Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

L'imagination en voyage (tome 1) - chapitre 12

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Chapitre 12

Il frappa à la porte en fer. Après quelques secondes, elle s'ouvrit. Saïd ,le cousin de Bob, parut
heureux de le voir. Il le fit entrer dans la petite cour intérieure.
" J'ai une proposition à vous faire " lui annonça Chris.


Les deux hommes entamèrent une longue conversation dont Bob était le fil conducteur. Chris expliqua
l'idée qui lui était venue à l'esprit : emmener Bob en vacances, lui permettre de découvrir son
pays ; il était persuadé qu'une telle expérience lui serait très profitable. Il sentait son interlocuteur
réticent. Alors, il insista, ne lâcha pas prise comme si sa vie en dépendait. En dernier recours, il promit
de tout faire pour pousser Bob à reprendre l'école au retour. Là , il sut qu'il avait marqué un
point car Saïd marqua un temps d'arrêt.
" Vous pensez pouvoir le convaincre ? ".
Il fit une nouvelle pause avant de reprendre : " Ce serait tellement bien pour lui. Comme je vous l'ai
dit, je suis un peu dépassé par les évènements, j'ai du mal à avoir de l'autorité sur lui. J'avais
envisagé il y a quelques mois de l'envoyer chez une tante éloignée qui habite à Timimoun pour
qu'elle s'occupe de lui. Mais il a refusé catégoriquement. Vous comprenez, il a toujours vécu ici ".


Les deux hommes se levèrent. Saïd serra la main de Chris.
" Je vous fais confiance. Vous pourrez partir avec Bob. Je lui annoncerai la nouvelle ce soir ; je
pense qu'il sera fou de joie. Je crois que vous avez raison, ce petit n'est jamais parti en vacances.
Et je voudrais tant que son avenir soit moins sombre que le mien " conclut-il dans un soupir.


Chris descendit vers le port en sifflotant. Une douceur printanière s'était installée dans la ville, les
arbres étaient en fleurs. Il fit un signe de la main à l'épicier du quartier. Il se mit soudain à courir sur
les trottoirs d'Alger, indifférent au regard étonné de certains passants ; il était léger,  rempli de
bonheur. Il riait, s'imaginait déjà sur la route avec Bob à l'arrière de la Transalp.

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Il y eut d'abord le départ au petit matin, de la maison de Saïd. Bob avait très peu dormi et il était
venu réveiller Chris très tôt. Ce dernier s'était amusé de son impatience à prendre la route.
Depuis le jour où son cousin lui avait annoncé la nouvelle, il était devenu une véritable boule de
nerfs. Chris avait réussi à lui dénicher un casque et une paire de gants ainsi qu'un jeans et un
blouson.


Tout doucement, la moto et son équipage descendirent les ruelles de la ville encore endormie ; Bob
tenait à voir le port, son port, une dernière fois ; le soleil du matin avait repeint en tons de rose et de
rouge la baie d'Alger. Chris arrêta le moteur de la Transalp et ils contemplèrent ce spectacle
étonnant.
Puis, ils s'éloignèrent du centre ville, traversèrent la banlieue qui s'éveillait. Enfin, les habitations
étaient devenues plus rares. La route leur appartenait.


Chris conduisait avec une prudence extrême, il se sentait responsable du gamin posé à l'arrière de la
selle. Ce dernier bougeait beaucoup, s'exclamait parfois en faisant de grands signes . Les arrêts se
multipliaient pour permettre à Bob de se reposer et de commenter tout ce qu'il avait vu.
Le premier soir ,ils trouvèrent un endroit isolé dans la nature. Tout était sujet à émerveillement :
l'installation de la tente, l'allumage du feu, le préparation du repas.
Bob s'endormit très vite ce soir là.

Assis en tailleur sur son sac de couchage, Chris le regarda un long moment, hypnotisé par ce petit
bonhomme de dix ans. Il espérait que ce voyage lui apporterait beaucoup au delà du plaisir du moment.
Il méritait tellement mieux que cette jeunesse à arpenter les rues d'Alger pour ramener
quelques dinars à la maison.

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Une muraille de dunes s'élevait à droite de la route. Ils avaient traversé il y a peu de temps El Goléa
et ils découvraient la naissance de l'Erg Occidental qui s'étendait jusqu'à Taghit, quelques centaines
de kilomètres plus loin vers l'ouest. A la vue de ces montagnes de sable, Bob tapota l'épaule de
Chris.
" On grimpe là-haut ? " lui demanda-t-il en lui montra la plus haute dune.


Difficile, devant un tel enthousiasme, de refuser, de lui expliquer que la nuit n'allait pas tarder à
tomber et qu'il fallait se mettre à la recherche d'un coin pour bivouaquer.
Ils gravirent la pente sableuse avec difficulté ; derrière, à perte de vue, il y avait des dunes. Ils
s'étendirent dans le sable encore chaud et assistèrent au coucher de soleil dans ce paysage de toute
beauté. Ensuite, ils attendirent la naissance des étoiles dans le ciel bleu nuit. Bob n'arrêtait pas de
poser des questions sur tout ce qu'ils découvraient et Chris essayait, parfois maladroitement, de lui
transmettre ses connaissances.


C'est un tout nouveau voyage qui s'offrait à lui ; Bob en était le centre et il était surpris d'avoir laissé
aussi facilement son égoïsme de côté pour s'occuper de son jeune compagnon ; les relations avec la
population avaient changé aussi. Les gens étaient étonnés de voir cet enfant sur une moto et plus encore
quand ce dernier s'adressait à eux en arabe.