Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Albanie Monténégro Croatie: balade dans les Balkans - Albanie

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Un frémissement intérieur me parcours lors de premiers tours de roues sur la route déserte menant à l’Albanie. La frontière est passée rapidement et Manon parvient à faire sourire les douaniers, ce qui est assez rare dans ces lieux peu propices à l’euphorie !

Les premiers kilomètres se font sur une route encaissée très belle …. jusqu’aux travaux en cours. Pour résumer la situation, tout a été fait, sauf le revêtement, ce qui donne une piste, large certes, mais une piste quand même avec, parfois, des trous, plus ou moins profonds. Le petit mono, grâce à son faible poids, s’y révèle à l’aise. Jean Roland est un peu plus à  la peine avec sa « grosse » moto.

Personnellement, j’aime ces étapes où tout est nouveau, où les sens sont en éveil, prêts à la découverte. Aujourd’hui, il y a la vision étrange de nombreux blockhaus, de taille différente, réminiscence d’un passé pas si lointain où un dictateur, Enver Hoxha,  a isolé son pays du reste du monde jusqu'à la chute du régime communiste en 1991, en menant d’une main de fer sa population.

 

 Albanie

Albanie

 

Quelques troupeaux de chèvres, un paysan avec son âne qui l’attend, un paysage aride,  une carrière d’où s’échappe une fumée noire, un pont non jointé,  l’Albanie nous offre une image rurale, éloignée du modernisme.

Nous arrivons, à allure réduite donc, à Saranda, en bordure de mer où nous dénichons un hôtel charmant et bon marché. Le repas du soir se fait dans une ambiance chaleureuse avec la serveuse. Je commence à aimer ce pays.

 

Albanie

 

 

 

Vendredi 23 septembre 2011. Nous nous reposons à Korcë .

Il y a des étapes au goût différent. Par leur intensité. Parce qu’elles sont simplement en phase avec le voyage tel que je l’entends. C’est le cas des 250 kilomètres entre Saranda et Korcë. Ici, route de montagne semble être synonyme de semi route ou route-piste ou encore route défoncée, au choix. Une moyenne, hors arrêts de 35 km/h. J’ai le souvenir des écrits de Nicolas Bouvier qui, dans son livre « L’usage du monde » a si bien su faire l’éloge de la lenteur, justement sur les routes slaves.
Et c’est vrai que sur cette route, cette lenteur m’a permis de mieux voir, sentir, d’être un peu avec ces paysans en train de semer à la main, avec cette fermière tirant ses deux vaches, avec ces jeune écoliers qui nous ont salués. J’ai pu voir la pauvreté suinter des murs délabrés de certaines maisons, la rudesse de la vie sur les visages des femmes et hommes croisés. Korcë, notre étape, semblait presque s’éloigner au fil des divagations de la route et elle avait un délicieux goût de « petit bout du monde », avec ce merveilleux sentiment d’aller vraiment très loin.


La Honda s’est révélée être une compagne idéale dans de telles conditions où sa légèreté et sa maniabilité étaient bien plus importantes que la puissance. Elle se dirigeait avec facilité dans les virages les plus serrés et acceptait sans sourciller les chocs répétés.


Et, cerise sur le gâteau, à ce rythme paisible, la consommation est descendue à 2,4 litres aux 100.

 Albanie

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Albanie

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Lors de cette journée de repos, nous rencontrons Nadia, que j’avais eu l’occasion de voir à Pau, avec Théodore, son mari. Parlant très bien le français, elle nous accueille chaleureusement et nous trouve ce qu'elle appelle, à raison, le meilleur hôtel de la ville, qui est en fait un appartement dans un quartier calme de Korcë.   Elle nous permet de mieux comprendre son pays qui semble avoir bien des difficultés à passer de l’ancienne dictature à la démocratie. Les inégalités y sont profondes comme le montre le parc automobile hétéroclite, avec les vieilles voitures côtoyant les 4X4 démesurés.

La ville  est agréable, avec des Albanais discrets et serviables. Il y règne une atmosphère paisible et nous y passons deux nuits.

 

Korcë Albanie

Korcë Albanie

Korcë Albanie


Korcë Albanie

Korcë Albanie

 

Le deuxième soir, alors que nous marchons, avec Nadia et Théodore, dans les rues de la ville, nous passons devant une moto superbement préparée que j'ai un peu de mal à reconnaître. C'est une BMW 250, fabriquée dans le début des années 50. Le jeune Albanais qui a transformé cette moto est un passionné et je le félicite pour la qualité de sa réalisation.

 

BMW R 25 albanaise

 

 

 

 



A la demande expresse de la partie féminine du groupe, beaucoup moins séduite que les deux motards par le charme des routes chahuteuses de cette zone de montagne, nous décidons alors de nous rapprocher de la côte. Après avoir longé le vaste lac d’Orhid, nous découvrons (enfin !) un revêtement récent superbe où je ne peux m’empêcher de hausser le rythme après avoir laissé mes compagnons partir en avant pendant un arrêt photo. Les pneus Bridgestone BT 45 installés vont comme un gant au petit mono qui penche avec enthousiasme dans la succession de virages.

Lac d'Ohrid

 

Le parc automobile est essentiellement constitué de Mercedes de toutes sortes. mêmes les auto-écoles en ont. elles sont rarement très récentes , sauf pour certains qui semblent avoir habilement (je n'ai pas dit honnêtement...) intégré le nouveau régime après la chute du communisme.

 

 

 

 

 

Nous terminons la journée dans la ville balnéaire de Durrës où la chaleur est bien présente. Il y a une fête foraine près de la plage et elle a un charme désuet, avec des attractions d’un autre âge.

Le matin, nous sommes réveillés par l’appel à la prière, puis, plus tard par les cloches de l’église. Preuve d'une cohabitation paisible entre chrétiens et musulmans? Pourtant, Nadia avait été beaucoup moins optimiste sur le sujet. 

 

Nous faisons une halte à Crujë qui nous laisse une impression mitigée. Beaucoup de touristes dans cette petite ville logée dans un cadre majestueux, dominée par les falaises et le château fort récemment rénové.  

Crujë Albanie

Crujë Albanie

 

 

Je me sens bien en Albanie. J’aime ce mélange d’Orient et d’Occident.  Et la gentillesse des Albanais est agréable au quotidien.

La route est un peu monotone ce jour là, quoique le comportement un peu anarchique de certains conducteurs permet de rester éveillé. Ainsi que celui de trois motards Autrichiens qui nous dépassent dans un déluge de décibels, avec une conduite d'une rare voilence. Quelques heures après, nous les retrouvons dans le petit hôtel que nous convoitons, mais ils ont pris les dernières places de libres. Pendant que je discute avec la gérante qui cherche une solution de rechange pour nous, je vois ces trois motards garer avec autorité leurs gros cubes sur la pelouse de l’hôtel et s’installer à une table pour boire une bière. Auparavant, l’un d’entre eux avait à peine daigné répondre à mon bonjour. Heureusement que ces comportements sont rares chez les voyageurs car cette attitude conquérante est particulièrement choquante et irrespectueuse pour les habitants. Par chance, le propriétaire du restaurant nous trouve une solution de rechange et nous emmène dans une maison où la propriétaire accepte de nous héberger.

Arrivés dans sa demeure, nous sommes éblouis par cette vieille bâtisse où règne une  atmosphère délicieuse. Pierre et bois se marient à merveille ; l’endroit est chargé d’histoire et, d’ailleurs, le lendemain matin, la propriétaire, une dame adorable, nous montre la photo de celui qui a vécu ici, un pacha, gouverneur du Liban de 1883 à 1892 : Pashko Vasa Shkodrani dit "Vasa Pacha" (1824-1892) . De confession catholique, il écrivit des poèmes qui seront publiés après sa mort, poèmes prônant  l'unité nationale albanaise au-delà des différences religieuses.



Un tel cadre ne peut que m’inspirer et mon petit accordéon quitte son sac pour arroser les quartier de quelques valses et airs traditionnels.

 Shkodër Albanie

Shkodër Albanie

Shkodër Albanie

Shkodër Albanie

Shkodër Albanie

Shkodër Albanie

Shkodër Albanie

Shkodër Albanie

Skhodër

 Skhodër

Pashko Vasa Shkodrani

Skhodër Albanie