Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Sixième partie: Honda Paneuropean + EML GT3: le "camion" - Premiers tours de roues

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Jeudi 1er décembre: je suis dans le train, situation peu courante pour moi, plus enclin à me mettre  au guidon d'une moto qu'à fréquenter les halls de gare. Richard m'attend à l'arrivée, à Saintes.

Après une nuit chez mes amis, voilà venir LE moment, celui où je monte sur notre side-car rouge, bichonné par les mains expertes de Richard.

A allure réduite, tendu, je prends la route. Bon, ce n'est pas gagné, j'ai, semble-t-il, tout oublié de mon expérience passée au guidon d'un attelage, entre 1986 et 1989 exactement. Heureusement, la pluie de la nuit a cessé et la lumière est belle, entre nuages et soleil.

 Honda Paneuropean EML GT1

Honda Paneuropean EML GT1

Honda Paneuropean EML GT1

Honda Paneuropean EML GT1

Honda Paneuropean EML GT1

Honda Paneuropean EML GT1

 

J'arrive chez le frangin, après 140 kilomètres, aussi fatigué qu'après une journée complète de route en moto, et ce n'est pas seulement à cause du rhume qui s'installe!

Le lendemain, encore une cinquantaine de kilomètres, toujours sous tension et, enfin, j'arrive chez Choda, pour suivre mon stage de conduite.

 

Marie Choin me prend en main.... en me dirigeant vers le pré voisin, alors que la pluie s'installe. Je vais consciencieusement le labourer, sous la direction de ma "prof", très efficace, notant tout de suite ce qui ne va pas et, surtout, sachant ce qu'elle doit faire pour faire rentrer dans ma petite tête les solutions à mes problèmes.

Et, ça marche. Peu à peu, je me détends, je comprends mieux comment ça fonctionne, un trois roues.

Le soir, la fatigue s'installe doucement devant un bon repas ( c'est qu'elle cuisine bien, Marie!). Peu avant, j'ai pu voir Albert Choin à l'oeuvre sur un side-car qu'il est en train d'installer sur une Moto Guzzi. Calme, efficace.

 

 J'ai aussi pu admirer deux de ses réalisations. vraiment du beau boulot.

 

Et le retour à la maison s'effectue en toute sérénité, détendu mais je ne relâche pas mon attention car j'ai conscience qu'il va me falloir du temps pour maîtriser la bête , ses 500 kilos et 2 mètres de large.

 Conduire une moto m’est devenu un acte naturel. Que ce soit au guidon d’une frêle 125 ou d’un gros cube. C’est comme pour respirer, je n’ai  pas besoin d’y penser.

800 000 kilomètres en moto m’ont patiné au point qu’un deux roues motorisé devient mon prolongement. Et c’est une sensation très agréable.

Mais, depuis deux semaines, terminé ce doux sentiment de faire corps avec sa machine, je suis redevenu un pilote débutant, attentif, très vigilant, tendu parfois, perplexe aussi de temps en temps.

La raison, c’est cette masse de 500 kilos qui semble vouloir me dire qu’elle ne va pas se laisser dompter comme ça, que je vais devoir la mériter et que, malgré les premiers frimas de l’hiver, elle va me faire transpirer sous mon casque et mon blouson.

Après six cents kilomètres parcourus, je dois reconnaître que je suis loin d’avoir tout compris de cet engin anti-mécanique au possible.

Pensez, vous prenez une moto dont la finalité est de pencher pour enchaîner les virages de la route et vous la forcez à rester droite en lui attachant une caisse toute bête à ses côtés. En lui disant : « Voilà, roule maintenant, et  bien droit s’il te plait ! ».

Alors, c’est bien naturel, elle se rebiffe comme un cheval sauvage que l’on monte pour la première fois en lui  faisant comprendre que, dorénavant, il ne pourra plus vaquer en liberté dans les grandes prairies.

Elle montre son désaccord, par des réactions bizarres, un peu inquiétantes pour son pilote. Et ce pilote, c’est moi, qui, prudemment, essaie d’oublier tout ce qu’il a appris au cours de ces trente années de deux roues. Et  ce n’est pas facile.

Hier au soir, sur le plateau de Ger, peut avant minuit, j’ai réalisé ce qui faisait blocage chez moi. Que ce soit au volant d’une voiture (berk !) ou d’une moto, c’est à un tout indissociable que j’ai affaire. Là, étrangement, je sens que je suis aux commandes de deux entités autonomes qui, contraintes et forcées, doivent tailler la route ensemble. Il y a d ’un côté la moto, avec son moteur, sa transmission, son guidon, bref tout l’équipement qui peut lui laisser croire qu’elle est en position dominante et, à côté, cette malheureuse caisse, avec son petit pneu de 2 chevaux, son frein riquiqui, qui, sous son aspect discret, affirme son caractère à tout moment, lorsque la route se fait bosselée, dans les virages, au freinage. C’est l’histoire de deux êtres condamnés à vivre ensemble, une liaison contre nature.

Et, moi, pauvre motard esseulé, je me retrouve à subir les conséquences de cette relation non désirée…