Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

L'envol (tome 2) - chapitre 8

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Chapitre 8

 

La nuit était noire. Le quartier baigné de silence. Chris poussa sa monture hors du garage familial et fit quelques pas pour l´éloigner de la chambre de ses parents.

Cela faisait deux mois qu´ils l´hébergeaient depuis qu´il avait, définitivement, quitté son appartement. Le sommeil lui avait refusé l´entrée et, alors que la ville dormait profondément, il avait décidé d´avancer son départ de quelques heures. Un petit mot à l´attention de ses parents remplaçait la scène des adieux qu´il pressentait douloureuse.

Le V-twin se réveilla, il enclencha la première et s´en alla sur un filet de gaz. Désormais, il était seul. Seul avec son voyage. Il se sentait sans force, étrangement absent de cette scène dont il était l´acteur principal.

En fait, tout au fond de lui, le doute s´était installé, grandissait même alors qu´il quittait la ville pour s´engouffrer dans la campagne déserte. Il venait de fermer une énorme porte derrière lui, laissant son passé de l´autre côté et le futur vers lequel il se dirigeait n´exprimait rien de positif, à cet instant.

Non, tout ce qu´il ressentait, c´était cette peur qui le tenaillait. Alors, il roula, comme pour échapper à cette angoisse, en espérant la laisser sur le bord de la route. La nuit lui ressemblait, pesante, sous les nuages qui cachaient la lune et les étoiles. Il s´accrocha à la faible lueur de son phare qui tentait de le diriger sur cette route sinueuse qu’il avait empruntée.

Le grondement sourd de son moteur l’accompagnait dans son désarroi nocturne. Il roula vite, trop vite, avec son Srambler chargé ; il fuyait. Les premières lueurs de l’aube le surprirent dans la montagne noire, au dessus de Carcassonne, mais le jour naissant n’eut aucun effet sur lui, qui aimait tant les levers de soleil.

Il poursuivit son chemin, s’arrêtant uniquement pour alimenter sa monture ou manger. Bonjour, merci, au revoir, c’est tout ce qu’il arrivait à dire aux commerçants. Au hasard, il bifurquait à la vue de routes de plus en plus étroites.

En fin d’après-midi, une énorme fatigue l’envahit ; c’est alors qu’un panneau en bois retint son attention ; un gîte à quelques kilomètres de là s’était mis sur son chemin.

Sans réfléchir, il bifurqua, sa moto fit une embardée sur les gravillons parsemant le goudron, son pouls s’accéléra.

Peu après, les pneus crissèrent sur le gravier de la cour, devant une maison de pierre aux volets mauves ; le soleil disparaissait derrière la colline avoisinante et il tourna la clef de contact.