Elle était beige, d’une telle discrétion qu’elle se confondait presque avec la mur de ma concession contre lequel elle était béquillée. Pourtant, je ne le savais pas encore, elle allait être à l’origine de grands moments dans ma vie de motard.
Elle portait un beau nom, Transalp, qui donnait des envies d’aller voir de l’autre côté des montagnes
En ce début d’année 1993, j’avais été à deux doigts, quelques semaines auparavant, de craquer pour une moto qui me faisait tant rêver, à l’époque, la BMW 100 GS Paris Dakar. Elle incarnait le voyage à elle toute seule, avec son cardan, son énorme réservoir, ses équipements de qualité.
Après une visite chez mon banquier, j’étais retombé sur terre. Si je me souviens bien, le prix était de 63 000 francs à l’époque. En refusant de céder alors aux sirènes des organismes de crédit, je ne savais pas encore que je m’ouvrais à des perspectives de voyage encore plus importantes.
C’est un coup de téléphone de mon mécano préféré qui m’avait donné envie de voir cette Transalp d’occasion.
« Va l’essayer » m’avait-il simplement dit en me tendant les clefs, sûr de lui. Une demi-heure plus tard, j’étais revenu, conquis.
J’avais rapidement pris ma décision en allégeant mon compte de 20 000 francs.
C’était une période où je roulais beaucoup et ma moto, après 20 000 kms effectués en 5 ans, comprit très vite qu’elle allait devoir assurer un rythme plus soutenu. Ce qu’elle fit de bonne grâce. Je louais son confort ; sa douceur et ce moteur bien plus efficace qu’il ne le laissait paraître.
Sacoche de réservoir Briant, porte bagages Grand raid Bottelin Dumoulin avec les sacoches et le top case , poignées chauffantes, je l’équipai rapidement pour ce qu’elle était : une grande routière apte à m’emmener partout, par tous les temps, avec une bonne volonté évidente.