Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Une petite virée sur les bords de la mer rouge: impressions de voyage - Syrie

Index de l'article

 

 

 

 

 

 

 SYRIE

 

 

 1/ Impressions de voyage de Christian

 

Nous avons basculé dans un autre monde. Quand je disais que nous étions en Syrie une fois arrivés a Antioche, j'étais dans l'erreur. Ce n'était qu'un avant goût.

Après un passage de frontière un peu chaotique ( nombreux camionneurs + douaniers énervés = beaucoup de tension), nous avons parcouru 50 kilomètres dans la campagne. Déjà, là, du changement. Des villages moins "rangés", des tas de gravats, des déchets sur le bord des routes et des véhicules.... étonnants tels que ces tricycles pick-up d'un autre âge et d'une rare laideur qui pullulent dans un bruit très musique expérimentale (!). C'est vrai que ca donne une touche très personnelle à l'esthétique des routes! Venant de Turquie, tout semble plus vieux, plus usagé, voire plus cassé, carrément!

Ensuite, il y eut l'entrée dans Alep. Je m'étais mis la pression dans mon désir d'emmener Marie le plus en douceur possible dans cette ville de 1,5 million d'habitants. Mission impossible tant les Syriens, une fois au volant, sont coriaces.

Alors que nous cherchions notre chemin, un homme en 125 décorée comme un sapin de Noël nous a montré notre route . A coup de coups de gaz rageurs, de tentatives de roues arrières, de slalom entre les bus souffreteux; un festival! Il en était quitte pour nous attendre régulièrement car j'ai passé l'âge de jouer a la roulette russe. Au milieu d'une circulation anarchique, dans une ruelle poussiéreuse, nous avons déniché un petit hôtel modeste, mais plein de charme. Une fois franchies les terribles marches d'escalier raides comme la justice, c'est une petite chambre en mur de pierre qui nous a accueillis. Sur la terrasse couverte, les voyageurs ( ça y est, on les a trouvés) se lancent dans des conversations animées.

Syrie Alep

 

Marie était complètement KO debout a notre arrivée. J'avoue qu'il y avait de quoi mais, trois jours plus tard, je vous rassure, elle a largement récupéré.

Au niveau mécanique, ma Titine a eu une petite faiblesse avec un point dur dans la colonne de direction. Ceux qui connaissent mes talents en mécanique (...) auront deviné que j'ai un peu gambergé mais mon petit message de SOS a reçu des réponses rapides et rassurantes.

Cela m'a permis de côtoyer les garages autour de l'hôtel et celui de Ryad qui m'a aidé à solutionner le problème. Incroyable dans quelles conditions ils travaillent; il aura été plus long de trouver les outils que de faire la mécanique, en fait juste desserrer la direction ! Le problème, c'est que Marie va attraper un peu plus la grosse tête avec sa Vara qui est l'objet de tous les compliments de la part des habitants rencontrés.

Je sens qu'elle est de plus en plus fière de sa 125: 7000 kilomètres, aucune consommation d'huile, démarrage au quart de tour, appétit d'oiseau et .... résistance aux chutes; elle va être certaine de détenir la perle rare! Si ça continue, je m'en achète une au retour. Non, non, je ne plaisante pas!

Information intéressante mais trop tardive pour nous: le carnet de passage en douanes pour les motos n'est plus obligatoire en Syrie et en Jordanie Il y a juste une taxe à payer à l'entrée ( 40 dollars). Quand je pense a toutes les complications et au coût de ce malheureux document....

Demain, direction Deir E Zor après trois jours à déambuler dans les rues d'Alep, dans cette ambiance un peu folle qui y règne, dans ce bruit incessant, cette poussière, mais aussi dans ses souks magnifiques, sa citadelle majestueuse, cette atmosphère si particulière que l'on se sent très loin de la France... et très bien.

Demain, on devrait malgré tout apprécier de retrouver un peu de quiétude dans la campagne syrienne.

 

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A Alep,quand le jour se lève,une nuée d'insectes jaunes s'abat sur la ville.

Ils virevoltent dans tous les sens, se frôlent, s'évitent mais je n'en ai jamais vu se toucher. Ils ne connaissent pas le doux plaisir du silence et poussent de petits cris à intervalles réguliers pour signaler leur présence. Cela va du pouet au tut et certains plus musiciens, entament de véritables ritournelles. On les appelle des taxis.

A Alep, il y a des insectes un peu plus hauts sur pattes.Généralement blancs. Ils passent leur journée, telles les fourmis, à transporter, encore et toujours, des charges hors de proportion avec leur frêle aspect. Ils se sont multipliés à vitesse grand V car ils étaient adaptés au milieu urbain. Très étroits, ils parviennent à se faufiler dans les moindres recoins des souks. Eux aussi lancent des petits cris à longueur de journée. Certains entament même l'air de la lambada quand ils décident de reculer. C'est sûrement pour impressionner les prédateurs. On reconnait les plus vieux d'entre eux au ratapetpet métallique qu'ils font en se déplaçant; à leur époque, en effet, on ne dansait que sur deux temps , pas sur quatre ( les motards et les mécanos comprendront...). On les appelle les micro-camionnettes. Elles sont à l'origine de la disparition d'une race animale, l'âne citadin avec couffins incorporés.

A Alep,au détour d'une rue, on a parfois un mouvement de recul devant d'énormes bêtes tapies en bordure d'un trottoir ou à l'ombre d'un immeuble. Puis, l'admiration s'installe devant la beauté de ces créatures d'un autre âge dont on ne sait comment elles ont résisté dans un milieu si hostile à leur grande taille. Parfois, l'une d'entre elles sort de sa torpeur et, avec une grâce toute éléphantesque, emprunte les ruelles de la ville. Cette race en voie d'extinction, ce sont les voitures américaines des années 60.

A Alep, un vendeur ambulant pousse dès le matin sa lourde charrette en bois garnie de brioches. Il nous a souri et serré la main en nous reconnaissant. Et a éclairé un peu plus notre journée qui commençait.

A Alep, encore endormie, à 6 heures,le balayeur nettoyait la rue et, quand le tas de détritus fut formé, il y mit simplement le feu. Peu après, une bouteille éclata sous la chaleur comme un petit feu d'artifice dans le silence du matin.

A Alep, dans des minuscules boutiques, des centaines, des milliers de savons au doux parfum d'huile d'olive et de laurier sont empilés.

A Alep, des hommes vendent sur le trottoir trois pantalons ou quelques piles.

A Alep, soudain, sous le sévère tchador noir des femmes, un beau sourire éclaire un visage.

A Alep, dans les rues, des hommes, des enfants, portent, rangent, à la force de leurs bras, des pneus empaquetés, des cartons, des sacs pesants, des rouleaux de tissus.

A Alep, des policiers agitent leur bâton au carrefour en sifflant et laissent les voitures griller les feux rouges. D'autres, esseulés, tournent dans les rues de la ville avec le casque accroché au gyrophare de leur moto et roulent tous feux éteints à la nuit tombée.

A Alep,nous avons mangé pour un peu plus d'un euro. C'était très bon et l'on nous a offert le thé.

A Alep, des groupes de pigeons blancs, beiges, gris, volent au dessus des toits, comme dans une parade de la patrouille de France et frôlent la terrasse de notre hôtel dans le doux bruissement de leurs ailes.

A Alep, Oussama, le jeune réceptionniste de l'hôtel, m'a demandé de lui jouer des airs romantiques qu'il aimerait entendre s'il était en compagnie d'une jeune fille.

A Alep, le silence s'en est allé depuis longtemps.

A la sortie d'Alep, dans une station d'essence crasseuse,le pompiste a fait le plein des motos en fumant sa cigarette et le compteur n'a pas affiché le prix.

A Alep où nous étions trois jours durant, nous avons vu tout cela et bien plus encore.

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

 

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

Syrie Alep

 

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Quand nous avons quitté Alep, il était très tôt, car nous voulions éviter la circulation un peu folle de cette ville.

Nous avions le ventre vide. Aussi, dès que nous nous sommes retrouvés hors d'atteinte des bus crachotant et des taxis fous, nous nous sommes mis en quête d'un petit café pour notre thé quotidien. Et bien, nous eûmes beau chercher, aucune trace d'un tel établissement dans les villages traversés. Peu engageants d'ailleurs, ces villages, sales, poussiéreux, bordés de détritus, sans couleurs.

Enfin, nous réussîmes à débusquer une sorte de resto dans lequel on accepta de nous servir un thé. Avec le sourire, beaucoup de gentillesse et en refusant d'être payé à la fin. Ce n'était pas vraiment un café, quoi.

Bien plus tard, dans la journée, même problème qui fut résolu quand deux hommes attablés devant une échoppe nous firent signe de trinquer avec eux. C'est ainsi que nous fûmes invités par le pharmacien (!) devant son officine. Mais toujours pas de cafés.

Syrie

 

Plus tard, alors que je réfléchissais sur ma moto ( c'est un excellent endroit pour laisser aller sa pensée, on ne le dira jamais assez), je me suis souvenu de la Libye, en 1998, où les rares cafés étaient d'une tristesse à pleurer ainsi que dans un état déplorable, donc déserts, pitoyables; tenus, si j'ai bien compris à l'époque par des sortes de "fonctionnaires" qui fermaient leur établissement dès que le jour s'en allait.

Et si cette absence de lieu de vie ( n'oubliez pas que l'on n'y boit pas d'alcool) n'était pas involontaire. Dans un café, on boit, mais, surtout, on discute beaucoup, on rencontre des gens, on échange des idées.... pas toujours celles du pouvoir en place.

Euréka, plus de cafés = plus de rassemblements incontrôlés.

Comme par hasard, les deux pays où j'ai noté cette caractéristique sont loin du compte en ce qui concerne l'état démocratique de leurs institutions, pour rester poli.

Vous avez le droit de penser que j'ai de drôles d'élucubrations en voyage, je ne vous en voudrai pas...

 

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Dans ce pays, comme en France, on trouve beaucoup de panneaux publicitaires sur le bord des routes.

Mais aussi dans les magasins, les restaurants, à l'entrée des villes, des usines et même sur les grandes cuves à pétrole de la région de Deir E Zor.

La différence, car différence il y a, c'est que c'est toujours le même produit dont on fait l'éloge.

Un homme, avec une moustache, qui n'a pourtant pas l'air très marrant. Souvent, à ses côtés, une autre personne l'accompagne. On m'a dit que c'était son père. Lui, par contre, a une bonne bouille, du genre du gentil monsieur qui fait joujou avec ses petits enfants le soir pendant que sa femme prépare le repas. Mais, certains m'ont confié qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. Et que le plus méchant des deux n'était pas celui que l'on croyait.

D'ailleurs, le fiston fait beaucoup d'efforts pour paraitre sympathique. Parfois, on le voit dans les magasins en poster avec sa femme et ses deux enfants; ou, plus osé, il fait du VTT avec sa petite fille sur le porte-bagages ( c'est y pas mignon!).

Le papa faisait plus dans le classique, avec juste sa trombine et son sourire enjôleur qui lui paraissaient suffisants pour que son peuple l'adore.

Si l'état de la démocratie est inversement proportionnel au nombre de portraits affichés dans le pays, comme je le crois vivement, on peut se poser des questions sur ce que peuvent vivre et subir les habitants de ce beau pays.

Et le nombre de militaires rencontrés dans certains coins ( au hasard aujourd'hui entre Palmyre et Homs), avec tout leur attirail ( radars, tanks, souterrains dans les montagnes) ne fait que me conforter dans mon opinion: méfions nous des publicités mensongères!

 

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Troisième journée a Damas. J'étais tombé amoureux de cette ville il y a sept ans, et le temps n'a pas émoussé mes sentiments. Ah! L'amour!

 A Damas, nous avons logé dans un hôtel « hors classe », situé dans un quartier superbe. En fait, il s'agissait d'un très vieux quartier de Damas, entouré de grandes artères mais à l'intérieur duquel on avait le sentiment d'être dans un village. Notre hôtel Al Haramein était une ancienne demeure ottomane remplie de charme .... et tordue de partout. Nous l’avons adorée.

Elle avait une âme; c'était le plus bel hôtel que je n'avais jamais fréquenté. La ruelle pavée dans laquelle il se trouvait se terminait par quatre gros escaliers, ce qui voulait dire que les véhicules n'avaient pas droit de cité ici. Un patio avec une petite fontaine, des escaliers "penchés", des lits hauts sur pattes, des grandes fenêtres, un carrelage ancien qui claquait parfois sous nos pas, une petite chatte que nous avions baptisée Damascus et un personnel très accueillant. Tout fut réuni pour que nous nous posions un peu.

Quelques dizaines de mètres plus loin, il y avait le petit café ( quand je dis petit, c'était 2 a 3 mètres carrés; mais il y avait toujours un coin de trottoir où poser un tabouret si nécessaire) tenu par un jeune un brin poète.

En bas de notre rue, il y avait le papy coiffeur qui nous faisait un beau sourire à chacun de nos passages et ne semblait pas nous en vouloir de nous être fait couper les cheveux chez son voisin concurrent.

Et quand nous sortions, les longues marches nous amenaient dans la vieille ville où il faisait bon flâner.

 

Damas est moins agressive qu'Alep, et semble faire preuve de plus d'ouverture d'esprit, semble-t-il, si l'on se fie aux tenues vestimentaires beaucoup plus variées chez les femmes, sans que cela n'ait l'air de choquer.

Cet après-midi, j'ai passé un long moment dans la mosquée des Osmeyades, une splendeur. Je me suis assis contre un pilier et je me suis laissé envahir par l'atmosphère de ce lieu unique. Marie n'était pas avec moi; il lui fallait revêtir une sorte de manteau qui couvrait son visage et c'était trop pour elle. Il est vrai que, comme on en parlait tout a l'heure, je ne sais pas comment je réagirais si la situation était inversée et si c'était moi qui devait me couvrir, si l'on s'adressait plutôt à elle qu'a moi. Cela ne doit pas être tous les jours évident a vivre, j'en prends conscience après des années de voyage en solitaire.

Damas mosquée des Osmeyades

 

Damas mosquée des Osmeyades

 

 

Avant cette halte dans la capitale, il y a eu Deir E Zor, avec une population bédouine très nombreuse dans cette région. Dans la campagne, plutôt désertique, hormis les bordures de l'Euphrate, nous apercevions leur campement. Quelques tentes, des troupeaux de moutons ou de chèvres, un point d'eau pas trop loin. Sur la route, nous croisions leur véhicule, souvent ces fameux tricycles avec un souci de la décoration que je n'avais pas noté jusque là. Et, en ville, les tenues colorées des femmes avec une fierté dans le regard, une démarche volontaire, sauvage, qui les rend plus belles.

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

 

A Deir E Zor, Marie était restée dans la chambre d'hôtel et je suis tombé, par hasard bien sûr (!), sur le concessionnaire motos du coin. Comme il me voyait tourner autour des quatre modèles exposés (que des 125 ici), il est venu discuter avec moi.

J'ai joué à l'acheteur potentiel. Résultat: il m'a proposé la Zongshen 125 made in China, la réplique exacte de ma première moto d'il y a 25 ans à 600 euros! Même pas le prix d'une mobylette chez nous. Voilà que je me suis mis à divaguer en me voyant arriver en avion en Syrie ( pourtant on n'est pas très copains l'avion et moi!) , acheter cette moto, et rentrer par les petites routes jusqu'en France au son de son pom-pom. Quand j'en ai parlé à Marie, elle a fait une drôle de tête...

Palmyre, première ville syrienne où j'ai ressenti les méfaits du tourisme "de masse". Nous avons été plus sollicités dans la rue et les contacts avec les habitants y ont perdu le naturel que l'on trouve habituellement. Refroidis par le resto où nous avions mangé le midi, il nous a simplement fallu nous éloigner de quelques centaines de mètres de l'artère principale pour retrouver un endroit paisible où manger.

Mais, Palmyre, c'est aussi un des sites les plus beaux que j'ai vus. Au lever du soleil, je suis allé marcher au milieu de ces ruines admirables, en plein désert, avec, toujours visible, le château arabe situé au sommet de la montagne voisine. Très émouvant. Au retour, j'ai croisé Marie qui n'a pas la même notion de lever matinal que moi!

Puis, nous avons fait halte a Hama, célèbre pour ses norias, immenses roues en bois qui captent l'eau du fleuve pour la monter dans les champs situés plus hauts. Elles tournent dans un vacarme assourdissant.

Dans quelques jours, nous arriverons à la moitié de notre voyage. Chouette, encore huit semaines à découvrir, encore et toujours.

 

 

 2/ Impressions de voyage de Marie

 

Déjà 4 jours passés à Alep, un minimum pour commencer à s'imprégner un peu...

Après un passage de frontière épique, surtout pour sortir de Turquie (!), nous avons posé nos Titines dans un petit hôtel d'Alep, et décidé de rester quelques jours dans cette ville... nous avions besoin de reprendre nos esprits !

La frontière turque restera un souvenir mémorable. D'abord une longue file de camions, que nous avons remontée. Alors que nous attendions sagement notre tour pour passer à un guichet, à la queue comme tout le monde, des camionneurs ont absolument voulu qu'on passe devant; au début on a refusé mais comme ils insistaient, on s'est laissé faire.

Le problème c'est que, devant le guichet, c'était une agitation terrible, avec des tas de gens qui criaient, qui voulaient passer devant, qui voulaient que le guichetier s'occupe de leurs papiers... la folie ! Pas de file qui s'étire comme un long S, genre La Poste de chez nous ! Un militaire a fini par s'énerver et refouler tout le monde derrière une grille ! On a eu nos passeports tamponnés in extremis ! Une fois ce premier tampon obtenu, nous nous trouvions d'un côté de la grille et nos motos de l'autre !

Ouf, on nous laissa passer... il nous fallait maintenant un autre coup de tampon... là, on s'est fait prendre en charge par deux personnes qui semblaient des officiels; en fait, des vrais douaniers sans doute mais des adeptes du bakchich une fois de plus ! Pas très malins puisqu'ils nous ont demandé la pièce après nous avoir rendu le passeport !

Il nous restait encore la douane syrienne à affronter. Elle est un peu mieux organisée et surtout, le ministère du tourisme a délégué deux fonctionnaires, dont un francophone, pour prendre en charge les touristes ! Cette fois, on a donc attendu assis sur un canapé que nos papiers soient terminés ! Deux heures et demi en tout pour franchir ces 2 frontières !

Une fois arrivés a Alep, j'ai cru que le ciel me tombait sur la tête ! On avait eu beau me raconter que les pays arabes étaient chauds côté circulation, je ne m'attendais pas à ça ! Un vacarme assourdissant dû aux klaxons (des taxis notamment), et surtout gare à nos arrières ! Il faut savoir où on va... et y aller vite ! Plus tard, alors que nous marchions à pied, j'ai cru rêver quand j'ai vu une voiture griller un feu dûment gardé par un policier et que celui-ci est resté de marbre ! L'excuse des freins en mauvais état sans doute !!!

Même pour les piétons, il faut être très vigilant et rapide.

Nous avons choisi de garer les Titines dans un parking public (dûment gardé par au moins 4 personnes !), de les laisser prendre la poussière, et de découvrir la ville à pied... Un autre billet est en préparation.

 

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Ce voyage aurait pu s'appeler "Voyage au pays des hommes"...mais peut-être Christian n'aurait pas été d'accord sur ce titre, et de toute façon, ça ne m'est venu à l'idée qu'une fois en Syrie. On va donc continuer a l'appeler "Voyage en musique"... mais quand même...

Lorsque nous sommes arrivés à Alep, ce qui m'a frappé, c'est l'absence des femmes dans certains endroits.

Dès que nous avons mis les pieds en dehors de l'hôtel, situé dans le quartier des mécaniciens, j'ai ressenti très fort l'absence des femmes dans la rue. Il faut dire que l'endroit n'était pas très propice (déjà en France, on ne voit pas beaucoup de femmes dans les Norauto...) En fait, en se promenant, j'ai eu l'impression que les femmes étaient complètement absentes de certains quartiers où je ne croisais que des hommes ! J'ai eu l'impression qu'on avait vidé le monde de la moitié de ses habitants!

Plus tard, j'ai aussi compris que les femmes n'allaient jamais dans les cafés, à la façon dont les hommes me regardaient, stupéfaits comme s'ils avaient vu un petit scarabée dans leur verre de thé !

Syrie

 

Je ne les ai pas vu non plus travailler dans les restaurants, ni dans les magasins, ni tenir les cafés internet... mais où sont-elles ? Bon, j'exagère, on voit les femmes dans la rue; beaucoup sont en noir : grand "manteau" noir, foulard noir...ces vêtements m'ont paru d'une uniformité insupportable; comme si ce n'était plus Leila ou Djemila qui se promenait mais seulement une femme.

Une négation de l'individualité, et je n'ai pas encore parlé de celles qui ont un voile sur le visage. En les regardant traverser la rue, ou marcher dans la citadelle d'Alep au sol inégal, ou encore simplement porter des lunettes, je me suis dit aussi que côté pratique, on fait mieux !

Et que font les hommes pendant ce temps ? Ils klaxonnent, dès qu'ils sont au volant de quelque chose (même d'un vélo) !

A part regarder les gens dans la rue, on a donc fait la petite ballade dans la citadelle (promenade familiale pour les "Alepois" qui y amènent même leurs touts petits bébés), le quartier arménien avec les devantures des magasins en bois ainsi que les églises et leurs carillons, les souks couverts éclairés par quelques puits de lumière.

Après trois jours et demi passés a Alep, il était temps de bouger un peu... on avait des fourmis dans les pattes !

Direction Deir E Zor...on peut l'écrire comme on veut vu que ce n'est que la transcription phonétique du mot arabe... ça a un côté pratique ! Bref, Deir E Zor est du côté de la frontière irakienne, sur les bords de l'Euphrate... et c'est bien la son seul aspect sympathique, avec son joli pont à haubans construit par les Français !

Deir Ez  Zor

Deir Ez Zor

Deir Ez  Zor

 

Syrie

 

 

Syrie

 

Deir E Zor

 

 

Mais non je ne suis pas dure !

Un peu oppressant l'arrivée en ville, lorsqu'une quinzaine de personnes se sont mises autour de moi pour voir la moto et sa conductrice... je n'ai pas fait le Pakistan moi ! Un peu gênant le regard des hommes dans la rue. Un peu "trash" les étalages de bêtes mortes sur les trottoirs au petit matin. Bref, j'ai beaucoup aimé !!!

Direction Palmyre. Et pour cela, traversée du désert au programme, avec un vent à faire pencher les Transalp équipées de Touratech... Des tentes de bédouins de temps en temps, des villages très rarement, des troupeaux de moutons avec leur berger, et un soleil à faire fondre les accordéons Stelvio !

 Syrie entre Deir Ez Zor et Palmyre

 

 Syrie entre Deir Ez Zor et Palmyre

Syrie

 

Syrie

 

 

 

J'ai découvert le site romain de Palmyre ce matin, à 7h... il était désert et ça c'est génial ! Autant, hier soir, la montée au château arabe qui domine la ville s'était faite au milieu de la foule, autant les colonnades ce matin étaient tranquilles. C'est une sensation extraordinaire que d'être seule à entrer dans le théâtre, de marcher entre les colonnes, d'aller de découvertes en découvertes (l'agora, un temple, des tombeaux, des tours, et au loin toujours, le château arabe). Christian ayant choisi une heure beaucoup plus matinale, j'avais vraiment le site pour moi toute seule ! De plus, c'est un site ouvert, on entre donc par où on veut, on va dans le sens qui nous plait. Un site immense et très beau, à découvrir à la fraiche !!!

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

Syrie Palmyre

 

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Deux jours et demi que nous sommes installés dans un petit hôtel du vieux Damas; nous y avons déjà nos habitudes, et nos copains...

Dans la rue de l'hôtel, il y a trois coiffeurs, des vendeurs de tout et de rien, une treille qui recouvre une partie de la rue, tout en haut un petit café, et derrière, la mosquée.

Nous connaissons deux des coiffeurs; l'un est un petit vieux qui nous fait de grands signes à chaque fois qu'on passe, en mimant un motard sur son engin. Son voisin coiffeur a dû lui dire que les motos étaient à nous. Il nous sourit de toutes ses dents, qui ne sont plus très nombreuses ! L'autre est le coiffeur que nous avons testé, pour Christian avec succès, pour moi tout allait bien jusqu'à ce qu'il s'occupe de ma frange... Je ne lui ai pas demandé s'il connaissait Mireille Mathieu, mais ça ne m'étonnerait pas !

Damas vue de la chambre d'hôtel

 

Notre coiffeur de Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Syrie Damas

 

Je connais aussi le vendeur d'objets en marqueterie, qui vend des cartes postales pour attirer le client à l'intérieur de sa boutique. Il est très gentil mais il ne semble jamais avoir de monnaie... c'est pas grave, tu prends deux cartes postales de plus !

Il y a aussi le monsieur qui est à l'accueil à l'hôtel... il va de temps en temps dans l'atelier d'en face pour coudre une bricole sur une machine à coudre; je l'ai remarqué plus d'une fois : quand on rentre quelque part et qu'on croit s'adresser au patron, on s'aperçoit après qu'en fait, c'était juste un voisin qui passait par là et qui dépanne ! Qui est qui, et qui fait quoi, c'est toujours une surprise ici !

Le patron du café est un jeune Syrien qui semble planer à 10 000, mais qui est très gentil; le poète dans toute sa splendeur ! Il nous met une belle musique traditionnelle pour accompagner notre petit déjeuner que voici : hommos (purée de pois chiches), fromages de différentes sortes, olives, oeufs durs, un mélange à base de yaourt et d'herbes, sans oublier du vrai beurre et de la confiture !!! Burp !!! Christian a renoncé, ça n'étonnera personne !!!

Quant à la mosquée, son appel à la prière de 4h (juste après la sieste !) est très beau, très profond, chanté d'une très belle voix. Il est enregistré, et non pas en "live" comme le muezzin de la Mosquée des Omeyyades (le seul a Damas).

En parlant de la mosquée des Omeyyades, Christian l'a visitée aujourd'hui; j'ai décidé de la boycotter, pour la bonne raison que je n'ai aucune envie de me déguiser, même pour voir quelque chose de très beau. On dit que c'est la mosquée la plus vénérée après la Mecque ; Christian l'a trouvée très belle. Le hic, c'est que les dames doivent revêtir une sorte de longue cape marron, avec capuche s'il vous plait, que même un cheveu ne doit pas dépasser ! J'ai décidé que je visiterai une mosquée le jour où je pourrai y rentrer telle que je suis...