Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

L'imagination en voyage (tome 1) - chapitre 14

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Chapitre 14

Les enfants se précipitèrent vers le portail en criant. La journée d'école était finie. Bob était parmi
eux.
Chris l'attendait sur le trottoir. Il venait d'achever la préparation de sa moto pour le départ du lendemain
et il avait ressenti le besoin d'aller à la rencontre de Bob pour profiter de ces dernières heures
avec lui. Il avait le coeur serré mais essaya de n'en rien laisser paraître. Ils s'installèrent à l'ombre
d'un palmier et mangèrent les gâteaux confectionnés par Aïcha .


Bob lui raconta sa journée de classe ; il semblait heureux d'apprendre et son instituteur qui avait
accepté de l'intégrer en cours d'année passait beaucoup de temps avec lui. Il lui était même arrivé de
lui donner quelques cours après la classe. Chris aurait voulu arrêter le temps mais l'obscurité gagnait
la ville. Il sortit son harmonica, comme il le faisait chaque jour depuis leur départ d'Alger. C'était
leur moment à eux au cours duquel il apprenait à Bob les rudiments de l'instrument. Il trouvait
d'ailleurs qu'il progressait vite, comme dans beaucoup de choses qu'il entreprenait. Aujourd'hui, il
lui installa l'harmonica dans les mains en lui disant : " Il est à toi, maintenant ".
Bob regarda l'instrument, leva les yeux vers Chris, silencieux. Il était incapable de dire quoi que ce
soit. Enfin, il bredouilla quelques mots :
" Mais, il t'appartient. Tu m'as dit que tu l'aimais beaucoup " " C'est vrai et c'est pour ça que je te
l'offre. Je compte sur toi pour bien t'en occuper. Quand tu en joueras, j'espère que tu penseras un peu
à moi. Ainsi, nous serons toujours ensemble ".
Il serra Bob dans ses bras en retenant ses larmes.
" Allons-y ! Aïcha a préparé un bon repas pour ce soir. Je ne voudrais pas la faire attendre ".

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Le Tassili était à quai. Chris était venu regarder ce bateau qui repartait pour Marseille demain et
dont le nom évoquait pour lui de si beaux souvenirs et un beau visage ancré dans sa mémoire. La
date du 7 juin était indiquée sur le billet qu'il venait d'acheter.


" Demain, tu rentres au pays " se dit-il à voix haute comme pour s'en convaincre.
Son esprit vagabondait. Il y a quelques jours, alors qu'il remontait sur Alger, il avait fait la rencontre
d'un touareg originaire de la région de Djanet, venu rendre visite à des amis à El Goléa.
Chris lui avait parlé de son long séjour dans le désert du Tassili N'Ajjer.
Il avait encore en tête les paroles de cet homme quand ils s'étaient séparés : " Dans deux semaines,
je rentre chez moi avec quelques chameaux. Si tu le veux, tu pourras te joindre à moi ". Il avait
décliné l'invitation en invoquant son retour prochain en France mais le touareg avait semblé ne pas
l'entendre et lui avait répété qu'il serait heureux de sa présence.

Il plongea son regard vers la grande bleue alors, qu'au même moment, des images d'étendues sablonneuses circulaient dans sa tête. Il ne
vit pas arriver le soir. Son esprit était rempli de sensations vécues tout au long de ces huit mois de
liberté ;il se laissa envahir par cette montagne d'émotions. Il sut qu'il passerait la nuit adossé contre
ce mur à écouter le clapotis de l'eau contre la jetée. Demain, il poursuivrait son chemin. Lequel ? Il
ne le savait pas mais il était étonnamment calme à quelques heures de sa décision. A pas feutrés, un
chat errant s'était approché de lui ; il caressa la boule de poils qui se blottit contre lui en ronronnant.


Demain ....... peut-être.

FIN ( et début).