Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda Gold Wing 1800: le pullman à deux roues

Il y a huit ans  (déjà!), j'avais passé un week-end particulier au guidon d'une moto hors normes. Un moteur six cylindres,  un gabarit imposant, un poids élevé. Réticent au départ à rouler avec un tel engin, j'avais passé un excellent moment en sa compagnie en parcourant 900 kilomètres avec elle.

Bien qu'impressionné par ce moteur fabuleux, j'avais été rebuté par le poids de plus de 400 kilos et une boîte de vitesses un peu "archaïque".

Quand la nouvelle version est sortie il y a deux ans, je me suis dit "Enfin!" en voyant qu'elle adoptait une boîte DCT à 7 rapports. En outre, j'avais noté avec satisfaction qu'elle avait perdu du poids et qu'elle paraissait plus compacte.

J'en étais resté là en me disant que j'aurais peut-être l'occasion d'en essayer une un jour prochain.

Or, voilà que Honda France a décidé de poser son semi-remorque avec treize motos disponibles à l'essai sur le circuit de Pau-Arnos pendant le week-end du 4-5 juillet 2020. Il suffisait de s'inscrire et je n'ai pas pu  résister, j'ai opté pour l'Africa Twin Adventure Sports DCT. Ah, l'amour du trail, chez moi, c'est quelque chose! Quand il a su, ça, mon concessionnaire a insisté pour que j'essaye aussi cette Honda Gold Wing nouvelle génération dont il n'arrête pas de me dire du bien. Alors, soit!

Samedi matin, sous un beau soleil, j'arrive donc sur le très beau circuit de Pau-Arnos. Les Honda sont alignées comme à la parade.

C'est parti pour un essai de la Honda Africa Twin pour le plaisir car je commence à bien connaître la bête qui me fait toujours autant d'effet chaque fois que j'en prends le guidon. Et aujourd'hui ne faillit pas à la règle, je me suis régalé pendant cette demi-heure sur les routes du Béarn.

 C'est maintenant au tour de la grosse sœur. Car, même si elle a perdu pas mal de poids, elle reste une moto imposante. Première bonne surprise comparée à l'ancien modèle, je me sens moins "posé" sur la selle, j'ai l'impression de plus faire corps avec la machine. La moto me parait plus ramassée. En tout cas, aucun problème en ce qui concerne la hauteur de selle, ce qui me change des trails que j'aime tant côtoyer.

Une pression sur le démarreur et le six cylindres à plat se réveille dans un bruit inimitable. J'ai le tableau de bord sous les yeux. Honda a eu la très bonne idée de conserver deux cadrans à aiguille pour le compteur et le compte-tours. Même si j'ai fini par m'habituer aux nouveaux écrans de plus en plus lisibles, je dois reconnaitre que je leur préfère nettement la solution retenue pour le vaisseau amiral de la marque. Voir des aiguilles se promener sous un écran fait partie des joies simples du motard que je suis. 

C'est parti. Dès les premiers mètres, j'ai fait abstraction du poids tant la moto semble équilibrée. Les vitesses passent dans une douceur incomparable. Fini le "clonk"  peu en phase avec le moteur de cette machine. Dorénavant, la boîte de vitesses est à l'avenant. Dans les premiers virages, je balance la moto naturellement. Cette masse de fer et de plastique est bien présente à mon regard mais, à la conduite, je l'oublie totalement. Si je la compare à l'ancienne mouture, je dirais qu'elle se manie plus au guidon. Sur l'autre version, je me souviens avoir eu ce sentiment étrange (mais pas désagréable) que l'ensemble était mené par le moteur qui était aux manœuvres. Voilà  ce que j'avais écrit: "Ce bloc moteur, je le sens physiquement, sous mes fesses, rigide, comme si c’était lui qui dictait le comportement de l’ensemble. J’ai l’impression qu’il se balance au gré de mes directives, de droite à gauche et que les roues n’ont pas d’autre alternative que de le suivre dans ses mouvements. C’est lui qui mène la barque, il est le maître d’œuvre à bord".  Avec cette nouvelle génération, je retrouve le comportement d'une moto "normale", une sorte de Honda Paneuropéan. Elle se balance à droite, à gauche sans avoir à forcer.

Ce qui me frappe, c'est la qualité des suspensions. A l'avant, on trouve une suspension avant à double triangulation qui dissocie les fonctions d'amortissement et de guidage. En me penchant légèrement, je la vois travailler en dessous du tableau de bord; cela n'arrête pas de bouger mais, à mon niveau, c'est le calme plat. Un véritable tapis volant. A l'arrière, l'amortissement est lui aussi à la hauteur  et cela donne un sacré confort, même sur les plus grosses cassures. Avec la selle moelleuse, cela promet de longues étapes sans fatigue excessive d'autant que le carénage enveloppant semble bien protecteur, même si ce trop court essai ne m'a pas permis de vraiment le tester. J'ai quand même eu le temps faire varier la hauteur de la bulle  en actionnant un bouton sur le commodo gauche; tout est fait pour simplifier la vie du pilote sur cette moto.

Je me suis volontairement positionné à l'arrière du groupe afin d'avoir un minimum de liberté.  Je le laisse à plusieurs reprises prendre quelques longueurs d'avance ce qui me permet de rouler à mon rythme.

Première remarque. Quand on le sollicite, le moteur répond présent. La boîte DCT rétrograde instantanément et le six cylindres monte dans les tours avec une certaine allégresse. Il me parait plus vif que sur l'ancien modèle mais la boîte DCT très réactive participe n'est pas pour rien dans cette impression. Quant au bruit.... je parlerais plutôt de musique tant les sonorités qu'il distille ravissent mes tympans. Ce six cylindres est un élément clef de la moto. Je trouve qu'il lui donne une personnalité unique et participe activement à cette onctuosité totale qui émane de l'ensemble.   

 

 

Sur la deuxième partie du parcours, la route se fait plus sinueuse, le revêtement plus fripé et cela me permet de vérifier que la moto a gagné en vivacité. Les suspensions continuent à épouser les  obstacles. Habitué aux grands débattements des trails, je ne m'attendais pas  à être autant impressionné par l'efficacité de l'amortissement. J'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé trace des débattements des suspensions de cette Honda sur les fiches techniques. Mais le résultat est bien là, tout est filtré, que ce soient les petites inégalités ou les gros chocs (j'ai pu vérifier cela sur le ralentisseur du village de Bougarber). Tout cela fait que je me surprends à augmenter la cadence pour rattraper  les motards devant moi. La boîte se fait totalement oublier et les vitesses passent avec une douceur et une rapidité extrêmes. Bref, il est clair que l'on peut dorénavant titiller la moto quand on a envie de lâcher la bride. Je pense que le mariage d'un poids en baisse notable (et peut-être mieux réparti) avec une partie cycle revue (cette suspension avant à double triangulation doit y être pour beaucoup) est à l'origine de ce pas en avant. La présence de la boîte DCT apporte en outre une sacrée tranquillité dans le pilotage; au guidon, on a juste à se préoccuper du freinage,  de la trajectoire et de la réaccélération car on sait que l'on sera toujours sur le bon rapport. C'est reposant et très efficace pour rouler à un rythme enlevé, ce n'est pas la première fois que je me fais la réflexion ( à chaque fois que j'essaie une moto munie de cette boîte en fait!). Et s'il y a une moto sur laquelle la présence de cette transmission parait une évidence, c'est bien la Gold Wing.

L'essai se termine déjà. Il m'aurait fallu quelques heures pour avoir un point de vue élargi. Qu'en est-il du freinage, de la protection du carénage, de la garde au sol sur les petites routes de montagne, de la consommation....? Il n'empêche qu'elle a réussi à m'impressionner, cette Gold Wing. Et je ne suis pas seul dans ce cas car j'ai discuté au cours de ces deux jours avec d'autres motards et  l'expression sur leur visage après l'essai était révélateur.

 

 

 

 

PS: ce n'est pas du tout mon genre de moto mais j'ai trouvé la dernière sportive de Honda splendide. Quant au rythme que lui imposaient Mike Di Meglio et Freddie Foray sur le circuit .... Il était possible, pour une somme très raisonnable, de l'essayer sur cette piste béarnaise. Certains ont pu se faire plaisir, n'est-ce pas Seb?