Le cerveau a une faculté étonnante à occulter certains souvenirs.
Ainsi, j'avais complètement oublié les Suzuki 750 et 1100 GSX alors que j'avais beaucoup aimé ces dernières.
C'est la découverte d'un vieux Moto Journal qui m'a fait remonter tous les bons souvenirs liés à ces motos.
Elles me plaisaient, effectivement, ces motos. Il s'en dégageait une impression de qualité, de robustesse et une certaine modernité.
Je ne savais pas encore à l'époque que je serais réfractaire, plus tard, aux quatre cylindres.
Le dossier de Moto Journal était, une fois de plus, particulièrement complet et c'était un régal pour le lecteur passionné de motos, de le lire.
Le début de l'essai était révélateur d'une époque révolue puisque le journaliste annonçait, qu'entre Marseille et Toulon, la bonne vitesse de croisière de la 1100 se situait entre 170 et 200 km/h. Les limitations de vitesse existaient pourtant bien à l'époque mais les contrôles étaient quand même beaucoup plus rares que maintenant.
Autre changement, c'est le peu de cas que l'essayeur prêtait à la pression du vent, tout juste le signalait-il anecdotiquement, alors que, aujourd'hui, sur n'importe quelle moto sans carénage, il est fait état de l'impossibilité physique de maintenir une vitesse élevée. Il faut croire que les motards des années 80 avaient un cou bien plus résistant!
Enfin, certaines photos montrant un campement dans la pinède ou les deux motos avec un gros sac arrimé sur la selle créaient une proximité des lecteurs avec les journalistes. Ces clichés racontaient, au delà de l'essai réalisé, une histoire, une virée, un voyage. Je trouve que les essais actuels ont perdu ce ton, ce rythme qui donnaient une autre dimension, plus humaine, aux articles.
J'ai le sentiment qu'actuellement, les journalistes se polarisent sur LA photo, avec la moto plein angle, brillant de mille feux, plus propre que propre. Parallèlement, le texte se réduit et la partie technique est réduite à sa portion congrue. Dans cet essai, il y a quatre pages consacrées à la technique et, même si je ne comprenais pas tout dans le détail, cela participait à mon apprentissage du monde de la moto.
Non, je n'ouvre pas une séquence nostalgie en affirmant que c'était mieux avant!
Je constate juste des différences notables entre les essais du passé et ceux d'aujourd'hui. Mais cela ne m'empêche pas d'aimer toujours autant la moto; hier encore, j'étais heureux comme lors de mes premiers jours en moto alors que je balançais de virage en virage la petite 250 VTR en écoutant rugir son petit V-twin....