Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Le bonheur est dans le voyage ou une Transalp autour de la méditerranée

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France, Tunisie

Jeudi 12 mars 1998 : Une pression sur le démarreur. Le moteur de la Transalp se réveille. Ca y est ! Mon voyage peut commencer. La tension qui avait peu à peu grandi au cours de ces 6 mois de préparation s'évanouit enfin. D'un seul coup, oubliés les formalités sans fin, les petits problèmes mécaniques de dernière minute et le doute qui s'insinuait en moi face à ce voyage en solitaire qui me paraissait soudain inaccessible.

Fenêtre de café en Egypte

 

 


Les premiers kilomètres se font à un rythme hésitant, le temps de s'habituer au chargement, avec, dans le rétroviseur, le phare de la 650 SLR de Charles et Danielle qui m'accompagnent jusqu'en Tunisie. En attendant le soleil africain, c'est sous la pluie, la neige et le mistral glacial que nous atteignons Istres.

Le lendemain, l'émotion monte d'un cran lors de l'embarquement sur le port de Marseille. J'ai récupéré mon passeport, muni des trois précieux visas, deux heures avant le départ du bateau. Il était temps !
Le bateau tangue un peu, au gré de la houle, le soleil nous accompagne. Je me sens fatigué après le sprint final qui a précédé le départ. Mon cœur bat de plus en plus fort ; j'ai hâte d'arriver à Tunis et de filer plein sud.
Surprise pour notre première journée, il fait froid et nous arrivons à Kairouan, à la tombée de la nuit revêtus de nos combinaisons de pluie. D'ailleurs deux motards flics nous ont arrêtés aujourd'hui : ils voulaient discuter....... et aussi nous demander une paire de gants. Les pauvres roulent mains nues sur des BMW guère reluisantes !

La douceur de Kairouan au petit matin vaut bien le petit effort de se lever aux aurores. C'est un moment privilégié de marcher dans la ville encore endormie, où seuls les chats et quelques rares habitants sont présents ; les façades des maisons teintées de ce bleu dont les Tunisiens raffolent sont superbes sous la lumière naissante.
A 10 heures, j'ai le cœur en joie en remontant la rue principale avec ma moto ; je regarde les gens s'activer autour de nous, chacun à ses occupations, la ville entame sa journée et, nomades des temps modernes, nous partons vers de nouvelles rencontres avec cette douce incertitude du voyage.

L'île de Djerba nous accueille avec ses contrastes : des complexes hôteliers en veux tu en voilà qui défigurent la côte et le calme de l'intérieur des terres où nous passons la semaine dans la maison de Rachid. De là, nous rayonnons dans le sud du pays. D'abord le beau village de Matmata, avec ses étonnantes maisons troglodytes enterrées et ses pistes dans un décor lunaire; puis le Chott El Jerid, ancien lac salé et la surprenante vision d'un mirage, Tozeur et sa magnifique palmeraie; Tamerza, oasis de montagne tout près de la frontière algérienne; enfin, Douz et ses dunes, son parfum de désert, la rencontre avec Mohamed, homme d'une grande sagesse qui nous tient en haleine toute la soirée avec ses histoires.



Dimanche 22 mars 1998: Je me suis installé sur le mur du jardin pour profiter des derniers rayons du soleil. Devant moi, quelques enfants jouent autour des maisons, au milieu des moutons, chèvres et poules, le village est entouré d'oliviers et de palmiers, le figuier du jardin se développe de jour en jour, les fleurs aussi ; le printemps est là. La moto est prête pour le départ du lendemain ;j'ai du mal à imaginer que, dans 24 heures, je serai seul sur le sol libyen. J'ai le sentiment d'un grand saut vers l'inconnu.