Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Yamaha Tracer 9 GT

En 2015, je faisais un petit essai de La Yamaha MT 09 Tracer et mes conclusions avaient été plus que réservées. Outre l'esthétique très spéciale à laquelle je n'avais pas adhéré, loin de là, j'avais eu du mal avec une partie cycle nerveuse sur les routes bosselées autour de Pau, ses freins (trop) mordants et ce moteur d'une vivacité excessive qui semblait me dicter ma conduite, l'impression d'avoir eu affaire à un roadster surélevé un peu trop sportif.  Bref, c'est avec plaisir que je l'avais rendu à son propriétaire, le concessionnaire de Lons, et que j'avais repris le guidon de ma prévenante Transalp 600.

Cela n'a pas empêché cette moto de connaître un beau succès commercial sûrement provoqué par ce moteur 3 cylindres très bien né et à une certaine polyvalence. Et cela signifie que tout le monde n'a pas les mêmes attentes que moi...

Au fil des ans, j'ai suivi l'évolution de ce modèle car Yamaha a l'a rendu moins exclusive en 2018, notamment avec un bras oscillant rallongé de 6 centimètres (!), une esthétique moins exclusive. Le coté volage de la première version avait été ainsi atténué. Le constructeur a en outre rajouté une version plus routière, la 900 GT équipée de valises latérales, de poignées chauffantes, d’un cruise control, d’un écran TFT couleur, d’un shifter, et de suspensions réglables.

Puis, une deuxième évolution est intervenue en 2021 avec un changement de nom. Elle est devenue la Tracer 9, tout simplement. Les modifications de carrosserie l'ont rendu plus sympathique à regarder de mon point de vue. La cylindrée a été légèrement augmentée pour passer à 889 cm3 en vue de lui donner un couple moteur plus conséquent.

C'est donc cette troisième version que j'ai l'occasion d'essayer. C'est le modèle GT qui est disponible, le mieux équipé, avec notamment des sacoches (mais qui ont été enlevées sur cette moto d'essai).

J'enfourche la moto. Il y a une heure, j'essayais la Ducati Désert X et le changement de position de conduite me saute aux yeux. Malgré une hauteur de selle modérée, je n'ai pas les pieds à plat par terre, car la moto est quand même assez large. Les repose-pieds sont situés un peu en arrière me montrant que je ne suis pas vraiment sur un trail. Je lâche l'embrayage et le trois cylindres montre tout de suite une douceur digne d'un quatre cylindres. Je reste dans les bas régimes alors que je m'éloigne de la concession. Je regarde le régime moteur ... ou plutôt tente de le faire car le compte-tours n'est pas très lisible.

 

 

Avant de partir, j'ai mis le pare-brise en position haute (c'est très facile avec avec une commande accessible) mais je me sens très proche de ce dernier et il ne m'offre pas une protection totale contre le vent. De même, le guidon me parait un peu bas. 

Sous le réservoir, il y en a un qui fait étalage de tout son charme, c'est le moteur. Une musique incomparable, envoûtante, dès les plus bas régimes. Difficile de comparer avec la Tracer 900 essayée huit ans auparavant, mais j'ai le sentiment qu'il est moins exclusif que sur la première mouture (est ce dû à la cylindrée augmentée, à des réglages différents?). Pour les premiers kilomètres de cet essai, je me contente de rouler en souplesse, appréciant les passages de vitesses doux et rapides avec le shifter. Ce dernier me parait encore meilleur que celui de la Désert X. 

J'opte pour le même parcours que celui que j'ai effectué avec cette dernière car il offre une variété de situations permettant de se faire une idée précise des qualités d'une moto. L'idéal pour un essai aussi court. 

Le concessionnaire m'a vanté les suspensions pilotées, mais, au passage des ralentisseurs d'Artiguelouve, l'élément arrière réagit un peu brutalement en détente. 

Je quitte le village et devient un peu plus volontaire sur la poignée de gaz. Le moteur répond immédiatement mais sans violence, avec juste une poussée très solide et dans un bruit magique. Aucune vibration à déplorer. Dans la montée qui suit, un peu bosselée et avec quelques virages serrés, je regrette de ne pas avoir un guidon un peu plus large et surtout plus haut pour mieux guider la machine. Plus de trente années de trail ont laissé des traces chez moi et j'aime pouvoir piloter au guidon. De même, bien que la moto ait perdu  cette nervosité excessive du train avant que j'avais déplorée en 2015, ce dernier n'est pas aussi neutre et sécurisant que celui de sa rivale la  Honda NT 1100. Il possède plus de vivacité et je sens une moto au tempérament nettement plus joueur que celui de la Honda.

 

 

 

A chaque sortie de virage, une petite impulsion sur la poignée de gaz projette la machine avec une force incroyable mais sans aucune violence et toujours avec cette sonorité incroyable. Je comprends l'amour que lui portent certains motards tant il délivre du plaisir.

Je le teste dans les plus bas régimes en m'interdisant de rétrograder dans quelques virages. Pas de problème, il reprend très bas, en douceur et le couple intervient très tôt en projetant la machine en avant. Difficile de rester calme avec un tel étalage mécanique! 

Après avoir accéléré, il faut freiner. Le frein avant est mordant, avec une attaque franche dès que l'on empoigne le levier. La fourche n'a pas trop de débattement (130 mm) et elle ne s'écrase pas mais le freinage est à l'unisson du moteur, il répond présent à toute velléité de conduite sportive du pilote au dessus. Entre cette Tracer 9 GT et la NT 1100, il y a vraiment un monde d'écart. Ce sont deux conceptions radicalement différentes de la routière. Rien d'étonnant, l'une est dérivée d'un roadster connu pour son tempérament de feu, l'autre d'un trail.

 

Alors que j'ai une conduite plutôt coulée sans être lente pour autant, je me surprends à multiplier les accélérations et à me laisser griser par ce moteur plein de vie et si agréable à l'oreille et à jouer du shifter d'une précision et rapidité excellentes, même à des régimes plutôt bas. 

Après quelques photos sur une route étroite, je constate que le demi-tour est un peu délicat avec un rayon de braquage pas terrible. Quant au tableau de bord, mon regard s'y perd un peu avec ces deux cadrans nettement séparés et la visibilité est très moyenne. A noter que Yamaha vient de sortir une version + de cette Tracer 9 GT équipée d'un régulateur adaptatif et qui possède un tableau de bord bien plus lisible. Je pense qu'il devrait rapidement être installé sur l'ensemble de la gamme Tracer 9. 

Sur le chemin du retour, dans les virages bosselés, je ressens de nouveau un train avant un peu trop "fidèle"  au revêtement ce qui occasionne chez moi une certaine retenue. Celui de la NT 1100 est beaucoup plus sécurisant, avec un toucher de route qui se rapproche du trail. Je continue à m'enivrer des accélérations jouissives de ce trois cylindres à la santé réjouissante.

Après ce trop court essai d'une demi-heure, quelles sont mes conclusions? En huit ans, cette moto a progressé dans le bon sens. Je l'ai trouvée bien moins exclusive que le modèle originel vraiment trop "explosif" aussi bien en moteur qu'en partie-cycle. Yamaha l'a rendue plus accessible, plus équilibrée. Il n'en reste pas moins que l'on a toujours affaire à une moto avec des gènes de sportive. La comparaison avec la NT 1100 est édifiante à ce sujet. On ne peut pas faire plus différent alors que le cahier des charges est le même: proposer une moto apte à rouler, en solo et en duo, avec une bonne protection et des capacités de chargement. Cela fait des dizaines d'années que je note cette différence de philosophie dans la conception des modèles de ces deux constructeurs et c'est une nouvelle fois le cas. Cela permet au client potentiel de trouver chaussure à son pied en fonction de ses goûts. 

Il est clair que cette Yamaha est pour moi encore trop "pousse au crime" avec cette  joyeuse motorisation. Je pense que j'adorerais l'essayer pendant une journée pour profiter de ce trois cylindres enchanteur mais je ne me verrais pas l'utiliser au quotidien. J'ai besoin de plus de douceur, de neutralité, de linéarité pour effectuer mes 30 000 kilomètres annuels par tous les temps.

Mais je tire mon chapeau à Yamaha pour avoir conçu un tel moteur. Un petit bijou mécanique.

   

Prix:  14 999 euros.

 

Quelques options intéressantes que j'ai relevées:

 

Rehausses de guidon: 72 euros 

Kit d'abaissement de suspension: 104 euros
 
Protection de radiateur: 129 euros
 
Sacoche de réservoir Travel: 306 euros 
 
Feux de brouillard à leds: 369 euros
 
Système de contrôle de la pression des pneus: 181 euros
 
Sabot moteur Explorer: 322 euros  
 
Bulle Touring: 197 euros
 
Déflecteur de bulle: 141 euros