Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda CMX 1100 Rebel: l'habit ne fait pas le moine.

J'ai la passion de la moto ancrée en moi mais il y a des catégories de deux roues pour lesquelles je n'éprouve aucune attirance parce qu'elles s'éloignent de ce que j'en attends. Il en va ainsi des motos sportives ou des customs qui sont aux antipodes de ce que je recherche. Cela ne m'empêche pas de les admirer quand elles croisent mon chemin. Mais quant à me mettre à leur guidon, c'est une autre histoire...

C'est pour cette raison que la proposition de Sébastien, mon concessionnaire, d'essayer le nouveau custom arrivé dans la gamme Honda n'a pas déclenché un réel enthousiasme. J'ai même envisagé le refus clair et net, mais il a insisté car il connait mon aversion pour ce type de motos et  parce qu'il avait décelé sur ce modèle des qualités auxquelles il ne s'attendait pas lors des quelques kilomètres parcourus à son guidon et souhaitait avoir mon opinion. 

Mercredi 26 mai 2021. J'ai eu le temps de me faire à son invitation et cette fin de journée ensoleillée me pousse à franchir le pas. OK pour un court essai.

Je préviens Sébastien: "Je pense que je serai vite revenu". Je sais que mon dos n'apprécie guère la position de conduite générée par ce type de moto.

Allez, c'est parti! Il faut d'abord introduire la clef de contact à l'emplacement situé sur le coté gauche de la moto, sous la selle. Original, cela me rappelle mon CG 125 de la belle époque. Je m'installe. La selle est très basse (700 mm) et le guidon tombe naturellement sous les mains. Pression sur le bouton du démarreur, le moteur s'ébroue dans un bruit sourd très sympathique. Mes bottes cherchent les repose-pieds en position avancée mais en n'y posant que la pointe de mes pieds, je parviens à éviter un appui trop prononcé sur le bas du dos. 

Je m'introduis dans la circulation tarbaise pour rejoindre la route de Sarrouilles. La moto s'y révèle étonnamment maniable, vive. Je n'ai pas l'impression d'être au guidon d'une si grosse cylindrée, d'autant que le moteur est d'une grande douceur. Je remonte les files de voitures, je me faufile, je fais un demi-tour, tout cela avec une décontraction totale. La moto est étroite et basse et cela participe certainement à ce sentiment de facilité. La boîte DCT est, comme à son habitude, irréprochable.

Sortie de Séméac. Je me raidis à l'approche des ralentisseurs. La vue des courts amortisseurs à l'arrière ne me laissent rien augurer de bon... D'ailleurs Honda a préféré ne pas indiquer le débattement, ce qui n'est pas bon signe! (120 mm pour la fourche). Pourtant, alors que je m'attendais à des réactions brutales, je trouve que la moto absorbe correctement ces stupides dos d'âne aux formes et dénivelés variés.

La montée qui suit est l'occasion de solliciter un peu plus la poignée de gaz et de constater que ça vit, sous le réservoir. Le bicylindre de l'Africa Twin, avec une puissance revue à la baisse (87 chevaux) est enthousiasmant. Il répond avec allégresse dans une sonorité que j'adore, tout en étant discret. Le tableau de bord est situé tout près des yeux, lisible immédiatement et cela me permet de voir que ce moteur a du répondant vu la vitesse avec laquelle les chiffres du compteur s'affolent.

 

 

C'est le moment d'aborder les virages.  Bonne surprise, la position de conduite basse permet d'avoir un guidon relevé qui joue son rôle dans le guidage de la moto .... comme sur un trail! Non, je n'ai pas perdu la raison, c'est bien ce sentiment que j'éprouve alors que j'enchaine les virages d'une poussée sur le guidon. La moto réagit sans coup férir et s'inscrit naturellement avec une mise sur l'angle d'une grande facilité. Je fais corps avec elle et j'aime ça. La garde au sol est meilleure que ce à quoi je m'attendais et ne me limite pas dans mes velléités de hausser le rythme tant la moto m'y invite. Quelle surprise! Alors que je pressentais une moto tranquille pour flâner sur les routes, voilà que cette Rebel, au nom bien choisi en fait, me pousse à jouer avec elle.

 

 

 

 

Chaque sollicitation de la poignée de gaz provoque une réaction immédiate du moteur qui rugit alors que les vitesses s'enclenchent avec douceur et rapidité. Lors des freinages appuyés, les rétrogradages se font avec la même célérité et le petit coup de gaz automatique qui rajoute du plaisir à celui qui est aux commandes, en l'occurrence moi à cet instant précis. Et je n'ai pas envie de laisser ma place!

Ce moteur est une véritable réussite, mariant la vivacité et la douceur; j'ai vu sur la fiche technique que le couple maximum avait légèrement diminué mais qu'il était situé 2000 tours/minute plus bas. Le résultat est là, je me retrouve au guidon d'une moto enjouée, avec une partie cycle très réactive (peut-être favorisée par le centre de gravité abaissé avec cette position de conduite) et un freinage ma foi suffisamment puissant malgré la présence d'un simple disque. Je pensais essayer un custom, c'est en fait un roadster que j'ai entre les mains, hormis cette position de conduite atypique.

Et, dans le domaine qui me faisait craindre le pire, les suspensions, la moto ne me secoue pas trop sur les routes fripées. La fourche absorbe bien les chocs et les amortisseurs font correctement leur boulot.

Après avoir roulé sur le mode User, je teste le Standard qui n'a pas le coté trop lymphatique constaté sur la NCX 750 essayée il y a une semaine. La moto reste vive et je n'ai pas l'impression de rapports passés trop vite à des régimes très bas. En outre, la moto tire moins long; à 4000 tours/minute, elle roule à 115 km/h (130 km/h au même régime sur la NCX). J'augmente la vitesse pour constater que la pression du vent n'est pas trop forte; la position de conduite très basse doit favoriser cela.

 

Preuve que la moto incite à se lâcher, je teste l'accélération à plusieurs reprises ce qui est inhabituel chez moi. Je suis plus attaché au couple moteur à bas régime. Poignée de gaz ouverte en grand, dans un bruit réjouissant, la moto se dirige vers des vitesses inavouables. Qu'est ce qu'il pousse ce berlingot! Et le fait d'être assis bas et de ne pas être protégé par un pare-brise ou une tête de fourche accentue sûrement les sensations éprouvées à son guidon. Pour ma part, je m'éclate et c'est quelque chose que je n'avais pas prévu; d'ailleurs, je n'ai pas envie de rentrer tout de suite à la concession. Je veux profiter un peu plus de cette moto étonnante, la balancer de droite à gauche dans les enchainements de virages avec cette petite impulsion sur le guidon, la sentir prendre de l'angle avec cette grande facilité et écouter le moteur vrombir à la réaccélération qui suit. Jouissif!

 

Ma petite balade prend fin. Je suis sous le choc de cette découverte. Comme quoi, même après un million de kilomètres, la moto peut encore réserver de belles surprises. C'en fut une de prendre un tel plaisir à son guidon. 

Merci Sébastien d'avoir insisté. Cela aurait été dommage de passer à coté de cette généreuse petite moto. Je me rends compte que c'est le terme qui me vient à l'esprit pour la décrire car elle est menue, accessible avec sa selle basse et, à aucun moment, je n'ai eu le sentiment d'être au guidon d'une 1100 cm3. Il se dégage de cette CMX 1100 une belle simplicité à laquelle j'ai été sensible.   

Pour résumer, voilà un essai qui m'a mis en joie et a éclairé ma journée.

 

PS: alors que l'on attend la sortie imminente d'une NTV chez Honda, je peux dire que le moteur de cette CMX 1100 ferait parfaitement l'affaire. Avec une partie cycle plus routière et une position de conduite plus détendue, cette future Honda pourrait s'avérer sacrément équilibrée. Plus que quelques mois à attendre...