1985 fut une année exceptionnelle pour un pilote surdoué. En effet, Freddie Spencer conquit les deux titres de champion du monde 250 ET 500 cm3. Il fallait voir ce pilote discret enchaîner, les week-end de compétition, les essais et les courses dans les deux catégories, sans que cela ne semble, à priori, lui poser le moindre problème.
En 500, il pilotait la NSR 500, une quatre cylindres qui avait pris la succession de la trois cylindres titrée en 1983, toujours avec Freddie Spencer au guidon.
Moto Journal proposait une descriptif de cette fabuleuse moto et même un essai réalisé par Alan Cathcart, journaliste éclectique qui avait un carnet d'adresses bien rempli chez les différents constructeurs de la planète tant il réalisa de essais exclusifs sur de motos qui ne l'étaient pas moins, exclusives!
Ayant également eu la chance d'essayer la Yamaha d'usine de Christian Sarron, ce journaliste pouvait comparer les deux motos. Et, manifestement, cette Honda était une bombe!
"Pour emmener une bécane pareille, Freddie Spencer mérite amplement son surnom d'extraterrestre" . Voilà comment commençait cet essai; à priori, le journaliste avait été impressionné par cette machine au rapport poids-puissance exceptionnel : 145 chevaux pour 120 kilos!
"La NSR est une moto effrayante, plus difficile encore à piloter que la Yamaha, à cause de cette puissance colossale"
Le journaliste eut la chance de pouvoir piloter cette moto durant deux heures et demi et de parvenir, au fil des tours à mieux (ou plutôt moins mal) maîtriser ce baril de poudre qui menaçait de s'envoler en cas de maniement trop incisif de la poignée de gaz.
Ensuite, ce fut un des hauts responsables du HRC qui révélait quelques uns des secrets de cette machine, des difficultés techniques rencontrées.
Etonnamment, il indiquait que le cadre dérivait étroitement de celui de la NSR 250 sur la demande de Spencer favorablement impressionné par le châssis de cette dernière.
Après avoir lu cet article, j'eus la confirmation que les pilotes des 500 en championnat du monde habitaient vraiment sur une autre planète (et certains plus que d'autres!).
Je me souvenais d'ailleurs de ce Grand Prix de France en 1984 où j'avais pu admirer Freddie Spencer, sur la Honda V4 pas encore au point; la moto semblait vouloir le désarçonner à chaque sortie de virage, tant elle semblait violente, sauvage et, tel le dompteur, il la ramenait sur le droit chemin avec calme, mais autorité. C'était tout à la fois effrayant et merveilleux, cet équilibre qui semblait si fragile, entre la machine et l'homme.
Une sacrée machine pour un sacré pilote!
Cinq ans plus tard, Moto Journal faisait un article sur la NSR 500. Quelle avait été l'évolution de cette moto qui paraissait pourtant si aboutie à l'époque?
190 chevaux pour 131 kilos, soit 11 kilos supplémentaires mais aussi 45 chevaux de plus à maîtriser pour le pilote! A priori, trouver de la puissance ne semblait pas être un problème pour les ingénieurs, mais il fallait surtout arriver à ce qu'elle soit utilisable.
A travers cet article, on réalisait quel laboratoire d'essais représentait la course pour les ingénieurs de Honda qui n'hésitèrent pas à se lancer dans des choix techniques (système de volets d'échappement ATAC, 3 cylindres) dans le seul but de se différencier de la concurrence.
En tout cas, pour le lecteur, quel plaisir de pouvoir (un peu) rentrer dans ce monde si secret de la compétition moto.