Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Quatrième partie:1993-2007 (2014-....), le bonheur motocycliste ou quatorze années (et plus....) au guidon de mes trois (quatre... cinq) Honda Transalp - Une belle histoire qui redémarre

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5 octobre 2014.

De Pau jusqu’à ce petit village de Dordogne, entre Bergerac et Périgueux, il y a 260 kilomètres.
Pour s’y rendre, une route avec de trop nombreuses lignes droites, entrecoupée de trop rares portions sinueuses, à mon goût.

Ce samedi matin, après avoir consulté la carte Michelin, (ma préférée, la version jaune, qui détaille les voies les plus étroites), je décide de rallonger un peu l’itinéraire. En partant plus tôt, je serai à l’heure pour le repas de midi.
Pendant que le moteur chauffe, je me baisse pour ouvrir le robinet de mon nouveau graisseur de chaîne que j’ai installé il y a deux semaines. Je tâtonne encore un peu dans le réglage du débit idéal, mais je commence à l’apprécier lorsque je regarde ma chaîne, toujours légèrement huilée.

La nuit est en train de tirer sa révérence lorsque je quitte le quartier calme et désert. En haut de la côte de Morlaas, je rattrape une Harley Davidson, modèle Sporster. Le gars semble avoir le même rythme que moi et je reste derrière lui. Pas trop longtemps quand même car, à priori, une Harley, ça se balance moins facilement qu’une Transalp et je le recolle dans tous les virages un peu serrés. Qu’à cela ne tienne, une impulsion un peu plus prononcée sur la poignée de gaz et je le dépasse en le saluant. 

Peu après, je bifurque vers cette belle petite route, qui alterne les passages sur les coteaux, avec les Pyrénées en ligne de mire, et les descentes dans les parties boisées. La brume s’invite, par intermittence, discrète, juste pour magnifier le paysage automnal.

La route est parfois bosselée et je loue les grands débattements de ma moto. La circulation est nulle et je prends mon rythme. Dans le rétroviseur, j’aperçois le phare de la Harley qui reprend du terrain dans les lignes droites. 

Rabastens de Bigorre : je fais une courte halte chez des amis, le temps d’un petit thé.

 

 

 

 

Ensuite, c’est le soleil qui s’élève dans le ciel, les routes secondaires prises, moitié avec l’aide de la carte, moitié en suivant mon instinct. J’évite ainsi les grands axes, parfois j’en traverse un. Je me régale, bercé par le ronronnement discret de ma Transalp. 

 

 

 

Comme souvent, je me sens de mieux en mieux au fil des kilomètres ; j’ai besoin de temps pour atteindre la plénitude dans mon pilotage. Le bonheur de rouler se renforce. Je n’ai d’ailleurs plus envie de faire des pauses, juste quelques arrêts rapides pour une photo, mais rien d’autre. 

 

 

 

 

De temps en temps, dans mon horizon, surgit un village. Je le traverse paisiblement, admirant quelques belles bâtisses. Puis, je retrouve ma vitesse de croisière, juste équilibre entre la lenteur et une vitesse excessive, qui me permet de piloter et non conduire, mais sans être en décalage avec mon environnement. Une douce jouissance. 

 

 

 

 

Sur cet itinéraire, les ronds-points, les zones commerciales, les feux rouges sont aux abonnés absents ; les radars aussi !

Vers la fin du parcours, je retrouve la rocade qui contourne Bergerac mais je la quitte bien vite pour m’enfoncer dans les vicinales boisées pour conclure en beauté ma petite balade.

 

 

 

 

 

J’arrive devant la maison, coupe le moteur. 


Ma Transalp est posée sur sa béquille latérale. Je la trouve encore plus belle après ces presque cinq heures de route buissonnière. 

 

 

 

19 octobre 2014.

 

La route est bosselée. Elle rentre dans la catégorie des revêtements ignorant ce qu’est la planéité. Je me rends de Tarbes à Pau et j’ai décidé de prendre cet itinéraire, pas très rectiligne, faisant confiance à mon GPS personnel, niché dans mon cerveau, nourri depuis bien longtemps par mes voyages réguliers. Aussi efficace qu’un Garmin machin chose ou Tom Tom bidule, quelque chose entre l’instinct, le sens de l’orientation, le ressenti et l’observation de son environnement.

La route est étroite, monte puis descend, traverse de très beaux bois, offre toutes les variétés de virages.

Je suis parti doucement et j’ai progressivement accéléré le rythme, mis en confiance par le train avant. Il efface toutes les inégalités, je sens bien qu’il travaille, mais la fourche, la roue de 21 pouces, les rayons souples absorbent tous ces petits chocs. 

Même les épingles à cheveux parsemées de trous et de bosses ne m’inquiètent pas ; la Transalp virevolte au gré d’une impulsion sur le guidon, d’un mouvement du bassin.

Je profite des courtes lignes droites pour admirer furtivement le paysage mais c’est avec délectation que j’aperçois au loin la prochaine série de virages, essayant de la lire au mieux pour préparer mes plus belles trajectoires, dans ce style coulé, dénué de freinages violents, que j’affectionne tant. 

Je m’applique à passer les vitesses le plus proprement possible, et la boîte douce et précise de ma moto me facilite la tâche.

J’ai le sentiment de survoler les obstacles, de maîtriser le moindre centimètre carré de goudron. Aujourd’hui, je sais que ce sentiment de plénitude va m’accompagner tout au long du parcours. La route est mon amie.

Au fur et à mesure que je m’approche de Pau, la vue se dégage, les champs remplacent les forêts, les Pyrénées se montrent, au loin, dans la brume de chaleur qui les enveloppe. 

Je savoure ces derniers kilomètres, j’écoute le doux chant du V-twin qui m’a accompagné dans ces cinquante kilomètres de bonheur motocycliste.

Je bifurque sur la droite, dans l’impasse du quartier, j’arrive devant le garage, je déploie la béquille latérale avant l’arrêt total de la moto qui se pose dessus dans un tempo bien maîtrisé.

Une courte virée, mais avec un bonheur infini ; j’ai bien fait de renouer avec la Transalp ! 

 

 

 

 

25 octobre 2014.

Après une semaine au boulot chargée, j'avais besoin de m'aérer la tête.

Au lieu de prendre la route habituelle,pour me rendre à Tarbes, j'ai pris la direction du sud. La vision des Pyrénées en fin de journée m'a tout de suite requinqué, je me suis laissé porter par mon envie, j'ai atteint le piémont, emprunté les petites routes désertes, celles qui font le lien entre la montagne, toute proche, et la plaine, au loin.

La lumière était belle, les routes parsemées de feuilles mortes et de bogues de châtaigniers; parfois, l'herbe s'invitait sur le goudron fatigué. J'étais heureux, l'atmosphère était paisible, je laissais le V-twin s'exprimer dans les bas régimes, tranquillement. L'air était étonnamment doux.

Je suis arrivé à Tarbes en pleine forme, après 100 kilomètres de tours et détours au lieu des 40 kilomètres nécessaires par la nationale.

Que c'est bon une simple balade en moto!