Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda Africa Twin, la porteuse de rêves. - Impressions d'un motard lambda

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 J'aurais pu rajouter « et adepte des trails » au titre.

Car, après avoir longuement patienté, j’ai enfin pu prendre le guidon de cette Africa Twin nouvelle
génération pendant un peu plus de 1000 kilomètres (230 kms avec la boîte DCT, 850 kms avec la
boîte standard).

Si j’utilise le terme de motard lambda, c’est pour me démarquer des essayeurs professionnels qui
outre le fait qu’ils possèdent des qualités de pilotage que je n’ai pas, poussent les machines qu’ils
testent dans leurs derniers retranchements. Les conclusions qu’ils en tirent peuvent donc être
sensiblement différentes des miennes.

Pour ma part, je ne ressens pas le besoin de solliciter le moteur près de la zone rouge, je dirais
même que je ne vois pas comment il me serait possible de le faire avec une moto de 95 chevaux. Je
suis d’ailleurs étonné quand j’entends un motard, revenant d’essayer cette Africa Twin dire que, à
188 km/h, il n’avait pas encore passé la 6ième ! Mon corps, ma conscience, m’interdisent d’aller au-delà
de certaines limites sur route ouverte.

C’est pour cela que je suis plus sensible à la façon dont est délivrée la puissance à bas et moyen régimes  
qu’aux performances dans l’absolu. C’est ainsi que je n’ai pas dépassé les 6000 tours/minute durant ces
1000 kilomètres et, la plupart du temps, je me régalais
des reprises, en sortie de virages, entre 2 et 4000 tours/minute. Et, quand je voyais la rapidité avec
laquelle la moto prenait de la vitesse, je me disais que la belle courbe de couple mesurée au banc montrait
là toute sa signification.

C’est d’ailleurs en premier lieu le moteur de l’Africa Twin qui recueille tous mes suffrages. J’ai beau
chercher, je ne vois rien à rejeter. Souple, coupleux, puissant mais dans la douceur, discret car ne
vibrant pas, avec en plus un très beau bruit, il est vraiment un compagnon idéal. Si en plus il est
accouplé à la boîte DCT, il est tout proche de l’idéal pour moi.

Cette moto possède également d’excellentes qualités routières et j’ai pu vérifier que le châssis, les
suspensions et les freins offraient un ensemble vraiment très homogène. Mais c’est surtout sur le
ressenti éprouvé au guidon que je voudrais insister et c’est là encore que je me différencie des
essayeurs professionnels. Ces derniers, quelle que soit la moto, en parlent de manière rationnelle,
objective.

Mais, je trouve qu’ils n’insistent pas assez sur l’inadéquation éventuelle de tel modèle avec
tel motard. Je pense à la Yamaha Tracer 900 qui, encensée par la presse, m’a rebuté au moment de
mon essai. J’ai trouvé qu’elle avait un moteur trop réactif, qui m’empêchait de mener mon rythme
de conduite, qui me l’imposait. Or, chez les journalistes, on note surtout que c’est un moteur très
plein, avec une puissance arrivant très bas dans les tours. D’où l’intérêt de se faire son opinion en
allant essayer la moto chez le concessionnaire.

Sur l’Africa Twin pour en revenir à celle qui m’intéresse, j’ai eu justement un ressenti parfait,
provoqué par la fine roue avant de 21 pouces qui génère un comportement spécifique que j’adore,
mais aussi aux grands débattements de suspensions qui épousent les inégalités de la route, ce qui est
très sécurisant en entrée de virage par exemple alors que les trains avant des motos modernes sont
trop réactifs, trop vifs, renvoyant fermement les chocs dans le guidon. Bien sûr, ces trains avant
permettent de prendre des angles impressionnants …. mais sur route bien lisse, bien propre, bref
dans des conditions idéales que l’on rencontre peu souvent au quotidien.

De toute façon, je ne vais jamais chercher la limite.

Sur l’Africa Twin, j’ai retrouvé la sérénité que j’ai au guidon de ma Transalp
avec cette absorption des chocs si agréable sur les petites routes parfois en mauvais état que j’aime
fréquenter. Il y a également cette auto-stabilité naturelle à très faible vitesse, quasiment à l’arrêt,
très plaisante dans les évolutions au pas, en ville.

Enfin, il y a le confort. Cela fait longtemps que j’ai constaté que la position de conduite sur la moto
était essentielle sur ce point et que les trails offraient cela. Je les compare, dans le domaine des
quatre roues, aux monospaces qui, avec cette position surélevée permettant d’avoir les jambes bien
dépliées, sont très reposants sur longs parcours. Les grands débattements de l’Africa Twin qui effacent
en douceur les inégalités de la route, complètent le tableau pour offrir un excellent niveau de confort.

Sur cette moto, comme sur beaucoup de Honda, il y a tout un ensemble de petits détails
qui, mis bout à bout, participent à ce niveau de confort. Car, tout est douceur sur cette moto,
l’embrayage (pour la boîte manuelle), la poignée de gaz ; le levier de freins. La boîte DCT est
également source de tranquillité car elle s’occupe de tout. Au final, on conduit ou on pilote sans
effort, tant tout est facile.

J’ai retrouvé dans cette Africa Twin les gênes de ses grandes sœurs qui, à l’époque où elles sont arrivées
sur le marché français, avaient une longueur d’avance sur leurs concurrentes de l’époque.

Ma conclusion de motard lambda est que je me sens tout simplement bien sur cette moto. Elle n’est
peut-être pas assez rigoureuse en pilotage très sportif, mais cela ne m’arrivera jamais de la mener à
un tel rythme et, pour ma part, j’ai été surtout sensible à sa douceur et sa grande facilité de conduite,
elle sera sûrement un peu lourde en tout-terrain,

mais je la vois plus comme une bonne compagne de voyage, à l’instar de ma Transalp, prête à affronter
les routes défoncées et les pistes plus ou moins roulantes que l’on peut trouver dans certains pays ;
son moteur manquera d’explosivité à hauts régimes comme ont pu e noter certains adeptes de pilotage sportif
mais, avec déjà 90 chevaux à 6000 tours/minute, je suis sûr que je ne
dépasserais jamais cette limite, sauf exception, et que, par contre, le généreux couple à bas et
moyen régime ainsi que la belle progressivité dont il fait preuve me conviendraient parfaitement.

Les consommations entre 4,5 litres et 4,8 litres que j’ai vérifiées lors de mon essai complètent finalisent
un ensemble mécanique qui se rapproche de mon idéal.

Il n’y a plus qu’à espérer une fiabilité au-dessus de tout soupçon mais, vu l’énergie déployée par
Honda pour relancer ce modèle mythique et le temps passé à sa conception, on peut
raisonnablement penser que cela devrait être le cas.