Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Le bonheur est dans le voyage ou une Transalp autour de la méditerranée - chapitre 6

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Turquie

Nouveau pays, nouveau voyage. Je viens de rentrer en Turquie. Un changement me saute aussitôt aux yeux ; il y a 10 ans, j'avais été frappé par la folie des conducteurs, aujourd'hui, je les trouve prudents et même un peu mous ; j'ai parfois envie de les secouer un peu ; c'est le monde à l'envers ! J'ai envie de bouffer du kilomètre, alors, je roule, direction la Cappadoce ; il y a beaucoup de montées et je passe plusieurs cols. Au loin, j'aperçois des sommets enneigés. L'agriculture est très développée dans la région, mais il n'y a pas beaucoup de mécanisation. Ainsi, il n'est pas rare de voir des dizaines de femmes en train de travailler dans les champs ; les hommes, eux, sont absents ou bien semblent encadrer le groupe ; il y a encore pas mal de travail pour la libération de la femme en Turquie. Pour transporter les légumes ramassés dans les champs, il y a les tracteurs ou....... le side car Jawa ; j'en suis un pendant quelques kilomètres ; il transporte un chargement incroyable dans le panier. J'installe ma tente à Göreme, dans un camping très calme où je rencontre un couple de hollandais qui vient de faire le même voyage que moi en 4X4 Toyota ; la discussion se prolonge tard, à échanger nos impressions respectives.



C'est un véritable déluge qui s'abat sur moi alors que je rentre d'une virée dans la région. Des torrents de boue traversent les routes et j'arrive frigorifié au camping où je change mes vêtements détrempés sous l'œil indifférent de mes nouveaux voisins, un couple de hollandais en train de siroter son apéritif à l'abri de l'auvent de la caravane. C'est mon premier contact avec l'égoïsme européen. Jemal, le gardien du camping vient me chercher pour partager son repas, puis me propose une partie de cartes qui se prolonge tard dans la nuit ; mes connaissances en turc sont très limitées mais nous arrivons à nous comprendre malgré tout.

 

Ce que je retiendrai de ce voyage, ce sont ces rencontres avec les Mustapha, Ali, Hans, Ahmed, Eric, Siakou, Khamo et tous ceux dont je ne connais pas le nom, ces personnes qui m'ont offert un court moment de leur vie. Ils sont autrement plus importants que tous les paysages, tous les sites visités. Ils ont construit mon voyage.



Je poursuis ma route dans des paysages de montagne, s'il n'y avait pas la vision d'un minaret, d'une charrette tirée par un cheval, je pourrais me croire en Autriche. Le nombre de station d'essence est étonnant ; elles pullulent, sont plus belles les unes que les autres, je me demande comment ils arrivent à les rentabiliser. J'arrive à Pamukkale, célèbre en Turquie pour ses vasques blanches qui ont été formées au fil des siècles par des sources chaudes chargées de sels calcaires. Je suis aussitôt assailli par des rabatteurs en mobylette qui veulent m'emmener dans l'hôtel ou le camping où ils percevront leur commission. Autour de moi, des cars de touristes, des boutiques de souvenirs. Je préfère rebrousser chemin et file plein sud, 150 kilomètres plus loin, je rentre dans le camping Anatolia à Koycegiz. C'est beaucoup plus calme ici, juste fréquenté par quelques allemands.
Un détail me fait sourire : ce sont les poubelles différentes pour le plastique, le verre, les canettes en aluminium. Cela semble faire plaisir à mes voisins germaniques très écologiques dans l'âme. J'imagine aisément ce que deviennent ces poubelles par la suite ;direction la même décharge.
Je passe deux jours de farniente dans cette tranquille station balnéaire. Le soir, avant de m'endormir, je revis dans ma tête ces 3 derniers mois; il y a eu une telle intensité dans ce voyage que j'arrive à passer en revue chaque journée sans en oublier une et c'est l'esprit rempli de souvenirs que je trouve le sommeil.
Le lendemain, j'ai la confirmation de mon observation écologique ; l'homme d'entretien vide consciencieusement chaque poubelle dans un unique sac.......
La date du retour approche et j'entame ma remontée sur la France. Je traverse le détroit des Dardanelles où je suis surpris d'apercevoir deux sous-marins suivis par une dizaine de vedettes militaires.