Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Il était une première fois en Algérie - Le désert nous accueille

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La moto délestée d'une partie de ses bagages, le départ a lieu le lendemain, à l'aube, en prévision de la dure journée à venir. Un superbe lever de soleil nous accompagne dans nos premiers kilomètres.

Deux heures plus tard, nous atteignons le plateau de Tademaït, immense étendue dénudée que la vie semble avoir abandonnée.

 

Plateau du Tademaït

 

A partir de là, c'est une route complètement défoncée qui nous accueille ; par endroit, des pans entiers de goudron ont disparu. Nous sommes même obligés d'emprunter pendant quelques kilomètres une piste parallèle où notre moto, peu adaptée à ce genre de terrain, se bloque régulièrement dans des passages sablonneux. Nous n'en menons pas large d'autant que la chaleur torride nous oblige à de nombreux arrêts pour nous désaltérer. Soudain, dans ce paysage désertique, surgissent deux petites tornades qui emportent avec elles poussière, sable et cailloux vers le ciel, à perte de vue. Ces apparitions étranges ajoutent une note supplémentaire au caractère envoûtant de l'endroit.

Tornades algériennes

 

 



Peu après, alors que nous nous désaltérons, un poids lourd dont on aperçoit au loin le long panache de poussière se détourne de la piste et vient à notre rencontre ; l'homme au volant veut juste s'assurer que tout va bien et que nous avons assez d'eau jusqu'à In Salah ; la solidarité est totale dans cette contrée hostile car le moindre problème peut rapidement avoir des conséquences tragiques. Nous prenons peu à peu conscience de cette réalité à mille lieux du cocon routier français.

Du lever au coucher du soleil, nous parcourons ainsi les 400 kilomètres séparant El Goléa d'In Salah. Nous arrivons un peu défaits au camping, conscients d'être rentrés dans le vif du sujet. Une petite voix intérieure essaie de m'expliquer que rejoindre Tamanrasset en duo sur une moto de route n'est vraiment pas raisonnable mais je m'empresse de remiser ce conseil tout au fond de mon cerveau ; j'ai tellement envie de réaliser ce vieux rêve. Tamanrasset fait partie de ces noms de ville qui ont accompagné ma jeunesse au travers de mes lectures au même titre que Katmandou, Tombouctou. Il y a comme une promesse derrière ces noms et une irrésistible force intérieure me pousse à rejoindre ce lieu.

 

In Salah

Fatigués par la journée de route, nous n'avons pas le loisir d'apprécier la ville. Nos seuls souvenirs seront l'architecture particulière avec de belles maisons en argile rougeâtre, l'eau saumâtre impossible à avaler et une chaleur étouffante que la nuit ne parvient pas à chasser; en outre, les moustiques s'en donnent à cœur joie et nous regrettons notre tente laissée au camping d'El Goléa. Heureusement, nous rencontrons Franck, un motard du nord de la France. Il fait preuve d'un enthousiasme qui déteint sur nous et nous montre sa superbe moto, une Barigo spécialement conçue pour ce type de voyage.

Très tôt le matin pour profiter d'un peu de fraîcheur, nous entamons les premiers kilomètres un peu tendus. La route est toujours en mauvais état et les kilomètres défilent lentement au rythme des multiples obstacles à franchir.

En retrait de la route, nous apercevons un vieux camion Berliet arrêté. Un homme fait un signe que nous interprétons comme un appel à l'aide; en fait, les deux camionneurs que nous rencontrons sont bien en panne et ont entrepris de réparer la pièce défaillante de l'arbre de transmission mais ils nous invitent tout simplement à partager le doux moment du thé avec eux . Ici, il n'y a pas de borne d'appel sur le bord des routes comme en France et chacun doit se débrouiller par soi-même. Les deux hommes en ont pour deux jours de mécanique mais cela ne semble pas les inquiéter outre mesure. Ces incidents font partie de leur quotidien et ils acceptent avec philosophie les caprices de leur camion hors d'âge.

Route désertique