Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Voyage à Djanet - L'Erg occidental

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3 / L'ERG OCCIDENTAL

Lundi 10 décembre 1990. Après presque 300 kilomètres d’une traite, je me repose un peu sur le bord de la route.

Région de l'Erg occidental

Ce matin, le réveil a été laborieux ; le thermomètre avoisinait 0 degré et sortir du duvet n’a pas été une mince affaire. Pour la première fois, je me suis senti en phase avec mon voyage. Je ne faisais qu’un avec ma moto, la route, le paysage qui m’entourait. Les kilomètres ont défilé comme dans un rêve au milieu de cette immensité désertique et aride bordée des majestueuses dunes de l’erg occidental sur ma gauche. Instant de bonheur. J’ai parfois l’impression d’appartenir à la famille des routiers ; ils me font tous un petit signe de la main, un appel de phare avant de me croiser et n’hésitent pas à s’arrêter pour me demander si tout va bien. Comme eux, je suis seul avec mon véhicule face au ruban de goudron. A la station d’essence, l’un d’eux est venu discuter avec moi pour me renseigner sur l’état de la route.

 

 

 

Le soir, au camping de Timimoun, je rencontre un couple incroyable. Il est Irlandais, elle est belle et Hollandaise. Ils possèdent une Méhari 4X4 qu’ils ont aménagée en camping-car ! Cela fait 18 ans qu’ils voyagent avec quelques périodes d’arrêt pour gagner leur vie. Ils n’ont aucune adresse, aucun domicile fixe. Leur voiture est leur maison. Je n’ai lu sur leurs visages que gentillesse et bonté. Terence est journaliste et il envoie des articles de temps en temps. Ce n’est pas le première fois que je rencontre des personnes qui ont quitté leur domicile pour une longue période. Un jour, il faudra que je largue les amarres, comme eux afin de vraiment toucher du doigt cette vie de routard. Cinq semaines ne suffisent pas pour enlever totalement la vie quotidienne de son esprit. Oui, partir, sans avoir à calculer son itinéraire et ses temps d’arrêt. Pouvoir se poser plusieurs semaines dans un endroit qui plaît. Oublier la montre, le calendrier. Vivre.

Le lendemain, je me promène longuement dans les rues de Timimoun. On l’appelle l’oasis rouge car les constructions traditionnelles sont faites de toub, briques d’argile séchées au soleil, ce qui leur donne cette couleur si caractéristique. Je suis étonné par le nombre élevé de noirs africains. Il faut préciser que, pendant longtemps, Timimoun était réputée pour.... son marché d’esclaves en provenance du Mali et du Niger et que l’esclavage n’a été aboli en Algérie qu’en 1912. Peu après, je m’en vais visiter les alentours de la ville près d’un lac asséché où je ramasse quelques roses des sables.

Timimoun