Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Balade hivernale dans les Pyrénées: sous le signe du terroir

 

Je vous propose deux petites journées à cheminer en dehors des sentiers battus, sur les voies éloignées des axes principaux en ne quittant pas la chaîne des Pyrénées, frontière naturelle avec nos proches voisins espagnols. En route !

 

 

 

 

 

 

Certains affirment que les Champs-Elysées sont la plus belle avenue du monde. Je ne me hasarderai pas sur ce sujet mais, à Pau,commencer une petite virée à moto par le boulevard des Pyrénées au petit matin est un grand moment de félicité pour peu que le soleil soit de la partie. Le panorama qui s’offre au regard réchauffe le cœur malgré la température de ce mois de janvier. Un peu plus loin, le château d’Henri IV domine le Gave qui s’écoule en contrebas. Il n’y a plus qu’à rejoindre la rocade, pour la quitter

immédiatement. Hors des axes principaux,vous ai-je dit !

 

 

 

 

Une courte et raide montée nous amène sur les coteaux de Jurançon où prend naissance un vin blanc goûteux qui pourra très bien conclure la journée en accompagnement d’un foie gras local sur un délicieux pain de campagne. Mais je m’égare. Pour le moment, il faut se concentrer sur la conduite. La route étroite et sinueuse invite à musarder. La nature a perdu ses couleurs automnales mais ce dénuement apparent révèle une atmosphère paisible. Dans les champs de vigne, quelques feuilles esseulées se raccrochent désespérément aux ceps. Un cheval blanc broute de l’herbe dans une prairie humide qui renvoie des reflets argentés sous le soleil levant. Il y a déjà un brin de poésie dans cette virée...

 

 

 

 

Après cette belle introduction matinale, il est temps de redescendre pour rejoindre le village de Lasseube. Juste pour le plaisir, on peut franchir le petit pont bossu qui enjambe la Baïse.

 

 

 

 

La route s’élève ensuite progressivement, alternant les sous-bois et les prairies vallonnées. Il n’est pas interdit d’en profiter hausser un peu le rythme dans les virages multiples et variés qui s’offrent à nous. Nous arrivons sur la route d’Oloron Sainte-Marie que nous ignorons.

Les Pyrénées assistent au ballet des deux motos qui virevoltent au gré de cet itinéraire qui a banni la ligne droite de son vocabulaire. Les dénivelés annoncent ce qui nous attend tout au long de cette journée : des pentes successives mais pas très abruptes, entre plaine et montagne.

Rébénacq est traversé. Il fait partie de ces villages qui ne présentent aucune caractéristique particulière mais dans lesquels on se sent tout simplement bien, parce qu’il s’en dégage un équilibre, une impression de quiétude à travers ces vieilles maisons coiffées de toits en ardoise. Les kilomètres qui suivent sont une incitation à pencher plus que de raison sa monture sur cette D 936 qui serpente au milieu d’un doux relief.

 

 

 

 

Puis Nay nous accueille, charmante bourgade qui marque la fin de la plaine. Nous passons devant le musée du béret, couvre-chef dont l’utilisation par les bergers béarnais remonte au Moyen-Age.

 

 

 

 

 

Après Arthez d’Asson, le champ de vision se réduit. La route s’infiltre en effet dans une vallée étroite. Çà et là, quelques maisons qui ne doivent pas souvent voir le soleil. On longe une petite rivière, saisissante par sa fraîcheur. C’est par cette voie peu utilisée que le col du Soulor va pouvoir être abordé, par la face nord. Les motos s’enfoncent dans la montagne qui se dévoile avec

parcimonie, au détour d’un virage, à la sortie d’un sous-bois. Nous sommes dans la vallée de l’Ouzoum. Un panneau incite à faire une petite halte chez un fromager local pour garnir le top-case.

 

 

 

Ferrières. A partir de ce village, la route s’élève brusquement. La montée est raide, traverse d’abord une partie boisée puis s’éclaircit. A cette époque de l’année, il n’y a plus les moutons et chevaux qui vaquent en liberté habituellement. La neige est présente, mais modérément. Les hivers pyrénéens ont perdu de leur rudesse, ce qui permet de franchir des cols autrefois inaccessibles pendant la saison froide.

 

 

 

 

 

 

Un peu plus bas, nous traversons Arrens-Marsous, très calme à cette époque de l’année.Mais à la fin du mois d’août, c’est ici que se déroule le festival Trad’Azun où les groupes de musique traditionnelle viennent jouer et les luthiers présenter leurs instruments dans une atmosphère chaleureuse.

 

 

 

 

 

 

D’ailleurs, un peu plus loin, à Bun exactement, nous rencontrons un accordéoniste, Clément Rousse. Il fait partie de cette jeune génération attachée aux traditions régionales. Dans un monde globalisé qui donne le tournis, il est bon de pouvoir se raccrocher au terroir.

 

 

 

 

 

La petite ville thermale d’Argeles Gazost fait ensuite son irruption. C’est jour de marché, l’occasion de faire quelques emplettes pour le pique-nique du jour. Un conseil : testez une tourte aux myrtilles, la spécialité du coin, c’est délicieux. Nous rejoignons une route étroite qui débute à Lugagnan. On aperçoit les restes d’une ardoisière, vestige d’une époque révolue où l’ardoise était exploitée dans la région. Puis la route reprend de la hauteur en gagnant le Piémont, qui fait le lien entre la plaine et la montagne que l’on aperçoit par intermittence, au détour d’un virage.

 

 

 

 

 

 

Les habitations sont rares, les villages discrets. La nature y est préservée. C’est un endroit où l’on a envie de flâner. Cela tombe bien, il est possible de passer une nuit inoubliable. Pas dans un hôtel classique, mais dans une yourte ! A moins que vous ne préfériez la roulotte ou le voilier. Cette pause originale a été concoctée par Sophie qui vous accueillera dans un cadre propice à la quiétude où vous pourrez regarder le soleil se coucher avant d’aller vous détendre dans le saunam (un mélange de sauna et de hammam) et vous poser sous le magnifique hêtre quadri-centenaire.

 

 

 

  

 

 

 

 

Le lendemain, vous aurez peut-être un peu de mal à quitter cet endroit magique. Alors, si vous n’êtes pris par le temps, restez une journée de plus. Sophie saura vous indiquer quelques balades à effectuer autour de cette si paisible escale du Cardouets.

Pour ne pas quitter trop brutalement l’atmosphère de cet endroit, l’idéal est de passer par le peu connu col du Couret. La route devient parfois piste et un trail sera plus adapté mais rien d’infranchissable avec une routière.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cela nous amène dans la vallée de Lesponne, autre lieu préservé des Hautes-Pyrénées qui mène jusqu’au Chiroulet, cul de sac d’où le promeneur pourra entamer de belles randonnées.

Pour notre part, nous effleurons à peine cette route pour franchir un petit pont et emprunter une route forestière qui va surplomber la vallée de Campan.

 

 

 

 

 

 

 

La vue est superbe. La moyenne ne va pas remonter sur cette partie du parcours mais vous avez compris qu’il n’était pas question de tester aujourd’hui ses capacités de pilote, juste profiter des magnifiques paysages qui s’offrent à nous.

Campan peut être l’occasion d’une halte. Ce charmant village est peuplé de mounaques. Derrière ce nom qui sent bon le sud-ouest, il y a des poupées en chiffon à taille humaine. En été, on en trouve un peu partout dans les rues. Aujourd’hui, nous en distinguons juste quelques-unes, derrière des vitres. Mais rien ne vous empêche de faire plus ample connaissance avec elles en visitant l’atelier associatif des mounaques de collection.

 

 

 

 

 

 

 

Pour l’heure, c’est une autre « attraction » qui attire notre curiosité. Près de la halle, un artisan est en train de faire cuire au feu de bois deux gâteaux à la broche. La pâte est versée au fur et à mesure, sur un cône qui tourne à proximité des flammes d’un feu de bois. Il reste un peu de place dans ma sacoche réservoir et je craque pour ce délicieux gâteau typique de la région.

 

 

 

 

 

 

 

Nous repartons, non pas par la route de la vallée mais par celle un peu plus à l’est qui longe l’Adour.

Après Asté, il est possible de rejoindre la fontaine de Crastes. L’eau y a une teneur élevée en calcium et magnésium et les gens du coin y viennent régulièrement pour la boire mais aussi pour ses vertus thérapeutiques contre les maladies de la peau. On raconte que Henri IV avait aussi coutume de la consommer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous nous dirigeons maintenant vers Bagnères-de-Bigorre sans pénétrer dans la ville car un panneau panneau indique la proximité du col des Palomières. Allons-y ! La route grimpe durant quelques kilomètres pour arriver à 810 mètres d’altitude.

 

 

 

 

 

 

C’est un endroit fréquenté par les chasseurs à la palombe. A mes yeux, l’endroit possède un tout autre intérêt pour achever en beauté cette journée. Une étroite voie, parfois tapissée de mousse, indique aux motards d’adopter un rythme modéré. La route serpente, monte, puis descend. Le regard est très sollicité; l’équilibre entre l’homme et la nature transparaît dans cet environnement et c’est un doux plaisir de le traverser lentement. Le vélo ou la marche paraissent même s’imposer pour s’imprégner d’un tel endroit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis la route devient chemin et nous amène dans un cul de sac. La lumière a du mal à s’infiltrer et il y règne une forte humidité ambiante.

 

 

 

 

 

 

 

 

Près de l’ancienne scierie située au bord de l’Arros, on peut garer sa moto et entamer une marche vivifiante dans ce lieu étonnant, surnommé la petite Amazonie des Pyrénées. On pourrait se croire dans une forêt tropicale, avec les arbres et les rochers recouverts de mousses, de lichens et de fougères. Si la brume s’invite lors de votre passage, attendez-vous à y croiser quelques elfes et lutins...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La journée touchant à sa fin, nous rejoignons le chef-lieu du département via les coteaux. Une circulation modérée et une vue dégagée sur les montagnes constituent une belle conclusion à cette virée tranquille en bordure des Pyrénées.

 

 

 

 

 

 

La ville de Tarbes nous accueille et pour rester dans l’atmosphère paisible de cette balade à moto, un passage au jardin Massey, situé tout près du centre-ville, vaut le détour.

Arbres aux essences variées, plantes, parterres de fleurs, le tout superbement entretenu, vous pourrez déambuler dans ce parc municipal au milieu des paons et autres canards. Le label Jardin remarquable qui lui est attribué est amplement mérité.

 

 

 

 

 

Enfin, pour achever en beauté cette journée, essayez de trouver un restaurant pour y déguster une bonne garbure. Vos papilles vous remercieront de ce dernier cadeau du terroir.

 

 

 

 

L’escale du Cardouets

 

Située au-dessus du village de Germs sur l’Oussouet, cette escale m’enchante à chaque fois. Un cadre magnifique, de l’espace, du calme et l’accueil simple et chaleureux de Sophie, il y a des  chances que vous ayez vous aussi l’envie de passer une nuit (ou plusieurs) dans cet endroit paradisiaque.

www.yourte-pyrenees.com/

 

 

 

 

 

 

 

Domaine Larroude

 

 

Jeremy Estoueigt est un jeune vigneron qui a décidé de poursuivre l’activité commencée

par ses arrière grands parents. Le domaine est en agriculture biologique. Cet homme s’avère

très impliqué dans la biodynamie et sensible à la biodiversité qui est une des caractéristiques des vins de Jurançon. Par son engagement dans le respect de l’environnement, il fait partie de ces personnes qui diffusent l’espoir d’un avenir meilleur... et une production de qualité !

www.domaine-larroude.com/

 

 

 

 

 

 

Ferme Mondot

 

Aimée et Jean-Louis Mondot ont créé leur exploitation en 1987. Ils élèvent 80 chèvres et produisent

du fromage avec leur fils Yann dans cette enclave des Hautes-Pyrénées. Le lien qui les unit à leurs bêtes est très fort et c’est peut-être cette relation privilégiée qui aboutit à de si beaux fromages. A noter qu’il est possible de venir assister à la traite des chèvres tous les soirs à 18 heures.

https://m.facebook.com/FermeMondot/

 

 

 

 

 

 

 

Clément Rousse

 

 

Si l’occasion se présente, n’hésitez pas à découvrir l’ambiance chaleureuse d’un bal « trad ». Ils sont nombreux dans la région. La convivialité y est omniprésente et la musique qui plonge ses racines dans les siècles passés est une invitation à danser. Clément Rousse, rencontré à Bun, est un jeune accordéoniste qui transmet, à travers son instrument et son talent, l'héritage de ses aînés. https://clementrousse.com/a-propos/

 

 

 

 

 

Qui étaient les cagots ?

 

 

A Campan, vous serez peut-être perplexes en voyant un panneau indiquant « rue du pont des cagots ». Sachez que ce terme désignait, à partir du Moyen-Age, des groupes de personnes considérés comme des parias. Elles vivaient éloignées des autres habitants (sur l’autre rive de l’Adour) et faisaient l’objet de nombreuses restrictions. C’est ainsi qu’il leur était interdit de posséder du bétail ou de travailler la terre. Dans certaines villes, elles devaient porter sur leurs vêtements une marque rouge en forme de patte de canard ou d’oie. Leur rejet a duré huit siècles. Dans le sud-ouest, nous avons eu aussi nos intouchables…

 

 

 

 

 

 

Mounaques

 

Si vous craquez pour ces mounaques de Campan, sachez que l’atelier les fabrique en utilisant des matières premières respectueuses de l’environnement, avec un prix juste pour le créateur comme pour l’acheteur. Une démarche loin des produits « artisanaux » importés de Chine. http://mounaquesetcompagnie.fr/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cet article a été publié dans la revue Trail Adventure (n° 25) qui peut être commandée à l’adresse suivante:

https://boutiquecppresse.com/fr/64-anciens-numeros-trail-adventure-magazine