25/ Liquidation judiciaire de Voxan
Le 5 avril 2002, j'étais au guidon de ma Transalp sur les routes iraniennes, en direction de la frontière pakistanaise, sans me douter que, quelques milliers de kilomètres plus à l'ouest,un drame survenait. J'étais pourtant parti vaguement rassuré, quelques semaines plus tôt, après avoir appris que Voxan avait trouvé un repreneur Italien. Mais, dans le Moto Journal du 11 avril, la liquidation judiciaire de l'entreprise était annoncée!
La nouvelle était d'autant plus dure à admettre que Laurent Cochet, journaliste à Moto Journal nous apprenait qu'Alain Chevaliier s'était rendu aux 24 heures du Mans Automobile l'année précédente:
"Nous y avions établi d'excellents contacts avec des gens très performants dans l'automobile, pour procéder à la réalisation du cahier des charges, chassis et moteur, de notre future moto de GP. Un trois cylindres de 1000 cm3 et 215 chevaux. C'était LA bonne solution. Un twin aurait eu du mal à dépasser 200 chevaux sans tout prendre dans la gueule. Alors qu'avec le trois cylindres, on pouvait obtenir sans mal 260 chevaux, qui plus est avec un vilebrequin très court. On pouvait donc sans problème atteindre la puissance recherchée Et la fiabilité nécessaire. C'était bien bordé, les échanges de fax étaient nombreux et enflammés .... puis le vent a tourné".
Laurent Cochet écrivait alors:
"Putain! Une Voxan de GP, ça aurait eu de la gueule! Un trois cylindres, c'était pile-poil dans l'esprit de Voxan qui souhaitait s'affirmer comme une marque de caractère....
Alors, comment ne pas être ecoeuré à l'heure de la liquidation de Voxan? comment ne pas repenser à cette incroyable aventure que Voxan a permis à Moto Journal de vivre.
Des premiers clays révélés en exclusivité aux deux premiers prototypes aperçus alors que nous étions passés à l'improviste, lors d'une virée hivernale. Voxan, c'était alors tout juste dix personnes dans un hangar à Issoire. Aucun constructeur japonais ne nous a jamais accordé de telles faveurs. Comme celles de pouvoir essayer régulièrement les évolutions des prototypes en avant-première, jusqu'à participer au tout premier test d'endurance du Roadster: 24 heures sur le circuit d'Isooire.
Le cadeau était à chaque fois merveilleux pour MJ. Nous étions en prise directe avec les joies de cette incroyable entreprise, mais aussi avec les difficultés d'industrialiser un tel projet.
Comment ne pas se sentir floué et sali après les fuites technologiques opérées par MerkerYshima vers l'Italie? Comment ne pas se sentir victime d'une injustice alors que le produit était réellemnt bon, performant et doté d'un véritable carctère.
J'avoue, j'ai toujours eu un faible pour le Roadster. cette moto est musclée, vive, vivante, pleine de passion et d'histoire, de celle des gens qui l'ont créée et portée à bout de bras. Il y une semaine, je suis restée bouche bée au passage d'un Scrambler dans la rue. Combien s'en est-il fabriqué? Une cinquantaine? Cette moto n'est-elle destinée qu'à devenir un collector?"
En quelques lignes, il avait exprimé tout ce que j'avais pu ressentir tout au long de la réalisation de ce magnifique projet. J'avais vécu des moments exceptionnels en suivant, pas à pas, cette aventure et je me sentais soudain orphelin, désemparé.