Samedi 23 janvier 2016: Je ralentis à l’approche de la concession. Devant le magasin, je vois Philippe discuter avec deux clients. Je béquille la VTR 250, coupe le contact. Je suis ému et impatient à la fois. Aujourd’hui, je viens prendre possession de la nouvelle Africa Twin pour le week-end. Après un grandiose mais trop court essai du modèle DCT, c’est une boîte mécanique qui m’attend. Il y a trois jours, je recevais un mail avec ces quelques mots : « Nous avons reçu hier mardi la blanche tricolore. Si tu veux roder dimanche et lundi, il fait super beau ». Bien sûr que je voulais la roder, cette moto ! J’en rêvais !
D’ailleurs, la nuit dernière, j’ai eu du mal à dormir, et à 3 heures du matin, je me voyais attaquer le Port de Larrau avec cette moto. C’est pendant cette période d’insomnie que le titre de mon article m’est apparu. Car cette Africa Twin me parait dans la lignée de sa grande sœur. Elle a comme référence le passé et elle a su rester simple, en refusant de céder à cette tendance technologique souvent inutile, qui ne fait que compléxifier les motos actuelles, avec des risques de pannes supplémentaires. Pas de cadre alu, pas de commande de gaz ride by wire, pas de suspensions pilotées, ….. J’applaudis des deux mains ce choix.
Je salue Philippe. Au même moment, un motard revient d’un essai avec la rouge, celle qui était à Barcelone. Puis, c’est au tour de la blanche qui a déjà parcouru 200 kilomètres dans la journée. Il y a un engouement incroyable autour de cette moto, je ne suis pas le seul à me passionner pour elle. Les discussions vont bon train. Je vois arriver une Transalp avec Yann à son guidon ; lui aussi ne peut s’empêcher de revenir admirer la belle. « Nos Transalp ont soudain pris un coup de vieux » me glisse-t-il.
J’ai maintenant hâte de partir. Délicate attention, Sébastien m’installe les deux sacoches de la DCT. Paré pour le départ.
Philippe me demande quelle hauteur de selle je désire. J’opte pour la haute. Le temps de compter jusqu’à quatre, c’est fait. Un tour d’enfant. Pourtant, Christophe Le Mao, le journaliste de Moto Station avait eu beaucoup plus de mal lors des essais presse en Afrique du Sud ! Je vais lui proposer une formation à la concession de Tarbes.
Je dis au revoir à tout le monde en réalisant ma chance. Une pression sur le démarreur, le twin se réveille dans un bruit grave très plaisant. J’actionne le levier d’embrayage d’une douceur exquise et je décolle en douceur pour m’arrêter 500 mètres plus loin à la station d’essence. Je veux pouvoir vérifier si ce moteur qui m’a déjà dévoilé ses talents, il y a une semaine, ne va pas s’avérer trop gourmand.
Je m’insère dans la circulation de Tarbes. La première chose à laquelle je dois m’habituer, c’est la boîte mécanique. C’est le monde à l’envers ! Depuis le temps que Philippe me prête des motos à boîte DCT, j’ai fini par perdre mes automatismes.
Je quitte la ville par la nationale. Je me dis qu’il faut être raisonnable et rentrer tranquillement à la maison car une longue journée m’attend demain. Mais non, à peine arrivé sur le plateau de Ger, je ne peux résister et prend la route de Pontacq, à gauche. La pénombre s’installe, j’ai la chaîne des Pyrénées devant moi, barrière majestueuse.
Le moteur est impressionnant de docilité. La route est bosselée mais les suspensions effacent les chocs à 120 km/h. La nuit gagne du terrain et je dois composer avec une visibilité plus réduite. Le code est bon et le plein phare puissant. Pour l’instant, je fais connaissance avec la moto et j’apprécie le moteur souple mais, dès que j’ai besoin de dépasser, il répond présent et me projette de 80 à 130 en 6ième en un éclair.
Le bruit est vraiment plaisant, vivant, mais pas envahissant.
Dans les traversées de villages, je reste en 6ième à 2000 tours/minute. Pas d’à-coups, ni de cognements.
Dans les enfilades de virages serrés, je retrouve cette douce vivacité du train avant, sécurisante.
Les ralentisseurs n’en sont pas vraiment avec cette moto. Je me relève légèrement et les suspensions épousent l’obstacle.
J’arrive dans les faubourgs de Pau, la route revient vers l’est et j’aperçois la pleine lune, à peine voilée par une amorce de nuage. C’est elle qui donnait cette douce clarté si agréable, une manière de souhaiter la bienvenue à cette belle Africa Twin.
Dimanche, 7H56 à l’horloge de la moto que je sors du garage. La lune est en train de se coucher à l’ouest, quelques étoiles brillent encore dans le ciel bleu nuit.
Je quitte le quartier silencieux et me laisse porter par ce moteur si onctueux. Je grimpe sur les coteaux de Jurançon avec les Pyrénées en ligne de mire. Pour l’instant, je suis en mode échauffement du pilote et de sa machine. Le moteur excelle dans cet exercice. Le jour est proche. J’aperçois un écureuil qui se faufile entre deux chênes, la route est humide. Je m’arrête pour quelques clichés alors que le soleil sort de son sommeil. Je suis heureux de cette belle journée qui s’annonce.
Je rejoins la route de Lasseube. C’est piégeux avec de nombreuses parties mouillées. Dans de telles conditions, je reste dans la partie basse du compte-tours. Difficile de croire qu’il y a deux gamelles de 500 cm3 qui officient sous le réservoir tant ce bicylindre tracte avec douceur, mais dans un bruit envoûtant.
Après Lasseube, la route devient « secouante » et c’est l’occasion de tester les suspensions. Elles me confirment ce que j’avais pu entrevoir la semaine dernière : souplesse, progressivité. Elles me préservent des chocs.
Je m’attaque au premier col de la journée, celui de Marie Blanque. Je ne pousse pas trop les rapports, la mécanique est toute jeune et, de toute façon, il est rempli, ce twin, vraiment bien rempli. Il me permet de ressortir des virages serrés avec force. Dans la montée du col, la moto se balance aisément de droite à gauche, avec cette faculté des trails de réagir sur une simple poussée du guidon. Je me sens gagné par l’euphorie tant tout me semble naturel sur cette moto. Je suis très bien installé, la boîte de vitesses est précise et douce, le freinage est du même acabit, le pot d’échappement laisse échapper une douce musique mécanique.
Un soleil éclatant éclaire la montagne mais, régulièrement, je traverse des zones d’ombre où la route est mouillée. Je me méfie de ces changements d’adhérence et j’apprécie la faculté d’improvisation de la moto.
Aux alentours de Bedous, j’emprunte la D 441, route sinueuse, étroite, bosselée, avec de larges parties boisées très humides. La moto est très rassurante dans de telles conditions, permet de modifier sa trajectoire instantanément pour faire face à l’imprévu. J’adore cette faculté de s’adapter au terrain. Ce n’est pas dans un tel endroit que j’ai envie de hausser le rythme. Il me faut juste rester vigilant et je loue l’extrême facilité avec laquelle j’arrive à manier la moto. Sur un tel terrain, je sais que ma Transalp est comme un poisson dans l’eau et cette Africa Twin nouvelle génération parvient à faire oublier le poids supplémentaire en se révélant aussi facile. Le moteur joue un rôle important, avec une onctuosité bienvenue qui parvient à me faire oublier qu’il y a bien 1000 cm3 sous le réservoir. Enfin, le freinage très progressif ajoute sa participation à une conduite apaisée.
Après avoir franchi de col de Bouesou, j’arrive au sommet du col de Labays où la neige fait enfin son apparition. Difficile de se croire en hiver devant une telle douceur.
Je retrouve une route plus large, au revêtement impeccable et je hausse le rythme. Ce moteur est un petit bijou, il répond présent dès 2000 tours/minute et prend très vite de l’ampleur, avec une vivacité réjouissante. En plus, avant chaque nouvelle accélération, je sais que mes oreilles vont tomber sous le charme de ce beau bruit bien grave. Honda a vraiment bien travaillé l’acoustique de son nouveau moteur.
Je rentre en Espagne et entame la descente du col de la Pierre Saint Martin où j’alterne les freinages appuyés avant d’engager la moto dans des épingles. La pédale de frein tombe naturellement sous le pied droit et je couple naturellement le frein arrière avec l’avant ; la plongée de la fourche est limitée malgré les grands débattements.
Arrêt dans une station d’essence. Pendant que je fais le plein, je vois deux Espagnols sortir du café pour venir admirer la moto. Ils sont motards et l’un d’eux a possédé une Africa Twin. Ils me posent quelques questions, visiblement attirés par la plastique de cette moto. C’est vrai qu’elle est belle, très belle. C’est ce que je n’arrête pas de me dire à chaque arrêt photo. J’ai appris qu’elle avait été dessinée par les designers dirigés par l’Italien Maurizio Carbonara et c’est vrai qu’elle a un côté latin, une élégance matinée d’un soupçon d’agressivité. En outre, cette version tricolore, avec un blanc pailleté attire la lumière et les regards.
Je rajoute 10,59 litres pour 228 kilomètres parcourus, soit une consommation de 4,64 litres ! Beau résultat.
Peu après, je me perds et me retrouve sur l’autovia. Une vingtaine de kilomètres sur ce ruban insipide me révèle une moto stable. Aidés par des policiers de la Guardia Civil, je retrouve une route déserte avec des courbes à foison. Il n’y a plus les traces d’humidité que j’ai trouvées sur mon chemin depuis mon départ et je me lâche. Je me répète, mais ce moteur est une réussite. Vivant, souple, prévenant, coupleux, mélodieux, il a en outre une complice idéale avec une boîte qui répond au doigt (de pied) et à l’œil. Pour ma part, j’ai une préférence pour la boîte DCT mais l’amateur de boîte mécanique va se régaler avec cette transmission irréprochable.
Les courbes se succèdent pour mon plus grand plaisir et la moto les avale avec aisance. Je suis en totale confiance et j’évite de trop regarder les chiffres du compteur qui m’annoncent régulièrement des vitesses dont je vais dire avec pudeur qu’elles sont au dessus de celles inscrites sur les panneaux routiers….
Cette finesse à l’entrejambes, ce tableau de bord bien intégré, ce tête de fourche étroit, tout cela contribue à me faire oublier que je suis aux commandes d’une 1000 cm3. Le châssis joue un rôle important dans ce comportement sécurisant. Sur cette portion de route, je suis aux anges et je n’ai pas envie de m’arrêter, même pour une belle photo. Cette moto est un modèle d’équilibre.
Pas de chance, le Port de Larrau est fermé et je dois me résigner à rejoindre la France par le col de la Pierre Saint Martin. Le tableau de bord indique 4 degrés mais cette moto a le don de me réchauffer tant elle distille du plaisir à la conduite.
J’ai perdu pas mal de temps et je dois revoir mon programme à la baisse. Je ne traverserai par la forêt d’Iraty aujourd’hui. A Arette, je quitte la route principale car j’ai encore envie de sinueux. Cette Africa Twin a gardé les qualités des trails à l’ancienne et se complait sur ces terrains accidentés. Je finis ma petite virée pyrénéenne par le bois du Bager. Ce n’était peut-être pas une bonne idée tant la route est mouillée, très glissante. J’ai d’ailleurs droit à deux embardées de la roue arrière, vite rattrapées, mais qui me font baisser le rythme …. et monter la tension ! Les suspensions continuent à assurer un travail de qualité.
Me voilà à Pau. Il est 16 heures. Je viens de rouler 8 heures sans pause en dehors des arrêts photos et je ne ressens pas de fatigue particulière.
Un deuxième plein : 11,69 litres pour 260 kilomètres soit 4,49 litres aux 100 ! Si ce moteur se révèle en plus économe, il va être difficile de lui trouver des défauts.
Il me faut être à Castelsarrasin ce soir. Je m’accorde 45 minutes de repos et reprends la route. J’évite les grands axes trop ennuyeux et trop surveillés. La moto est un appel à la liberté. Morlaàs, Lembeye, Marciac, Mirande. Quatre vingt dix kilomètres variés, avec des dénivelés, qui promettent du plaisir.
Je me sens comme à la maison sur cette moto qui a gardé l’esprit trail dont je suis un adepte convaincu depuis de longues années, puisque j’ai débuté sur une XLV 750 en 1990. En ville, je retrouve d’ailleurs cet équilibre que j’aime tant sur ma Transalp, cette faculté à rouler au pas en gardant les pieds sur les repose-pieds.
La montée sur Lembeye est un régal, la moto se dirige d’un simple regard sur la sortie du virage et je retrouve cette qualité que j’apprécie tant sur les Honda, cette connexion à la fois directe et douce entre la poignée de gaz et le moteur,une injection bien calibrée, qui répond instantanément aux ordres du pilote, sans aucune brutalité. Pourtant, la cavalerie est bien présente sur cette Africa Twin , mais jamais je ne me suis senti débordé par la moto. C’est vraiment une marque de fabrique du constructeur japonais.
Je ne vais pas tarder à retrouver la route nationale qui mène à Auch. Au-delà des qualités indéniables de la moto, je ressens comme une complicité entre nous, car nous parlons le même langage.
Dans la traversée d’Auch, je me faufile entre les voitures. La bagagerie d’origine Honda est bien intégrée et ne génère pas une largeur trop importante. Elle se fait oublier. Bien sûr, côté pot, la sacoche voit son volume amputé et il conviendra de voyager léger. La nuit s’installe et le tableau de bord prend une teinte bleutée très agréable. Il a une position verticale qui permet une lecture rapide.
Je quitte la ville et la nature m’offre un cadeau dont elle a le secret avec une lune rouge qui semble sortir de terre, à l’horizon.
Avec la nuit, je ne vois plus la moto, je la ressens et, alors que, pendant une dizaine de kilomètres, je me contente de suivre le flot de voitures vers Mauvezin, je pourrais me croire sur ma Transalp. Même position de conduite, même finesse, moteur pareillement onctueux mais que je sens vivre, sensibilité identique du train avant.
Cette moto est, je ne sais comment dire.... évidente. C’est le terme qui me semble le plus approprié. Dans la droite ligne de la Transalp et l’Africa Twin de la fin des années 80, elle arrive en 2016 et m’apparaît comme une évidence. Le résultat que je chevauche depuis ce matin ne pouvait pas être autre, avec une somme de détails, de technologie maîtrisée, une parenté jamais oubliée dont elle s’est manifestement inspirée, sans la copier, en gardant sa propre personnalité. J’adorerais pouvoir discuter avec celles et ceux qui ont œuvré pendant quatre longues années pour lui donner naissance. Il a dû être difficile de garder à l’esprit cet équilibre entre le passé et le présent, de trouver le ton juste, de marier tradition et modernisme. Je pense que le travail fut énorme pour parvenir à un tel résultat, un si juste équilibre.
Après ces quelques kilomètres paisibles, je décide de me dégager de cette dizaine de voitures. Je n’aime pas trop subir le rythme. Pas de problème, une rotation de la poignée de gaz et la moto bondit. Plus personne à suivre, c’est maintenant moi qui mène la barque. La moto éclaire bien avec un bon code et un plein phare puissant et dont la lumière blanche est très reposante. Il est 20 heures, j’arrive à Castelsarrasin. Cela fait 12 heures que je roule et je n’ai pas de douleur aux fesses. La selle se révèle elle aussi prévenante pour le pilote.
Lundi matin, cinq heures de route m’attendent, mais en voiture, ainsi que deux heures de formalités administratives. Ce n’est donc qu’à 15 heures que je retrouve mon Africa Twin. Il était temps, je commençais à être en manque ! Je pars tranquillement en laissant le moteur monter en température. Le thermomètre indique 15 degrés ; ce n’est pas aujourd’hui que l’hiver va s’installer.
La moto s’engouffre dans les premiers virages avec une gourmandise évidente. Elle aime ça, la bougresse. Cela tombe bien, moi aussi !
Dans les traversées des villages, je teste la souplesse du moteur. Ce dernier permet de reprendre à 60 km/h en 6ième, 50 en 5ième et vers 35 km/h en 3ième. Je réalise soudain que je n’avais pas noté qu’il était exempt de fourmillements et autres vibrations ; on le sent juste vivant sous le réservoir, mais il évite de gêner le locataire du dessus ! Il possède un souffle qui semble inépuisable. Je n’ai pas tutoyé la zone rouge par respect pour la mécanique toute jeune mais aussi parce que je n’en ai jamais eu envie, et ce n’est de toute façon pas nécessaire tant il tracte avec vigueur. La lecture du passage au banc d’essais montre une puissance de 55 chevaux à 4000 tours/minute et 90 chevaux à 6000 tours/minute, quasiment la puissance maximale. Cela se ressent au guidon ; quand on pousse les rapports à 6000 tours/minute, ça pousse très fort et on arrive à des vitesses excessives en un laps de temps très court.
Un nouveau plein d’essence montre que la sobriété est bien là, avec une moyenne de 4,78 litres (10,63 litres pour 222.3 kilomètres). Je sais que j’ai la réputation d’avoir un style de conduite coulé plutôt économique, mais les résultats sont flatteurs.
Après Auch, je décide de changer d’itinéraire et de rejoindre Castelnau Magnoac. Les trente premiers kilomètres sont une véritable punition avec une ligne droite sans fin. Heureusement, la suite est plus réjouissante ; ça monte, ça descend, ça tourne. J’ai même droit à la montée d’Osmets, théâtre d’une célèbre course de côte dans le département. Ce sont nos derniers kilomètres ensemble, mes freinages deviennent plus appuyés, j’accélère plus franchement pour me délecter encore un peu plus de ce beau bruit, je balance la moto avec un peu plus de vigueur. Je voudrais juste, pour que le tableau soit parfait, pouvoir jouer avec les vitesses au moyen des gâchettes de la boîte DCT. Car je n’ai aucun doute sur le choix qui serait le mien si je pouvais acheter cette magnifique moto. Je la voudrais dans ce coloris superbe (j’ai d’ailleurs remarqué tout au long de ces 850 kilomètres les nombreux regards intéressés) avec la boîte double embrayage.
Je m’arrête à Tarbes pour laver la moto qui porte les traces des routes montagneuses d’hier. Tout en la nettoyant, je cherche les défauts de cette nouvelle Africa Twin. Exercice difficile tant je suis séduit. La hauteur de selle peut-être ? Oui, mais j’avais la possibilité de la mettre en position basse. La bulle ? C’est bien la première fois que je ne ressens pas la nécessité de la remplacer par une plus haute. Elle protège bien et ne provoque pas de remous. Les pneus ? Dans le bois du Bager, mes deux alertes m’ont refroidi mais je n’ai pas su s’il fallait les imputer aux pneus ou au revêtement particulièrement glissant. J’ai un doute. Non, même en me creusant la tête, je ne vois rien à rejeter. Tout en la nettoyant, je note que le garde-boue avant a bien joué son office. Si j’en avais une, je redresserais un peu le guidon, mais ce n’est pas un défaut, juste un réglage.
Un dernier plein bien mérité pour la belle tricolore. 6,49 litres pour 143 kilomètres, soit 4,54 litres de moyenne. Non, décidément, je n’aurai pas réussi à dépasser les 5 litres aux 100.
Certains vont me dire « Et quid de la partie tout-terrain? ». Je les renverrais à mon tout premier essai effectué en catimini au mois d’août 2015 sur les pistes marocaines mais, s’ils insistent, je veux bien renouveler l’expérience avec un modèle commercialisé. Une petite semaine devrait suffire pour avoir un avis éclairé.
« Allo, Philippe, il y a encore quelques petits détails qui m’ont échappé…. ».
PS: Trois jours après mon essai, je réalise à quel point cette moto répond à mes attentes. Elle m’a fait rêver lors des longs mois qui ont précédé son arrivée dans les concessions et le charme ne s’est pas estompé, loin de là, quand j’ai enfin pu en prendre le guidon.
Je dois avouer qu’elle m’a comblé et que, durant les 1000 kilomètres parcourus avec les deux modèles, je n’ai rien trouvé à redire, si ce n’est sur des points de détail. C’est essentiellement l’ergonomie des commodos que je critique. Cela fait maintenant plusieurs années que Honda a décidé de modifier leur disposition et j’ai toujours du mal à m’y faire. Sur cette Africa Twin, le bouton de démarreur est bizarrement placé, et le maniement de celui de l’appel de phare n’est pas instinctif, mais c’est surtout le klaxon que je cherche les rares fois où j’en ai besoin. Le compte-tours mériterait d’être plus lisible également.
Sinon, pour moi, on frise le sans faute. Le bicylindre réunit toutes les qualités que j’attends d’un moteur et il se révèle de surcroît économique avec des consommations étonnantes. Il est en outre secondé par une boîte de vitesses douce et précise, mais je suis devenu un adepte de la transmission DCT qui offre tant de possibilités. Suspensions au top, châssis du même tonneau et freinage puissant mais pas agressif, bon confort avec une position de conduite qui me convient parfaitement et une bulle suffisamment protectrice.
Ma plus grande interrogation concerne les pneus. Mes deux amorces de glissade ont eu lieu sur une route boisée, bosselée et mouillée avec un revêtement changeant. J’ai un doute sur ce qui a provoqué cette embardée ; un changement d’adhérence ou des pneus moins performants sur le mouillé ?
En reprenant ma Transalp hier au soir, j’ai pu me rendre compte que cette dernière se manoeuvrait plus aisément grâce à ses 28 kilos de moins. Dès qu’on roule, par contre, la différence de poids se fait oublier. J’ai d’ailleurs eu ce sentiment très fort d’être au guidon de la fille des Transalp-Africa Twin tant j’ai ressenti une continuité entre ces deux générations de motos.
Ma conclusion est que cette nouvelle Africa Twin correspond à mon idéal motocycliste …. à un détail près, son prix. En 2018, un nouveau voyage de quatre mois nous attend et il nous faut patiemment économiser durant les deux années qui suivent. Mais, comme me l’a dit Philippe, à notre retour, il y aura des occasions sur le marché. En attendant, je vais me contenter d’avoir le plaisir de croiser, de temps en temps, sur ma route, les Africa Twin des heureux propriétaires qui ne devraient pas tarder à profiter de leur monture.