Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda DN 01, la moto OVNI - chapitre 3

Index de l'article



Dimanche, 8 heures. Un coup de démarreur et le moteur laisse entendre son bruit feutré et agréable de V-twin. Sans l’avoir prémédité, je me mets en mode manuel. Les vitesses passent en douceur alors que je traverse la ville encore endormie. Je réalise que je ne maîtrise pas tout. Impossible de passer la 6ième avant 70 kms/h ; par contre la moto rétrograde d’elle même en 5 ième à 60 km/h, en 4 ième à 38 km/h, en 3 ième à 30 km/h et en seconde à 25 km/h.

J’emprunte la route de la vallée d’Ossau ; cela commence à grimper ; je joue à saute mouton en dépassant les voitures entre deux virages. Cela fera sûrement rire Luc et Bruno s’ils me lisent, mais je trouve le moteur alerte, volontaire, malgré le poids important de la moto. Je me fais plaisir sur ce revêtement impeccable et je commence à avoir confiance. C’est vrai que l’angle de chasse ne favorise pas une grande vivacité du train avant, mais en la travaillant au guidon, la moto s’inscrit plutôt bien dans les virages. Il fait frais sur cette route bordée par une falaise sur la gauche et la rivière sur la droite, mais les sommets ensoleillés que j’aperçois me promettent la chaleur dans quelque temps.

Honda Dn 01




Nouvelle entrée en Espagne en haut du col du Pourtalet et deuxième plein : 11 litres pour 243 kilomètres, soit 4,52 litres aux 100. Cela confirme ce que j’avais constaté avec la nouvelle Transalp 700 ; l’injection a permis de maîtriser la consommation. Je pense qu’en conduite « custom » sur des routes de plaine, on doit pouvoir approcher des 4 litres.

Honda DN 01 col du Pourtalet


Honda DN 01 col du Pourtalet
La descente sur Biescas est une succession de courbes qui s’enchaînent à 90 –100 en 6 ième où la moto semble glisser ; je souris sous mon casque.


Honda DN 01

Honda DN 01

Honda DN 01


A Biescas, je tourne à gauche, direction Ainsa. Un panneau comme je les aime annonce « virages sur 23 kilomètres ». Je ressens depuis un moment une chaleur dans le mollet droit ; je constate que, du fait de ma position « hors norme », la partie arrière de ma botte appuie sur le cache du pot d’échappement et elle transmet à mon corps déjà surchauffé une élévation de température dont il se passerait bien.
Egalement, je constate que le ventilateur, très discret au demeurant, se déclenche assez souvent. Je me demande si les éléments en plastique qui enserrent les carters du moteur n’en sont pas la cause en empêchant le moteur de respirer normalement.

Honda  DN 01

Je continue à rouler à un bon rythme que je qualifierais de rapide-coulé, celui qui me permet de me faire plaisir sans aller trop loin ; en effet, j’ai le sentiment que je pourrais difficilement rattraper un virage abordé trop vite. Le train avant pas très vif et la garde au sol limitée incitent à une certaine réserve.
Justement, au bout de cette ligne droite, je sens que le virage est plus prononcé que je ne l’avais prévu, trois impulsions sur le bouton et la moto rétrograde instantanément me donnant le frein moteur nécessaire. Depuis ce matin, je n’ai pas quitté le mode manuel et je l’adore. Je voulais tester l’automatisme en essayant cette moto et c’est le passage manuel des vitesses qui est une révélation pour moi. Les rétrogradages sont ce que l’on peut réussir de mieux quand on utilise le sélecteur de la meilleure manière qui soit, la rapidité en plus. C’est vraiment très plaisant à utiliser. L’avantage, c’est que si on a l’esprit occupé ailleurs, à l’entrée d'une ville que l’on découvre par exemple, les vitesses descendent automatiquement.

Honda DN 01

La route devient bosselée pendant une vingtaine de kilomètres. L’amortisseur arrière fait bien son travail, malgré mes craintes et le confort reste correct, aidé en cela par une selle généreuse, peut-être aussi par le gros pneu arrière qui absorbe un peu les chocs.

Alors que je rejoins le cirque d’Ordessa, l’idée traverse mon esprit que cette moto serait une bonne base pour un side-car. Non, non, je ne délire pas ! Serait-ce le fait qu’elle soit très basse qui m’inspire cette idée ou que notre petite Manon est arrivée il y a quelques mois : un peu des deux , assurément !

Honda DN 01 Ordessa

Quelques tunnels m’inspirent cette réflexion : il est toujours aussi malaisé de retirer ses lunettes de soleil avant la traversée pour éviter de se retrouver dans un trou noir et, mais cela n’a rien à voir, l’éclairage blanc bleuté du tableau de bord est très beau.

Après Ainsa, j’emprunte la route qui mène à la frontière. Peu après, un panneau indicateur mentionne « La ruta de las ermitas ».Le nom me plait et je m’engage sur cette route escarpée et étroite. La pente est raide et le V-twin continue à tracter l’équipage, tel le bon percheron. Un passage d’épingles très resserrées se fait dans la facilité, aussi bien dans la montée que dans la descente. Je dois avouer que je m’attendais à plus de résistance de la part de la moto, avec son empattement gigantesque. J’en déduis que le centre de gravité est situé très bas et qu’il participe à l’équilibre de la moto. J’avais déjà noté qu’elle restait très stable, quasiment à l’arrêt et je m’étais amusé à ne pas poser les pieds lors de brefs arrêts à un stop, par exemple.

Honda DN 01


A la dernière station d’essence avant la France, je rajoute 7,40 litres pour 163 kms, soit 4,54 aux 100. Un motard espagnol en Honda Paneuropéan vient s’extasier devant la moto qu’il trouve magnifique et « rare ». Je lui fais part de mes réserves quant à la position de conduite et la difficulté à transporter des bagages, il n’en démord pas. Elle lui plaît. Il conclut par « Quand ma fille sera un peu plus grande et aura sa moto, je me laisserais bien tenter ». Le concept de transmission manuelle ou automatique que je lui décris le séduit également. Avant lui, j’ai aperçu de nombreux automobilistes qui se retournaient sur son passage ; il est vrai que l’avant de la moto est assez impressionnant, beaucoup plus qu’en photo.

Honda DN 01

Dans la descente assez raide vers Saint Lary, une seconde d’inattention due à la fatigue, certainement, et je sors un peu large du virage. Cela confirme que, dès que l’on s’éloigne d’une conduite calme pour aller vers un rythme plus soutenu, il faut être plus attentionné qu’avec une moto dans le style de Honda 700 Transalp pour parler de ce que je connais. Elle est moins intuitive, mais je m’en doutais un peu en prenant son guidon. Par contre, je ne m’attendais pas à une telle polyvalence car elle vient d’avoir droit à son lot de virages, de dénivelées et de cols en tout genre et elle a bien assuré, je trouve.


Et ce n’est pas terminé. Après une pizza rapidement avalée, alors que je traverse Arreau, j’entends une voix qui s’élève. « Hé Ho ! Tu n’as pas envie d’une dernière petite montée ? ». C’est le col d’Aspin qui me fait de l’œil. Je me laisse tenter et entame les 12 kilomètres de ce sympathique col. Le point de vue est magnifique, la moto monte à un bon rythme, les rares voitures sont effacées d’un coup de gaz, j’use et abuse des rétrogradages si faciles à l ‘approche des épingles que j’aborde avec des freinages appuyés. Tiens je réalise que je n’ai pas encore parlé des freins. Je les trouve bons, mais je reconnais que je ne suis pas très violent avec, sauf exception. D’ailleurs, je n’ai pas encore utilisé le frein arrière ; il faut dire que j’ai un peu de mal à aller chercher la pédale de frein, là bas, tout au fond à droite !

Au sommet du col, je sens les regards des motards arrêtés sur le bord de la route ; moi qui aime les motos discrètes, je crois que j’ai raté mon coup ce week-end ! D’ailleurs, tout à l’heure, à Saint Lary, j’ai vu un touriste avec un tee-shirt Ducati qui a passé un long moment à ausculter la DN 01. A priori, c’est une moto qui ne laisse pas indifférent.



Tarbes : je décide de prendre l’autoroute. Avec un peu de chance, j’arriverai avant la fin de la sieste de Manon.
Ce n’est pas une bonne idée. Je viens de trouver l’endroit où il ne faut surtout pas emmener la DN 01. A 130, j’ai l’impression que l’on m’arrache la tête, alors que le moteur ronronne à 5000 tr/mn. Je suis penché en avant pour lutter contre le vent, je dois avoir l’air malin dans cette position sur une telle moto.
Je fais une tentative d’accélération. A 163 km/h, je capitule, le compte tours indique 6250 tr/mn et la moto ne demande qu’à poursuivre l’expérience mais pas moi.
Ce n’était pas une bonne idée d’emprunter l’autoroute, d’autant que Manon est réveillée depuis un moment et a déjà bu son biberon quand j’arrive à la maison !


Toutes les bonnes choses ont une fin et je n’ai pas pu profiter de ce lundi, jour de fermeture de la concession Honda, travail oblige. Dommage, j’aurais bien poursuivi l’expérience un jour de plus avec cette moto étonnante, bien plus polyvalente que je ne l’imaginais. Je l’ai volontairement utilisé comme une moto classique et, hormis cette position de conduite aberrante, juste bonne à soutenir l’activité des ostéopathes ( !), elle m’a bien plu au cours de ces 900 kms.

Une petite question à Monsieur Honda, deux plutôt.

Est ce que vous prévoyez des accessoires spécifiques pour le transport des bagages ( sacoche de réservoir …) ? Parce que, à la base, c’est plutôt le grand désert et, franchement, je l’imagine mal avec un top case ! de plus, je devais avoir l’air bizarre avec mon sac orange dans le dos .

Avez vous prévu d’installer cette transmission et ce moteur dans un autre modèle plus traditionnel, moins extrême, bref plus adapté à une utilisation quotidienne ? Parce que, mécaniquement, c’est une réussite et je salive à l’idée de ce système sur une moto plus légère et moins typée custom.


Bon demain, cela va me faire une drôle d’impression quand je vais rendre la DN 01 et que je vais rentrer avec la 125 Varadéro de Marie. J’espère que je n’oublierai pas de débrayer et que je ne passerai pas les vitesses avec la commande des clignotants !

PS : je trouvais que la moto était basse mais, en définitive, quand on la compare à celle de Manon…..

Honda DN 01