Dès les toutes premières images diffusées par Honda en mai 2015, j’avais été frappé par la finesse de la moto. Elle dégageait une beauté naturelle, sans artifices. Depuis, mon opinion n’a pas changé. Je la trouve superbe et elle a le mérite de ne pas avoir cédé aux canons de la mode actuelle chez les gros trails qui finissent par un peu trop se ressembler avec, notamment, ce bec de canard que les constructeurs se croient obligés de greffer pour donner une image aventurière à leur modèle.
Non, sur cette nouvelle Africa Twin, c’est tout un ensemble équilibré qui s’offre au regard, avec une grande .finesse et une harmonie de l’ensemble assez remarquable. Elle possède sa personnalité et elle me donne le sentiment d’une beauté durable, justement parce qu’elle n’a pas cherché à coller à la réalité stylistique du moment, forcément éphémère.
J’avais noté qu’un Italien était responsable du design de l’Africa Twin, ce qui ne m’étonnait pas car il se dégage un côté très latin de cette moto.
Justement, dans une récente interview, Maurizio Carbonara indique que l’objectif était de parvenir à une moto restant belle avec le temps. Pour cela, il fallait éviter les lignes anguleuses qui, d’après lui, vieillissent vite. Le postulat de départ était de concevoir quelque chose de simple pour rester dans cette durée.
Il parle aussi du mode de fonctionnement de cette énorme entreprise qu’est Honda. Le service Advance Design, qui se trouve au Japon, lance des appels d’offres sur les futurs modèles et les designers répartis dans les bureaux de recherche et développement dans le monde préparent leurs croquis. Ceux-ci sont ensuite présentés à Motegi, à la haute direction qui décide quel est le meilleur.
Ce qui est intéressant dans sa description, c’est le changement qui vient de s’opérer. Auparavant, quand la décision finale de lancer le produit était prise, le projet était confié à une autre équipe dont le rôle consistait à transformer le prototype en moto de série. Avec l’Africa Twin, une nouvelle procédure a été mise en œuvre, sous l’impulsion de Maurizio Carbonara, le suivi par l’équipe ayant présenté le projet de la phase de mise en production. C’est la raison pour laquelle le modèle finalisé est identique au prototype.
Il donne un exemple significatif « Je vous donne un exemple parmi tant d’autres… Les radiateurs de l’Africa Twin sont des éléments clés pour comprendre qu’avec notre nouveau système, il est possible de corriger des choses tout au long du projet sans le dénaturer et sans risque de modifier l’équilibre de quelque chose qui plaisait. Les premiers radiateurs ont imposé une modification majeure de la partie avant de la moto qui aurait été moins compacte et musclée. Avec l’ancien système de production, on aurait probablement dû changer le design de la moto pour la production. Cette fois, nous avons pu faire une proposition afin de miniaturiser les radiateurs sans renoncer aux exigences des ingénieurs. Au Japon, ils ont aimé notre idée et on a pu conserver le design initial de la moto ».
Je réalise les interactions permanentes entre le design et la technique, et les multiples difficultés pour parvenir à accorder l’ensemble. Je suis quand même très heureux d’apprendre que l’on a échappé à la rupture de cet équilibre parfait grâce à cette nouvelle procédure récemment mise en place (c’est aussi le cas pour le prochain scooter City Adventure).
Merci, Monsieur Carbonara ! « Votre » Africa Twin est vraiment superbe !