Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda CX 650 Turbo

Il y a des motos qui marquent plus que d’autres.

 Pour ma part, en 1978, alors que mon deux roues avait encore des pédales et un moteur de moins de deux chevaux, la sortie de la Honda CX 500 m’avait laissé admiratif.


La première grande routière de moyenne cylindrée à l’époque. Un cardan, un moteur refroidi par eau, un grand confort. Son esthétique spéciale, mais que j’adorais, était à l’unisson des promesses qu’elle semblait faire.
Et  il y avait ce bloc moteur, massif, imposant, véritable signature de cette moto qui innovait réellement.

Je me voyais déjà à son guidon et mon attirance pour cette moto continuera alors que je roulais au guidon de mon petit 125 CG. Et, quand, enfin, je pus l’acheter, elle n’était plus au catalogue de la marque….

Ce n’est pas de cette moto dont je veux parler, mais d’un modèle qui en fut dérivé. C’était l’époque où une petite pièce mécanique du nom de turbocompresseur obtenait un grand succès dans le milieu automobile.

Les quatre grands constructeurs japonais décidèrent également de lancer  des modèles munis de ce fameux turbo destiné à donner plus de puissance au moteur.

La démarche de Honda m’avait paru intéressante. Au lieu de partir de prendre un « vulgaire » quatre cylindres comme les concurrents, c’est, contre toute attente, le bicylindre à V de la CX, avec, notamment, quatre soupapes actionnées par tiges et culbuteurs, qui fut choisi.

Après un premier essai pas vraiment convaincant ( la CX 500 Turbo), Honda avait persévéré et présentait une moto revue et corrigée, avec un moteur de plus forte cylindrée.  

Esthétiquement, je la trouvais magnifique et j’aimais cette orientation grand tourisme qui avait été choisie avec un carénage protecteur et une position de conduite grand tourisme.

L’essayeur veinard, c’était Eric Maurice, un ancien de Moto Journal.

Il expliquait tout d’abord les raisons du relatif échec de la 500 turbo, notamment en termes de performances. Tout simplement, les motos avaient été « assagies » en dernière minute, suite aux craintes formulées par le service marketing qui craignait de mettre sur le marché une machine trop violente.
Je reconnais là l’esprit Honda qui a (presque) toujours consisté à commercialiser des motos abordables pour  le commun des motards .

Avec la 650,  on rentrait dans une autre dimension avec 100 chevaux à la clef ( cela peut paraître peu aujourd’hui, mais il  ne faut pas oublier que l’essai date de 1983).

Et, sur la route, l’effet était saisissant …. après 4000 tours/minute, régime où le turbo se déclenchait, vers 100 km/h en cinquième. Le journaliste, pourtant aguerri parlait d’un « irruption en fanfare qui vous fait changer de monde. Dès qu’elle est entrée dans sa phase turbo, la  650 Honda  dépose proprement tout ce qui roule. Pour avoir vécu l’expérience, je vous garantis qu’après une semaine passée à son guidon, toutes les bécanes de la création, y compris Miss 1100 R, semblent d’une affligeante anémie ».

Cette puissance terrible ne se manifestait jamais brutalement, ce qui amenait le pilote à ne pas avoir conscience de la vitesse à laquelle il roulait.

Bref, ce n’était pas une moto à mettre entre toutes les mains mais il faut saluer la performance technique ayant abouti à une moto conciliant « le confort, la protection assurée par le carénage, le silence du moteur, l’absence de vibrations » avec des chiffres d’accélération et de reprises époustouflants. Sang froid indispensable !

Je ne veux pas avoir l’air de chanter les louanges du passé, mais il faut reconnaître, qu’à cette époque, les constructeurs exploitaient sans relâche des pistes nouvelles, prenaient des risques, parfois, en commercialisant des modèles atypiques ( le turbo n’a pas répondu à leurs attentes). Je pense aussi que les moyens financiers permettaient alors cet état d’esprit moins timoré que celui que l’on connait actuellement.

En tout cas, cela a donné parfois des résultats assez fantastiques et cette CX 650 Turbo en est un parfait exemple.

 

Quand je pense aux sensations ( voire aux frayeurs, au delà des 6000 tours/mn!) que j'avais eues, en 1985, sur le circuit de Nogaro, au guidon de la Yamaha XJ 650 Turbo, lors des essais Yamaha, alors que la presse trouvait son moteur un peu "mou" comparé à celui de la Honda (90 chevaux quand même!), je n'ose imaginer ce que l'on devait ressentir aux commandes de cette CX 650.
 

 

Honda CX 650 Turbo Moto Journal 19 mai 1983

Honda CX 650 Turbo Moto Journal 19 mai 1983

Honda CX 650 Turbo Moto Journal 19 mai 1983

Honda CX 650 Turbo Moto Journal 19 mai 1983

Honda CX 650 Turbo Moto Journal 19 mai 1983

Honda CX 650 Turbo Moto Journal 19 mai 1983

Honda CX 650 Turbo Moto Journal 19 mai 1983

Honda CX 650 Turbo Moto Journal 19 mai 1983

Honda CX 650 Turbo Moto Journal 19 mai 1983