Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

A la rencontre de la Honda Transalp 750: en route pour le salon EICMA de Milan - Le chemin du retour

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Jeudi matin. Il est temps de rentrer à la maison. Il a plu toute la nuit. Pour la deuxième fois, je fais ce geste nouveau pour moi de brancher mon téléphone sur Maps.Me et quitte sans problème Milan. Oui, je sais, il me faut parfois un peu de temps avant d'intégrer les moyens de communication modernes!

Très vite, le brouillard s'invite. Pendant plus d'une heure, je roule sans rien voir de mon environnement. Puis, comme par magie, le soleil finit par percer. J'évite toujours soigneusement les axes principaux et trouve une route peu fréquentée qui m'amène jusqu'à Asti, puis Alba. L'envie est trop forte, je reprends le superbe tronçon jusqu'à Ceva que j'ai emprunté à l'aller. Et, de nouveau, ce n'est que du bonheur. La route s'élève d'abord au milieu des vignes, ma moto a des fourmis dans les pneus et ces derniers sont mis à contribution. Le revêtement est lisse mais accrocheur et je m'en donne à coeur joie. 

 

 

 

 

 

 

 

Plus tard, l'heure tourne alors que je rejoins la Valle Stura par une route détournée. Une petite voix dans ma tête tente de me dire que j'ai perdu pas mal de temps et que Grasse est encore loin mais je me contente d'apprécier l'instant. Je fais le plein à Demonte et entame l'approche du col de la Madeleine dans cette longue vallée cernée par des majestueuses montagnes. Soudain, la route se met à grimper et mon taux de plaisir aussi. Circulation clairsemée qui me permet d'insuffler un rythme soutenu à la montée du col, sans rupture. Dans les derniers kilomètres, il y a une succession de lacets (une vingtaine) que je m'applique à passer en perdant le moins de vitesse. J'en profite pour améliorer cette technique que j'ai commencé à essayer il y a peu; dans ces virages serrés à gauche, je parviens à conserver le 3ième rapport et, tout en maintenant l'accélération, j'appuie sur la pédale de frein pour "tendre" la moto. J'arrive ainsi à conserver ma vitesse et à conserver une moto stable. 

 

 

Je bascule sur le versant français. La lumière est superbe mais le soleil ne va pas tarder à disparaître derrière les montagnes environnantes. La descente sur Barcelonnette se fait dare-dare en restant vigilant car le revêtement est régulièrement mouillé.

 

 

 

 

C'est ensuite la montée du col d'Alos qui m'attend. Route étroite, déserte, parfois remuante, souvent humide, avec des tapis d'épines de pins mouillées piégeuses, puis de la boue déposée par le seul véhicule croisé, un camion forestier muni de chaînes. Enfin, en arrivant au sommet, quelques traces de neige. Pas de problème, je crois que j'aime ça, les conditions un peu délicates qui nécessitent de se surpasser. Je trouve qu'elles sonnent un goût exquis aux virées à moto, les sortant de la monotonie. 

D'ailleurs, dès le col franchi, je retrouve une route plus prévenante balayée par un soleil couchant aux tons orangés qui me donne du baume au coeur même si je sais qu'il annonce l'arrivée prochaine de la nuit.

 

La fin de l'étape risque d'être difficile. Et c'est le cas, après une descente rapide, j'arrive à Castellane à la nuit tombée. Encore 65 kilomètres et la fatigue qui s'installe. Je termine donc en roue libre jusqu'à la maison de mon frère. 

Cela fait alors 11 heures et 550 kilomètres que je roule . Etonnamment, je n'ai pas mal aux fesses et n'éprouve aucune douleur aux cervicales. Juste une fatigue normale après une telle étape.

Ma CB 500 X me confirme une fois de plus ses qualités de grande routière malgré les qualificatifs qui lui sont parfois attribués comme moto de débutant, moto de ville ou destinée aux petites balades du dimanche. Après trois ans et demi en sa compagnie, je la considère au contraire comme particulièrement adaptée aux longs parcours du fait de son autonomie confortable, de sa facilité de conduite, de son confort (bien amélioré, je dois le dire, par l'amortisseur Fournalès)  et de sa tenue de route au top qui la rend vraiment sécurisante.

Le seul bémol pour moi est en cas d'utilisation en duo où le moteur peut montrer ses limites. Mais pour moi qui roule exclusivement en solo, c'est une moto qui possède bien des qualités au delà de son prix contenu, de son entretien réduit et de sa consommation minime.

A ce sujet, après le plein effectué dans la Valle Stura et après deux cols franchis, l'ordinateur de bord indique une consommation moyenne de 2,7 litres... Cela ne fait que confirmer mes constatations précédentes à savoir qu'une utilisation de la moto sur des routes de montagne aboutit à des chiffres de consommation toujours bas. La descente compense largement la surconsommation de la montée. Je dois préciser que j'ai un style de pilotage qui favorise cette frugalité. Pour résumer, en faisant référence aux Grands Prix, je suis plutôt Moto 3 que Moto GP, maintien de la vitesse de passage en courbe plutôt que freinage tardif suivi d'une accélération puissante. Je prends beaucoup de plaisir à lire le terrain, à l'anticiper ce qui me permet d'adapter ma vitesse suffisamment à l'avance aux caractéristiques du tronçon que je vais aborder. Cela donne une conduite dépourvue de heurts. Mes consommations réduites en sont le résultat.

Une nuit réparatrice plus tard, je me sens en forme pour un  nouveau passage dans les gorges du Verdon. Il ne faut pas se priver d'un tel plaisir! Plus tard, je découvre une belle route entre Manosque et Pertuis. Les couleurs automnales ont pris de l'ampleur et le plaisir s'en trouve grandi.  C'est de nouveau Montpellier qui m'accueille, ou plutôt Jan Jac, un autre propriétaire de CB 500 X. C'est un gros rouleur et, pendant le repas chinois que nous partageons, il s'attarde sur les qualités de sa moto, véritable routière d'après lui. Même si j'en suis persuadé, c'est toujours bien de voir que d'autres motards partagent mon point de vue...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dernier jour. Encore un itinéraire sympathique. Clermont l'Hérault, Bédarieux, Saint Pons de Thomières, Mazamet. Aujourd'hui, j'ai mis le turbo. Il faut dire que j'ai rendez-vous à Toulouse avant midi et comme je ne me vois pas y aller par l'autoroute, je n'ai pas d'autre solution que de rouler à un rythme soutenu. Là-bas, je rencontre Jean-Pierre Fournalès et j'en profite pour lui demander quand mon amortisseur aura besoin d'être révisé vu qu'il totalise 60 000 kilomètres. La question lui parait incongrue. "Roule" est sa réponse, je vais m'empresser de suivre son conseil! Il est vrai que mon amortisseur est au top de sa forme.

Le panneau Pau apparaît après une dernière partie d'étape placée sous le signe des virages.

6 jours de route, 2 jours de salon, 3000 kilomètres de bonheur.

 

PS: l'état de mes pneus après 11 000 kilomètres parcourus depuis le 22 août 2022. Je pense qu'ils n'iront guère au delà des 14 000 kilomètres. Il faut dire qu'ils ont connu des routes abrasives et accidentées. Leurs qualités sont indéniables et j'ai opté pour la même monte lorsqu'il faudra les remplacer prochainement.