bien, nous eûmes beau chercher, aucune trace d'un tel établissement dans les villages traversés. Peu engageants d'ailleurs, ces villages, sales, poussiéreux, bordés de détritus, sans couleurs.

Enfin, nous réussîmes à débusquer une sorte de resto dans lequel on accepta de nous servir un thé. Avec le sourire, beaucoup de gentillesse et en refusant d'être payé à la fin. Ce n'était pas vraiment un café, quoi.

Bien plus tard, dans la journée, même problème qui fut résolu quand deux hommes attablés devant une échoppe nous firent signe de trinquer avec eux. C'est ainsi que nous fûmes invités par le pharmacien (!) devant son officine. Mais toujours pas de cafés.

Syrie

 

Plus tard, alors que je réfléchissais sur ma moto ( c'est un excellent endroit pour laisser aller sa pensée, on ne le dira jamais assez), je me suis souvenu de la Libye, en 1998, où les rares cafés étaient d'une tristesse à pleurer ainsi que dans un état déplorable, donc déserts, pitoyables; tenus, si j'ai bien compris à l'époque par des sortes de "fonctionnaires" qui fermaient leur établissement dès que le jour s'en allait.

Et si cette absence de lieu de vie ( n'oubliez pas que l'on n'y boit pas d'alcool) n'était pas involontaire. Dans un café, on boit, mais, surtout, on discute beaucoup, on rencontre des gens, on échange des idées.... pas toujours celles du pouvoir en place.

Euréka, plus de cafés = plus de rassemblements incontrôlés.

Comme par hasard, les deux pays où j'ai noté cette caractéristique sont loin du compte en ce qui concerne l'état démocratique de leurs institutions, pour rester poli.

Vous avez le droit de penser que j'ai de drôles d'élucubrations en voyage, je ne vous en voudrai pas...

 

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Dans ce pays, comme en France, on trouve beaucoup de panneaux publicitaires sur le bord des routes.

Mais aussi dans les magasins, les restaurants, à l'entrée des villes, des usines et même sur les grandes cuves à pétrole de la région de Deir E Zor.

La différence, car différence il y a, c'est que c'est toujours le même produit dont on fait l'éloge.

Un homme, avec une moustache, qui n'a pourtant pas l'air très marrant. Souvent, à ses côtés, une autre personne l'accompagne. On m'a dit que c'était son père. Lui, par contre, a une bonne bouille, du genre du gentil monsieur qui fait joujou avec ses petits enfants le soir pendant que sa femme prépare le repas. Mais, certains m'ont confié qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. Et que le plus méchant des deux n'était pas celui que l'on croyait.

D'ailleurs, le fiston fait beaucoup d'efforts pour paraitre sympathique. Parfois, on le voit dans les magasins en poster avec sa femme et ses deux enfants; ou, plus osé, il fait du VTT avec sa petite fille sur le porte-bagages ( c'est y pas mignon!).

Le papa faisait plus dans le classique, avec juste sa trombine et son sourire enjôleur qui lui paraissaient suffisants pour que son peuple l'adore.

Si l'état de la démocratie est inversement proportionnel au nombre de portraits affichés dans le pays, comme je le crois vivement, on peut se poser des questions sur ce que peuvent vivre et subir les habitants de ce beau pays.

Et le nombre de militaires rencontrés dans certains coins ( au hasard aujourd'hui entre Palmyre et Homs), avec tout leur attirail ( radars, tanks, souterrains dans les montagnes) ne fait que me conforter dans mon opinion: méfions nous des publicités mensongères!

 

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Troisième journée a Damas. J'étais tombé amoureux de cette ville il y a sept ans, et le temps n'a pas émoussé mes sentiments. Ah! L'amour!

 A Damas, nous avons logé dans un hôtel « hors classe », situé dans un quartier superbe. En fait, il s'agissait d'un très vieux quartier de Damas, entouré de grandes artères mais à l'intérieur duquel on avait le sentiment d'être dans un village. Notre hôtel Al Haramein était une ancienne demeure ottomane remplie de charme .... et tordue de partout. Nous l’avons adorée.

Elle avait une âme; c'était le plus bel hôtel que je n'avais jamais fréquenté. La ruelle pavée dans laquelle il se trouvait se terminait par quatre gros escaliers, ce qui voulait dire que les véhicules n'avaient pas droit de cité ici. Un patio avec une petite fontaine, des escaliers "penchés", des lits hauts sur pattes, des grandes fenêtres, un carrelage ancien qui claquait parfois sous nos pas, une petite chatte que nous avions baptisée Damascus et un personnel très accueillant. Tout fut réuni pour que nous nous posions un peu.

Quelques dizaines de mètres plus loin, il y avait le petit café ( quand je dis petit, c'était 2 a 3 mètres carrés; mais il y avait toujours un coin de trottoir où poser un tabouret si nécessaire) tenu par un jeune un brin poète.

En bas de notre rue, il y avait le papy coiffeur qui nous faisait un beau sourire à chacun de nos passages et ne semblait pas nous en vouloir de nous être fait couper les cheveux chez son voisin concurrent.

Et quand nous sortions, les longues marches nous amenaient dans la vieille ville où il faisait bon flâner.

 

Damas est moins agressive qu'Alep, et semble faire preuve de plus d'ouverture d'esprit, semble-t-il, si l'on se fie aux tenues vestimentaires beaucoup plus variées chez les femmes, sans que cela n'ait l'air de choquer.

Cet après-midi, j'ai passé un long moment dans la mosquée des Osmeyades, une splendeur. Je me suis assis contre un pilier et je me suis laissé envahir par l'atmosphère de ce lieu unique. Marie n'était pas avec moi; il lui fallait revêtir une sorte de manteau qui couvrait son visage et c'était trop pour elle. Il est vrai que, comme on en parlait tout a l'heure, je ne sais pas comment je réagirais si la situation était inversée et si c'était moi qui devait me couvrir, si l'on s'adressait plutôt à elle qu'a moi. Cela ne doit pas être tous les jours évident a vivre, j'en prends conscience après des années de voyage en solitaire.

Damas mosquée des Osmeyades

 

Damas mosquée des Osmeyades

 

 

Avant cette halte dans la capitale, il y a eu Deir E Zor, avec une population bédouine très nombreuse dans cette région. Dans la campagne, plutôt désertique, hormis les bordures de l'Euphrate, nous apercevions leur campement. Quelques tentes, des troupeaux de moutons ou de chèvres, un point d'eau pas trop loin. Sur la route, nous croisions leur véhicule, souvent ces fameux tricycles avec un souci de la décoration que je n'avais pas noté jusque là. Et, en ville, les tenues colorées des femmes avec une fierté dans le regard, une démarche volontaire, sauvage, qui les rend plus belles.

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

 

A Deir E Zor, Marie était restée dans la chambre d'hôtel et je suis tombé, par hasard bien sûr (!), sur le concessionnaire motos du coin. Comme il me voyait tourner autour des quatre modèles exposés (que des 125 ici), il est venu discuter avec moi.

J'ai joué à l'acheteur potentiel. Résultat: il m'a proposé la Zongshen 125 made in China, la réplique exacte de ma première moto d'il y a 25 ans à 600 euros! Même pas le prix d'une mobylette chez nous. Voilà que je me suis mis à divaguer en me voyant arriver en avion en Syrie ( pourtant on n'est pas très copains l'avion et moi!) , acheter cette moto, et rentrer par les petites routes jusqu'en France au son de son pom-pom. Quand j'en ai parlé à Marie, elle a fait une drôle de tête...

Palmyre, première ville syrienne où j'ai ressenti les méfaits du tourisme "de masse". Nous avons été plus sollicités dans la rue et les contacts avec les habitants y ont perdu le naturel que l'on trouve habituellement. Refroidis par le resto où nous avions mangé le midi, il nous a simplement fallu nous éloigner de quelques centaines de mètres de l'artère principale pour retrouver un endroit paisible où manger.

Mais, Palmyre, c'est aussi un des sites les plus beaux que j'ai vus. Au lever du soleil, je suis allé marcher au milieu de ces ruines admirables, en plein désert, avec, toujours visible, le château arabe situé au sommet de la montagne voisine. Très émouvant. Au retour, j'ai croisé Marie qui n'a pas la même notion de lever matinal que moi!

Puis, nous avons fait halte a Hama, célèbre pour ses norias, immenses roues en bois qui captent l'eau du fleuve pour la monter dans les champs situés plus hauts. Elles tournent dans un vacarme assourdissant.

Dans quelques jours, nous arriverons à la moitié de notre voyage. Chouette, encore huit semaines à découvrir, encore et toujours.

 

 

 2/ Impressions de voyage de Marie

 

Déjà 4 jours passés à Alep, un minimum pour commencer à s'imprégner un peu...

Après un passage de frontière épique, surtout pour sortir de Turquie (!), nous avons posé nos Titines dans un petit hôtel d'Alep, et décidé de rester quelques jours dans cette ville... nous avions besoin de reprendre nos esprits !

La frontière turque restera un souvenir mémorable. D'abord une longue file de camions, que nous avons remontée. Alors que nous attendions sagement notre tour pour passer à un guichet, à la queue comme tout le monde, des camionneurs ont absolument voulu qu'on passe devant; au début on a refusé mais comme ils insistaient, on s'est laissé faire.

Le problème c'est que, devant le guichet, c'était une agitation terrible, avec des tas de gens qui criaient, qui voulaient passer devant, qui voulaient que le guichetier s'occupe de leurs papiers... la folie ! Pas de file qui s'étire comme un long S, genre La Poste de chez nous ! Un militaire a fini par s'énerver et refouler tout le monde derrière une grille ! On a eu nos passeports tamponnés in extremis ! Une fois ce premier tampon obtenu, nous nous trouvions d'un côté de la grille et nos motos de l'autre !

Ouf, on nous laissa passer... il nous fallait maintenant un autre coup de tampon... là, on s'est fait prendre en charge par deux personnes qui semblaient des officiels; en fait, des vrais douaniers sans doute mais des adeptes du bakchich une fois de plus ! Pas très malins puisqu'ils nous ont demandé la pièce après nous avoir rendu le passeport !

Il nous restait encore la douane syrienne à affronter. Elle est un peu mieux organisée et surtout, le ministère du tourisme a délégué deux fonctionnaires, dont un francophone, pour prendre en charge les touristes ! Cette fois, on a donc attendu assis sur un canapé que nos papiers soient terminés ! Deux heures et demi en tout pour franchir ces 2 frontières !

Une fois arrivés a Alep, j'ai cru que le ciel me tombait sur la tête ! On avait eu beau me raconter que les pays arabes étaient chauds côté circulation, je ne m'attendais pas à ça ! Un vacarme assourdissant dû aux klaxons (des taxis notamment), et surtout gare à nos arrières ! Il faut savoir où on va... et y aller vite ! Plus tard, alors que nous marchions à pied, j'ai cru rêver quand j'ai vu une voiture griller un feu dûment gardé par un policier et que celui-ci est resté de marbre ! L'excuse des freins en mauvais état sans doute !!!

Même pour les piétons, il faut être très vigilant et rapide.

Nous avons choisi de garer les Titines dans un parking public (dûment gardé par au moins 4 personnes !), de les laisser prendre la poussière, et de découvrir la ville à pied... Un autre billet est en préparation.

 

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Ce voyage aurait pu s'appeler "Voyage au pays des hommes"...mais peut-être Christian n'aurait pas été d'accord sur ce titre, et de toute façon, ça ne m'est venu à l'idée qu'une fois en Syrie. On va donc continuer a l'appeler "Voyage en musique"... mais quand même...

Lorsque nous sommes arrivés à Alep, ce qui m'a frappé, c'est l'absence des femmes dans certains endroits.

Dès que nous avons mis les pieds en dehors de l'hôtel, situé dans le quartier des mécaniciens, j'ai ressenti très fort l'absence des femmes dans la rue. Il faut dire que l'endroit n'était pas très propice (déjà en France, on ne voit pas beaucoup de femmes dans les Norauto...) En fait, en se promenant, j'ai eu l'impression que les femmes étaient complètement absentes de certains quartiers où je ne croisais que des hommes ! J'ai eu l'impression qu'on avait vidé le monde de la moitié de ses habitants!

Plus tard, j'ai aussi compris que les femmes n'allaient jamais dans les cafés, à la façon dont les hommes me regardaient, stupéfaits comme s'ils avaient vu un petit scarabée dans leur verre de thé !

Syrie

 

Je ne les ai pas vu non plus travailler dans les restaurants, ni dans les magasins, ni tenir les cafés internet... mais où sont-elles ? Bon, j'exagère, on voit les femmes dans la rue; beaucoup sont en noir : grand "manteau" noir, foulard noir...ces vêtements m'ont paru d'une uniformité insupportable; comme si ce n'était plus Leila ou Djemila qui se promenait mais seulement une femme.

Une négation de l'individualité, et je n'ai pas encore parlé de celles qui ont un voile sur le visage. En les regardant traverser la rue, ou marcher dans la citadelle d'Alep au sol inégal, ou encore simplement porter des lunettes, je me suis dit aussi que côté pratique, on fait mieux !

Et que font les hommes pendant ce temps ? Ils klaxonnent, dès qu'ils sont au volant de quelque chose (même d'un vélo) !

A part regarder les gens dans la rue, on a donc fait la petite ballade dans la citadelle (promenade familiale pour les "Alepois" qui y amènent même leurs touts petits bébés), le quartier arménien avec les devantures des magasins en bois ainsi que les églises et leurs carillons, les souks couverts éclairés par quelques puits de lumière.

Après trois jours et demi passés a Alep, il était temps de bouger un peu... on avait des fourmis dans les pattes !

Direction Deir E Zor...on peut l'écrire comme on veut vu que ce n'est que la transcription phonétique du mot arabe... ça a un côté pratique ! Bref, Deir E Zor est du côté de la frontière irakienne, sur les bords de l'Euphrate... et c'est bien la son seul aspect sympathique, avec son joli pont à haubans construit par les Français !

Deir Ez  Zor

Deir Ez Zor

Deir Ez  Zor

 

Syrie

 

 

Syrie

 

Deir E Zor

 

 

Mais non je ne suis pas dure !

Un peu oppressant l'arrivée en ville, lorsqu'une quinzaine de personnes se sont mises autour de moi pour voir la moto et sa conductrice... je n'ai pas fait le Pakistan moi ! Un peu gênant le regard des hommes dans la rue. Un peu "trash" les étalages de bêtes mortes sur les trottoirs au petit matin. Bref, j'ai beaucoup aimé !!!

Direction Palmyre. Et pour cela, traversée du désert au programme, avec un vent à faire pencher les Transalp équipées de Touratech... Des tentes de bédouins de temps en temps, des villages très rarement, des troupeaux de moutons avec leur berger, et un soleil à faire fondre les accordéons Stelvio !

 Syrie entre Deir Ez Zor et Palmyre

 

 Syrie entre Deir Ez Zor et Palmyre

Syrie

 

Syrie

 

 

 

J'ai découvert le site romain de Palmyre ce matin, à 7h... il était désert et ça c'est génial ! Autant, hier soir, la montée au château arabe qui domine la ville s'était faite au milieu de la foule, autant les colonnades ce matin étaient tranquilles. C'est une sensation extraordinaire que d'être seule à entrer dans le théâtre, de marcher entre les colonnes, d'aller de découvertes en découvertes (l'agora, un temple, des tombeaux, des tours, et au loin toujours, le château arabe). Christian ayant choisi une heure beaucoup plus matinale, j'avais vraiment le site pour moi toute seule ! De plus, c'est un site ouvert, on entre donc par où on veut, on va dans le sens qui nous plait. Un site immense et très beau, à découvrir à la fraiche !!!

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

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Deux jours et demi que nous sommes installés dans un petit hôtel du vieux Damas; nous y avons déjà nos habitudes, et nos copains...

Dans la rue de l'hôtel, il y a trois coiffeurs, des vendeurs de tout et de rien, une treille qui recouvre une partie de la rue, tout en haut un petit café, et derrière, la mosquée.

Nous connaissons deux des coiffeurs; l'un est un petit vieux qui nous fait de grands signes à chaque fois qu'on passe, en mimant un motard sur son engin. Son voisin coiffeur a dû lui dire que les motos étaient à nous. Il nous sourit de toutes ses dents, qui ne sont plus très nombreuses ! L'autre est le coiffeur que nous avons testé, pour Christian avec succès, pour moi tout allait bien jusqu'à ce qu'il s'occupe de ma frange... Je ne lui ai pas demandé s'il connaissait Mireille Mathieu, mais ça ne m'étonnerait pas !

Damas vue de la chambre d'hôtel

 

Notre coiffeur de Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Je connais aussi le vendeur d'objets en marqueterie, qui vend des cartes postales pour attirer le client à l'intérieur de sa boutique. Il est très gentil mais il ne semble jamais avoir de monnaie... c'est pas grave, tu prends deux cartes postales de plus !

Il y a aussi le monsieur qui est à l'accueil à l'hôtel... il va de temps en temps dans l'atelier d'en face pour coudre une bricole sur une machine à coudre; je l'ai remarqué plus d'une fois : quand on rentre quelque part et qu'on croit s'adresser au patron, on s'aperçoit après qu'en fait, c'était juste un voisin qui passait par là et qui dépanne ! Qui est qui, et qui fait quoi, c'est toujours une surprise ici !

Le patron du café est un jeune Syrien qui semble planer à 10 000, mais qui est très gentil; le poète dans toute sa splendeur ! Il nous met une belle musique traditionnelle pour accompagner notre petit déjeuner que voici : hommos (purée de pois chiches), fromages de différentes sortes, olives, oeufs durs, un mélange à base de yaourt et d'herbes, sans oublier du vrai beurre et de la confiture !!! Burp !!! Christian a renoncé, ça n'étonnera personne !!!

Quant à la mosquée, son appel à la prière de 4h (juste après la sieste !) est très beau, très profond, chanté d'une très belle voix. Il est enregistré, et non pas en "live" comme le muezzin de la Mosquée des Omeyyades (le seul a Damas).

En parlant de la mosquée des Omeyyades, Christian l'a visitée aujourd'hui; j'ai décidé de la boycotter, pour la bonne raison que je n'ai aucune envie de me déguiser, même pour voir quelque chose de très beau. On dit que c'est la mosquée la plus vénérée après la Mecque ; Christian l'a trouvée très belle. Le hic, c'est que les dames doivent revêtir une sorte de longue cape marron, avec capuche s'il vous plait, que même un cheveu ne doit pas dépasser ! J'ai décidé que je visiterai une mosquée le jour où je pourrai y rentrer telle que je suis...









JORDANIE




1/ Impressions de voyage de Christian


 

 Moins de 150 kilomètres et nous allons pouvoir vérifier la couleur de la mer rouge.

Avant, il y a eu Damas, encore, puis notre entrée dans un nouveau pays, la Jordanie, donc un nouveau voyage tant les différences sont importantes avec la Syrie voisine. Cette dernière m'aura laissé beaucoup de grands souvenirs. Rien n'est moyen dans ce pays, tout est excessif, et ce fut un grand plaisir d'y passer deux semaines.

A Damas, je ne me suis pas lassé des longues marches dans la vieille ville, avec le sentiment que ce que je voyais était à chaque fois nouveau. J'ai été impressionné par le nombre de vendeurs de rues ..... et par celui des acheteurs. Constamment, sur les trottoirs, dans un angle de rue, il y a une personne qui a son "étalage", dans le meilleur des cas une planche sur deux tréteaux, dans le pire son bras ou ses mains pour présenter son produit. J'ai vu des briquets, des cigarettes, des vêtements, des fers a vapeur, des napperons, des rapaces empaillés (!), de la vaisselle, bref on trouve tout ce que l'on désire sur les trottoirs de Damas. Et ça discute sec sur la qualité du produit. Tout cela fait beaucoup d'animation dans les rues.

Les automobilistes, eux, qui doivent trouver que, justement, il n'y a pas assez d'animation, y participent grandement avec leurs klaxons. D'après Marie, l'utilisation abusive des avertisseurs sonores est révélateur d'un grave problème de virilité chez le Syrien. Un Syrien à qui nous posions la question nous a répondu que c'était pour compenser un manque évident de liberté d'expression dans ce pays.

Ouais, c'est bien beau toutes ces explications, mais le résultat, c'est une cacophonie parfois insupportable. A Hama, je crois qu'ils battaient tous les records et, quand, au même moment, les 29 ( je crois) minarets de la ville entamaient leur appel à la prière qui était plus un hurlement à la prière, j'avais des envies de couper le son qui me montait a la tête!

Qu'il fut dur le départ de notre petit hôtel de Damas alors que la rue était encore endormie. Il n'en aurait pas fallu beaucoup pour que je me laisse tenter à rester un peu plus. La veille au soir, nous avions mangé avec des Français qui venaient d'arriver par avion des Hautes Pyrénées. Une amie de Nadine, accordéoniste reconnue sur la place de Tarbes, nous avait simplement écrit via internet; nous avons passé une bien agréable soirée. En plus, ô surprise, nous sommes repartis avec.... un saucisson des Pyrénées! Il n'a pas fait long feu, le pauvre!

A la frontière jordanienne, un calme étonnant régnait et les formalités se sont déroulées dans une sérénité rarement rencontrée dans ces lieux étranges. Seul bémol, l'impression de passer trop souvent à la caisse; et un coup pour le visa, et un autre pour l'assurance des motos, et un troisième pour les droits d'entrée.

Soudain, nous apercevons une Suzuki 1000 V-Storm avec un couple de Russes dessus. Lui nous annonce qu'ils ont parcouru Moscou- Damas en deux jours (!!), que l'un des motards qui était avec eux a tué une vache et cassé sa moto ( mais pas lui heureusement), que les deux autres motos étaient devant car il avait ressenti une petite fatigue (tiens donc!) et avait préféré se reposer une nuit à Damas. Ils sont fous ces Russes ! Nous les avons retrouvés à Petra, dans notre hôtel, hier, et ils sont déjà repartis aujourd'hui, sur le chemin du retour. L'un d'eux avait une Honda 1000 CBR dernier modèle; pour les non motards, c'est une moto où l'on a les fesses plus haut que le guidon, ce qui donne une position de conduite particulière.... très adaptée à un pilotage sur circuit mais pas à un marathon sur les routes du Moyen Orient. A chacun son voyage...

La Jordanie, c'est tout petit, et nous faisons des sauts de puce depuis notre arrivée. Et c'est très beau, notamment la route du roi que nous avons empruntée ( excusez moi, mais j'ai beaucoup de mal à mettre une majuscule au mot "roi"). D'abord des champs encore verts, puis beaucoup d'oliviers, une route qui serpente de plus en plus, monte, descend au fond des vallées et, soudain, de la rocaille, beaucoup de rocaille, des montagnes ocre, des dénivelées impressionnants, de temps en temps un village et, de nouveau, cette route qui n'en finit pas de tourner.

Jordanie route du roi

 

Arrivée a Dana, nous quittons la route et deux kilomètres plus loin, un minuscule village qui se termine par un précipice! Là, un "hôtel" comme on n'en voit rarement, de bric et de broc, avec une tente bédouine, des recoins incroyables, des photos accrochées un peu partout, des objets hétéroclites, des messages de pensionnaires écrits directement sur les murs (!), une sorte d'hôtel du facteur cheval. Et un accueil d'une chaleur extrême, un repas collégial le soir, un pur délice, un bédouin qui vient jouer avec son oud et qui chante admirablement. On croit rêver dans ces moments là. Cela a sûrement aidé Marie à se remettre de ses émotions de la journée mais je pense qu'elle vous en parlera elle même. Nabil, le patron de l'hôtel, a même dansé sur l'air de "La danse de l'ours" que je lui ai joué après qu'il ait voulu m'apprendre "La danse du chameau". Au lever du soleil, juste 100 mètres à faire pour admirer la vallée, tout au fond, qui serpentait jusqu'au désert.

Jordanie Dana

 

Aujourd'hui, autre grand moment avec la visite du site du Petra. Difficile a expliquer cette émotion qui s'empara de moi alors que nous parcourions les deux kilomètres des gorges menant au temple de Khazneh. J'avais convaincu Marie de se lever à 5H15 ( un exploit dans le genre!) et nous étions seuls. Alors que nous étions devant le temple, une jeune femme est rentrée dedans et a entamé un chant d'une beauté extrême; avec une voix d'une grande pureté qui portait comme dans une cathédrale, à l'intérieur de cette pièce taillée dans le rocher. A donner le frisson!

Bref, notre voyage est toujours aussi dur mais nous tenons le coup.

 

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La mer rouge nous est apparue...

L'arrivée sur la mer rouge se fait en douceur. La route descend,longtemps, au milieu d'un paysage désertique et d'un vent brûlant lors de notre passage. Enfin, apparait Aqaba avec, au loin, une grand étendue bleue.

Pendant cette courte étape, j'ai pensé à Fred Tran Duc, le (surtout pas) sage, motard voyageur, connu des "vieux motards que j'aimais" et aussi de certain(e)s autres. Il y a près de 30 ans, il avait rejoint cet endroit sur sa petite moto qu'il appelait Puce, compte tenu de sa taille liliputienne. Adolescent, je rêvais à chacun de ses récits dans mon hebdomadaire moto favori et j'ai encore en mémoire sa manière bien à lui de raconter cette arrivée. Plus tard, il rencontra un petit garçon de 9 ans à Katmandou. Ce dernier lui demanda de lui raconter sa descente sur la mer rouge; il l'appela donc Petit Prince, lui fit une place sur sa selle arrière et poursuivit son périple autour du monde. Je crois que ce sont des gens comme lui qui m'ont mis le pied à l'étrier du voyage, avec leur regard rempli d'humanité sur ceux et celles qu'ils rencontraient au cours de leur périple. Ils m'ont donné envie d'aller voir de quoi notre Terre était faite. Merci a eux.

Avant cela, dans notre hôtel de Wadi Musa, nous avions joué un peu avec Marie, pour nous ouvrir l'appétit, sur la terrasse de l'hôtel. Un Italien, par la musique attiré, apparut. Lorsque je lui jouai Bella Ciao, il se mit à reprendre avec vigueur cette chanson, "qui est au fond de son coeur", nous dira-t-il après; un bel échange.

Deux soirs durant, nous discuterons longuement avec deux sympathiques Suisses en vadrouille depuis 7 mois. Je les aurais écoutés toute la nuit à nous raconter leurs anecdotes savoureuses ou poignantes en Chine, au Tibet. C'est qu'ils m'ont donné de belles idées d'itinéraires pour un prochain voyage!

Un sujet qui fâche: dans mes cauchemars les plus terribles, jamais je n'aurais pu imaginer ceci: un pays où les deux roues à moteur n'existent pas. Hélas, en Jordanie, c'est le cas. Le Fred dont je parlais plus haut avait abordé le sujet; il semblerait qu'il y a plus de 20 ans, le gouvernement avait décidé d'interdire leur utilisation car des motos avaient été utilisées pour des attentats. Et depuis, ce texte n'a pas été abrogé. Je lance donc un appel à tous les motards et aux sympathisants; il faut lancer un grand mouvement pour que ces bestioles à deux roues aient le droit de vie dans un pays où les routes sont si propices à leur utilisation. Mobilisez-vous, je compte sur vous! Ce qui est marrant, c'est l'explication qui m'a été donnée par les Jordaniens eux mêmes sur l'absence de motos; c'est tout simplement parce que les routes montagneuses, fréquentes ici, sont très dangereuses que l'Etat a pris sa décision. Ah bon, si c'est pour leur sécurité, il n'y a rien à redire...

Hier, ce fut une journée spéciale. Nous avons longé la frontière Israélienne et nous apercevions à quelques centaines de mètres la route de ce pays voisin, mais avec lequel des accords de paix n'ont été signés qu'en 1994. Quelques contrôles et de nombreux points de surveillance militaire nous ont rappelé que cette région n'était pas tout à fait comme les autres.

C'est à des détails comme celui là que je prends conscience des endroits où nous passons; en Syrie, c'est ce panneau "Bagdad" qui m'interpela près d'un café solitaire en plein désert; à Aqaba, c'est la frontière saoudienne qui se trouve à 40 kilomètres de là. Les guerres, les tensions, les régimes politiques les plus durs sont derrière, tout près, et deviennent plus réels dans ma petite tête.

 

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Avec Marie, nous nous sommes concertés et nous avons décidé d'en finir avec cette fuite en avant qui nous amène toujours plus loin. Qu'allons nous chercher? Quelle dérision que ces milliers de kilomètres parcourus sans but précis.

Aussi, après mûre réflexion, nous avons décidé de rebrousser chemin et de rentrer en France. Seul problème, nous n'avons pas les moyens financiers pour revenir en avion .... et vous ne nous reverrez que dans quelques semaines!!

Et, pour commencer, demain, nous allons quitter la Jordanie pour la Syrie et, si nous avons le temps, le Liban. Deux passages de frontières la même journée, que voilà un programme chargé!

 

 

 

2/ Impressions de voyage de Marie

 

Nous avons eu une pluie de reproches, quant à notre absence de billets dernièrement, ou sur le fait que certains étaient trop courts... non mais des fois, je voudrais vous y voir à chercher un cybercafé dans un bled paumé, après une dure journée de crapahutage en moto !!! Bon, brisons la, nous sommes donc à Petra...

Pour arriver à Petra depuis Madaba, nous avons emprunté la route du roi, une petite route tranquille et très jolie, avec des paysages à vous couper le souffle, notamment lorsque apparait un canyon à vos pieds, au détour d'un virage. Quelques cigognes nous ont fait un ballet le temps d'une halte photo.... il parait qu'elles font leur migration...elles ne sont pas prêtes d'arriver parce qu'elles avancent tout en tournant en rond !

Une halte à Dana, village minuscule, dans un site grandiose. Je n'en dirais pas plus parce que je n'étais pas en mesure de profiter pleinement de cette étape...

Puis, après une grosse étape en moto (50 kms), nous voilà a Wadi Musa, le village jouxtant le site de Petra... Il faut dire que je l'attendais avec impatience, cette étape ! Connaissant Christian, vous vous doutez que nous n'étions pas les derniers à découvrir ce matin le Khazneh, le premier "temple" et sans doute le plus beau, de Petra.

Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

Jordanie Petra

 

Une surprise nous attendait. Alors que nous étions a l'intérieur du temple, une voix magnifique s'est élevée, pour entonner un air, si beau que les larmes étaient prêtes à couler. Il m'a fait penser au Miserere de Allegri; dans ce site, la voix avait une résonance particulière et c'était un moment vraiment magique. Il s'avère que la chanteuse était beaucoup moins avenante qu'on aurait pu s'y attendre, et semblait aussi pressée que si elle courrait un marathon... dommage, c'était bien quand même.

Voila, nous avons crapahuté toute la journée dans Petra, j'ai des images plein la tête; la couleur caramel de la roche, l'aspect gros gâteau crémeux qui fond... bref, il est temps que j'aille manger !!!

 

Jordanie Petra

 Jordanie Petra

 Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

 

 Ce matin, le ciel était moins bleu et le soleil un peu voilé, une moins bonne journée qu'hier pour faire des photos.

Les voyageurs étaient moins vaillants qu'hier, les mollets un peu durs, et les oreilles pleines de l'appel à la prière et du prêche du matin. Bref, le pâle soleil était déjà haut quand nous nous pointâmes devant la Bab el Siq, l'entrée des gorges menant à Petra. Ce site a été occupé par les Nabatéens dans les premiers siècles de notre ère.

Ils sont fous ces Nabatéens, et je vais vous dire pourquoi. Dans ce site naturel magnifique (des gorges allant en se resserrant et longues de 2 kms, puis une vallée entourée de montagnes), ils ont creusé dans les rochers des temples magnifiques, qui leur servaient en fait de tombeaux pour leurs morts. Les défunts reposaient donc dans des salles aux murs et aux plafonds de toutes les couleurs : ocre, jaune, rouge, bleue, dans des dégradés magnifiques.

Petra est en fait un magnifique trompe l'oeil : au-delà des façades de ces temples, il n'y a que ces salles vides.

Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

 

 

 J'avais lu dans le guide qu'ont allait voir plein de bedouins dans le site. En fait, ce que j'ignorais c'est qu'ils habitaient jusqu'en 1985 dans ces grottes et qu'on les en a chassés. Depuis, les hommes conduisent les ânes ou les chevaux pour promener les touristes et femmes et enfants vendent des babioles aux touristes. Sans doute que l'énorme pactole que constituent les entrées ne revient pas du tout aux bédouins...

 

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Eh oui, ça fait déjà 60 jours qu'on est partis ! On a traversé plein de mers, franchi encore plus de frontières, et nous voilà au point où il va falloir penser à s'en retourner : nous voilà au bord de la mer rouge !!!

"Aqaba, grand port jordanien (le seul !), station balnéaire, royaume des petits poissons", qu'ils disaient !

Nous y sommes arrivés en début d'après-midi, après avoir quitté à regret Petra et les gens super gentils qu'on y a rencontrés. On a été bichonné à l'hôtel, après un démarrage assez nonchalant : le réceptionniste avait commencé par tester notre patience au moment de nous allouer une chambre, et comme il avait vu que nous ne nous énervions pas et que nous acceptions de boire tranquillement le thé qu'il nous avait offert, tout s'était bien passé. Cela nous a permis de faire connaissance avec un couple de Suisses, Florence et Patrick, qui voyagent depuis 7 mois et pour 3 mois encore... ils ont l'impression qu'ils sont presque au bout de leur voyage ! Eux sont partis ce matin en direction du désert du Wadi Rum... à plus tard peut-être !

Le trajet Petra-Aqaba fut un peu agité à cause du vent qui soulevait le sable. On longeait le désert et j'ai eu une petite idée de ce qu'est le Wadi Rum...

Une fois arrivés, on a avalé un foul chacun (purée de fève + 1/4 de litre d'huile + quelques pois chiches + ail), on a posé les motos dans un hôtel, et en avant pour la mer rouge, à bord d'une vieille Mercedes, conduit par un jeune Jordanien fou du volant... Christian serrait les fesses !

En fait de petits poissons de toutes les couleurs, j'ai vu des oursins énormes, des méduses et pas l'ombre d'un poisson !

Bon, c'est pas grave, demain on essaie la mer morte... il parait qu'il n'y a pas de poissons mais des tas de zouaves qui lisent leur journal assis dans la mer ! En plus, il n'y a même pas besoin de masque ni de tuba ni de palmes pour les voir !!!

Aujourd'hui était quand même un jour très spécial... si on m'avait dit il y a seulement 3 ans qu'un jour j'irais voir la mer rouge avec ma moto !!!

 

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A la veille de sortir de ce pays, qu'est-ce que j'en retiens ?

Comme toujours, ce sont les évènements les plus récents qui me viennent a l'esprit. Hier, c'était une belle journée, riche en émotions. Ce n'est pas tellement de partir d'Aqaba (quoique, c'est un plaisir d'y circuler si tranquillement !). Nous avions choisi d'aller de la mer rouge à la mer morte par la route longeant la frontière israélienne. Sur la gauche, une bande verte au pied d'une chaîne de montagne : Israel. A droite, une autre chaîne de montagne. Au milieu, la route, déserte, des cailloux et du sable de chaque côté. En arrivant vers la mer morte, des paysages plus luxuriants : des bananiers, et même de la vigne !

Le plouf dans la mer morte était inévitable. Bizarrement, j'ai paniqué, dans cette eau où l'on flotte ! En effet, il est impossible d'y nager ! Je me suis vue coincée dans cette eau si salée que quelques gouttes sur les lèvres ou pire, sur les yeux, fait très mal. J'étais emportée sans pouvoir me diriger ! Bref, un grand moment quand même.

Enfin, la remontée vers Madaba, par le mont Nebo, fut fantastique. 1200 m de dénivelée quand même, en très peu de temps. La mer morte est à moins 410 m par rapport au niveau de la mer... mais laquelle ?

Jordanie route au dessus de la mer morte

 

Jordanie Mont Nebo

 

Jordanie Mont Nebo

 

https://maps.google.fr/

 

 


 

 

 

 

 

 

LIBAN

 

 

1/ Impressions de voyage de Christian  

 

J'avais annoncé une journée chargée, elle le fut! J'aime tenir parole!

En fait, tout simplement, un départ à 8 heures et une arrivée à 20 heures, une frontière jordanienne où on a le sentiment d'un énorme tiroir caisse ( on a payé des droits de sortie!), une douane syrienne où les droits d'entrée ont été divisés par 5 par rapport à notre arrivée de Turquie ( il y en a qui s'en sont mis plein les poches, semble-t-il!); ensuite l'autoroute, c'est à dire quatre voies et rien d'autre, sauf un vent violent qui donnait à nos motos un air penché très spécial et qui sollicitait nos muscles.

Un peu plus tard, la pluie, légère pour commencer, puis un véritable déluge; enfin, un abri dans une station d'essence que l'on aurait pu croire désaffectée, l'accueil tout en simplicité et en chaleur humaine du pompiste, ses trois thés qu'il ira nous préparer, son réchaud qu'il laissera allumé pour nous permettre de nous réchauffer, son poste de télévision où il finira par trouver l'émission...."Des chiffres et des lettres": scène surréaliste alors que la pluie redoublait dehors et que le tonnerre grondait, nous nous retrouvions dans ce coin perdu de Syrie en train d'essayer de composer les mots français les plus longs et de faire nos plus belles opérations!

Syrie

 

Peu avant Damas, direction l'ouest, avec une route qui monte... et un vent qui fait de la résistance; pauvre Marie et sa petite Varadero devant ce mur invisible. Juste avant la frontière, un petit café avec juste deux places assises, elles étaient pour nous. Le cafetier nous offre un gâteau fait maison et refuse d'être payé au moment de notre départ.

Tout de suite après, une nouvelle douane "fatiguée", aux murs décrépis, avec un bureau où trône le vieux poêle en bois, la télé (!) et même un lit (!!). Nouveau petit droit de sortie (grrrr!), puis le jeune planton qui nous presse de partir avant l'arrivée du capitaine occupé à discuter pour, semble-t-il, éviter un nouveau bakchich. Enfin, la douane libanaise interminable où on nous allège de dix euros mais en nous indiquant qu'on nous dispense de prendre une assurance compte tenu de notre court passage! Soit disant, le douanier prenait cette responsabilité! N'importe quoi!

Je vais avoir du mal à me réconcilier avec les douaniers qui, manifestement, usent et abusent de leurs pouvoirs en sachant que si on commence à rouspéter, il leur est facile de nous faire passer quelque heures dans leurs beaux bâtiments. Quand la fatigue est trop présente, on baisse les bras... et on fulmine! Par contre, il nous serait très facile de transporter toutes sortes de produits illicites car le contrôle de nos motos n'est jusqu'à présent pas à l'ordre du jour!

Pour terminer, une arrivée à la tombée de la nuit dans un hôtel désuet, qui résiste de toutes ses forces au poids des ans, avec une propriétaire charmante... et parlant le français. Hé oui, nous sommes au Liban, et ce sont les femmes (non voilées) qui nous reçoivent. Marie est aux anges!!

Après cette journée marathon, le simple fait de se glisser sous les draps fut un véritable délice.

Départ le lendemain sur une belle route montagneuse d'où l'on apercevait la plaine de la Bekaa, avec une cinquantaine de kilomètres de rêve à la clef.... jusqu'à l'arrivée sur la côte. Car, de Beyrouth à Tripoli, il n'y a que des constructions et une autoroute surchargée. Du béton et des autos, jusqu'à plus soif! Pas terrible pour les deux pauvres motards car, côté conduite, ils en tiennent une bonne, les Libanais! Un peu comme les Syriens, mais avec des voitures nettement plus luxueuses, ce qui donne un paysage mécanique moins pollué mais qui sollicite autant, si ce n'est plus, le rythme cardiaque.

Heureusement, nous avons trouvé, près de Byblos, un camping, mmmhhh!, situé en haut d'une falaise, avec un point de vue superbe sur la côte, au calme, alors, qu'à moins d'un kilomètre, c'est la cohue.

Liban vue du camping de Byblos

 

Liban vue du camping de Byblos

Ce matin, deux Français qui travaillent ici, nous ont fait part des bouleversements qu'à connus le pays ces dernières semaines et de l'énorme soulagement après le départ des Syriens. Et c'est vrai qu'il règne dans les rues une atmosphère de fête avec les gens qui klaxonnent juste pour manifester leur joie. Le général Aoun est de retour et toute la population est en ébullition; il y a comme une euphorie collective qui s'est emparée du pays. Depuis deux mois, ils ont connu tellement de bouleversements et, enfin, ils ont l'impression d'un nouveau départ. C'est une impression extraordinaire de vivre en direct ces évènements. On sent tellement d'espoir en l'avenir et j'ai envie de leur souhaiter bonne chance, car la partie n'est pas gagnée d'avance.

Demain, nous allons à l'intérieur des terres ce qui, ici, veut dire que nous allons nous enfoncer de 30 ou 40 kilomètres vers les montagnes qui plongent dans la mer; ce pays est minuscule et il y règne une concentration de population incroyable. Alors, vivement l'air pur des montagnes et les routes un peu plus désertes.

Ce qui choque immediatement au Liban après la Syrie, c'est la richesse du pays qui transparait à travers ses nombreuses banques et ses voitures; 4X4 dernier cri, grosses automobiles américaines, Mercedes en veux-tu en voilà. Ici, les jeunes qui font mumuse avec leurs joujous à grands coups d'accélerateurs le font au volant de BMW, pas avec une vulgaire 205 comme chez nous. Et, à côté de cette richesse, il y a la deuxième catégorie d'habitants, les sans grade, de préférence étrangers ( Pakistanais, Indiens, Africains) qui assurent les boulots les plus ingrats dans des conditions qui m'ont l'air bien difficiles.

Et, comme dans tous pays riche, nous devenons transparents. C'est fou comme le comportement d'une population change d'un pays à l'autre. Indifférente en Grèce, au Liban, en Italie, elle s'intéresse à nous et à notre voyage en Tunisie, Syrie, Turquie. La richesse, le confort nous amène à nous replier sur nous même, je crois, et nous devenons blasés.

Pour ma part, je ne me suis pas encore lassé de notre beau voyage, donc, demain, une nouvelle étape nous attend avec, je l'espère, de belles surprises à la clef.

 

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La bouteille à moitié vide ou à moitié pleine?

Nous avons quitté ce petit pays où Marie voulait tant aller. J'en garde un sentiment mitigé.

Bien sûr, ce fut interessant de vivre en direct les bouleversements que connait le pays en ce moment après le départ des voisins Syriens et l'arrivée du général Aoun. Il y avait une liesse générale qui faisait plaisir à voir. Dans les rues, les magasins, régnait une atmosphère électrique. En même temps, je ressentais une fragilité dans tout cela, et je me demandais si le retour du général n'était pas attendu par la communauté chrétienne essentiellement; j'espère très fort que ce pays va conserver sa stabilité.

J'ai beaucoup moins aimé l'odeur omniprésente de l'argent, et je dois reconnaitre que je me sens beaucoup mieux en Syrie ( je ne parle pas de mon amour pour Bachar El Assad, que l'on ne s'y méprenne pas!).

Une fois que nous avons quitté la côte surpeuplée et où tous les conducteurs sont des meurtriers en puissance ( c'est bien pire qu'en Syrie car, au Liban, les voitures ont beaucoup de chevaux), nous avons retrouvé un peu de calme et d'air pur. Cette attitude de tueur potentiel me laisse sans voix; quoique. Un Libanais qui emmenait toute sa famille dans son Combi Volkswagen est resté interdit quand, après une de ces manoeuvres dont ils ont le secret, je l'ai copieusement engueulé ( en français dans le texte); je l'ai senti soudain désemparé devant ma réaction somme toute inhabituelle ici.

La montagne est belle, très belle et nous avons musardé sur des routes sinueuses à la recherche des fameux cèdres .Et, là-haut, l'esprit brouillé par le manque d'oxygène, nous avons dormi dans la suite d'un hôtel; bon, d'accord, ce n'était qu'une suite "junior", dixit la réceptionniste, mais quand même!

En fait, après des recherches infructueuses pour trouver un hôtel, nous avons trouvé le Country Club Hôtel; rien que le nom nous a fait peur! Mais, entre le prix hors saison, plus la proposition de la réceptionniste devant notre grimace à l'annonce du prix, notre suite nous est revenue à 38 euros. Après trois nuits au camping d'Amchir, douches froides comprises, le contraste fut à la hauteur. Le luxe à petit prix, c'est au Liban qu'il faut le chercher!

Dernière journée au Liban. Tout d'abord, une longue descente vers la mer où l'on se laisse glisser, la visière entrouverte. La suite se complique; il faut dire que les Libanais sont des adeptes de la chasse au trésor, et c'est pour cela qu'ils ne mettent pas de panneau indicateur, les petits farceurs!

Soudain, nous avons quand même compris que nous étions à Tripoli; ville repoussoir, tout du moins ce que nous avons traversé avec des immeubles criblés d'impacts de balles et de mortiers, et une saleté omniprésente.

Je n'avais qu'une envie: prendre la direction de la frontiere au nord. C'est une route à quatre voies qui nous a accueillis ( le terme me parait inapproprié en l'espèce); défoncée, cassée, jonchée de détritus avec, régulièrement, sans raison apparente et sans panneau indicateur les annonçant, des ralentisseurs que j'appellerais plutôt des casse-motos. Si tu oublies de ralentir, tu as droit, soit à une jante pliée, soit à une vertèbre fêlée! Et pour maintenir l'ambiance, on pouvait faire confiance aux conducteurs de taxis, minibus, cars, camions, ils n'oubliaient surtout pas de nous garder sous pression!

En parcourant cette région du nord de Tripoli, c'est comme si nous avions quitté le Liban; j'ai soudain réalisé que les nombreux gros 4X4 et autres Mercedes ne circulaient pas ici, que la plupart des voitures étaient de véritables épaves ambulantes. Puis, il y eut la vue de bidonvilles sur le bord de la route, avec des maisons de carton, plaques de ferraille et de plastique, des immondices un peu partout et une route qui semblait depuis longtemps oubliée par les services de l'équipement du pays.

Quelle est donc cette région repoussée, abandonnée, dans le nord du pays?

Rien d'étonnant à ce que la douane soit à l'image du coin. Elle fait partie de ces frontières que l'on aimerait voir plus souvent.... dans les films, tant elles dégagent une atmosphère inimitable. Dans la réalité, on trouvera drôle d'en parler plus tard, avec la famille et les amis....

Sur le moment, on se regardait, avec Marie, en se demandant si l'on ne rêvait pas. J'y ai entamé mon premier sitting quand on nous a réclamé 14 dollars et que l'on nous refusait la seule monnaie dont nous disposions, celle du pays. Quelle idée aussi d'avoir de l'argent utilisé dans le pays où l'on rentre! C'était un peu kafkaien, mais ils ont bien vu que les dollars et nous, ça faisait deux, et l'on est arrivé à une solution. Plus tard, il faudra que j'édite un guide des douanes; après 25 années de voyage, j'en ai vues qui méritent le déplacement.... si on aime les complications.

 

 

2/ Impressions de voyage de Marie

 

J'ai un peu de retard dans l'écriture, puisque mon dernier billet a été écrit à Madaba, en Jordanie. Depuis, il y a eu la folle étape (12h !) jusqu'à Zalhan (Liban), avec traversée de 2 frontières (Jordanie-Syrie puis Syrie-Liban) et en ayant essuyé un bel orage (vent, froid, pluie, tonnerre... bref, le grand jeu !). Puis le passage d'un col au dessus de Zalhan, pour rejoindre la côte libanaise, tout en ayant soin d'éviter Beyrouth... et enfin une halte bien méritée au camping près de Jbail (Biblos)...

Liban Byblos

 

Liban Byblos

 

 

Les Jordaniens m'avaient laissé une impression mitigée, pour cause de jets de cailloux intempestifs ou autre comportements agressifs de la part de certains jeunes ou carrément morpions. Heureusement, il y a eu aussi les Jordaniens très gentils, très prévenants, adorables... une douche écossaise quotidienne quoi !

Les Syriens rencontrés lors de la folle étape nous auraient presque fait regretter de quitter si tôt leur pays... entre le pompiste qui nous a réchauffés devant son butagaz et offert le thé au plus fort de la tempête, et le cafetier près de la frontière qui nous a offert un gâteau de chez lui (très bon) ainsi que les consommations, alors que nous étions gelés et un peu fatigués, il y a de quoi retrouver la pêche même en pleine étape galère !!!

Quant aux Libanais, ils conduiraient de façon un peu plus sage que je ne m'en plaindrais pas !!! Il semble qu'une partie de la population passe son temps à faire le cacou au volant de Mercedes ou autres BMW, sur les rocades, autoroutes et même dans les rues. Il faut dire qu'avec le retour au pays d'Aoun, le contexte est un peu particulier; peut-être sont-ils très sages en temps normal !

Toujours est-il qu'ils sont tous partis aujourd'hui accueillir le général à Beyrouth (a 35 kms d'ici), et qu'on a donc un peu de tranquillité en attendant ! Je me dis que la plupart des jeunes que l'on voit en voiture agiter des drapeaux libanais, chanter et crier, n'ont certainement aucun souvenir du fameux général, mais sans doute ont-ils l'impression de vivre un grand moment de l'histoire.

Demain, nous quittons la côte (bétonnée de Beyrouth a Tripoli), donc nous allons en montagne ! (il n'y a pas le choix !) De l'air plus pur donc, et beaucoup moins de monde !!!

 

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Nous revoilou en Turquie ! Gloups, ça sent le retour,cette affaire !

Notre petit tour dans les pays arabes est bel et bien terminé. Je suis contente de retrouver Antakia, mais ça veut dire que nos semaines sont désormais comptées..."Plus que" 6 semaines au compteur !!!

Hier, nous avons quitté le Liban et son cèdre (et oui, nous n'en avons finalement vu qu'un !).

Auparavant, nous avons découvert un autre visage du Liban.Tripoli, avec ses immeubles criblés de balles et dévastés. Au nord de Tripoli en suivant la côte, des bidonvilles... ça fait d'autant plus bizarre que le Liban semble beaucoup plus riche que ses voisins arabes !

Des travaux sur la route sans signalisation d'aucune sorte, les voitures qui veulent passer dans les 2 sens en même temps alors qu'il n'y a pas la place, et le godet de la pelleteuse qui vous passe gentiment au dessus de la tête ! Enfin, la frontière (glauque de chez glauque !) où, du côté syrien, les douaniers exigent que la "taxe" soit payée en dollar. Nous avions de l'argent syrien, mais ça ne les intéresse pas. Le but du jeu est de récupérer des devises. Finalement, le préposé au change nous a fait un papier comme si on avait changé des dollars pour des livres syriennes, tout en prélevant sa commission. Je ne sais pas si vous avez tout suivi mais sinon, c'est pas grave, on continue.

Un autre exemple de grosse fumisterie : le carnet de passage en douane (le passeport des motos). Initialement fait pour éviter les trafics de véhicules, son efficacité réside dans les contrôles lors des passages à la douane, du numéro d'immatriculation, et même du numéro du moteur... Dans aucun des pays concernés (Jordanie, Syrie, Liban), les douaniers ne les ont contrôlés. C'est donc une formalité qui ne sert a l'heure actuelle qu'à faire gagner des sous à l'Automobile-club de France (l'organisme qui délivre les carnets moyennent beaucoup de pépettes). Y'en a marre des frontières !!! Calmons nous, la prochaine n'est pas pour tout de suite...

 

 https://maps.google.fr/











TURQUIE: LE RETOUR




1/ Impressions de voyage de Christian
 

 

 

Fin de journée: arrivée au Krak des Chevaliers, un château construit par quelques milliers de malades mentaux envoyés par un roi pour reconquerir la terre sainte. Au nom de la religion, ils ont tué, pillé....et ont construit un château qui, je dois le reconnaitre, a fière allure, si l'on oublie les circonstances de son édification.

Syrie Krak de chevaliers

 

Syrie Krak des chevaliers

 

Lien de cause à effet, j'ai été frappé par le nombre de femmes non voilées, habillées à l'européenne, dans les villages alentour. La communauté chrétienne semble très bien installée ici et il est surprenant de découvrir, ça et là, des églises.

Aujourd'hui, nous sommes rentrés en Europe.... ou presque. Il faut dire qu'après le Moyen Orient, la Turquie a des allures très modernes. La frontière mérite le titre de douane quatre étoiles, à l'unanimité. Cadre verdoyant, montagnes alentour, personne à part nous... et deux motards qui rentraient en Syrie. Fonctionnaires sympathiques (si, si, ça existe!!), parterres de fleurs, oiseaux qui nous berçaient de leur chant.

Nous nous sentions tellement bien que nous n'avons même pas pensé à rouspéter quand, une fois les formalités accomplies, on nous a dit que, pour le coup de tampon final, il fallait attendre le chef, qui était en train de manger!

Et, cerise sur le gâteau, on ne nous a pas demandés le moindre centime!

Oui, vraiment, une grande journée!!

 

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 Ankara:

Soudain, le panneau affiche le nombre de 60; puis, les chiffres s'égrennent lentement 59, 58. Tout est calme mais une certaine tension est déjà palpable...

Quand le 20 apparait, certains ont du mal à cacher leur excitation et commencent à avancer, discrètement, en jetant un oeil à droite, à gauche. A 10, les yeux sont rivés sur le feu, les moteurs se mettent à vrombir; 5, plus rien d'autre n'existe que cette ligne de départ, 4, 3, 2, 1; certains ont volé le départ et s'envolent en tête du grand prix de.... heu pardon du démarrage au feu d'Ankara. Car, dans la capitale turque, au même titre que dans d'autres villes du pays, les feux possèdent leur chronomètre qui vous dit combien de temps il vous reste à attendre avant le feu vert. Et, effectivement, dans certains cas, on croirait assister au départ d'une course, avec quelques piétons suicidaires qui vérifient leur degré de forme en tentant à la dernière seconde la traversée fissa-fissa de la rue. On ne s'ennuie pas ici!

Nous avons passé deux jours a Ankara où j'ai retrouvé avec grand plaisir Medar et Virginie qui m'avaient deja accueilli il y a trois ans alors que je tentais, non sans difficulté, de me faire ouvrir la porte iranienne. Deux jours de détente pour les deux motards et une bonne vidange bien méritée pour les motos apres 11000 kilomètres parcourus.

Turquie Ankara

 

Turquie Ankara

 

Turquie Ankara

 

 

 Nous sommes actuellement sur les bords de la mer noire, qui mérite son nom aujourd'hui avec un temps gris pluvieux. Notre plan camping est tombé à l'eau (...) et nous avons opté pour une petite pension. Sage résolution quand le déchargement des bagages se fait sous une pluie battante!

D'Antioche à Atchacodja, notre étape d'aujourd'hui, c'est le mot douceur qui me vient régulièrement à l'esprit pour décrire ce pays. Douceur des habitants, mêlée de tranquillité et de gentillesse, et c'est toujours avec le même plaisir que je parcours la Turquie.

Douceur des paysages aussi. Pourtant, les montagnes sont omniprésentes mais elles s'offrent au regard à travers des formes tout en rondeurs, s'élèvent parfois très haut sans en donner l'impression; la route grimpe progressivement, mine de rien et, sans qu'on s'y attende, un panneau indique une altitude de 1600 mètres; puis, on roule sur des plateaux aux multiples tons de vert, avec, de temps en temps, quelques peupliers effilés dont le feuillage brille au soleil. Par ci par là, un village, lové contre les flancs de la montagne avec son minaret pointant vers le ciel; des cigognes, parfois, qui ont l'air de beaucoup apprécier le climat turc, des tortues également qui traversent la route à leur petit train de sénateur.

Sans qu'on s'en rende compte, le paysage change; après les plateaux arides d'Anatolie centrale, de belles forêts sont apparues, avec des pentes au relief plus accidenté, des maisons de bois. J'ai cru retrouver le Vercors alors que nous nous dirigions vers la côte de la Mer Noire; Marie, quant à elle, a conclu que, après avoir vu de tels paysages, il était peut-être inutile de passer par la Suisse...

C'est alors que nous sommes entrés dans le village de Safranbolu, un bijou reposant au creux d'une vallée. Magnifique! De vieilles maisons ottomanes en bois, des rues recouvertes de pavés usés par les siècles, des remparts un peu plus haut d'où nous avons regardé le soleil disparaitre lentement. Et, une petite pension où la chaleur humaine et la bonne humeur étaient de règle. Bref, une étape sur une route de rêve qui s'est conclue magistralement. Il y a des jours, comme celui-là, où l'on sait pourquoi on voyage...

Le soir, un des fils de la pension a sorti son saz, et a joué une musique de toute beauté; il nous a dit qu'il jouait, soit en suivant les notes, soit en écoutant son "feeling" et, là, il nous a montré un numéro extraordinaire; bien des jazz men pourraient en prendre de la graine!

Il m'a ensuite proposé de l'accompagner à la guitare; j'ai préféré aller chercher mon petit Stelvio. Marie n'a pas résisté et sa flûte est sortie de son étui. Il a alors amené son tambourin; avec sa culture musicale orientale, il battait le rythme d'une manière tellement différente de celle de notre maître vénéré, Jean-Marc, notre illustre professeur d'accordéon ( j'ai intérêt à le caresser dans le sens du poil, je le revois dans quelques semaines aux cours d'accordéon!) . Nous avons eu une confirmation, la Danse de l'Ours s'exporte bien; quand nous avons eu terminé ce morceau, un Japonais a continué à le chantonner, visiblement sous le charme.

 

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Hier, de nouveau une belle étape (décidément, nous sommes gâtés) sur une route qui a rayé le mot "ligne droite" de son vocabulaire avec, à l'arrivée, le petit village de Tchacraz, en bordure de mer.

Et, aujourd'hui, nous avons eu la bonne idée (!) de prendre un raccourci. Résultat, 60 kilomètres sur une route qui mérite plutôt le nom de piste tant elle est cassée, défoncée, rafistolée. La Transalp grinçait à qui mieux mieux et je suppose que la petite Varadero était logée à la même enseigne. Vitesse maximum ( et encore pas longtemps!): 50 kilomètres/heure. Nous traversions quelques hameaux perdus dans cet univers boisé, sauvage, de toute beauté. Entre deux trous ou deux bosses, le regard s'attardait sur ce paysage magnifique. Merci Dame Nature de ce nouveau cadeau!

La Turquie nous colle a la peau et nous prévoyons d'arriver après demain a Istanbul pour trois jours au moins.

Apres, il sera peut-être temps de remonter vers le nord.

Chaque chose en son temps....

 

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Le matin était frais au départ d' Atchakodja. Tout de suite, la route à quatre voies disparut, oui, c'est le mot, et nous sommes rentrés dans un univers peuplé d'arbres, de bosquets. La route étroite se glissait tant bien que mal dans ces forêts de noisetiers, distillant au passage quelques chocs à nos vertèbres déjà fatiguées par les milliers de kilomètres parcourus.

Régulièrement, nous croisions des vaches en liberté sur ce tronçon. Les villages, les hameaux plutôt, donnaient un sentiment de pauvreté; peut-être était-ce dû au temps maussade qui nous accompagnait, mais les maisons paraissaient bien fatiguées avec des façades en bois usées par les années.

Plus nous nous enfonçions dans ces terres et plus javais l'impression d'une étape dans un autre monde. La pluie s'etait invitée et avait amené avec elle le brouillard qui rendait l'atmosphère mystérieuse. La végétation était par endroit si touffue que le mince ruban de goudron disparaissait de notre vue.

Puis, il y eut l'arrêt dans ce petit café où l'accueil fut plutot distant. Les hommes semblaient tuer le temps, en attendant que cette journée maussade se termine; beaucoup avec la veste de costume fatiguée sur le dos. Un papy s'endormait près du poële, appuyé sur sa canne. Une ruralité profonde et rude; voilà comment je decrivis la scène à Marie qui eut du mal à comprendre ce que je voulais dire....

Turquie près de la mer noire

 

Etape physique donc, sous cette pluie, mais de toute beauté, de celles qui reste gravées dans la mémoire tant elles sont intenses.

Il n'y a pas une Turquie, mais des dizaines de Turquie, pays aux multiples facettes qui nous réserva bien d'agréables surprises durant notre séjour. Moi qui croyais connaitre un peu ce pays, je le découvris chaque jour.                                        

 

Le lendemain, les motos nous attendaient, imbibées d'eau. Un crachin persistant nous accompagna jusqu'à Istanbul, avec une brume omniprésente. Autant dire que le départ à 6 heures du matin avait un goût très particulier! Mais, la perspective d'une arrivée un dimanche de bonne heure dans la capitale avait fait pousser des ailes à Marie qui appréhendait la circulation d'Istanbul.

Bon plan car nous avons eu assez à faire avec les panneaux absents, les travaux incessants, les rues boueuses, les trous et autres amabilités des ponts et chaussées turques. Bref, deux heures de route pour faire 70 kilomètres mais que ce fut dur!

 

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Depuis trois jours, nos montures, un brin crasseuses, se reposent et nous, nous marchons, marchons à la découverte de cette ville fascinante qu'est Istanbul. Mosquée bleue, Sainte Sophie, Palais de Topkapi, vieux bazar, bazar égyptien, scènes quotidiennes de la rue, nous ne nous ennuyons pas au cours des trop courtes journées.

Etonnamment, la ville est très vivable, aérée, calme. Non, non, je ne parle pas de Tarbes un dimanche après-midi mais de cette ville qui m'avait impressionné par son incessant grouillement de véhicules et de personnes lors de ma première visite en 1988. Maintenant, un tramway très moderne a remplacé les bus asthmatiques et, ma foi, on s'y sent tres bien.

La petite pension qui nous accueille est très chaleureuse et l'on est aux petits soins avec nous. Ce matin, nous avons eu droit au petit déjeuner sur la minuscule terrasse ( deux places seulement!) avec vue sur la mer de Marmara. Des pensions comme celles là valent tous les palaces du monde. Nous avons même eu droit au passage de trois dauphins qui semblaient nous souhaiter une bonne journée.

Istanbul notre hôtel

 

Istanbul notre hôtel

 

 

Turquie Istanbul

 

Turquie Istanbul

 

Turquie Istanbul

 

Turquie Istanbul

 

Ce soir, j'ai comme un petit pincement au coeur car, demain, nous quittons l'Orient où nous avons passé un bon bout de temps et qui est si attachant. La Bulgarie devrait nous recevoir en coup de vent avant que nous consacrions un peu plus de temps à la Roumanie.

Au fait, j'ai un petit billet d'humeur à l'encontre de Miss Varadero. Elle possede un p..... de b..... de filtre à air a la c.. A Ankara, sérieux comme peut l'être un mecano hors pair ( heu.... hors jeu, je voulais dire), j'ai suivi les instructions de la revue technique à la lettre avant d'en convenir: les conseils des copains mécanos ( salut Bruno et Christophe) étaient judicieux. N'empêche, devoir démonter un réservoir, un tableau de bord, un carénage et diverses bricoles en plastique pour changer un filtre à peine sale, cela me parait beaucoup! Surtout quand on n'est pas très sûr de soi! Cela a permis à Marie de me voir en colère; ça l'a changé, moi qui suis toujours d'une humeur égale ( ah, non, vous êtes sûr?).

La journée se termine lentement, nous allons flâner sur les bords du Bosphore ( je sais, ça fait rêver!), avant de tenter de passer un bonne nuit. L'arrivée en masse de supporters de Liverpool pour, semble-t-il, un grand match de football, me fait craindre le pire quant a l'animation nocturne. Bouchons d'oreilles obligatoires cette nuit!

Turquie Istanbul bosphore

 

Turquie Istanbul

 

 

 

 

 

 2/ Impressions de voyage de Marie

 

 

Passée cette frontière glauque entre le Liban et la Syrie, nous avions comme objectif le Krak des chevaliers. Malgré quelques hésitations de parcours et un vent de face, le Krak finit par se montrer.Je n'étais pas follement enthousiaste à l'idée de voir ce château franc...j'avais tort !

Je m'imaginais une énorme bâtisse austère, vide et froide. C'est immense, ça c''est vrai. (4000 personnes vivaient dedans du temps de sa splendeur). Ce qui m'a plu, c'est qu'il est si bien conservé qu'on s'y croirait ! J'ai imaginé dans les immenses pièces des tas de gens parlant très fort, faisant bouillir la soupe (ou la poix) dans des marmites énormes, etc... C'est plein de recoins sombres, de trappes, de passages secrets et de carrefours...on aurait presque peur de perdre son chemin et de se retrouver 8 siècles plus tôt !!!

Evidemment, il est fort bien situé, sur une colline d'où l'on voit très loin... jusquà la mer ou les montagnes du Liban.

C'était en fin de journée, la lumière était très belle, il y avait peu de monde, les conditions idéales ! La Vara était restée a l'hôtel à quelques kilomètres de là ; elle avait eu peur du dénivelée et des virages en épingle, et puis, surtout, elle était un peu fatiguée...

Syrie Krak de chevaliers

 

Syrie Krak des chevaliers

 

Syrie Krak des chevaliers

 

 

Pour l'étape d'aujourd'hui, nous avions décidé de ménager nos montures : autoroute jusquà Latakie. Oui je sais, ça semble pas marrant comme ça, mais c'est l'autoroute avec les camions et les mobylettes à contresens et le troupeau de moutons sur le bord !!!

Une petite montée jusqu'à un col à 1200m pour attraper la frontière. C'était aussi un autre visage de la Syrie, que nous ne connaissions pas : une Syrie vallonnée, puis montagneuse, toute verte, et des habitantes habillées comme vous et moi !

Le passage de la frontière Syrie-Turquie fut un vrai plaisir : d'un calme jamais vu, très peu de monde, un beau cadre en pleine montagne, des fleurs, rien à payer...et puis du côté turc, le douanier en chef étant parti manger, on a même eu le temps de se manger un bout de pain et de déplier la carte de Turquie ainsi que le guide avant que l'ultime coup de tampon ne soit donné !Une douane que l'on vous conseille donc, surtout après avoir connu celle qui est près d'Alep où c'était la folie ! Il faut juste éviter l'heure du déjeuner...

Enfin, la Turquie, abordée par ses hauts plateaux entre verdure et terre rougeoyante... Une petite descente, et hop : Antakia La Belle nous attendait : Christian a même eu droit de la part du réceptionniste de l'hôtel (vu à l'aller) à la bise... j'aurais bien voulu aussi mais ici ça ne se fait pas !!! Dommage...

 

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J'avais bien vu, avant de partir, des photos de cette fameuse Cappadoce, avec ses cheminées de fées...je me disais (vous ne le direz pas à Christian), quand on en a vu une, on les a toutes vues ! Eh bien, j'avais tort, une fois n'est pas coutume !

Quand j'ai eu devant les yeux ce paysage avec ces rochers pointus, ce fut la surprise totale, malgré les photos que j'avais pu voir, malgré ce qu'on m'en avait dit. Surprise, parce qu'on a du mal a croire que la nature ait pu faire toute seule ce miracle.

Et puis, il n'y a pas que ces "cheminées" en tuf sculptées par la nature. Quand on se promène dans les vallées, on est au milieu des jardins potagers. Des petits sentiers cheminent entre les lopins de terre. On a qu'à se laisser guider par les odeurs d'arbres, de fleurs, de terre, et écouter les oiseaux s'en donner a coeur joie. Ils n'ont qu'une seule concurrence : le chant du muezzin, qui résonne dans cette vallée d'une façon extraordinaire. Autour, les rochers, allant du blanc au rose, en passant par le jaune.

Cette belle région est de plus vraiment reposante.Les habitants aux traditions paysannes et artisanales y côtoient tous les jours les touristes venus admirer les paysages, les églises peintes ou les villages souterrains...on voit encore les charrettes tirées par les ânes ou les chevaux amener dans le village les vieux messieurs avec parfois leurs petits-fils...

A midi, alors qu'on attendait pour déguster notre pide (pizza turque), je voyais sortir de la mosquée les messieurs (très nombreux), et aucune femme n'en est sortie... soit il y a une sortie spéciale pour les dames, soit elles boycottent les offices religieux... quelqu'un est-il renseigné la-dessus ???

Turquie Cappadoce

 

Turquie Cappadoce

 

Turquie Cappadoce

 

Turquie Cappadoce

 

Turquie Cappadoce

 

Turquie Cappadoce

 

Turquie Cappadoce

 

Turquie Cappadoce

 

Cappadoce camping de Göreme

 

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"Tu vois, on est là. Il y a 2 routes pour aller à Açakoca. On prend laquelle ?" "Celle-ci est en vert sur la carte; elle doit être jolie; on n'a qu'a la prendre..."

C'est comme ça qu'on se retrouve sur une minuscule route en lacets, à faire du 25km/h de moyenne...

Eh oui, c'est pas parce qu'on n'a pas fait de billet que pour autant on n'a rien fait !!!

On vous avait laissés du côté de Göreme, il y a quelques jours. On n'avait même pas eu le temps de vous dire qu'on était allé visiter une ville souterraine dans la Cappadoce, et que la minuterie commandant la lumière s'était éteinte alors qu'on était encore au 3eme sous-sol...

Ensuite, il y a eu Ankara, où on était attendu par Virginie et Medar. Christian les avait rencontrés lors de son précédent périple, il y a trois ans. Si vous vous souvenez bien, on avait rencontré Virginie à Athènes, par hasard, il y a quelques semaines.

Nous étions hébergés dans les beaux quartiers. Le dimanche, jour de notre arrivée et jour de repos pour les Turcs, on avait une vue magnifique sur les jardins de l'ambassade de France, et au-delà, sur une bonne partie d'Ankara. Les jours suivants ça s'est un peu gâté, sans doute a cause de la pollution. Une brume marron s'était peu a peu deposé sur la ville...

C'est une ville tellement moderne que l'on ne se sent pas du tout dépaysés, à quelques détails près : les cireurs de chaussures, les peseurs qui attendent avec leur balance qu'on veuille bien se préoccuper de son poids, les vendeurs de billets de loterie, de simit (petite viennoiserie), etc... Seul le quartier ancien de la citadelle, Ulus, est reste typiquement turc.

Mis a part la découverte de la ville, il y avait beaucoup à faire, notamment la vidange des motos et changement des filtres à air .Christian, qui habituellement ne tarit pas d'éloge sur ma Vara s'est franchement énervé sur elle cette fois-ci. Contrairement à la Transalp sur laquelle le filtre à air est changé en 5 minutes, il faut tout démonter sur la Vara puisque le filtre se trouve sous le réservoir. J'admets que ce n'est pas pratique du tout... J'ai même été obligé de laisser mon bouquin pour l'aider...c'est dire !!! Pourtant, c'était un bouquin très intéressant : "Les croisades vues par les Turcs", du Libanais Amin Maalouf.

La prochaine étape était Safranbolu, sur la route entre Ankara et la mer noire. Une très belle ville avec des jolies maisons ottomanes bien conservées, comme la pension dans laquelle on a dormi d'ailleurs. Très sympa comme endroit. La maitresse de maison y bichonne (voire materne) ses pensionnaires tout en gérant son affaire d'une main de maître. Beaucoup de Japonaises étaient là, qui causaient en japonais avec la patronne, elle leur répondait en turc et tout le monde semblait se comprendre !!!

Safranbolu chambre de la pension

 

Safranbolu chambre de la pension

 

 

Le fils de la maison joue du saz à merveille. On lui a joué la danse de l'ours et vu l'engouement des Japonais pour cet air, il y a fort à parier que c'est le futur air à la mode au Japon ! C'est le genre d'endroit qu'on a du mal à laisser mais le problème c'est que c'est un peu trop touristique et donc un peu trop cher ! Et puis notre objectif était aussi d'aller voir la mer noire.

Turquie Safranbolu

 

Turquie Safranbolu

 

Turquie Safranbolu

 

Turquie Safranbolu

 

 

Entre Safranbolu et Amasra, il y  a peine 100kms, alors qu'on voudrait que ça dure toujours... c'était tellement beau qu'on voudrait des étapes comme ça tous les jours. J'étais heureuse d'être là sur ma moto, de sentir la fraicheur tout au long de la route sous les arbres, de contempler les paysages et de respirer à fond.

A l'arrivée à Amasra, pas de camping. Nous poussons un peu plus loin à Çakraz...pas de camping non plus. Comme c'est très prisé des Turcs, il y a quand même de quoi dormir sans probème. L'eau était froide, pleine de méduses, et l'air beaucoup plus frais qu'à l'intérieur des terres. On dit que la mer noire, c'est la Bretagne de la Turquie...

Et ce matin, départ pour Açakoca. Après une route large longeant une Turquie assez industrielle, nous avions le choix entre 2 routes... celle que nous avons choisie était belle mais pas très reposante...des lacets, des montées, des descentes, des trous, des bosses, une toute petite route pas large du tout...une allure de tortue donc !!! En parlant de tortues, on en voit plein par ici ! C'est pas comme chez nous où elles ont déserté nos jardins...On a même vu un panneau de signalisation : "attention, passage de tortues" !

Arrivés à Açacoka où nous comptions camper, nous trouvons du vent, de la pluie, du froid.. .la mer noire mérite bien sa réputation !!! C'est pas grave, il y a beaucoup de pensions et d'hôtels; il y a même des cybercafés...voilà, la boucle est bouclée...

 

Turquie cuisson des simits

 

Turquie  fin de cuisson des simits

 

Sile (au bord de la mer noire) ne nous laissera pas un souvenir impérissable, si ce n'est son petit crachin d'automne et la boue dans les rues due aux travaux...Nous l'avons donc laissée très tôt ce matin...

Il crachinait quand nous préparions les motos. Plus nous roulions, plus le ciel etait bas...On a même fini par se retrouver dans les nuages ! Je me disais malgré tout que ça aurait pu être pire : il aurait pu pleuvoir à verse au lieu de crachiner !!!

Malgré tout, on roulait bien, il y avait peu de monde sur la route. Il faut dire que je redoutais énormément cette étape étant donné qu'on m'avait dit que la circulation était folle à Istanbul. C'est pourquoi nous étions sur les routes si tôt, un dimanche.

En fait, les difficultés n'etaient pas celles que je craignais : je n'avais pas pensé aux difficultés d'orientation tout d'abord. Généralement, en Turquie il n'y a pas trop de problème de ce côté là... sauf quand on arrive à Istanbul depuis Sile ! On est arrivé sur le Bosphore alors que le dernier panneau que l'on avait vu indiquant Istanbul mentionnait : Istanbul 30 kms...

Ensuite, ce fut l'enfer ; des travaux partout, de la boue partout, des trous, des pavés glissants, et bien sûr quelques petites déviations.

Apres s'être arrété 36000 fois et avoir demandé son chemin aux nombreux chauffeurs de taxis, nous atteignirent enfin les vieux quartiers d'Istanbul ...le soleil ne tarda pas a se montrer.

 

 

Istanbul est en partie en Europe, et pour nous, c'est un tournant dans notre voyage...

Après une arrivée aux allures de chiens mouillés et fatigués, nous nous sommes secoués, séché la couenne, repris du poil de la bête et nous sommes partis à la découverte de la ville.

A Istanbul, je suis allée de surprise en surprise. Un tramway, des grandes avenues à la circulation tranquille, une ville qui semble assez moderne. Il faut dire que nous nous sommes cantonnés au quartier Sulthannamet, le quartier le plus touristique.

A quelques mètres les uns des autres : Sainte-Sophie, la Mosquee bleue, le Palais de Topkapi...quelques petits joyaux auxquels nous avons consacré pas mal de temps.

Turquie Istanbul

 

Turquie Istanbul

 

Istanbul Sainte Sophie

 

Turquie Istanbul

 

En temps que Perigordine, je me souvenais qu'on disait de la cathédrale de Périgueux qu'elle est la réplique de Sainte-Sophie... Vu d'ici, c'est quand même très très différent ! D'adord, on peut toujours chercher les minarets à Périgueux. Ensuite, Sainte-Sophie est de couleur rose et brique (entre autre).Elle est très surprenante vu de l'extérieur, et très belle à l'interieur. Les peintures sont un peu abîmées par endroit, les pigeons volent de coupole en coupole, un échafaudage semble bien installé depuis des lustres en plein milieu, mais c'est une très belle basilique-mosquée-musée (en fonction des époques). Ce qui est étonnant, c'est de voir se superposer les civilisations : sous la peinture des Otommans, les mosaïques antiques...

Autre lieu et autre architecture : la mosquée bleue, avec ses 6 minarets. C'était la première fois que je pénétrais dans une mosquée, donc grand moment. Ici, pas besoin de foulard ni de manteau pour la visite et c'est très bien ainsi !!!

Istanbul mosquée bleue

 

Les murs et les plafonds sont d'une beauté incroyable.J'ai été surprise du dépouillement au niveau mobilier (=rien!). Juste des tapis posés par terre .Les visiteurs sont cantonnés dans une partie de la mosquée et ne peuvent pas rentrer pendant les prières. En sortant, on a aperçu le coin des femmes, derrière une cloison en bois ajouré.

J'aimerais vous parler du Palais de Topkapi, où ont résidé les sultans, mais il faudrait une heure de plus. On en a pris plein les yeux à contempler les trésors des sultans : des diamants, des turquoises, des saphirs, des émeraudes, etc, etc...le faste dans toute sa splendeur...

Istanbul Palais de Topkapi

 

Istanbul Palais de Topkapi

 https://maps.google.fr/

 


     






ROUMANIE

 

 

 

1/ Impressions de voyage de Christian

 

 Quatrième jour à tailler la route et troisième pays dans lequel on posé nos pneus (et nos semelles aussi!), la tête a parfois du mal à suivre....

"Ce plat pays qui est le mien", chantait Brel en pensant à la Belgique. Il semble qu'une adaptation Roumaine soit possible car, depuis notre entrée dans ce pays,on est toujours à la recherche du relief, mais il est très bien caché! Depuis notre départ d'Istanbul, nous avons donc pas mal roulé, vu du pays, mais pas du plus beau jusqu'à présent. Patience...

J'ai beaucoup aimé l'arrivée en Bulgarie sur une petite route forestière qui s'est élevée jusqu'à 700 mètres d'altitude. La frontière était très campagnarde, très calme, comme on aurait aimé en voir plus souvent au cours de ce voyage. Bon, d'accord, le douanier turc était un peu perdu dans les méandres de l'informatique et l'on n'est pas très certain que Marie soit officiellement considérée comme sortie du territoire, mais c'est du détail tout ça.

Ensuite, il y a comme un choc sur cette route perdue au milieu des forêts, la traversée de villages délabrés, la vision de vieilles Lada pourries. L'arrivée sur les bords de la mer noire, plus touristique, est moins bouleversant. La route vient d'être refaite avec les sous de l'Europe et nous trouvons facilement une pension ( il a suffit de demander à une habitante de Sozopol qui nous a emmenés chez la voisine). Chambre toute refaite de neuf....sauf le sommier de Marie qui déclara forfait dans un fort craquement!

Difficile de parler de ce pays où nous avons passé 24 heures mais j'en retiendrai ses vignes, ses forêts superbes, ses routes qui le sont moins et une gentille indifférence de ses habitants.

 

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Sur les routes roumaines, nous avons croisé d'innombrables charrettes tirées par des chevaux; dessus des hommes et femmes au regard rude, derrière le chargement, souvent du bois ou du fourrage. Nous avons traversé des villages au pas, longeant des petites maisons modestes dont le toit était souvent en fer, et rouillé pour les plus vieux, les jardins étaient entourés de palissades en bois, devant, on trouvait souvent une canne ou une oie et ses petits, avec quelques femmes qui les surveillaient en discutant.

Les cigognes étaient là aussi, comme souvent depuis le début de notre voyage mais elles ne nous survolaient plus ; elles étaient confortablement installées dans leur nid en regardant les deux motards Français éviter les nids de poule(!), très nombreux.

En effet, la route était véritablement cassée; peut-être est-ce la chute du communisme qui l'avait mise dans cet état... Il faut dire que l'application de ce beau principe avait été souvent très pesante, ceci expliquant cela!

Régulièrement, un bâtiment en ruine polluait le paysage, parfois une usine entière bouffée par la rouille et dégageant une odeur infecte.

La veille, nous avions dormi dans une des maisons des 7 nains de Blanche Neige; en fait, au bord d'un lac, une vingtaine de minuscules cabanes en bois, dont l'intérieur n'était guère plus grand que notre tente.

Camping en Roumanie

 

 

Autour quelques cafés restos, le soir, des "orchestres" tentant de distraire les habitants de la ville voisine venus se distraire dans cet endroit dont Marie saura mieux vous parler que moi tant elle l'a aimé!!

 

Il y avait un sentiment de tristesse à travers ce paysage monotone, ces villages sur le même modèle et qui respirent la pauvreté. Les haltes dans les cafés et restaurants ne nous apportaient guère de reconfort car, ici, on était loin de l'accueil turc, chaleureux, empreint de gentillesse.

 

La pauvreté semblait bien présente, parfois le dénuement. Bien sûr, on voyait des voitures occidentales, mais elles étaient loin de représenter la majorité. Les véhicules, c’étaient essentielllement les Renault 12 de mon enfance, assaisonnées en berline, pick-up, break, camionnettes. Elles rebondissaient pas mal sur les nombreux obstacles routiers.

Parfois, des groupes de Roms, reconnaissables à leurs charrettes fermées, qui nomadisaient, et qui ne semblaient pas être aimés par la population.

 

Le proprietaire du camping que je questionnai sur les changemets qui s'operaient dans son pays m'a répondu que certains n'avaient pas été capables de suivre cette évolution. Lui, manifestement, avait su s'adapter, et il roule dans un gros 4X4 BMW aujourd'hui. Oui, j'ai le sentiment que la chute du communisme en a laissé plus d'un sur le carreau et j'ai rarement eu autant l'impression d'un pays à deux vitesses, avec certains qui regardent les autres s'enfuir en courant pendant qu'ils restent collés au sol.

Premières impressions..... à suivre

 

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TAZLAU: 29 mai

Notre guide nous parlait d'un coup de coeur pour ce village. Alors, parce que nous avions envie d'être séduits par la Roumanie, nous y sommes allés. Longue journée, ponctuée par les nombreuses traversées de villages qui s'étirent en longueur, à n'en plus finir et où, parfois, un "gentil" radar vient nous prendre en photo, les routes défoncées dès que l'on quitte les très rares axes principaux, le resto vide où l'on a l'impression de déranger.

Donc, nous quittons la route nationale pour une voie difficile à décrire tellement elle est cassée de partout. Les trous pullulent et certains sont de taille; si j'étais Marseillais, je dirais que certains peuvent contenir la sardine qui a bouché le port! Par endroits, cette route m'a rappelé la piste du Plateau du Fadnoun, dans le sud-est Algerien, c'est tout dire!

Bref, 20 kilomètres au pas dans un paysage enfin agréable après plus de deux jours de morne plaine. Le relief apparait avec de beaux prés a l'herbe grasse dans laquelle on a envie de se coucher, quelques chevaux et une chaude lumière de fin de journee.

Arrivée au village: la famille qui fait pension reçoit malheureusement un groupe ce soir là. Qu'a cela ne tienne, un coup de téléphone et Violetta nous accueillit chez elle.

Roumanie Tazlau

 

 

Une maison modeste, une chatte et ses deux petits, un chien avide de caresses, une dinde et sa quinzaine de poussins, le cousin qui distillait de l'alcool au fond du jardin, beaucoup de végétation, de plantes.... et du calme.

Après quatre journées de route intenses, l'endroit idéal pour se poser.

Le soir, une soupe généreuse comme Violetta, des choux farcis divins ....et des crêpes. Rien de tel pour nous requinquer.

Le lendemain matin, petit déjeuner du même accabit avec des boulettes de farce accompagnant les tomates, de la confiture maison, du pain qui a (enfin!) du goût. Oubliés les restaurants où l'on nous servait les éternelles côtelettes de porc-frites.

Nous avons entamé la grande lessive dans la cour avec Violeta et sa voisine qui nous tenaient compagnie.

Ensuite, visite du monastère situé au fond du village. C'était la fin de la messe. Nous nous installâmes sur un banc, à l'ombre, regardant les gens sortir. Deux gamins s'approchèrent du puits et en tirèrent un peu d'eau pour se désalterer. Une vieille dame en fit de même un peu plus tard.

Puis, plus rien à faire. Impression délicieuse alors qu'une lourde chaleur s'était installée. Le village entier semblait s'être endormi, ce dimanche. Quelques caquètements de poules, le bzzz des mouches, les miaulemets plaintifs des chatons, le claquement du bec de la dinde sur la palissade.

Le linge séchait dans la cour baignée de soleil.

En fin d'après midi, une marche jusqu'au chemin forestier, un beau tronc d'arbre abattu sous les sapins nous attendait. La flûte et l'accordéon rompirent le silence ambiant. Dans les flaques d'eau, résultat de fortes pluies des jours précédents, des dizaines de petites grenouilles et de tétards semblaient battre la cadence.

Sur le chemin du retour, je continuai à jouer tout en marchant. Nous avons croisé quelques Roumains déjà rencontrés à l'aller. Aucune réaction.... comme très souvent ici. J'aurais bien aimé voir la vieille dame et sa fleur à la main, entamer quelques pas de danse, le paysan esquisser un sourire ou frapper dans ses mains pour rythmer " La roulotte" endiablée que je jouais. Que nenni! Je n'ai pas insisté et je n'ai pas joué tout le long de la rue principale (et quasiment unique) du village. L’accordéon regagna sagement son sac.

Roumanie Tazlau

Roumanie Tazlau

Roumanie Tazlau

 

Beaucoup de tristesse dans ce pays, dans les maisons aussi. Entourées de palissades de bois plein, elles se cachent. A Tazlau, nous avons eu le temps de les contempler et peu avaient des peintures joyeuses. Le bois, patiné par les années, devient sombre, sombre comme ses occupants.

C'est vrai que la vie semble dure dans le pays. Violetta, son cousin, avec leurs quelques mots de francais nous l'ont laissé entendre. Peut-être nous aurait-il fallu plus de temps pour gagner la confiance des Roumains? Quel changement après la Turquie!

Roumanie Tazlau

 

Aujourd'hui, nous avons roulé dans les Carpates que Marie voulait tant voir. Superbe! Paysages de moyenne montagne, forêts de sapins, lacs, ce fut un enchantement.... sur les 140 premiers kilomètres. Après, nous étions tellement occupés à nous battre avec les trous sur la route que nous ne pouvions plus accorder le moindre instant au paysage. Usant, vraiment usant!

Quel est ce pays ou les hommes à la tête de l'Etat sont incapables de donner à leurs concitoyens des voies de circulation ne serait-ce que correctes? Aujourd'hui, j'ai souvent pesté contre ces irresponsables.

Je sais que la Roumanie est un pays pauvre mais un réseau routier dans cet état, c'est quand même assez incroyable! Il serait intéressant de vérifier où vont les impôts des Roumains. Quand, en plus, on suit quelques bus au bout du rouleau qui, à l'odeur, consomment autant d'huile que d'essence, quand on aperçoit une remorque avec une dizaine de banquettes tirée par un tracteur qui sert de transport en commun, quand les usines que l'on croit en ruine fument allègrement, je me dis qu'en comparaison, la Turquie est bien plus prête à intégrer l'Europe.

La Roumanie me laissera un goût étrange dans la bouche; je ne m'attendais pas à rencontrer une atmosphère aussi peu enjouée. Et nous, petits Français, dans quel état serions nous après tant d'années de dictature communiste qui a laissé un pays dans un tel état. Difficile à savoir. Je me dis que, sûrement, la réponse est dans la jeunesse d'aujourd'hui, qui fera la Roumanie de demain. Je l'espère.

 

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Avec un geste précis et beau, répété des milliers de fois, l'homme abat sa faux sur les hautes herbes. Toute la journée, dans ce pré immense, il va faucher encore, et encore. Plus tard, avec son cheval et sa vieille charrette en bois, il va ramasser l'herbe. Et, enfin, il va construire la meule pour la faire sécher. Cette scène d'un autre temps, à chaque virage ou presque, nous l'avons vue. Des hommes et des femmes, souvent seuls dans les prés, les champs, travaillant avec la seule force de leurs bras, aidés dans leur tâche par une simple bêche ou faux. La scène est belle pour le motard étranger en voyage mais elle montre à quel point la Roumanie est un pays très pauvre, beaucoup plus que je ne l'avais imaginé.

Quinze ans après le départ violent du dictateur Ceaucescu, je pensais en toute innocence que le pays avait tourné la page. Le peu que nous en avons vu nous a montré que c'est loin d'être le cas et que le mal était profond et ne pouvait disparaitre en si peu de temps. Deux Français rencontrés à Eger nous ont dit qu'il y a douze ans, ils étaient allés dans ce pays et que la situation y était bien plus dramatique. Soyons positifs, il y a donc progrès.

Quand je parlais de l'état des routes, ce n'etait pas pour me plaindre parce que j'abîmais ma petite moto mais, parce que, pour moi, le délabrement des voies de communication est révélateur du délabrement du pays. Bien sur que la priorité va aux hôpitaux plutôt qu'aux routes, mais à quoi sert un hôpital si les malades y arrivent trop tard?

L'indifférence des Roumains à notre égard m'a surpris également. J'avais l'image d'un peuple chaleureux et ouvert, mais nous n'avons pas eu la chance de faire de belles rencontres, hormis les deux jours passés avec la douce Violetta. Le contraste avec le Moyen Orient est saisissant.

J'ai comme une frustration au fond de moi, en me disant que, peut-être, ce pays aurait mérité de notre part plus d'efforts, un séjour prolongé, mais ainsi va le voyage, éphémère.

 

 

 

2/ Impressions de voyage de Marie

 

 

   Petit billet de la 125 Varadéro:  Chouette ! Marie m'a autorisé à écrire un billet à sa place ! Depuis le temps que j'en rêvais.. .je trouve qu'on ne parle pas assez de motos sur ce blog !!!

Nous sommes à Bacau, au sud de la Moldavie, en Roumanie donc... Je ne vous parleras pas du départ de Turquie, sous un temps pourri, pluie et vent, au milieu d'une morne plaine, ni de la traversée de la Bulgarie, le long de la mer noire, en 2 jours.

Depuis qu'on est en Bulgarie, j'ai l'impression que Marie nous refait son syndrome jordanien, aggravé par un complexe touristique...je m'explique...

Le syndrome jordanien, c'est depuis qu'on lui a jeté des cailloux dans un village le long de la route du roi; maintenant, chaque fois qu'elle traverse un village et que des chenapans lui font des signes pas gentils, elle a peur que ça recommence.

Quant au complexe touristique, c'est le fait de se sentir décalée, quand on passe avec sa moto au milieu d'un village très pauvre; l'impression de ne pas être a sa place et d'étaler sa richesse. J'ai beau lui dire que les gens sont contents de voir quelque chose de nouveau, elle me fait le coup à chaque fois ! Là, il faut dire que le changement depuis la Turquie est rude. En plus, on est en Europe et on s'attend d'autant moins à voir un monde aussi différent du nôtre.

Les villages s'étendent le long de la route. De chaque côté, une palissade en bois et derrière, la petite maison au toit souvent en tôle.Devant la palissade, les femmes et les enfants sont assis, à côté d'un troupeau de canards ou d'oies. Quelquefois, à l'entrée du village, quelques roulottes sont installées. Ce sont les Roms.

Une fois passé le village, on ne voit que du vert, à perte de vue. Des immensités plates et désertes.La Roumanie a quelque chose de triste, voire déprimant...ça y est, Marie déteint sur moi !!!

Ma vision à moi de la Roumanie, c'est d'abord la route ! Il ne faut pas trop songer à s'éloigner des routes principales, à moins de vouloir se payer des trous à longueur de temps ! Je ne croise pas beaucoup de congénères, sauf quelques touristes allemands. Par contre, que de charrettes !!! Elles transportent de l'herbe souvent, parfois simplement la petite famille. On croise aussi de temps en temps des roulottes de Roms, reconnaissables à leur allure brinqueballante...

Je suscite, il faut le dire, pas mal de curiosité, ainsi que ma copine Transalp.Par contre, quand je me suis retrouvée par terre hier soir, sous les yeux de quelques Roumains, aucun n'est venu aider Christian et Marie à me redresser. Curiosité donc, mais pas plus... Que je vous rassure, cette chute n'a rien d'inquiétant. Marie a dû freiner brutalement, et comme elle avait le guidon un peu de travers, j'ai été entrainée sur le côté. Chute à l'arrêt une fois de plus. Je ne lui en veux pas, je ne suis que sa première moto ! Et puis grâce à ça, j'ai eu droit à un levier de frein tout neuf, et Christian m'a relevé le guidon, pour plus de maniabilité.On me l'avait un peu baissé en Tunisie, parce que Marie avait mal au bras, mais il s'avère que ce n'était peut-être pas une bonne chose.

Bref, j'ai du boulot avec elle, mais je l'aime quand même...sauf quand elle me fait traverser cette partie de la Roumanie qui n'en finit plus d'être plate et verte...vivement les Carpates, qu'on s'amuse un peu !!!

Pour finir, une petite réflexion. Je vous laisse deviner : S'agit-il d'un extrait de la bande dessinée "Le chat", ou une pensée profonde de Marie ?

" j'ai tellement eu chaud aux mains sous ces gants que j'ai les mains qui sentent les pieds"...

 

Enfin un paysage sympa...il nous tardait, depuis 7 jours qu'on a quitté Istanbul et qu'on taille la route...

Je vous avais dit qu'il me tardait de voir ces fameuses Carpates... nous les avons enfin effleurées ce matin.

Nous avons eu un peu de mal à quitter Violetta ce matin, notre hôtesse a Tazlau, qui nous a très bien reçus

Tazlau est un petit village tout en longueur, au pied des Carpates. Ce n'est pas follement gai comme ambiance, il n'y a rien à voir à part le monastère, la rue principale est truffée de nids de poules (ou plutôt d'autruches !), mais on s'y est bien reposé, et on a rencontré quelques personnes sympas.

Roumanie Tazlau

Roumanie Tazlau

Roumanie Tazlau

 

Roumanie Tazlau

Violetta, qui héberge les touristes dans sa maison, ne parlait pas très bien le français, mais elle est très gentille, elle fait de la très bonne confiture de prune et elle nous a fait des plats délicieux. Quant à son cousin, il fait de la bonne eau de vie de raisins. J'en ai goûté "au cul de l'alambic", à 10h du matin, et ça m'a mis en forme pour faire ensuite la lessive à la main, dans des bassines au milieu de la cour...

Roumanie Tazlau distillerie maison

 

On a appris que l'accordéon ne fait pas partie des instruments traditionnels en Roumanie... la flûte, si !!! De toute façon, les Roumains ne semblent pas être très sensibles à notre musique (à part Violetta).

Au monastère, on a rencontré un moine speedé, qui n'avait pas le temps de nous parler mais qui tenait absolument à ce qu'on le prenne en photo et qu'on lui envoie le résultat...

Bref, cette étape nous aura permis de recharger les batteries, dans un cadre agréable, et de rencontrer Violetta, donc c'était très bien... heureusement, parce que pour y aller, il faut affronter 18 kms de route défoncée !!!

Ce matin, direction plein Ouest, en traversant une région dont "le Guide de Routard" ne parle même pas (c'est un comble !) : les Carpates. On s'est régalé pendant les 100 premiers kms, sur une bonne route, pleine de tournants sympatiques, au milieu de la forêt, ou avec vue sur la chaîne des Carpates recouverte de sapins. La région semblait beaucoup moins pauvre que celle qu'on venait de quitter : on y a vu pas mal de maisons en construction et les maisons existantes sont en bon état.

Roumanie

Roumanie

 

Roumanie

 

Roumanie

Roumanie

Roumanie

 

 

Ensuite, ça s'est gâté, en redescendant dans la plaine, à cause de l'état de la route. Je pense que Christian en parlera...il avait un peu la cluque !!!

En résumé, une belle et rude étape, peut-être l'avant-dernière en Roumanie... on ne voudrait pas trop user nos Titines... et nos nerfs !!!

 

 


 

 

 

 

 

 

 

1/ Impressions de voyage de Christian
 

 

 Depuis notre départ de la Roumanie, il n'y a plus aucun doute, nous sommes en Europe: une frontère qui ressemble à un péage d'autoroute, des routes au revêtement de rêve, une signalisation abondante, des voitures qui ne fument plus, des bâtiments entretenus, des villes calmes.... on va finir par s'ennuyer!

Hongrie

 

Hongrie

Hongrie

 

Cela nous permet de terminer en douceur notre voyage car, après la Roumanie, nous ressentions tous les deux une certaine fatigue. Ici, nous trouvons des petits campings adorables, le soleil brille de mille feux, nous rencontrons des retraités voyageurs en camping-car avec lesquels nous avons des conversations très intéressantes. Bref, le voyage a changé mais il y a toujours le plaisir qui l'accompagne. Depuis hier, ce sont les bords du Danube qui nous accueillent, plutôt bien, ma foi. Il y règne une certaine douceur de vivre apte a requinquer deux motards un peu fatigués.

Après demain, l'Autriche...

 

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110 jours de voyage, 17043 kilomètres parcourus, 12 pays traversés plus ou moins rapidement. Oui, je sais, le résumé est un peu brut de décoffrage...

Car derrière ces quelques chiffres, il y a surtout quatre mois d'une rare intensité, des dizaines de rencontres, des sourires, des actes de pure gentillesse, des bruits, des odeurs, des couleurs, des paysages grandioses, des déserts, des montagnes, des fleurs, des villes étouffantes et envoûtantes en même temps, des routes qui s'offrent aux roues des motos... pour le plus grand plaisir des pilotes, des mers rouge, noire, morte parfois, des véhicules de toutes provenances et de tous états, des soupes d'une saveur extrême, des frontières inoubliables, des cigognes qui n'ont cessé de nous accompagner, et de la musique.

Depuis dix jours, nous avons entamé un atterrissage en douceur en rayonnant dans notre douce France: Sisteron, la région de Cannes, Gruissan, Castelsarrasin, Naves, la Dordogne et, enfin, un dernier arrêt à Tarbes avant les 40 derniers kilomètres.

Nous nous sommes peu à peu réhabitués à notre pays, ses petites routes départementales pleines de charme, ses banlieues commerciales hideuses, son essence à 1,20 euro le litre, ses radars automatiques.

Au fil des étapes, nous avons retrouvé ceux que nous aimons et cette traversée de la France fut un grand plaisir.... jusqu'à l'arrivée devant notre petit immeuble en fin de journée.

Là, alors que nous étions en train d'enlever les bagages de nos motos lourdement chargées, un voisin de notre cage d'escalier qui passait par là nous lança, en guise de bonjour: " Ah! Ca sent les vacances!".

Ce sera le mot de la fin....

 

 

 

2/ Impressions de voyage de Marie

 

Nous voici à Visegrad, au bord du Danube, à 45 kms au dessus de Budapest (que nous ne visiterons pas). Nous avons choisi pour ce séjour en Hongrie des étapes dans des endroits calmes et reposants. On roule un peu et on s'arrête dans un camping qui nous parait sympa...

Après le passage éclair à la frontière, c'est un pays plat et venteux qui nous attendait, avec des fermes aux toits de chaume.

Nous avons retrouvé nos copines les cigognes, avec leurs nids perchés en haut des poteaux. On en a vu de très près qui volaient à notre hauteur, parrallèlement a nous. Décidément, elles nous auront accompagnés tout au long du voyage, jusqu'en Jordanie, et même au retour, en Turquie, Roumanie et Hongrie.

Depuis qu'on a quitté la Turquie, il faut se réhabituer aux moeurs européennes : les Roumains et Hongrois sont volontiers débraillés, voire torse-nu. Il n'est pas rare de voire une Roumaine faire son jardin en maillot de bain, et un hongrois en maillot également, tondre sa pelouse... quel choc après 3 mois de vie dans les pays arabes !!!

En arrivant à Eger, les paysages prennent un peu de relief, et deviennent plus intéressants. Après une ballade au milieu des vignes, une visite d'Eger, son minaret et ses petites ruelles aux maisons colorées, départ pour Visegrad.

Pour arriver à Visegrad, nous avons dû prendre le bac sur le Danube. Cela nous rappelle notre séjour à Djerba ! Il semble qu'il y ait un trafic fluvial important sur ce fleuve, chose que nous connaissons peu en France. A part la chasse aux moustiques à la tombée de la nuit, il n'y a pas de souci particulier. On se repose, on cuisine un peu (on avait perdu l'habitude !), on bricole et on papote...

 

Hongrie

Hongrie traversée du Danube

Hongrie

Hongrie

Hongrie

Camping en Hongrie

 

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Nous sommes en France, mais ça, vous le saviez déjà !!! Nous avons passé la "frontière" Suisse hier matin... pas vu un seul douanier d'ailleurs ! C'est pas pour dire, mais il ne fait pas plus chaud en France que chez nos voisins Suisses ou Autrichiens !!!

Contents de revoir le pays quand même !!!

Après Mondsee, nous avons traversé l'Autriche d'est en ouest, par l'autoroute, histoire de gagner du temps. Bien sûr, ce n'est pas la meilleure façon de découvrir un pays, mais on avait un copain à voir en Suisse, et quelques jours plus tard on n'aurait pas pu le voir.

Moi qui ne raffole pas des tunnels, j'ai été servie en Autriche ! Je ne les ai pas comptés, mais il y en eu beaucoup ! Le plus impressionnant est celui de 15 kms de long, avant Feldkirch. Les automobilistes ne connaissent pas le problème des lunettes de soleil dans les tunnels peu éclairés : ce n'est pas aussi simple de les enlever, quand on a un guidon entre les mains...

Le temps n'était pas de la partie. Il avait plu toute la nuit alors qu'on dormait sous la tente, et en plus il faisait froid ! Au départ, on avait mis la combinaison de pluie et les gants d'hiver. A 10h je mettais le tee-shirt long et le cache-col en polaire; à 11h les chaussettes en laine; à 14h on remettait les doublures à nos blousons...

A part ça, on a traversé des paysages magnifiques au milieu des montagnes. Les pics enneigés, les petites maisons aux balcons de bois, des gorges avec les cascades et les falaises au dessus de nous... pas mal du tout !

La Suisse ne fut pas mal non plus, avec une pause sympathique à Rolle, au bord du lac Leman. Panorama : vignes, lac Leman, Alpes, Mont-Blanc... Activités : Bandes dessinées, promenade, bandes dessinées, bla-bla, bandes dessinées...

La traversée de Genève fut un plaisir, tellement les Suisses sont calmes et bien élevés au volant.

Puis ce fut l'arrivée au pays, aussi froid et venteux que côté Suisse, mais avec une émotion toute particulière : plus de trois mois que nous étions partis !!! Annecy, Grenoble, puis la route Napoléon et direction plein sud...ON APPROCHE !!!

 

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Voici à quoi ressemble une bulle de Varadéro après 17000 kms autour de la Méditerranée...

Fin du voyage....