Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Quatrième partie:1993-2007 (2014-....), le bonheur motocycliste ou quatorze années (et plus....) au guidon de mes trois (quatre... cinq) Honda Transalp - Rencontre avec un voyageur

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Lundi 18 novembre 2014, 7 heures.

 

Quand j’ouvre la porte du garage, alors que la nuit est encore bien présente, je suis accueilli par une pluie qui semble vouloir s’installer durablement. En prévision, j’ai ma carapace à priori étanche sur moi. Et je me dis que ce sera l’occasion de vérifier l’étanchéité de mes bottes Soubirac dont je n’arrive pas à me séparer après 21 années de bons et loyaux services.

J’ai rendez-vous à Vieux Boucau et, exceptionnellement, je m’engage sur l’autoroute. La nuit est d’encre et les trombes d’eau limitent encore plus ma visibilité. Le ruban d’asphalte se confond avec la noirceur ambiante et je loue les catadioptres installés sur les barrières de sécurité. Ils deviennent mon guide dans cette ambiance particulière au goût de cataclysme.

Je me dis que, partant du pire, la situation ne peut que s’améliorer ! Effectivement, un semblant de lueur me permet, enfin, d’entre-apercevoir ce qui se déroule sous mes roues. A Peyrehorade,, je quitte la morne autoroute, le jour daigne se montrer et la pluie diminue quelque peu.

J’aime  ces atmosphères un peu extrêmes, elles participent à un plaisir difficile à expliquer, je le conçois. Cet affrontement de l’homme aux aléas naturels, j’arrive à l’apprécier. Ce n’est pas du masochisme, juste un sentiment d’existence.

Je joue avec l’adhérence incertaine, attentif aux changements de revêtements, je me méfie des conducteurs, enfermés dans leur voiture, derrière leurs vitres embués, j’anticipe les bourrasques de vent en regardant ployer les arbres que je vais bientôt longer. Je respire un peu mieux quand une courte éclaircie m’accorde un peu de répit, j’admire cet arc en ciel, superbe, qui semble s’offrir, tel un immense pont sous lequel je vais bientôt passer.

 

 

En plus, je sais que je vais voir un voyageur, dans quelques heures. Ce sera notre première rencontre physique. Cela fait quelques années que je l’ai découvert sur son site, puis à travers ses questions avant son dernier voyage. Mais, internet peut parfois me frustrer par son côté virtuel. C’est pourquoi je suis si heureux d’aller croiser la route de Jef, quelques jours avant le terme de son beau périple à travers l’Europe, depuis le mois d’avril.

J’arrive dans le village de Vieux Boucau. Je me gare sous un auvent, devant la supérette. Le gérant est en train de relever un conteneur renversé par le vent. Ce sera mon abri en attendant l’arrivée prochaine de Jef. Je m’assois par terre et regarde le peu de vie défiler sous mes yeux. Le vent forcit régulièrement, emmenant avec lui des averses violentes. J’aime l’atmosphère de ces stations balnéaires désertées par les hordes de touristes. Elles retrouvent un côté humain derrière cette apparente torpeur. Une canette abandonnée fait son chemin sur le parking au gré des courants d’air.

Je suis en avance et je crois que j’aime ça, attendre. Mon cerveau se met en marche, mon  imagination invente des histoires.

Je rejoins la place où j’ai donné rendez-vous et m’abrite sous le porche de la mairie. Quelques rares personnes passent, tenant fermement leur parapluie qui a des velléités d’envol.

Sur la façade de l'hôtel de ville, l’horloge regarde la grande aiguille s’éloigner de celle des heures.

 

 

Je fais quelques pas vers la ruelle et j’aperçois, au loin, le Kangoo de Jef. Je lui fais un signe de la main.

Il arrive, souriant, tel que je l’imaginais à travers ces récits. Nous rentrons dans l’unique café ouvert du village et nous commençons la discussion devant deux chocolats chauds réconfortants. Je sens, je sais que je vais passer un bon moment en sa compagnie.  

Plus tard, nous prenons la route. Je suis heureux de faire ces quelques kilomètres derrière son Kangoo, à son rythme. Quelques arrêts photos dans la forêt, une incursion sur la plage.

 

 

La mer remue beaucoup, le ciel est partagé entre le noir menaçant au sud et quelques touches de bleu, comme une promesse d’éclaircie à venir. Le vent semble vouloir nous faire décoller, pour rejoindre les oiseaux de mer qui nous survolent.

 

 

Plus tard, nous rejoignons Mimizan où un chaleureux restaurant nous accueille. Notre amour du voyage nous rapproche, malgré nos différences, et le repas se prolonge. Je sais qu’il va falloir bientôt interrompre ce moment, alors que notre discussion pourrait durer si longtemps.

15 heures. Vient l’heure de la séparation. Je laisse Jef et ses derniers kilomètres avant sa Vendée.

Quant à moi, je hausse le rythme pour arriver à l’heure à la sortie de l’école de Manon. Ma Titine se plie de bonne grâce à ma demande, efface les voitures et les camions trop lents qui pourraient nous retarder. Sa douceur fait merveille sur les routes glissantes.

17 heures, je stoppe la moto, ferme le robinet de mon graisseur de chaîne, rentre au garage. Mes bottes ont fini par laisser passer un peu d’eau, ma combi de pluie aussi.

Le compteur a franchi le cap des 60 000 kilomètres peu avant Pau.  Comme une invitation à aller chercher celui des 70 000 kilomètres.

 

J’ai des envies de lointain qui m’enveloppent. Je n’aurais pas dû aller à la rencontre d’un voyageur….