Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

BMW R 1200 GS. Retour aux sources?

 

 

J'ai encore en tête le premier essai de la  BMW R 80 GS  que j'avais lu dans Moto Journal, mon hebdo favori. En couverture, une photo de la nouvelle moto allemande et un titre rempli de promesses: "le chef d'oeuvre BMW".

Christian Lacombe, journaliste émérite de Moto Journal, avait été plus que séduit par le premier trail de la marque allemande et moi aussi par la même occasion. 1980 marquait mes débuts motards avec une 125 cm3 mais je me disais que, peut-être, plus tard, c'est au guidon d'une telle moto que je me lancerai dans mes voyages.

 

 

Et, en 1993, j'ai failli  basculer dans le monde bavarois avec la R 100 GS Paris Dakar. Elle me donnait l'impression de pouvoir m'emmener au bout du monde et, après avoir effectué quelques voyages africains, je me serais bien laisser tenter par ce flat twin en apparence infatigable.

 

 

Un semblant de raison anima alors mon cerveau; la somme de 63 000 francs nécessaire à son achat était bien trop élevée pour mon petit budget et j'optai pour une Transalp d'occasion.

Par la suite, c'est au cours de mes voyages que je pus croiser les motards allemands sur leur magnifique moto superbement équipée. J'avoue que je les regardais avec envie même si les ennuis mécaniques rencontrés par certains si loin de leur pays me faisait penser que mon choix n'était peut-être pas le plus mauvais...

BMW  franchit les voies de la modernité en présentant sa toute nouvelle R 1100 GS: tout nouveau moteur, partie cycle également avec une suspension avant révolutionnaire (le télélever). J'ai eu la chance de l'essayer et j'avais été bluffé par son efficacité sur les routes très sinueuses de Baronnies au dessus de Bagnères de Bigorre.

 

La 1150 GS lui succéda et j'eus le loisir de l'apprécier en parcourant 2500 kilomètres avec celle d'un ami. 

 

 

A partir de là, le constructeur bavarois se lança dans une course sans fin à la surenchère (plus de puissance, d'équipements, de technologie mais aussi plus de poids et un prix parfois déraisonnable). Et, peu à peu, je me suis détaché de cette moto qui avait un peu perdu son "âme". Efficace, certes, confortable je n'en doute pas mais à quoi servent ses 145 chevaux et cet équipement de grande routière. 

La présentation récente de la R 12 GS ne pouvait que m'interpeler. BMW faisait référence à la R 80 GS initiale en indiquant que l'esprit de ce modèle avait été respecté. Les premières photos parues récemment dans la presse moto montraient une moto simple, sans fioritures. Et, pour attirer encore plus le motard intéressé, il existe une version aux couleurs de la R 80 GS, blanc-bleu avec la selle orange.

 

 

Samedi 23 août 2025. Je profite d'un très bref séjour en Dordogne où je vais régulièrement pour rendre visite au concessionnaire BMW de Périgueux. Le but, me rendre compte de visu de la pertinence de cette version. Devant la concession, il y en a une dans un coloris noir un peu tristounet. Un vendeur vient me voir et me présente la moto. Plutôt haute quand je m'installe dessus mais assez étroite pour poser le devant des bottes au sol. On discute un peu du modèle et il me propose d'aller faire un tour avec... Une invitation que je ne peux refuser!

Clef dans la poche de ma veste ( la moto est simple en apparence mais moderne dans sa conception), j'actionne le démarreur. Le bruit du flat twin est contenu, bien plus agréable en tout cas que celui de la dernière R 1300 GS d'où s'échappent des bruits mécaniques vraiment peu agréables.

 

 

Je décolle sur parking, l'embrayage se révèle doux et facile à doser. Le moteur montre une belle disponibilité à bas régime (impossible de vérifier le nombre de tours/minute, le compteur reprend le concept de la R 80 GS en oubliant le compte-tours). 

 

 

La moto répond naturellement à mes instructions d'une simple impulsion sur le large guidon que j'ai bien en main. 

Coté boîte de vitesses, c'est moins bien. Sur les premiers rapports, le passage des vitesses manque de douceur ...et de silence. A priori, BMW a gardé l'esprit du modèle originel dans le maniement de la boîte. Cela reste correct mais on est loin de la douceur, de la précision et de la rapidité du sélecteur de ma CB 500 X qui, il est vrai, excelle dans ce domaine.

 

 

Le freinage répond présent sans mordant excessif et avec une plongée assez nette de la fourche; rien que de très normal avec un débattement de 210 mm (200 à l'arrière).

Je repère une petite route sur la gauche. J'ai envie de voir ce que donnent ces suspensions. Ce tronçon est idéal pour ça car le revêtement est vraiment fripé. L'amortisseur réagit avec une certaine fermeté.

Un chemin sur ma droite sur lequel je m'engage pour quelques photos. En manoeuvre au pas, je me sens moyennement à l'aise, avec une hauteur de selle assez importante; je remarque en outre que je pose naturellement mes bottes dans l'alignement des repose-pieds, ce qui augmente la largeur et le sentiment de maîtrise relative de la machine dans ces conditions. J'y suis de plus en plus sensible, à ces moments où l'on manie la moto quasiment à l'arrêt, pour un demi-tour, un stationnement.

 

 

Je poursuis mon court essai avec un sentiment étrange. Objectivement, je n'ai pas grand chose à lui reprocher à cette moto mais elle ne me "parle" pas. Elle me laisse froid et je n'arrive pas à expliquer exactement pourquoi. Est-ce le fonctionnement du flat twin? Il est vrai que le moteur ne me fait pas vibrer plus que ça. Plutôt souple, avec du coffre, avec comme bémol une boîte de vitesses tout juste dans la moyenne, il n'arrive pas à déclencher chez moi de plaisir immédiat, comme celui que j'avais pu avoir lors de l'essai de celle que l'on peut considérer comme une de ses concurrentes, la Moto Guzzi V 85 TT.

Sur celle-ci, malgré une puissance bien moindre, mon ressenti avait été tout autre. Je me souviens même d'une certain enthousiasme au guidon de la machine italienne à la douce personnalité.

Sur cette BMW, alors que j'espérais trouver le caractère du moteur de la R 1100 et de la 1150 GS dont j'avais pu prendre le guidon, c'est un bicylindre "lisse" qui oeuvre sous le réservoir, efficace mais sans l'âme du flat twin.

 

 

Je me sens comme "déconnecté" de cette BMW et (ce n'est pas bon signe),  je suis en train de chercher  des éléments me permettant de rentrer en phase avec elle. Pourtant, dans cette enfilade de virages serrés, j'apprécie sa facilité à  prendre de l'angle; la moto possède un excellent châssis.

Mais il est clair que je ne rentrerai pas en phase avec elle. Décidément, il y a comme une incompatibilité avec les machines du constructeur bavarois. J'avais parlé de rendez-vous manqué lors de mon essai des 750 et 850 GS en 2019, et la toute récente R 1300 GS ne m'a enthousiasmé plus que cela d'autant plus avec sa boîte robotisée très inférieure au DCT du concurrente japonais Honda. Et, à chaque fois, c'est plus une question de ressenti car les motos sont objectivement bonnes.

Alors que je rejoins la concession BMW, je réalise que mon manque d'enthousiasme a une autre cause. La moto que j'ai entre les mains me fait sentir sa cylindrée au travers des réactions de son flat-twin à la moindre sollicitation de la poignée de gaz, son poids et sa hauteur de selle dans les manoeuvres délicates de demi-tour, son absence totale de protection quand la vitesse augmente avec une pression du vent accentuée par la position de conduite, son amortisseur taré ferme (pour une utilisation tout-terrain?).

Je rêvais d'une BMW R 80 GS moderne mais je découvre une moto trop axée sur le tout-terrain. Pour preuve l'absence de selle duo d'origine(!); il faut passer par la case options pour avoir une selle capable d'accueillir un passager. Ma moto d'essai en est équipée et elle se révèle bien petite pour une telle utilisation.

 

 

Autre grief, ce garde-boue haut dont je doute de la protection des projections d'eau sur route mouillée. Enfin, le réservoir de 15,5 litres a une contenance faible pour envisager de longs parcours en toute sérénité.

 

 

Bref, au delà du moteur qui ne m'a pas parlé, c'est l'orientation choisie par le constructeur qui ne me satisfait pas. Je voyais cette moto comme la digne descendante des R 80 GS et R 100 GS que j'ai souvent croisées lors de mes voyages en terre africaine. Une moto moins haut de gamme que la grande soeur la R 1300 GS, moins sophistiquée, moins lourde, moins chère mais apte aux longues virées.

Le constructeur a opté pour une orientation tout-terrain qui transparaît d'ailleurs à la lecture du site internet; les photos ne montrent pas la moto sur la route mais exclusivement en off road. Et le texte insiste sur ses capacités sur un tel terrain.

Personnellement, je considère qu'une moto de 229 kilos ne peut pas être destinée à faire du tout-terrain; aller sur les chemins, oui, fréquenter des pistes pas trop accidentées au Maroc, pourquoi pas, mais nous faire croire que la moto est faite pour cela, cela me semble un brin exagéré, voire malhonnête.

C'est malheureusement la tendance chez beaucoup de constructeurs de présenter leurs gros trails dans des séances hors du bitume alors que c'est sur la route qu'elles poseront quasi exclusivement leurs roues. Peut-être que cela fait rêver certains...

 

 

Alors que je ramène la moto à la concession, je me dis que, peut-être, j'aurais eu besoin d'un peu plus de temps pour plus apprécier cette nouvelle BMW. Mais ces 45 minutes passées en sa compagnie ont été révélatrices; elles ont fini de me conforter dans mon choix motocycliste. J'ai désormais la totale certitude que les grosses cylindrées ne me conviennent pas. J'ai opté il y a 6 ans pour une CB 500 X après avoir rêvé d'une Africa Twin 1000 hors de mon budget. Et, 177 000 kilomètres plus tard, je suis heureux de mon choix qui répond vraiment à mes attentes. Et, dernièrement, c'est avec des moyennes cylindrées que j'ai pris le plus de plaisir; elles ont des moteurs suffisamment puissants et surtout coupleux dorénavant, offrent un poids réduit bienvenu, des hauteurs de selle raisonnables. Les essais récents de la Rieju Xplora 557 et de la CF Moto MT 450 me l'ont montré. Voilà comment un essai non programmé dans ma journée s'est transformé en réflexion personnelle sur la production motocycliste répondant à mes besoins...

Cela me permet de terminer sur une note optimiste à l'égard de la marque bavaroise que j'ai un peu égratignée dans ce petit compte rendu. Lors du dernier salon EICMA où je m'étais rendu l'an dernier, j'avais été séduit par une moto présentée sur le stand BMW. Il s'agissait d'un prototype annonçant un futur trail bicylindre de 450 cm3. Une moto apte à me réconcilier avec le constructeur allemand...

 

 

 

 

 

 

Caractéristiques techniques

 

Moteur

Puissance nominale
80 kW (109 ch) à 7 000 tr/min
Épuration des gaz d’échappement
Catalyseur 3 voies à régulation lambda
Type
Moteur à pistons opposés bicylindre à quatre temps refroidi par air/huile avec deux arbres à cames en tête, quatre soupapes à disposition radiale et arbre d’équilibrage central
Alésage x course
101 mm x 73 mm
Cylindrée
1 170 cm³
Couple max.
115 Nm à 6 500 tr/min
Rapport volumétrique
12,0 : 1
Alimentation
Injection électronique indirecte / gestion numérique du moteur : BMS-O avec accélérateur électronique
Norme antipollution
EU 5+
 

Performance / consommation

Vitesse maximale
210 km/h
Consommation aux 100 km selon WMTC
5,1 l
Émissions de CO2 selon WMTC
119 g/km
Type de carburant
Super sans plomb (max. 15 % éthanol, E15), 95 ROZ/RON, 90 AKI
Niveau sonore à l'arrêt
88 dB(A)
 

Équipement électrique

Alternateur
Alternateur à aimant permanent 660 W (puissance nominale)
Batterie
12 V / 12 Ah, sans entretien
 

Transmission

Embrayage
Embrayage monodisque à sec à commande hydraulique
Boîte de vitesses
6 rapports à commande par crabots, dans un carter de boîte de vitesses séparé
Transmission secondaire
Cardan
 
 

Châssis / freins

Cadre
Treillis tubulaire
Guidage de la roue avant / suspension
Fourche télescopique Upside-Down, diamètre 45 mm, base de ressort réglable, amortissement réglable de la détente et de l'étage de compression
Guidage de la roue arrière / suspension
Monobras oscillant en fonte d’aluminium avec Paralever BMW Motorrad, jambe de suspension centrale à articulation directe et amortissement asservi à la course de débattement, base de ressort réglable, amortissement réglable de la détente et de l'étage de compression
Débattement avant / arrière
210 mm / 200 mm
Garde au sol
240 mm
Empattement
1 580 mm
Chasse
120,8 mm
Angle de tête de direction
63,1°
Angle de butée de direction
42°
Roues
Roues à rayons croisés en aluminium
Dimensions jante avant
2,15 x 21"
Dimensions jante arrière
4,00 x 17"
Pneumatique avant
90/90 -21
Pneumatique arrière
150/70 R17
Frein avant
Frein à double disque à vissage axial, diamètre 310 mm, étrier flottant Brembo à 2 pistons
Frein arrière
Frein monodisque, diamètre 265 mm, étrier flottant Brembo à 2 pistons
ABS
BMW Motorrad Integral ABS Pro (semi-intégral)
 

Dimensions / poids

Hauteur de selle
860 mm
Longueur d’entrejambe
1 935 mm
Capacité utile du réservoir
15.5 l
dont réserve
env. 4 l
Longueur
2 250 mm
Hauteur
1 256 mm (sans rétroviseur, poids à vide DIN)
Largeur
970 mm
Poids à sec
216 kg
Poids à vide en ordre de marche, tous pleins faits
229 kg
1)
Poids total maximum autorisé
430 kg
Charge utile (avec équipement de série)
201 kg
 
 

Équipement

 
 

Équipement de série

  • Roues à rayons croisés sans chambre en 21“ / 17“
  • Suspension enduro entièrement réglable avec amortissement asservi à la course de débattement
  • Modes de conduite Rain / Road / Enduro
  • Système de freinage semi-intégral BMW Motorrad ABS Pro
  • Keyless Ride
  • Régulation du couple de frein moteur dynamique
  • Contrôle dynamique de la traction
  • Nouvelle conception de l’installation d'échappement
  • Cadran analogique
  • Dynamic Brake Control (DBC)
  • Prise 12 V
  • Contrôle dynamique du frein moteur (MSR)

 

Équipement optionnel

  • Pack Enduro Pro avec roue arrière 18“, repose-pieds pour trail, rehausseur de guidon, protections pour les mains, grand pare-moteur

  • Modes de conduite Pro avec mode de conduite supplémentaire ENDURO PRO

  • Selle rallye plus haute de 20 mm

  • Pack Confort avec Shifter Pro, régulateur de vitesse, Hill Start Control Pro et poignées chauffantes

  • Headlight Pro

  • Contrôle de la pression des pneus

  • Digital Display

  • Pack Passager

  • ConnectedRide Control avec fixation pour smartphone et prise USB-C

  • Option 719 avec packs de pièces fraisées

  • Batterie M Lightweight

  • Roues à rayons croisés II dorées

  • Pare-moteur

Accessoires spéciaux

  • Carénage de cockpit Rallye

  • Préparation pour la navigation avec ConnectedRide Mount

  • Étrier de protection moteur

  • Projecteur additionnel à LED

  • Protection de couvre-culasse

  • Silencieux en titane

  • ConnectedRide Navigator

  • Sacoche de réservoir avec sacoches

     

Comme toujours chez BMW, il y a une liste impressionnante d'options permettant de se construire une moto à la carte. J'en mets quelques unes. Bien sûr, cela a des répercussions sur le prix final d'autant que le tarif initial est lui aussi plutôt élevé.

  • Prix: 17650 euros
  • Couleur Light white: 310 euros
  • Option 719 ( comprenant notamment couleur sandrover matt, collecteur chrome, kit passager...): 1920 euros
  • Pack confort (régulateur de vitesse, poignées chauffantes, shifter): 1125 euros
  • Pack Enduro Pro (roue arrière de 18 pouces et pneus tout-terrain,protège-mains, rehausseur de guidon, repose-pieds spécifiques): 760 euros
  • Kit passager: 210 euros