Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda NX 250. La petite Dominator.

Arrivée sur notre territoire en 1988, la Honda NX 250 partait avec un handicap de taille, la désaffection du motard français pour les petites cylindrées. Malheureusement pour elle, cette tendance s’est confirmée et elle connaîtra une carrière courte et discrète. Elle recelait pourtant de réelles qualités.

 

 

 

La Honda NX 250 faisait partie d’un plan d’ensemble du premier constructeur mondial qui visait le territoire américain en y proposant trois modèles allant de la 125 à la 650. Chez nous, la plus grosse cylindrée se vit affublée d’un nom destinée à marquer les esprits (Dominator) et d’une couleur rouge agressive. 

Cette dernière rencontra immédiatement un énorme succès en France mais sa petite sœur, qui se destinait à une clientèle plus urbaine, n’eut pas la même carrière.

Elle s’adressait en priorité à une clientèle féminine. Cette dernière, contrairement à ses congénères masculins, ne cherche pas à avoir la moto la plus grosse et la plus puissante mais celle qui répond le mieux à ses besoins. Les femmes ont dans ce domaine un bon sens qui fait parfois (souvent?) cruellement défaut aux hommes ... Mais, à l’époque, elles étaient moins nombreuses à avoir le permis moto et, en tout cas sur notre territoire national, cette petite NX 250 ne rencontra pas le succès. Il faut préciser que son prix était particulièrement élevé puisque quasiment au niveau d’une Suzuki DR 600, le plus abordable des gros trails de l’époque !

 

 

Pourtant, cette  petite  moto mérite que l’on s’attarde sur elle. En effet, le constructeur japonais avait mis les moyens pour proposer une moto très aboutie. En premier lieu, le moteur avait fait l’objet de toutes les attentions. Le monocylindre était entièrement nouveau. La culasse renfermait deux arbres à cames en tête, ces derniers attaquant directement les queues de soupapes dont le jeu se réglait au moyen de pastilles d’épaisseur. On avait affaire à un refroidissement par eau, solution encore peu utilisée, qui se prolongeait jusqu’aux sièges de soupapes pour en réduire l’usure et espacer les réglages. Le cylindre bénéficiait d’un traitement Nikasil ce qui réduisait son poids et améliorait le traitement thermique. Le refroidissement du moteur était particulièrement soigné permettant de ce fait de réduire l’épaisseur de certaines pièces et donc leur poids et ainsi de limiter les pertes de puissance provoquées par les frictions mécaniques. Bref, Honda avait mis le paquet sur cette motorisation qui n’accusait que 32 kilos sur la balance.

 

 

Cette chasse aux kilogrammes se poursuivait sur la partie cycle à l’instar du silencieux d’échappement qui servait d’élément porteur à la selle ou de la biellette de suspension en duralium. Résultat, le poids vérifié avec les pleins était de 133 kilos seulement.

 

 

 

Cette 250, comme l’ensemble de la gamme NX, rompait avec la tendance des constructeurs à mettre sur le marché des modèles à l’orientation tout-terrain de plus en plus affirmée. Ainsi, cette petite Dominator possédait des débattements de suspensions limités à 200 mm et la roue avant abandonnait le diamètre de 21 pouces habituel pour du 19 pouces alors que c’était carrément du 16 pouces qui s’invitait à l’arrière. Résultat, une hauteur de selle annoncée de 820 mm seulement.

 

 

Esthétiquement, Honda abandonnait la filiation parfois excessive des trails avec les motos d’enduro ou celles du Paris-Dakar. Terminé le garde-boue haut perché, aux oubliettes le réservoir bombé de grande capacité. L’habillage des flancs de la moto prolongeant la tête de fourche l’éloignait un peu plus des trails aux capacités tout-terrain affirmées.

 

 

 

 

La suppression du kick au profit du bouton magique actionnant le démarreur électOrientation routièrerique finit de démontrer que Honda avait voulu rendre cette moto la plus accessible possible.

 

 

Et c’est effectivement cette impression que j’ai alors que je m’approche de la moto et que je m’installe à son guidon. Ses faibles dimensions me sautent aux yeux. Elle se rapproche d’une 125 et mon 1,74 m me permet d’avoir les pieds bien à plat au sol. J’actionne le démarreur et le monocylindre se réveille dans un bruit feutré.

Levier d’embrayage très doux relâché, le moteur montre immédiatement toutes ses qualités. Il est très souple, ce monocylindre, et fait preuve d’une certaine vigueur dans la première partie du compte-tours malgré sa faible cylindrée. La lecture de la courbe de couple très plate m’avait mis la puce à l’oreille puisque le monocylindre était presque à son couple maxi dès 1000-1500 tours/minute ! De fait, sur la piste landaise que j’emprunte, j’apprécie cette faculté de la moto à emmener l’équipage à un bon rythme sans avoir à monter en régime.

 

 

 

 

 

Deuxième bonne surprise, c’est cette partie cycle facile qui me met en confiance malgré mon niveau de pilotage limité en tout-terrain. Il faut préciser que la moto essayée a reçu le renfort d’un amortisseur YSS et de cales de 20 mm dans la fourche. En outre, des pontets rehausseurs (+25 mm) ont été installés sur le guidon au bénéfice d’une meilleure position de conduite debout permettant une bonne maîtrise de la moto. L’amortisseur d’origine était effectivement réputée pour sa souplesse excessive, à l’instar de l’actuelle CRF 300 L (spécialité Honda?).

Le poids mesuré et la faible hauteur de selle sont rassurants notamment dans le cadre d’une utilisation tout-terrain.

Personnellement, je trouve ce moteur étonnamment moderne. Une réussite. Il continue son travail de séduction sur la route. Avec une démultiplication assez longue (aux alentours de 110 km/h à 6000 tours/minute), il permet de rouler à un bon rythme tout en gardant un régime raisonnable, sans vibrations, ni bruit excessif. Sous mes yeux, le tableau de bord identique à celui de la Dominator, est simple et très lisible. La partie cycle très saine et le freinage suffisamment puissant rajoutent leur touche aux nombreuses qualités de cette Honda méconnue. A son guidon, je n’ai pas l’impression de chevaucher une moto de 35 ans d’âge.

 

 

 

 

 

 

Un deuxième essai d’une autre NX 250 dans une région plus montagneuse, sur les hauteurs de Saint Jean Pied de Port, ne fait que confirmer mes premières impressions. Cette 250 est fichtrement séduisante et ne fait que me conforter dans l’idée qu’une petite cylindrée est un excellent choix. Cela me permet de vérifier que les quelques modifications apportées sur la première moto testée dans les Landes (amortisseur, cales de fourche, pontets rehausseurs) apportent un réel plus. Sur cette nouvelle moto entièrement d’origine, la souplesse excessive de l’amortisseur génère quelques mouvements parasites et, pour celui qui a envie d’emmener sa moto dans les chemins, le remplacement de la pompe à vélo d’origine s’impose !

 

 

 

 

 

Il n’empêche, contrairement à ce que son esthétique pourrait laisser croire, cette moto peut quitter les rues des villes ou les routes de campagne, utilisation pour laquelle elle a été souvent cantonnée. Elle a un coté accessible qui donne envie de la solliciter pour mieux connaître ses limites de pilote. Car, comme j’ai pu le constater avec Christophe au bon coup de guidon, elle permet bien des fantaisies. Rien de tel qu’un faible poids pour ouvrir le champ des possibles à moto !

 

 

 

 

Caractéristiques techniques

Honda NX 250

24689 francs soit 3763 euros (prix neuf en 1988)

 

Moteur

Monocylindre quatre temps refroidi par eau à balancier d’équilibrage

2 ACT entraînés par chaîne, quatre soupapes

239 cm³

26 chevaux à 8500 tours/minute

Couple maxi 2,4 m/kg à 7500 tours/minute

Carburateur de 32 mm

Démarreur électrique

6 rapports

 

Partie cycle

Cadre simple berceau ouvert en acier

Fourche télescopique 37 mm, débattement 200 mm

Mono- amortisseur Delta Pro-link, débattement 200 mm

Frein avant. Disque à commande hydraulique de 240 mm

Frein arrière. Tambour simple came, 110 mm

 

Dimensions et poids

Hauteur de selle 820 mm

Garde au sol 250 mm

Poids avec pleins (vérifié) 133 kg

Réservoir 9 litres

 

 

 

Achat d’occasion. Que vérifier ?

 

La NX 250 est assez rare sur le marché de l’occasion mais on la trouve à des tarifs mesurés (1000 à 1500 euros en moyenne). Elle fait partie des motos sans problème de fiabilité particulier. Le moteur se révèle particulièrement solide et les nombreux citadins qui ont utilisé cette petite Honda au quotidien douze mois par an peuvent en témoigner. Le souci vient du boîtier électronique qui peut lâcher (mais on trouve de l’adaptable). Il est impératif de vérifier le bon état du silencieux compte tenu de son rôle d’élément porteur à la selle et parce que c’est un équipement introuvable mais cet élément vieillit plutôt bien.

 

Remerciements.

A Laurent Penalva pour le prêt de sa moto « préparée » autour de Tosse, dans les Landes et à Christophe Soulié pour avoir transformé l’essai de sa moto en une belle balade dans le cadre magnifique des environs de Saint Jean Pied de Port. 

 

 

Cet article a été publié dans la revue Trail Adventure n°35 qui peut être commandée à l'adresse suivante: 

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