Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Yamaha MT-09 Tracer

Il y a une demi-heure, je finissais une courte balade avec la KTM 1050 Adventure, séduit par cette moto autrichienne.

La concession Yamaha est tout près, et j’ai envie d’essayer cette Yamaha  MT-09 Tracer  louée par la presse. J’étais allé la voir, par un samedi très pluvieux et je m’étais contenté de m’asseoir dessus. J’avais trouvé la position de conduite un peu repliée au niveau des jambes mais le concessionnaire m’avait assuré que tous les motards qui avaient fait un essai étaient revenus enchantés.

Le moteur chauffe sur sa béquille centrale, et le concessionnaire paramètre la moto sur le mode intermédiaire. C’est nouveau pour moi, cette possibilité de faire varier le comportement moteur ; jusqu’à présent, c’était moi, avec la poignée de gaz, qui gérait tout cela en fonction des conditions de route.

Allez, je décolle. Je monte rapidement les rapports et, 500 mètres plus loin, j’ai cette certitude désagréable que cette moto n’est pas faite pour moi. Mince, ça commence mal, j’ai déjà envie de rentrer ! C’est étrange comment un tel sentiment peut s’installer, sans coup férir. Est-ce le côté « lisse » du trois cylindres qui ne me parle pas ? Accoustiquement parlant, cela se rapproche effectivement d'un quatre cylindres en ligne, avec ce sentiment que le moteur ne s'exprime pas, ne vit pas, sous le réservoir, à la différence d'un bicylindre dont je ressens les pulsations.

J’emprunte la rocade sud de Pau pour rejoindre rapidement la route de Lacommande. Les vitesses s’enclenchent avec douceur. Je profite de cette longue ligne droite pour regarder le tableau de bord ; il se confirme que je n’aime pas ces pavés tout numériques. Il y a une foule d’informations mais les aiguilles qui se promènent sous la vitre au gré des pulsations de moteur me manquent. En outre, l’avant de cette moto, vu du poste de pilotage, semble fait de bric et de broc. C’est tout sauf harmonieux.

J’aborde enfin une partie plus sinueuse de mon parcours. Tout de suite, je sens la moto réactive, comme l’est un roadster. La position de conduite a beau se rapprocher de celle d’un trail avec le guidon relevé, le train avant vif réagit sèchement sur les inégalités de terrain. Les débattements de suspensions sont limités et cela se ressent au niveau de l’absorption insuffisante des chocs.

 

Bref, pour l’instant, je dois reconnaitre que mon plaisir au guidon de cette moto est aux abonnés absents.

Sur la route bosselée que j’emprunte, la moto n’est pas à son avantage et je ne retrouve pas cette impression de sérénité que j’avais avec la KTM sur le même parcours.

Mais, diront certains, et le moteur ? Il est vrai que, c’est à chaque essai de la presse, le point fort de la moto qui est mis en avant. Malheureusement, là aussi, je n’accroche pas à sa manière de réagir. Bien sûr, il est « plein », à tous les régimes. Indéniablement, la puissance est bien là dès les plus bas régimes, mais, justement, je trouve qu’il me dicte trop ma conduite.

 

 A la moindre sollicitation de la main droite sur la poignée de gaz, il répond présent, trop présent. Il ne me permet pas de rouler tel que je le voudrais et cela me chagrine. Le V-twin autrichien était autrement plus tolérant, sans pour autant manquer de puissance. Là, je suis en train de me dire qu’il me faudrait une route lisse, avec de grandes courbes pour pouvoir exploiter ce trois cylindres, mais ce n’est pas ma tasse de thé, une conduite aussi soutenue, nerveuse, rapide.

Il est clair que l’on n’est pas fait pour s’entendre.

Je poursuis malgré tout ma route et note que le frein avant répond présent, presque trop brutalement, là aussi. Oui, on a vraiment affaire à un roadster sportif, déguisé en trail.

Il vaut mieux que je rentre. Quelques accélérations me confirment le côté explosif de la bête qui me gratifie de montées en régime très vives.

Retour à la concession où je laisse sans regret cette moto.

Son esthétique m’avait laissé de marbre à sa sortie car je la trouvais peu harmonieuse et ces quelques dizaines de kilomètres ne m’ont pas permis de me réconcilier avec cette Yamaha.

Même si mes propos peuvent paraître négatifs, je ne dis pas que c’est une mauvaise moto, mais elle a pour moi un terrain de prédilection, celui de la conduite joueuse, voire sportive, tout en gardant une certaine polyvalence, et ce n’est pas ce qui me convient.

Ce mini-essai m’a permis de conforter ce que je pressentais un peu, mais je ne m’attendais pas à être autant en décalage avec cette 900 Tracer.