Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Une petite virée sur les bords de la mer rouge: impressions de voyage - Sicile, Italie

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SICILE. ITALIE


1/Impressions de voyage de Christian


Troisième jour en Sicile, un nouveau pays si différent de la Tunisie.

Récapitulons :
18 mars: ambiance particulière sur le port de La Goulette devant le portail fermé; derrière, le quai d'embarquement. Nous sommes arrivés les premiers, puis une, deux, trois, quatre motos nous ont rejoints.



Il y avait l'Allemand avec sa BMW monocylindre de bric et de broc, son propriétaire aussi d'ailleurs! Puis, les deux Autrichiens, leur sur son custom bardé de chrome et d'astuces, un vrai Mac Gyver, et son copain avec sa 1100 GS impeccable, comme lui. Enfin, le couple d'Italiens sur leur Yamaha TT 600 au bruit assourdissant et dont on se demandait comment ils arrivaient à se caser dessus au milieu de tous leurs bagages.

Le bateau s'est fait longuement attendre (4 heures de retard), alors, la nuit tombée, j'ai osé sortir mon accordéon en essayant d'oublier les quelques dizaines de personnes présentes et j'ai joué. Ce furent les premières notes les plus difficiles, après, ce n'était que du bonheur avec la demi-lune au dessus de nous.



La Sicile, après la Tunisie, je dirais que ça change pas mal!
Tout d'abord, c'est le retour en Europe avec tous nos repères de Français, mais aussi une manière de vivre très particulière. De conduire, devrais-je dire tant le Sicilien s'exprime au volant ou au guidon.

La majorité conduit à l'instinct, c'est à dire un peu n'importe comment, très vite pour la plupart ou carrément à allure d'escargot pour quelques uns qui ont décrété que la vitesse raisonnable était le 40 km/h. Point commun, le non respect systématique des stops, lignes blanches et autres panneaux routiers plus décoratifs qu'autre chose!

Ce qui m'a frappé aussi, c'est le nombre incalculable de deux roues, surtout des scooters, utilisés aussi bien par les jeunes que par les papys avec la même propension à visser la poignée de gaz. Et souvent sans casque qui a l'air facultatif ici.


Sicile



Sinon, le pays est très beau, vert en cette période, avec des orangers et des citronniers à foison, de belles petites montagnes, des villages où l'on se sent bien. Mais aussi, que nous nous sentons seuls après la Tunisie; ici, je trouve qu'il y a beaucoup d'indifférence et même de froideur parfois. Etonnant.

Dans quelques minutes, nous allons quitter la belle Syracuse, direction l'Etna.

C'est avec un énorme plaisir que j'ai retrouvé notre petite tente; quand nous campons, j'ai le sentiment encore plus fort de la vie nomade, avec nos deux motos qui transportent tout ce dont nous avons besoin, le manger, le couchage, le logement, les vêtements. Le plaisir s'en trouve amplifié. Et quand, près des oliviers, dans le camping désert, la flute de Marie et mon accordéon se sont accordés alors que la nuit venait de s'installer..... mmmmhhh!!

Sicile



La Sicile, c'est l'Etna, majestueux, c'est aussi Syracuse et sa vieille ville, Agrigente et ses temples dans un cadre grandiose, ses champs de citronniers et d'orangers, ses routes sinueuses à souhait, ses petits villages accrochés aux montagnes mais.... un pays, ce sont surtout ses habitants qui le construisent et, sur cette ile italienne, la déception fut grande.

Les contacts furent brefs, peu chaleureux, un brin hautains parfois et ce manque de relations avec les hommes et femmes de cette superbe région fut difficile à vivre. Quel contraste avec la douceur de vivre en Tunisie, avec ses conversations qui démarraient pour un oui ou pour un non, cette gentillesse omniprésente. Heureusement, à deux, il est plus facile de gérer une telle situation et nous avons su profiter malgré tout de la Sicile mais l'enthousiasme est resté au fond des sacoches.

En tout cas, un constat: les églises siciliennes sont beaucoup plus fréquentées que les mosquées tunisiennes. La religion semble avoir gardé une place importante dans la vie des gens. Et les curés aiment faire sonner les cloches pour faire concurrence à l'appel à la prière des muezzins.

Deuxième constatation: il y a beaucoup de motards, mais le signe universel, le V, n'est pas utilisé. Après plusieurs tentatives, j'ai fini par abandonner, je finissais par me sentir un peu bête avec ma main gauche levée...

Tertio. les routes sont... particulières. Très glissantes au point que les pneus crissent à tout va et que je serrais les fesses parfois quand un freinage un peu appuyé était nécessaire ( souvent!) et, surtout en ville avec des rues très défoncées avec trous et bosses qui malmènent les motards, et aussi, souvent, de bons gros pavés que je n'aimerais pas trop essayer par temps de pluie, cela doit ressembler à Holiday on ice!

Enfin, les prix sont astronomiques comparés à la Tunisie, et j'ai cessé de me sentir riche depuis quelques jours. Même les campings que nous avons systématiquement fréquentés pratiquent des tarifs un brin exagérés avec, comme à Syracuse une option douche chaude payante qui valait le déplacement; à 60 centimes d'euros, pour une durée vérifiée de 2 minutes 30 secondes, il fallait être sacrément rapide sous le pommeau de douche. Faites le calcul, cela fait l'heure de douche à 14,40 euros!

Hier, journée moyenne jusqu'à l'Etna où Marie a fait une chute sans gravité à l'arrêt (le piège du motard, c'est quand la moto ne roule pas). Enervée, fatiguée, sur des routes sinueuses et étroites à n'en plus finir, elle a fait une petite erreur et... patatras, la moto à terre. Rien de grave, une cuisse un peu mâchée pour Marie, du plastique un peu râpé et un sélecteur tordu pour la Vara.

Heureusement, le camping nous attendait 10 kilomètres plus loin et une ascension au coucher de soleil au pied de l'Etna remit les idées au beau fixe. Quant à moi, je n'ai pas pu résister; dans le camping désert (nous sommes vraiment hors saison), une belle séance d'accordéon face au volcan fut un grand moment; les sons étaient très beaux, du moins c'est ainsi que je les ressentais, et c'est le principal!

Ce matin, nous avons triché pour rejoindre au plus vite Messina en empruntant l'autoroute interdite aux motos de moins de 150 centimètres cubes; je m'étais préparé à discuter à l'italienne avec beaucoup de mauvaise foi en cas de contrôle policier, mais il n'en fut rien. Il faut dire, qu'ici, les policiers semblent surtout faire acte de présence vu le nombre faramineux d'infractions commises souvent sous leurs yeux.

Un bateau nous a transportés en un peu moins d'une heure à la pointe de l'Italie. Et, là, comment dire.... c'est étrange comment on peut se sentir bien tout de suite dans une région. Est ce que ce fut la vision de ce jeune berger gardant son troupeau de chèvres, la magnifique route qui longe la mer dans ses moindres recoins, avec ses cultures en terrasse sur des dénivelés vertigineux, ses petits villages qui semblent vivre paisiblement, ce pompiste chaleureux, ce boucher attentionné et serviable pour nous aider à trouver un hôtel, ces automobilistes peu nombreux et plus respectueux des autres usagers de la route.
Bref, au moment où j'écris, alors que la fatigue se dépose sur mon corps, je me sens simplement heureux. Puisse-t-il en être de même chez vous, si loin et si près.


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J'aime le rituel du départ, au petit matin. Quand nous campons, il y a l'exercice du démontage de la tente, avec une certaine rigueur, afin que tout puisse rentrer dans et sur les sacoches, avec l'intention chaque fois de faire un peu mieux.

Il faut tirer les sangles, accrocher les tendeurs et, pendant que j'accomplis ces gestes quotidiens, mon esprit commence doucement à se tourner vers la journée à venir. Et, là, c'est l'inconnu qui s'offre a nous.

Il y a quelques jours, en Calabre, les motos ont d'abord entamé une longue descente en quittant Vibo de Valentia; elles glissaient plus qu'elles ne roulaient dans la douceur du matin, avec la mer en contrebas qui nous faisait de l'oeil en scintillant sous les rayons du soleil. 


Tous mes sens étaient alors en éveil lors de ces premiers tours de roues et une joie intérieure m'envahissait. Ces débuts de journée ont vraiment un goût particulier car ils sont annonciateurs de l'étape. Ce jour là, plus tard, dans ce petit village qui plongeait dans la mer, la charcutière nous donna une leçon d'italien, puis un banc nous accueillit ou nous mangeâmes notre casse croûte en regardant la vie s'écouler autour de nous; peu après, un Italien frétillait autour de la Transalp, mis en appétit par son chargement, une brève conversation nous apprit qu'il était motard et qu'il partait pour la République Tchèque cet été et qu'il nous aurait bien invité à partager son repas.

Nous avons continué par cette montée abrupte avec des ponts incroyablement fixés aux parois rocheuses, et le vide que j'essayais d'oublier. Enfin, une petite route vallonnée qui serpentait entre les champs d'oliviers, puis au milieu de centaines d'arbres fruitiers en fleurs. Et, alors que la nuit tombait, après avoir vainement cherché un camping perdu au sommet d'une montagne abrupte (dont se souviendra sûrement Marie....) , le sourire de Mario, vieux Monsieur ô combien chaleureux qui nous accueillit dans son petit hôtel.

 

 

2/ Impressions de voyage de Marie

Puis vint la Sicile.

Ce qui m'a frappé en descendant du bateau, ce sont les palmiers, puis les cactus et la bourrache à nouveau à profusion. Finalement, on n'avait pas changé tellement de cadre !


J'avais cru pouvoir me détendre un peu à la conduite. En effet, si la traversée des villages est quand même plus facile... en fait les Siciliens sont complètement fous au volant et ils conduisent beaucoup plus vite que les Tunisiens ! Prudence donc...

Les paysages montagneux sont magnifiques, mais je ressens un bizarre sentiment de solitude depuis qu'on a quitté la Tunisie.. Là-bas, on ne passe pas une journée sans que des gens viennent vous parler... ce n'est pas possible. Ici, si !!!

Petit arrêt dans la vallée des temples, au pied de Agrigento, avec ses temples romains magnifiques.

Puis Syracuse avec ses maisons aux belles façades délabrées, son bord de mer, sa source d'eau douce (qui a, parait-il, une histoire d'amour à raconter... )

J'ai joué de la flûte au camping "j'aimerais tant voir Syracuse", entre les oliviers, dans la fraicheur humide du soir qui se couche très tôt !!! Un petit hommage également à Montand le rital, avec ses 3 petites notes de musiques qu'on a joué à 2 de concert.

Sous le casque en entrant en Sicile, je chantais à tue-tête "Oh Catterinna bella Chi-Chi", ou, par moment "Marinella", mais à la flûte, ça ne donne rien !!! On quitte Syracuse aujourd'hui, pour l'Etna... j'ignore si une chanson lui a été dédiée...

J'ai une grosse colère contre les Siciliens, leur indifférence, leur froideur, leurs routes pourries et leur conduite de m...!!!
En fait, j'avais commencé à vous en parler, mais ça m'a tellement pris la tête qu'il faut que j'en parle à nouveau... après ça ira mieux...C'est vrai que dans les villes, on n'est pas obligé de se faufiler entre les mob, les passants et les charrettes et les scooters ont remplacé les Peugeot 103. Mais attention ! En Sicile, la seule règle à connaitre, c'est qu'il n'y en a aucune !
Les stop, les lignes blanches, les casques...connait pas ! Et tout ça sous le nez des carabiniers !

Bref, c'est la Corse de l'Italie ! Il faut vraiment une vigilance de tous les instants pour rester sain et sauf ! En Tunisie, j'avais trouvé leur conduite olé-olé, mais finalement, je m'étais vite habituée, alors que la conduite sicilienne est si agressive que je ne m'y suis pas faite...

 

Sicile

 

Sicile

 

Sicile

 

 

Et ce qui devait arriver arriva, je tombai ! Oh, rien de grave, juste une éraflure pour la moto ( je vais me faire tailler les oreilles en pointe par Bruno de Top Moto !.)
Nous avions quitté Syracuse et la montée vers l'Etna s'annonçait pénible. Déjà, j'étais énervée, la route était pourrie comme dab en Sicile, plus on montait, plus il y avait du brouillard, des rues en pente, des carrefours sans visibilité, etc...
Donc je tombai, dans l'indifférence générale, à un carrefour, juste devant un garage. On nous aida juste à relever la moto, parce qu'on avait demandé de l'aide; pas plus !

Au camping Etna, la signora ne nous a guère dit plus que :"documento", pour demander le passeport, et puis basta !
Heureusement, le fait de dormir sous l'Etna nous consola ! Le monstre haut de 3340m était calme et crachait sa fumée blanche, ce qui est bon signe, parait-il. Par contre, il faisait frisquet au camping, à plus de 900m.

Pour quitter la Sicile, nous avons pris le bateau à Messina, jusqu'à la Villa San Giovanni. Il parait qu'Ulysse dû passer par ce même détroit, entre les deux monstres de Carybde (ville sicilienne) et Scilla (ville de la Calabre), et qu'il a eu très peur... et bien moi j'ai ressenti un soulagement dès que le bateau a quitté le port; je me suis à nouveau sentie légère, comme si je retrouvais le plaisir du voyage !

J'ai malgré tout beaucoup aimé les paysages montagneux de Sicile  que je ne m'attendais pas à trouver si verte, la ville de Syracuse et tutti quanti...

J'ai oublié le cafetier qui nous a servi 2 cioccolatte (chocolats), après ma chute; j'en parle parce qu'il m'a réconforté avec son breuvage et avec son sourire... Leur cioccolatte me fait penser au chocolat à cuire que l'on faisait autrefois; je suis trop jeune pour l'avoir connu bien sur, mais j'en ai entendu parler ! Un chocolat si épais que la cuillère tient toute seule dedans ! Un délice !!! Par contre, leur café est si court que même un petit sucre, il dépasse !!!).


Bref, nous voici à Vibo quelque chose (?), dans le fond de la botte, où ça sent pas plus mauvais qu'ailleurs !!!
Encore des paysages de bord de mer magnifiques...en plus, la conduite semble plus tranquille ici. Les villages traversés cet après-midi étaient endormis, une mama veillait au grain devant sa porte. TUTTI VA BENE