Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Ariège. L’échappée belle

 

 

 

 

C'est un petit département adossé à la montagne, peu peuplé, sans villes importantes. Eloigné des grands axes, il offre aux motards qui auront la curiosité de le parcourir, de multiples possibilités de balades. Et il parait probable que le charme opérera tant il recèle de beaux endroits et une population accueillante.

 

Cette balade ariégeoise prend naissance dans un endroit idéalement situé. Le hasard fait parfois bien les choses.Une recherche sur internet, le nom d’un gîte dans le pays du Couserans, un accueil simple et chaleureux au téléphone au moment de la réservation. L’arrivée dans ce lieu isolé révèle un hébergement calme dans un cadre superbe. Le stationnement près de la Triumph Bonneville de François et Muriel laisse entendre que les propriétaires pourront être de bon conseil sur les meilleurs itinéraires. Et c’est le cas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cerise sur le gâteau, François décide de nous accompagner sur une partie du parcours. Le soleil est de la partie quand nous entamons cette balade. Belle mise en bouche en commençant par une route étroite qui serpente entre sous-bois et parties plus dégagées offrant une belle vision sur les flancs abrupts.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis la pente devient plus raide après le village d’Alos. La montagne n’est pas encore présente mais cela ne saurait tarder. Les vastes étendues boisées contrastent avec les prairies verdoyantes douces au regard. La route est déserte mais son étroitesse et le manque de visibilité incitent à une conduite tranquille. Petite halte à Montarna, où une stèle rend hommage aux passeurs qui, au cours de la deuxième guerre mondiale, ont aidé plus de 2 600 personnes à franchir les Pyrénées.

 

 

 

Juste après, l’horizon s’élargit et les hauts sommets encore enneigés se dévoilent. Quelques vaches et chevaux vaquent en semi-liberté dans de vastes espaces. Le silence est discrètement interrompu par le chant des oiseaux et je m’engage dans la descente moteur coupé pour profiter de cet environnement si paisible...

 

 

 

 

 

 

Plus loin, le col de la Core s’offre à nous et l’envie est trop forte de hausser le rythme jusqu’au sommet. C'est un exercice vivement recommandé pour conserver ses pneus bien ronds... Toutes les excuses sont bonnes pour mettre un peu d’angle dans les virages ! S’ensuit une belle descente jusqu’au lac de Bethmale, étendue d’eau limpide dans son écrin de feuillus dominée par le majestueux Mont Valier culminant à 2 838 mètres.

 

 

 

 

 

 

 

Une halte chez le sabotier dans le village d’Aret peut être l’occasion de troquer ses chaussures de sport pour quelque chose de plus rustique ! Cet artisan est le dernier fabricant de sabots Bethmale si caractéristiques avec leur bout pointu.

 

 

 

 

 

Nous nous arrêtons ensuite à Alas. Une pause salutaire pour se rafraîchir alors que le soleil tape fort. Une petite marche au bord du ruisseau Le Lez permet de traverser le jardin de pierres, un endroit étonnant, œuvre d'un habitant qui,pendant près de trente ans, a réaménagé les rives avec des réalisations très personnelles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous reprenons la route. La chance est avec nous, c'est jour de marché à Saint-Girons. Et ce dernier vaut le détour tant il s'en dégage une atmosphère cosmopolite.

 

S'y côtoient les autochtones et ceux que nous avons pu croiser au fil de la route, les néo-pyrénéens venus s'installer depuis quelques dizaines d'années dans ce beau département. Le résultat est un mélange de style évident et donne à ce marché installé sous les platanes en bordure du Salat un goût unique. C'est d'ailleurs un plat indien que nous achetons pour notre repas de midi.

 

Pour rejoindre Foix, nous suivons les conseils de François en prenant la direction du col de la Crouzette. La route se faufile dans une vallée encaissée en logeant un ruisseau. La circulation est nulle. Heureusement car l'étroitesse de la voie rend les croisements délicats, même à moto. 

 

Pour autant, cet endroit se montre propice à la flânerie tant il s'en dégage une atmosphère paisible. Nous avons la confirmation que ce beau département est largement boisé ce qui permet de faire baisser la température sous les casques alors que le soleil est au zénith. Les derniers kilomètres avant le col se font à allure réduite derrière un troupeau de vaches en route vers les estives.

 

Au sommet, à 1245 mètres d'altitude, le panorama sur la chaîne des Pyrénées est superbe et, après une petite halte, nous rejoignons le col de Portel.

 

 

 

 

 

La route est toujours aussi peu fréquentée et le regard est mis à contribution face à une nature préservée. Après le col de Peguère, l'envie de hausser le rythme refait surface et les deux motos entament un ballet mécanique soutenu dans cette longue descente au milieu des bois. Un panneau en interdit l'entrée afin de protéger le grand Tétras, espèce emblématique de la région. C’est le genre d’initiative qui redonne confiance en la nature humaine lorsqu’elle n’oublie pas de se préoccuper des espèces vivantes partageant avec elle notre Terre trop souvent malmenée...

 

Nous arrivons à Foix, avec le château dominant la ville.

 

 

 

 

Dans le centre, il y a un magasin à la belle devanture en bois : la coutellerie Savignac. Nous rencontrons Olivier dont la passion pour ce métier transparaît à travers ses propos sur cette affaire familiale dont les débuts remontent au XVIIIe siècle ! Derrière la boutique, il y a un petit atelier où sont fabriqués les couteaux. Tradition ne rime pas avec immobilisme car le maître des lieux nous fait part de ses projets d'extension.

 

 

 

Nous profitons de l'occasion pour discuter d'un autre produit en vente dans le magasin, le peigne en corne. Longtemps fabriqué à l'est du département à partir du XIXe siècle (on a compté jusqu'à 1500 ouvriers), cette activité a malheureusement progressivement disparu "au profit" des peignes en plastique. Actuellement, seule subsiste une production réduite assurée par un couple installé dans l’est du département.

 

 

 

 

Après ces intermèdes culturels, nous reprenons la route, vers Tarascon-sur-Ariège avec un petit arrêt photo au pont du diable. On raconte que les gens du pays firent bâtir ce pont par le diable, qui réclama d’être payé par l’âme du premier qui passerait dessus. Plus prosaïquement, ce monument est l'œuvre d'un riche industriel. Mais que ferions-nous sans nos légendes ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Avant de s'attaquer à la zone montagneuse, nous faisons un léger détour jusqu'au village de Saurat où se situe un petit atelier dont l'activité perdure depuis le début des années 1900. On y fabrique des pierres à aiguiser naturelles. Alain Soucille et son ouvrier reviennent de la carrière située à proximité. C'est le seul producteur de ce type en France actuellement.

 

 

 

 

Nous passons devant la grotte de Niaux, admirable site paléolithique mais nous avons soif de grands espaces et nous nous dirigeons vers les sommets. Après Vicdessos, la montée est superbe et nous profitons des cascades avant l'arrivée au port de Lers pour une pause rafraîchissante.

 

 

 

 

 

Le col d'Agnès est avalé dans la foulée puis le col de Latrape dont le nom nous inspire puisque nous oublions d'admirer le paysage pour nous concentrer sur les meilleures trajectoires possibles et les freinages appuyés tant dans la montée que dans la descente jusqu'à la vallée d'Ustou alors que le soleil disparaît derrière les montagnes.

 

 

 

Il n'y a plus qu'à se laisser glisser tranquillement jusqu'au gîte en nous imprégnant de l'environnement de cette paisible région du Couserans. Un repas copieux concocté par Muriel termine en beauté cette journée.

 

 

Il serait dommage de quitter si vite une région aussi séduisante. La route jusqu'à Massat mérite le détour et le col de Port juste au-dessus est un régal. Le parcours sollicite le sens de l'improvisation. La route ne se dévoile parfois qu'au dernier moment, révélant une courbe qui se referme subitement, une cassure, quelques gravillons. Elle aime faire des surprises. Personnellement, j'aime ces évolutions qui ont banni l'ennui de leur vocabulaire. Entre sous-bois et vastes prairies, le regard s'émerveille et l'esprit reste concentré pour enchaîner les virages variés.

 

A Massat, il est difficile de ne pas remarquer la population néo-pyrénéenne. Il y a une histoire derrière la présence de ces hommes et femmes arrivés dans le département au cours des  années 70, attirés par la vie communautaire. Puis, les années 80 ont vu des jeunes urbains fuyant les villes, à la recherche d'un mode de vie plus proche de la nature. Cette tendance ne s'est pas  estompée depuis et c'est grâce à eux que la population ariégeoise a cessé de décliner.

 

L'évolution démographique est révélatrice. De 1846 à 1980, le nombre d’habitants est passé de 270 000 à 135 000 et la tendance s'est inversée depuis cette date puisque, en 2020, le chiffre est de 153 000. Ce mélange des cultures donne une atmosphère particulière à cette région isolée que l’on aurait pu croire à tort fermée aux autres.

Cette diversité est particulièrement sensible dans le village de Massat où j’ai pris plaisir à déambuler en découvrant notamment une librairie associative, Les 3 Chaises, agréable  lieu de rencontres où se côtoient les livres et les spectacles.

 

 

 

 

Toutes les bonnes choses ont une fin et il a fallu se résoudre à rentrer à la maison. Si vous avez un peu de temps, n’hésitez pas à faire comme moi en quittant ce département attachant par les cols de Portet d’Aspet, de Buret et des Arès. La route est magnifique, avec un revêtement au grip impressionnant. Rien de tel pour prolonger le plaisir jusqu’au bout !

 

 

 

Musée des colporteurs à Soueix Rogalle 

 

A l’origine, c’était une boutique de type "magasin général" en activité depuis le début de XIXième siècle. Derrière sa devanture, il y a l'histoire des gens du cru, ces paysans qui, poussés par des conditions de vie parfois misérables, ont accepté de prendre la route, avec leur « caïcho » (caisse en patois) sur le dos, pour vendre des marchandises diverses (objets de piété, de mercerie, lunettes etc...), la plupart de temps pendant la saison morte.

 

Certains, plus téméraires, ont franchi les mers et ont parcouru les routes d'Amérique du Sud ou d'Afrique du Nord. Cette boutique,après être restée fermée pendant 40 années, a révélé ses secrets restés intacts à travers ses archives, ses livres de compte et ses produits encore présents et c'est une plongée émouvante dans la vie passée de cette région que le visiteur est invité à faire. Une adresse chaudement recommandée d'autant que le prix d’entrée est dérisoire.

www.soueix-rogalle-patrimoine.over-blog.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Coutellerie Savignac à Foix

 

Cette belle boutique se trouve dans le centre historique de Foix. A l’heure de la prolifération des grandes surfaces, il est rassurant et agréable de pouvoir fouiner dans cette boutique au milieu des innombrables couteaux proposés.

Il y en a pour tous les goûts et on peut compter sur le conseil avisé de ceux qui travaillent dans ce lieu chargé d’histoire. Personnellement, je n’en suis pas reparti les mains vides puisque c’est l’Ariégeois inspiré du capucin traditionnel qui m’accompagne désormais dans la poche de ma veste de moto.

www.couteau-savignac.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre à aiguiser naturelle des Pyrénées

 

La rencontre avec Alain Soucille fut un beau moment. Dans un bâtiment discret à l’écart du village de Saurat, on trouve le dernier fabricant français de pierres à aiguiser naturelles issues d’une carrière située à proximité.

Aujourd’hui, il y a encore deux personnes qui continuent à extraire des plaques de schiste gréseux de la montagne pour tailler, polir et mettre en forme la pierre, perpétuant cette fabrication traditionnelle que l’on peut supposer née à l’âge du fer.

www.pierre-a-aiguiser-naturelle.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'échappée belle

 

A 600 mètres d'altitude, ce gîte paisible a un goût unique. Isolé, on y accède après avoir emprunté une route étroite qui met dans l'ambiance. L'accueil de Muriel et François est chaleureux et les logements proposés, par leur décor, sont une invitation permanente au voyage. Pour notre part, c'est dans la chambre Afrique que nous avons logé.

 

François a une ribambelle d'itinéraires à proposer et il n'hésite pas, quand il en a le temps, à faire un bout de route avec les motards au guidon de sa belle Triumph Bonneville "sauce indienne".

 

Si je rajoute que la nourriture est succulente et le cadre magnifique, vous comprendrez que je suis tombé amoureux de cet endroit au point qu’il a inspiré le titre de cet article !

 

https://www.chambresdhotes.org/Detailed/136024.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cet article a été publié dans la revue Trail Adventure n°28 qui peut être commandée à l'adresse suivante:

 

 

https://boutiquecppresse.com/fr/64-anciens-numeros-trail-adventure-magazine