Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

L'imagination en voyage (tome 1) - chapitre 6

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Chapitre 6

A l'horizon, le beige cédait sa place à une tâche de verdure ; l'oasis de Djanet s'offrait enfin aux deux
motards. Jurgen qui roulait en tête, leva la main vers le ciel en signe de victoire. Chris klaxonna à
plusieurs reprises pour manifester sa joie. Jamais entrée dans une ville ne lui avait procuré un tel
sentiment de bonheur ; il avait envie de dire bonjour à toutes les personnes qui marchaient dans le
rue. La douche prise au camping eut un goût divin, le repas du soir (trois morceaux de mouton noyés
dans une montagne de riz) prit les allures d'un véritable festin.


Une certaine mélancolie s'installa lors de la journée du lendemain ; après le contretemps provoqué
par sa panne mécanique, il était plus que temps pour Jurgen d'entamer sa remontée vers l'Allemagne.
Chris essaya de le convaincre de passer un peu plus de temps dans cette région mais ce fut peine
perdue. Son patron ne lui ferait pas de cadeau s'il arrivait avec du retard. " Je t'envie, tu es libre et il
n'y a que toi pour décider de ton rythme de voyage " lui dit-il.


Un grand vide s'empara de Chris quand Jurgen quitta le camping. A plusieurs reprises, il avait songé
l'accompagner. Ces dix jours passés ensemble avaient été d'une grande intensité et il lui était
douloureux de se séparer de ce compagnon si attachant et de retomber dans la solitude qu'il avait
connue en début de voyage. Il s'était pourtant bien habitué à cette longue route en solitaire, d'autant
qu'elle avait à de nombreuses reprises été entrecoupée de belles rencontres. Malgré cela, il se sentit
soudain bien orphelin dans cette petite ville perdue du sud-est algérien. Il déambula tristement dans
les rues poussiéreuses de Djanet à la recherche d'un peu d'énergie.


En fin de journée, Chris fut attiré par la douce fraîcheur d'un jardin situé à l'écart du centre ville. Il y
régnait une atmosphère apaisante. Son harmonica prit le relais en exprimant son mal être du moment.
Il ne remarqua pas la présence de ce touareg étendu sous un palmier dattier ; ce dernier
l'écouta sans se manifester.
Quand Chris s'arrêta de jouer, il se leva et vint le saluer en lui disant : " J'ai beaucoup aimé ta musique
; elle est mélancolique et triste mais très belle. Je joue moi même d'un instrument de musique
et cela me ferait plaisir de te faire écouter les airs traditionnels du peuple touareg ".


Chris balbutia quelques mots. La présence de cet homme alors qu'il se sentait en panne de moral,
doutant de l'intérêt de ce long périple , l'interpelait. Quel était ce hasard qui mettait cette personne
sur son chemin ? Il était troublé par ces rencontres qui semblaient surgir de nulle part pour lui donner
à chaque fois une énergie nouvelle et lui permettre de poursuivre le cours de son voyage. " Tu
réfléchis trop " se dit-il pour atténuer ce trouble qui l'envahissait " Prends les choses comme elles arrivent
". Il suivit l'homme jusqu'à une maison où ils partagèrent le traditionnel thé. Il laissa vite de
côté ses interrogations ; Siakou, c'était son nom, se montra particulièrement affable et lui inspira une
grande confiance. Ils parlèrent longuement d'un sujet qui les passionnait tous les deux : la musique.
Siakou retournait dans son village dans deux jours et il proposa à Chris de l'accompagner. Ce dernier
accepta avec joie, heureux de partager quelques journées avec ce touareg. Ce peuple le fascinait et
il avait parcouru de nombreux livres le concernant. Son voyage prenait un nouveau départ. Il passa
la journée du lendemain à réviser sa moto, à lui trouver un abri et à acheter de la nourriture.


Le lendemain, le jour se levait alors qu'ils entamaient les premiers pas d'une longue marche
accompagnés par quelques beaux nuages bordés de soleil.