Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Balade en famille autour de la mer noire (version en différé par Christian) - Géorgie

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Trois jours plus tard, nous entamons notre dernière étape turque, sur une quatre voies, véritable saignée qui a défiguré la côte. Mais, devant la file d’attente à la frontière géorgienne sous un soleil de plomb, nous renonçons et passons une dernière nuit sur le sol turc.


Bien nous en a pris car, le lendemain, alors que nous étions prêts à affronter l’épreuve du passage à la frontière, un policier, en nous voyant arriver, nous fait signe de nous infiltrer dans la file ; puis, un deuxième nous dit d’emprunter la voie des camions, déserte. Résultat, un passage de la frontière en vingt minutes chrono !

Comme souvent, les premiers kilomètres dans ce nouveau pays se font au pas.


Premier constat, ça roule beaucoup plus débridé ici et j’entends Marie pester contre certains conducteurs. Les églises remplacent les mosquées, les maisons n'ont pas la même architecture, la route parait plus rustique avec, parfois, un revêtement en blocs de béton mal jointés.
Il y a aussi une difficulté nouvelle pour nous, c'est le déchiffrage des panneaux avec l’alphabet géorgien.
Après une halte dans un restaurant où il fut difficile de se comprendre pour commander notre repas, nous arrivons à Kobuleti.

Nous avons une adresse dans cette ville. Quelques semaines avant le départ, nous avons rencontré une jeune Géorgienne qui effectue ses études à Toulouse. Elle nous a envoyé un mail pendant notre séjour en Turquie en nous écrivant que sa grand-mère était au courant de notre venue.


La rue devient chemin, nous nous arrêtons devant la maison.

Kobuleti

 

Mérie n’est pas là ; ce n’est pas grave, ce sont les voisins qui nous invitent chez eux en l’attendant.


Elle arrive. Les premiers contacts sont balbutiants, nous sommes un peu gênés. Puis, peu à peu, la compréhension devient plus évidente.
Le lendemain, je laisse Marie et Manon faire plus ample connaissance avec Mérie. Je file de bonne heure à Batumi, à 25 kilomètres de là, pour me renseigner sur les départs de bateau. Je suis au guidon de la petite VTR, je me régale. Une moto qui penche, c'est quand même nettement mieux! Devant un Géorgien un peu trop insistant au volant de sa voiture, je lui montre que, ma foi, mes 800 000 kilomètres dans les jambes ont forgé un Christian assez débrouillard au guidon. Il y a de petits plaisirs dont il ne faut pas se priver !

Batumi



La soirée est belle. Manon joue avec la jeune voisine. Nous prenons le repas dehors quand Mérie nous demande de sortir nos instruments. La clarinette et l’accordéon donnent de la voix et Manon nous accompagne avec sa flûte. Le moment est magique. Jamais je n’ai éprouvé une telle émotion, un tel bonheur en jouant de l’accordéon. Atchiko, le fils de Mérie se met à danser, je me sens alors capable de jouer toute la nuit.


Au matin, le petit déjeuner s’achève alors que la pluie redouble. Mérie n’a pas à insister pour nous convaincre de rester un jour de plus ; nous nous sentons si bien chez elle.

Kobuleti

Kobuleti

 

Kobuleti

 



L’étape jusqu’à Koutaisi nous permet, le lendemain, de réaliser que, en définitive, les routes turques sont excellentes. Car, ici, c’est …. comment dire ….  peu propice à une conduite détendue, surtout au guidon d’un side-car et quand une pluie persistante s’invite. Les franchissements des passages à niveau méritent à eux seuls le détour, si je peux m’exprimer ainsi, avec une vitesse maximale de 5 km/h sous peine de tout casser.
A Koutaisi, la grimpette jusqu’à la pension ne manque pas de piquant avec au choix, des trous, des bosses, des pavés et de grosses flaques d’eau.
Dans la rue voisine, quelques vaches marchent et s'en vont brouter dans le petit jardin public.

Le changement avec la Turquie voisine est net. Beaucoup de maisons semblent en mauvais état, rafistolées. Durant cette journée, nous avons vu beaucoup de vendeurs sur la route qui attendaient le client potentiel avec juste quelques fruits ou légumes à lui proposer. Cela donne une impression de pauvreté ambiante, d’autant que les habitations sont peu colorées. Les contacts avec la population sont également moins spontanés qu’en Turquie où, il faut le reconnaitre, les habitants sont particulièrement affables. Mais, malgré tout, après les premiers pas hésitants, le Géorgien répond présent quand on a besoin de lui.

 Ce qui surprend quand on vient du pays voisin, c'est l'absence de commerces. En Turquie, où que l'on soit, il y a toujours une épicerie, un restaurant, une boutique .... ou une station d'essence. Ici, en Géorgie, nous avons du mal à trouver des restaurants, les épiceries sont peu fournies. 


Après avoir laissé sécher nos vêtements toute la nuit, c’est avec soulagement que nous regardons le ciel, le lendemain. A priori, la pluie va nous épargner. C’est même la chaleur qui va s’installer sur cette route qui finit par se transformer en autoroute à 80 kilomètres de Tbilissi. Enfin ! Nous allons pouvoir souffler un peu ! Car, nous devons composer avec les automobilistes plutôt « chauds » dans leur manière de conduire, la route à deux voies se transformant naturellement pour eux en route à trois voies. Cela a un goût de « Pousse toi de là que je m’y mette » assez désagréable, même si j’ai connu bien pire dans certaines contrées, Egypte, Iran ou Pakistan. Mais, à l’époque, je ne conduisais pas un engin de deux mètres de large et il n’y avait pas une petite fille de cinq ans qui m’accompagnait !

L'entrée dans Tbilissi marque un changement. Route à quatre voies, circulation fluide, modernisme apparent; la capitale semble privilégiée.

 

Une belle ruelle pavée ( le pavé, une spécialité du pays, semble-t-il) en pente nous permet de rejoindre un charmant petit hôtel tout de bleu vêtu.

Le quartier est très agréable avec, en bas de le rue, de magnifiques bâtiments anciens rénovés. Mais, derrière cette vitrine, beaucoup d'immeubles paraissent en piteux état.

Un pays à deux vitesses, c'est le sentiment que j'ai en voyant se côtoyer les 4X4 les plus monstrueux et les voitures au bout du rouleau, en regardant certaines terrasses de cafés luxueuses  alors que, tout près, une vieille dame récupère une grosse branche tombée d'un arbre pour la ramener dans son appartement. Derrière certaines portes, j'aperçois des façades délabrées qui révèlent un grand dénuement.

Tbilissi

 Tbilissi

 

 

Tbilissi

 

 

Tbilissi

 

 

Tbilissi

 

 

Tbilissi

 

 

Tbilissi

 

 

Tbilissi

 

 

Tbilissi

 

Tbilissi

 

Tbilissi

 

Tbilissi

 

Tbilissi

 

Tbilissi

 

 

 

Tbilissi

 

Tbilissi

 

 

Tbilissi

 

 

Tbilissi

 

 

Après trois jours passés dans notre petit hôtel, nous rencontrons Levan, jeune Géorgien, qui nous invite dans la maison parentale sur les hauteurs de Tbilissi. Sa maman nous accueille chaleureusement.

 

Tbilissi

 

Levan semble vouloir tout faire pour que notre séjour soit le plus agréable possible. Et, il réussit en invitant pour notre dernière soirée chez lui des amis, dont un facteur d'instruments qui arrive avec sa guitare et joue superbement. Nous avions entendu dire que les Géorgiens aimaient le chant et nous en avons confirmation. Leurs chansons sont souvent mélancoliques, très belles et leur interprétation à plusieurs voix les rend encore plus touchantes. L'accordéon s'invite à la fête, la nuit sera longue....

Tbilissi

 

 Nouveau départ. C'est cela le voyage. On se pose, on se sent bien dans un endroit mais, invariablement, on le quitte pour une nouvelle destination avec l'espoir de rencontres aussi belles. Manon a appris à composer avec ce rythme de vie, elle qui nous a souvent dit qu'elle ne voulait  pas repartir, mais s'adapte si vite aux nouveaux lieux.

 

 

 C'est encore la cas aujourd'hui à notre arrivée à Borjomi, charmante ville thermale où nous trouvons une chambre chez l'habitant. Aussitôt, elle adopte notre "chez nous", d'autant qu'il y a la possibilité de cuisiner. Ce soir, ce sera un repas (oeufs sur le plat, pâtes) sur le petit balcon de notre chambre, avec vue sur la ville et la montagne environnante. 

Borjomi

 

 

Borjomi

 

 

Borjomi

 

  Fortes pluies durant la nuit et départ sous un ciel encore très menaçant.

Borjomi

 

Borjomi

 

 

 

 Le temps s'améliore heureusement et nous faisons une belle rencontre (une de plus!) dans un restaurant. Un Iranien fait un voyage à vélo de Téhéran à Moscou. Nous mangeons ensemble et il nous offre une séance musicale avec son tambura avant que l'on se quitte.

 

 

 

 Koutaisi nous accueille une deuxième fois, sans la pluie cette fois-ci. Aujourd'hui, sur la route, nous sommes arrivés sur les lieux d'un accident; pas étonnant quand on voit à quel rythme on  roule dans ce pays. J'ai d'ailleurs appris à m'imposer parfois pour éviter les excès des conducteurs géorgiens, les pires étant les plus riches au volant de 4X4 énormes munis de gros V6 ou V8.

Je me sens complètement immergé dans notre voyage. Parfois, brièvement, je ne sais plus où  je suis; aujourd'hui, j'ai parlé du Pakistan à Marie qui m'a fait remarqué qu'on était toujours en Géorgie et, tout à l'heure, j'ai pensé à l'Iran. Peut-être que mon inconscient perçoit des atmosphères qui le ramènent à ces pays. J'aime ce sentiment d'être partout et nulle part.

D'ailleurs, parfois, on pourrait se croire en Inde car il n'est pas rare de rencontrer des vaches sur la route qui n'ont aucune intention de bouger; peut-être font-elles partie de la race des vaches sacrées....

 

 

Koutaisi

 

 

Koutaisi

 

 

Koutaisi

 

 

 

 

 

 

 C'est avec joie que nous retrouvons Mérie et Atchiko à Kobuleti. L'impression de revoir de vieux amis.

Kobuleti

 Le lendemain, j'ai droit à ma petite friandise, c'est à dire que je parcours les 25 kilomètres qui nous séparent de Batumi avec la 250 de Marie pour acheter les billets de bateau. Je l'aime bien, mon camion, mais il ne penche pas assez à mon goût!

Dans l'agence, j'assiste à une scène surréaliste: une des personnes ( le patron à priori) passe un coup de téléphone en hurlant régulièrement. Les deux autres employés restent impassibles. j'observe cet homme vociférant, transpirant. La conversation dure, mais il parvient à maintenir ce rythme de forcené de la parole. L'homme qui s'occupe de mon dossier me demande de monter à l'étage avec lui; là-haut, avec calme, mais conviction, il me désigne la pièce du bas et porte l'index à sa tempe. Je sais maintenant que les Géorgiens et les Français ont le même langage pour dire de quelqu'un qu'il est fou.... 

 

 

 

 

 

 

L'émotion est palpable lorsque nous quittons la maison de Mérie pour nous rendre sur le port de Batumi.

 

Kobuleti

 

Là-bas, règne une ambiance bon enfant avec la présence de quelques voyageurs qui ont décidé, comme nous, de traverser la mer noire à bord de ce cargo de fret. Il y a ce couple belgo-polonais et sa TDM 850 lourdement chargée, la famille belge avec trois petites filles qui voyagent dans un fourgon aménagé, un cycliste allemand, Francesco et son sac à dos. 

Le bateau aurait pu partir la veille mais la personne de l'agence m'avait dit que l'on ne le saurait qu'à 17 heures.... A l'heure dite, on nous annonce qu'il faut être présent sur le port à 9 heures, le lendemain,puis 10 heures ou 11 heures suivant les personnes rencontrées. l'hôtelière nous dit que la bateau ne partira pas avant 12-13 heures. bref, c'est le flou le plus total!

L'attente fut longue, heureusement qu'il y avait un petit coin d'herbe et un peu d'ombre. Nous regardons les camions qui arrivent et s'engouffrent dans la soute du bateau. Les heures s'écoulent. A priori, le but est de remplir au maximum le cargo. 

Pour tuer le temps, rien de tel que de discuter .... voyage avec les voyageurs présents.

Enfin, nous embarquons.

 

Port de Batumi

 

Port de Batumi

 

 

Port de Batumi

 

 

Port de Batumi

 

 

Port de Batumi

 

 

 

 

  Traversée de 48 heures sur une mer calme. Manon est heureuse; elle a des petites copines qui parlent français, ce qui devait quand même lui manquer.