Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

CF mto MT 700. Modernisme à l'ancienne

 

 

Mardi  7 octobre 2025. Cela fait quelques kilomètres que j'ai quitté la cour de la concession de Lons. Je suis à l'écoute de la moto, une CF Moto MT 700.

Il y a quelques jours, Florin, le concessionnaire, m'a proposé de laisser la machine à ma disposition quelques heures. Proposition à priori séduisante mais je connais mes réserves sur le moteur qui équipe la machine. C'est celui que l'on trouve sur plusieurs motos chinoises ( à consonance italienne ou pas...); Moto Morini, Benelli, QJ Motor, Rieju. En effet, je n'ai jamais été vraiment séduit par ce bicylindre très largement inspiré (copié?) de celui ayant équipé à partir de 2005 la Kawasaki ER6. Son martèlement un peu trop présent, une certaine "anémie" à bas régime que j'attribuais peut-être aux normes anti-pollution castratrices pour ce bicylindre de 20 ans d'âge.

Sur cette MT 700, ma toute première impression en actionnant le bouton de démarreur a été favorable. Un bruit contenu en était à l'origine. Et, alors que je quitte Pau avec Bruno, un ami qui m'accompagne avec sa toute nouvelle Transalp 750, je recueille avec attention mes premières impressions alors que je laisse le moteur dans la zone basse du compte-tours. Il me parait plus agréable que lors de mes essais antérieurs. Est-ce dû à un travail plus soigné au niveau des réglages de l'injection, de l'échappement? Je ne saurais le dire mais le bicylindre, sans être transformé pour autant, me délivre de meilleures sensations.

 

 

Les premiers virages arrivent vite sur cet itinéraire exclusivement sinueux et la partie cycle révèle tout de suite ses qualités. Châssis neutre, train avant sécurisant qui m'incite à prendre de l'angle sans me poser de questions. Cela tombe bien, j'aime les motos faciles à mener.

En attendant d'enfiler les kilomètres, c'est le poste de conduite qui m'interroge. Pas vraiment la position bien que j'ai été surpris au départ par des repose-pieds un peu trop en avant, mais plutôt l'emplacement du tableau de bord et de la bulle très éloignés du pilote. Cela donne le sentiment d'une moto imposante, longue, même si sa facilité à entrer dans les virages va à l'encontre de cette impression. Le pare-brise est réglable et je l'ai laissé à la hauteur la plus élevée.

 

 

Quant au tableau de bord, il possède de faibles dimensions tout en étant lisible et complet: indication de la pression des pneus et de l'autonomie restante, consommation moyenne, température d'eau, horloge. Il y a tout ce qu'il faut et j'apprécie le compte-tours circulaire  ainsi que le fond noir qui donne un bon contraste. Et j'apprécie également tout particulièrement les poignées chauffantes d'origine par ce petit matin frisquet de début octobre! Il y a même une selle chauffante mais je suis moins certain de son intérêt...

 

 

La boîte de vitesses verrouille bien mais, à la montée des rapports, il y a souvent un léger temps de latence qui empêche la fluidité que j'aime instiller dans mon pilotage.

Par contre, exit les à-coups que je constate trop souvent sur les motos chinoises à la coupure et remise des gaz dans les bas régimes. Sur cette MT 700, la réponse à la poignée de gaz est directe et douce et c'est un point important pour moi. Le moteur montre une très agréable souplesse alors que nous nous dirigeons sur les coteaux du sud de Pau; nul besoin de monter en régime.

Le revêtement devient fripé, la fourche et l'amortisseur absorbe bien toutes les inégalités. Cela me met en confiance pour hausser un peu le rythme au guidon de cette moto au pilotage naturel.

 

 

Traversée de Nay à faible vitesse, l'occasion de tester le bicylindre aux alentours des 2000 tours/minute. Il réagit bien, acceptant ces bas régimes et on peut rester en 6ième à 50 km/h sans provoquer des réactions de rejet. Je ne m'attendais pas à une si bonne volonté de sa part. Je tente même le rond point serré à la sortie de Nay, avant de se diriger vers Asson, en 3ième vers 1500 tours/minute et cela passe sur un filet de gaz sans à coup.

 

 

 

 

Nous nous dirigeons ensuite vers le col du Soulor. Le bicylindre possède une inertie propre aux moteurs "d'un certain âge" qui va également de pair avec des vibrations s'invitant quand on dépasse les 4000 tours/minute. Rien d'insupportable mais la signature d'une conception ancienne, avec un calage à 180 degrés qui laisse peu à peu la place à un calage à 270 degrés sur les motos récentes.

Sur la moto chinoise, on est loin des montées en régime vives, sans inertie, des moteurs modernes mais, au fil des kilomètres, alors que la pente s'accentue, je rentre en phase avec les caractéristiques particulières des 693 cm3 du bicylindre. Mon goût pour les motos accessibles favorise ce sentiment. Il est clair que le motard adepte de sensations devra passer son chemin faute de désillusions. Cette moto me semble à sa place dans le rôle de la routière tranquille, apte à bouffer du kilomètre mais sûrement pas dans celui de la moto à "arsouilles". On peut s'en douter en examinant sa fiche technique (67 chevaux pour 240 kilos tous pleins faits) mais je préfère quand même l'écrire...

Après Ferrières, les virages divers et variés répondent présent et c'est avec gourmandise que j'y plonge la moto tant elle est à l'aise dans ce registre. J'ai fini par ne plus faire attention à cet avant loin de mon corps, je me contente de balancer à droite, à gauche la MT 700 sans effort particulier même si la Transalp 750 qui me suit est encore meilleure dans cet exercice.

 

 

 

 

Le freinage est à l'unisson. A l'avant, le levier a un toucher agréable et les deux disques répondent bien, sans mordant excessif. Quant à l'arrière, même s'il n'a pas l'efficacité redoutable de sa grande soeur, la 800 MT Explore, essayée il y a peu de temps, il montre une réactivité bienvenue dans les entrées de virages serrés pour bien tenir la corde.

 

 

La montée du col s'effectue dans la plage 3000-5000 tours/minute où le moteur tracte suffisamment pour tenir un bon rythme. Le revêtement pas toujours très bon permet de constater le bon niveau des suspensions; 150 mm de débattement seulement mais un amortissement efficace et prévenant pour le corps.

Nous rejoignons ensuite le col d'Aubisque en mode flânerie. Je musarde, visière relevée, sur les derniers rapports (4, 5 et 6). J'ai la confirmation d'avoir sous le réservoir la meilleure interprétation de ce moteur à la conception ancienne. Il distille une certaine douceur inattendue et d'autant plus bienvenue, une souplesse agréable. Il manque juste à l'appel une transmission moins présente, afin d'éviter cette absence de fluidité lors des passages de rapports; j'arrive à atténuer cette caractéristique en accompagnant au mieux le relâcher d'embrayage mais cela nécessite une concentration que l'on ne peut maintenir à tout moment.

 

 

 

 

A l'arrêt, le poids non négligeable de la moto n'est pas trop handicapant du fait d'une hauteur de selle raisonnable me permettant de poser le devant des bottes par terre avec mon 1,74 m. Le rayon de braquage est correct mais je le souhaiterais meilleur, à l'instar de la Transalp 750 de Bruno qui m'accompagne. Puisque j'en suis à parler des sensations à faible vitesse, je trouve que le guidon mériterait d'être relevé pour un guidage plus précis de la moto. Dommage, j'avais laissé mes clefs allen dans la sacoche de réservoir de ma moto, sinon j'aurais pris quelques minutes pour le redresser.

La séance photos est l'occasion de s'attarder sur la moto. La finition parait soignée et elle est bien équipée: jantes à rayons tangentiels pour pneus tubeless, valves coudées, crash-bars, porte-bagages, bulle réglable en hauteur, pare-mains, sabot moteur en plastique, poignées et selle chauffantes.

 

 

 

La descente du col d'Aubisque continue à montrer le visage de cette MT 700, celui d'une moto évidente à mener. Les pneus CST ont leur rôle à jouer et ils se marient très bien avec la moto.

Après Laruns, une ligne droite est l'occasion de prendre un peu de vitesse. A 6000 tours/minute, le compteur indique 128 km/h. Etonnamment, alors que la bulle procure une protection satisfaisante (elle m'a permis de rouler souvent visière ouverte avec juste un filet d'air sur le front), mon buste reçoit la pression du vent. Est-ce dû à l'éloignement déjà signalé de la tête de fourche générant un flux d'air au niveau du torse? Peut-être. En tout cas, au niveau du résultat, c'est flagrant, le buste est peu protégé. J'en viens à me questionner sur les raisons d'une telle disposition et voilà mes conclusions. L'avant de la MT 700 a adopté en 2025 celui de sa grande soeur, la MT 800. Son installation sur une moto non prévue initialement pour le recevoir a pu générer des difficultés d'intégration et être à l'origine de cette particularité. Personnellement, je ne suis pas fan de cet avant que je trouve trop chargé; je préférerais plus de simplicité. Mais les goûts et les couleurs...

 

 

Allez, un dernier petit col pour se maintenir en forme, celui de Marie Blanque. J'ai le sentiment d'un moteur se libérant  (il était très peu kilométré au départ) et je sollicite un peu plus la poignée de gaz en montant les régimes à 6000 tours/minute. On n'a pas affaire à un monstre de puissance (cela tombe bien, je n'en vois pas l'intérêt...) mais la moto monte à l'assaut du plateau de Bénou avec une certaine allégresse. Ma réserve initiale vis à vis de ce moteur est en train de s'estomper, voire de disparaître. C'est l'avantage des essais sur plusieurs heures, la possibilité d'affiner son opinion, de mieux s'imprégner de la moto; de mieux la "comprendre".

Dommage que les passages de vitesses un peu heurtées avec cette transmission perfectible gâchent ce tableau. 

 

 

 

Les kilomètres défilent et les chiffres de la consommation moyenne sur le tableau de bord vont en diminuant. Des 5 litres/100 du début, ils sont descendus à 4,5 litres/100. Avec le réservoir de 20 litres, l'autonomie sera confortable.

 

 

La descente du col est effectué avec toujours autant de tranquillité d'esprit grâce à une partie cycle à la hauteur permettant un pilotage serein.

A Lurbe-Saint-Christau, nous empruntons la route menant à Arudy, un tronçon idéal pour tester une moto... et son pilote. Relâchement interdit sous peine de ne pas voir la motte de terre ou la grosse cassure, regard aiguisé obligatoire pour faire face aux (assez rares heureusement) véhicules venant en face du fait de l'étroitesse de la route, mais quel délice sur ces 20 kilomètres où la moto est elle aussi sollicitée, notamment son châssis et ses suspensions. L'équilibre de la MT 700 lui permet d'affronter sans peine ce tronçon et, au guidon, je me régale. La moto, c'est quand même un sacré instrument de plaisir et je ne m'en lasse pas!

La balade tire à sa fin avec une fin d'itinéraire très sympathique entre Buzy et Lasseube, puis Lacommande avant de rejoindre Artiguelouve.

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans ce dernier village, je teste de nouveau le moteur sur les très bas régimes et il assure le job sans problème. Même s'il n'est pas le plus enivrant acoustiquement parlant, ni le plus puissant dans sa catégorie, il a su me révéler tout au long des 190 kilomètres parcourus certaines qualités. En débutant cet essai avec un certain à priori défavorable à son encontre, je ne m'attendais pas à me laisser doucement séduire par cette mécanique "old school" au fil des heures passées sur une selle au demeurant prévenante pour le fessier.

 

PS: j'ai oublié de préciser que la MT 700 est auto-stable à très faible vitesse. C'est un caractéristique que j'apprécie sur une moto, cette faculté qu'elle donne à son pilote de rester les bottes sur les repose-pieds quand il se retrouve quasiment à l'arrêt pendant un court laps de temps.