Jeudi 28 février 2019, 19H30. Un message de mon concessionnaire vient d'arriver. Il est succinct: "à bientôt".
Une photo y est jointe et elle me donne le sourire.
On y voit la nouvelle Honda CB 500 X en train d'être déchargée du camion. Enfin! Je l'attendais avec impatience, cette moto. Depuis quelques semaines, je prenais mon mal en patience en lisant et relisant les multiples essais de la petite dernière Honda, avec le sentiment très fort qu'elle pouvait me convenir. Je sens que je vais avoir un week-end bien rempli!
Samedi 2 mars 2019. 16H30. Une dernière courte ligne droite, je vire sur la gauche. Devant moi, la concession Top Moto de Tarbes et, surtout, bien mise en évidence, la Honda CB 500 X posée sur sa béquille latérale. Je coupe le moteur et m'approche de la moto rouge. Je la trouvais réussie en photo et mon sentiment se confirme de visu. Elle est belle, bien proportionnée. Je m'accroupis pour la détailler. C'est propre; on sent que Honda a peaufiné la moto, elle respire la qualité. Je m'installe dessus; elle est, comme prévu, plus haute que l'ancien modèle, mais de manière raisonnable.
Je lui dis "à très bientôt" et rentre dans le magasin. Philippe et Sébastien sont à pied d'oeuvre. La concession regorge de motos en ce moment et le climat plus que printanier a attiré les motards. On discute un peu de cette nouvelle moto qui plait beaucoup. Tout à l'heure, une motarde a craqué bien que, manifestement, sa faible taille lui posait problème. C'est celle-là qu'elle voulait, elle n'en démordait pas!
Sur les recommandations de Philippe, je pars à l'atelier pour vérifier la pression des pneus. Les préconisations du constructeur sont étonnantes: 2,8 bars pour le pneu arrière. Cela me semble beaucoup mais je suppose que les ingénieurs et techniciens connaissent leur boulot. Je rajoute donc un peu d'air. Je suis excité comme une puce; j'ai hâte de prendre la route avec cette moto que je verrais bien succéder à ma Transalp 700 dont je regrette l'achat. Elle n'est pas faite pour moi. Grosse désillusion après quatre Transalp 600 et 500 000 kilomètres à leur guidon.
Enfin, je m'installe sur la selle. Un coup de démarreur, le bicylindre se réveille dans un bruit feutré que j'aime tout de suite. Je débraye, le câble est d'une douceur exquise. Je décolle. Le moteur n'a que quatre petits kilomètres, l'aller-retour concession-station d'essence qu'a effectué Philippe tout à l'heure.
Premier rond-point, je fais demi-tour. Il faut que je sache tout de suite si les suspensions seront à la hauteur. C'est pour moi la plus grosse interrogation après avoir vu que les débattements avaient été très peu augmentés + 10 mm à l'avant, + 17 mm à l'arrière). Or, c'était ma principale critique lors de mon essai effectué en 2013: une fermeté trop importante. Je traverse Séméac, direction Sarrouilles. A la sortie, il y a une succession de gendarmes couchés et la côte qui suit a un revêtement fripé, cela sera une bonne indication des progrès réalisés. Je suis soulagé, la moto s'y comporte très bien, mieux que ma Transalp 700 aux débattements plus grands pourtant. Comme quoi, ces derniers ne font pas tout, la qualité des suspensions est au moins aussi importante.
Pour le moment, je ne sollicite pas le moteur, je respecte trop la mécanique pour cela. Je suis sensible à sa douceur, il est très souple et, en montant, j'ai trouvé qu'il tractait bien malgré des régimes plutôt bas.
Le soleil est présent, cela me donne un peu de temps avant de rentrer à Pau. J'emprunte donc les petites routes sinueuses des coteaux Est de Tarbes en direction de Bagnères de Bigorre. je me sens bien sur la moto, elle est évidente à piloter, s'inscrit avec une facilité déconcertante dans les virages. L'installation d'une roue de 19 pouces plus fine que la 17 pouces de l'ancien modèle change beaucoup de choses au niveau du ressenti. Je retrouve ce toucher de route spécifique que j'appréciais tant sur mes Transalp 600. Ce qui peut paraître un détail pour certains ne l'est pas pour moi. C'est ce genre de caractéristique qui peut me séduire totalement et faire basculer mon choix.
En cette fin de journée, je sens mon indice de bonheur motard en pleine augmentation! Il y a une belle alchimie entre nous deux. Même le tableau de bord recueille mon assentiment, moi l'adepte des aiguilles à l'ancienne. Il est sobre, clair et j'aime le compte-tours numérique rond, petit mais lisible. Tout est à sa place et permet une lecture immédiate.
La boîte de vitesses est précise et douce et c'est un point très important pour moi. L'injection est très bien réglée et répond instantanément aux ordres de la poignée de gaz. J'enchaîne les virages d'une petite impulsion sur le guidon, la moto réagit instantanément mais sans la vivacité que l'on peut avoir avec une roue de 17 pouces ( et, pour moi, c'est une qualité). Les freins répondent sans l'once de la moindre violence.
Tout semble en harmonie sur cette moto. Cela fait quarante kilomètres que je roule et la petite CB 500 X m'a glissé le titre de mon article à l'oreille: "le juste équilibre".
Elle se manie avec facilité, au point que j'ai l'impression qu'elle pèse moins que les 197 kilos annoncés tous pleins faits.
Je sollicite encore peu le moteur. J'imagine toutes les pièces neuves oeuvrant à l'intérieur; il faut leur laisser le temps de faire leur place. Pour l'instant, je ne vais pas au delà de 4500 tours/minute et cela me permet d'être à l'écoute du petit bicylindre. Et je dois avouer qu'il me plait bien. Je trouve qu'il émet un son très sympa et mesuré, comme j'aime. Surtout, il est très souple et accepte des traversées de village en 6ième à 50 km/h. Les coins de rues peuvent se passer en 3ième sur le filet de gaz.
Plus tard, je passe à Loucrup et j'enquille la descente avec gourmandise. La moto virevolte d'un virage à l'autre avec facilité. Je retrouve ce que j'avais déjà aimé en 2013, ce sentiment de la maîtriser totalement. Cela a du bon, une moyenne cylindrée!
En bas du tableau de bord, la consommation moyenne s'affiche. Elle a démarré à plus de 4,5 litres et baisse progressivement. Après 60 kilomètres, elle est à 3,7 litres.
Si mes souvenirs sont bons, j'avais les jambes moins détendues sur l'ancien modèle et le guidon était moins large. Là, je retrouve la position trail que j'affectionne et je me mets debout à quelques reprises pour constater que la position y est naturelle également.
Pas la peine d'aller plus loin, je suis séduit, vraiment. J'ai du mal à lui trouver des défauts, à cette moto. Si, il y a la béquille latérale que ne trouve pas naturellement lors de mes arrêts photos; le pare-brise mériterait d'être un peu plus haut, mais j'ai vu que je pouvais le remonter de quatre centimètres (avec une clef allen). Enfin, je trouve la moto réussie esthétiquement, sauf le feu arrière en pointe.
J'arrive à Pau après 99 kilomètres parcourus (oui, je sais, Pau n'est qu'à 40 kilomètres de Tarbes, mais je n'ai pas un grand sens de l'orientation et je me suis perdu....).
La consommation moyenne indiquée est de 3,2litres/100.
Marie sort voir la moto. Je vois bien qu'elle lui plait. Elle monte dessus avec la pointe des pieds au sol. Manifestement, la taille de 1,63 m n'est pas suffisante pour s'y sentir bien.
J'ai concocté pour demain un itinéraire près de "mes" montagnes en direction du pays Basque. Je suis impatient de rouler avec cette séduisante moto. Je voudrais la connaître un peu plus lors d'une journée intensive, notamment au niveau du confort. En tout cas, elle m'a déjà bien parlé, cette petite 500!
Dimanche 3 mars 2019. 8 heures. Je suis prêt. J'ai ingurgité un bon petit déjeuner en prévision de ma journée de route. Je me connais, je vais encore passer mon temps au guidon, m'arrêter régulièrement pour prendre des photos et quelques notes et je vais avaler mon "repas" sur le bord de la route en dix minutes chrono. Alors, autant prendre des forces dès à présent!
Je quitte le quartier silencieux, la nuit s'en est allée depuis un moment. J'emprunte la route de la Vallée Heureuse, au sud de Pau; quoi de mieux pour débuter la journée au guidon d'une moto qui me donne tant de plaisir. Cela tournicote; j'ai choisi les routes blanches sur ma carte Michelin. Et le revêtement est souvent fripé ce qui me permet de confirmer que les suspensions sont en réel progrès. Même sur des profondes cassures, l'amortisseur arrière atténue le choc avec douceur.
La froid est encore bien présent mais les montagnes ensoleillées au loin annoncent une belle journée.
La route grimpe et descend, la moto plonge dans les virages sans aucun effort. J'ai la confirmation de mon ressenti d'hier; avec cette roue de 19 pouces plus fine, la petite Honda se pilote au guidon, exactement comme mes 600 Transalp,et c'est une caractéristique qui me plait beaucoup. Le moteur, malgré sa petite cylindrée, amène bien l'équipage dans son petit bruit sourd. L'indicateur de la vitesse engagée est une bonne chose tant j'ai tendance à rester sur le rapport supérieur à celui sur lequel je pense être. Ce n'est pas un problème car le bicylindre reprend bas dans les tours sans rechigner.
Plus tard, j'attaque l'ascension du col de Marie Blanque. Dans la première partie la plus pentue, j'arrive à accrocher la 6ième dans les lignes droites. Aïe! Un virage se referme brusquement, je descends deux rapports tout en freinant et bascule la moto. Je n'ai même pas eu de petite frayeur tant elle se révèle évidente à manier. Je pense qu'elle fait partie des motos adeptes de l'improvisation.
Hier, je n'avais pas trouvé le terme pour expliquer son comportement. Ce qui le définit le mieux, c'est l'agilité. On est passé de la vivacité de l'ancien modèle à l'agilité. Il est clair pour moi que cela vient de l'adoption de la roue de 19 pouces plus fine et de ce guidon plus large. Dans la descente du col, je hausse le rythme. C'est en fait cette petite moto qui me pousse à cela tant elle est évidente à piloter. Je n'ai pas l'impression de forcer et le sentiment de sécurité est total; je crois, je suis sûr même que je ne serais pas allé plus vite avec un gros trail, style KTM 1050 ou Africa Twin.
Je rejoins la route principale qui mène au col du Somport, le temps de me rendre compte que je suis plutôt bien protégé, bien qu'ayant laissé le pare-brise en position basse. A 5000 tours/minute en 6ième, le compteur affiche 103 km/h.
Clignotant à droite à Lées-Athas pour partir à l'assaut des cols de Bouezou et de Labays. La route est tortueuse et défoncée. Dans les parties les plus accidentées, je ne rends pas la main et garde ma vitesse pour vraiment tester les suspensions. Dans de telles conditions, l'amortisseur finit par s'avouer vaincu et perd un peu pied mais je reconnais que l'on est là dans des conditions extrêmes. En temps normal, j'aurais baissé de rythme mais, aujourd'hui, je suis en mode test. Je veux tout savoir de cette machine.
Le col est rempli d'épingles serrées et je ressens un peu plus de retenue dans la mise sur l'angle comparée à l'ancien modèle. Mais, très vite, je n'y fais plus attention car la moto est quand même très réactive et obéit aux moindres injonctions données par une poussée sur le guidon. Il est d'ailleurs très facile de changer de trajectoire pour éviter un caillou ou des gravillons sur la chaussée. Qu'il est agréable de mener une moyenne cylindrée de poids contenu et aussi équilibrée!
Je rejoins la route de la Pierre Saint Martin et bifurque vers Sainte Engrâce. Sur cette portion déserte, l'harmonie est aux commandes. Tout se fait naturellement sur cette moto. Changer les vitesses, freiner, enchaîner les virages. Sa partie-cycle est vraiment excellente, permettant une conduite débridée. Quant aux freins que je sollicite un peu plus, ils assurent très bien leur travail. Le levier a une attaque franche mais pas brusque et le frein avant est bien secondé par l'arrière qui me permet de bien placer la moto dans les virages qui se referment. J'ai alors un sentiment très plaisant de totalement maîtriser la situation et de pouvoir faire face aux imprévus. C'est très reposant.
Montée du col de Bagargui. Je lâche la bride. Le moteur pédale bien et je note qu'il commence à être vraiment bien rempli à 4000 tours/minute. Je sais que Honda a travaillé le bicylindre pour lui offrir un peu plus de couple. Je ne peux pas mesurer mais le surcroît d'énergie à ce régime est flagrant. Bien sûr, cela reste un 500 cm3 et il n'a pas le couple d'une NCX 750, par exemple, mais je le trouve en parfaite adéquation avec le reste de la moto. Le juste équilibre, je vous dis!
J'arrive devant les chalets d'Iraty. 250 kilomètres parcourus et encore trois barres sur la jauge au tableau de bord. Cela promet une très bonne autonomie.
Dans la descente, je note que la fourche plonge un peu au freinage et j'aime bien ce côté trail. Je me fais surprendre par un virage à droite très serré. Aucun problème, je descends trois rapports en deux temps trois mouvements (le maniement de cette boîte de vitesses est vraiment un régal) et m'aide d'un freinage appuyé pour inscrire la moto. Les pneus Dunlop Trailmax ont leur part dans cette sérénité du pilotage; je ne sais pas ce qu'il valent sous la pluie mais, sur sol sec, ils sont très accrocheurs. Je dois l'avouer, je m'éclate au guidon de cette moto. Et aucune inquiétude pour ceux qui ont noté l'absence d'un double disque à l'avant, l'efficacité est au rendez-vous. Et cela a permis d'économiser un peu de poids et d'argent à la fabrication.
Plus loin, mon projet d'emprunter la D301 pour continuer à longer les montagnes tombe à l'eau. La route est fermée. C'est vrai que nous sommes en hiver, le climat printanier de ces derniers jours a eu tendance à me le faire oublier.
Une petite fatigue me tombe dessus et je fais une courte halte dans un café désert peu avant Saint Jean le Vieux. Je me débarrasse de quelques couches de vêtements car la température a bien augmenté. Je commence d'ailleurs à croiser des groupes de motards qui profitent de ce printemps précoce et des belles routes du pays Basque.
Je traverse rapidement la ville Saint Jean Pied de Port un peu trop fréquentée à mon goût et rejoint Saint Etienne de Baïgorry. De là, je prends la direction de l'Espagne via Les Aldudes. Encore une route à motards où les services de la DDE ont eu l'interdiction de construire des lignes droites de plus de 500 mètres! Cela tombe bien, les virages, ma moto du week-end adore ça, et moi aussi! Pendant deux-trois kilomètres, la route est très bosselée et je maintiens mon rythme soutenu pour éprouver les suspensions dans des conditions difficiles. C'est confirmé, ça finit par bouger pas mal et c'est un peu ferme mais ce sont là des situations inhabituelles.
En Espagne, je fais le plein. 11,37 litres pour 343,1 kilomètres parcourus, soit 3,31 litres aux 100. Il me reste 6 litres dans le réservoir! L'ordinateur de bord, très précis, indique 3,3 litres. J'ai noté que le compteur était également juste en lisant les vitesses affichées à l'entrée de certains villages sur les panneaux radars. Dans les quatre cas rencontrés, elles correspondaient à un kilomètre/heure près à celles mentionnées sur le tableau de bord.
J'attaque avec délectation la route allant de Ronceveaux à Saint Jean Pied de Port. Je l'ai déjà empruntée à plusieurs reprises et je sais quel bonheur cela peut être de la parcourir. Mais c'est la première fois que je la prends dans ce sens. Je me régale. La moto est fine au niveau des jambes et j'enserre bien le réservoir avec mes genoux. J'ai l'impression que l'on se connait depuis des années, que je peux faire ce que je veux avec elle sans réfléchir. J'agis et elle répond au doigt et à l'œil. C'est jouissif.
En descente, c'est souvent un peu plus compliqué qu'en montée car on est entraîné par le poids de la moto dans les virages. Là, rien n'entrave mon pilotage. Je bascule la moto de droite à gauche, j'écoute le moteur prendre ses tours. Je rétrograde à qui mieux mieux, avec une rapidité extrême. Au fait, en montant les rapports, on peut très bien oublier le levier d'embrayage, les vitesses s'enclenchent comme dans du beurre. Un shifter d'origine! Je suis aux anges, je voudrais que cette portion de route ne s'arrête jamais.
J'ai repéré sur ma carte une sympathique petite route ( la D 417) après Mendive. Malheureusement, elle aussi est fermée. Je contourne malgré tout la barrière. Tout est noir autour de moi, les prairies ont brûlé il y a peu de temps, semble-t-il. Cela donne une atmosphère particulière à l'endroit, d'autant qu'un vent très violent se met à souffler alors que j'arrive sur les hauteurs, ballotant la moto. Ce n'est pas l'endroit idéal pour rencontrer un problème, je décide de rebrousser chemin. C'est l'occasion de constater que le rayon de braquage est bon et que l'équilibre de la moto, bien aidé par le large guidon, permet de faire demi-tour dans un mouchoir de poche.
Je retrouve une route moins sinueuse et me dirigeant vers le col d'Osquich. Le moteur semble respirer de mieux en mieux alors qu'il approche des 500 kilomètres. Je le dis depuis toujours, un rodage soigneux, c'est important, même sur une moto moderne. D'ailleurs, malgré mon rythme en constante hausse, l'indicateur de consommation se stabilise à 3 litres.
Cela fait bientôt neuf heures que je suis sur la selle et je commence à ressentir une petite fatigue. C'est dans ces moments-là que je demande à mes motos de se faire oublier. Mes 600 Transalp font ça très bien, et cette CB 500 X est de la même veine. Elle accepte les régimes parfois trop bas dans les traversées de villages et reprend sans le moindre à-coup, elle accepte un pilote moins attentionné au dessus qui lui laisse faire le boulot. Je pense qu'elle va convenir aux motards qui vont l'utiliser au quotidien dans les grandes villes.
Ligne droite, je reste en 6ième et dépasse la voiture devant moi. Cela me confirme que ce bicylindre est vaillant dans les moyens régimes. Je me retrouve à 125 km/h à 6000 tours/minute.
La balade se termine. J'ai du soleil dans la tête. Cette moto est excellente, je comprends mieux les commentaires très favorables de l'ensemble de la presse.
Surtout, elle correspond parfaitement à ce que j'attends d'une moto, ce mélange de douceur et de comportement naturel. De plus, ce train avant nouvelle génération lui a donné ce toucher de route de trail que j'affectionne tout particulièrement. Les quelques chemins que j'ai empruntés ont montré que la moto s'y révélait facile à mener. Enfin, la qualité des suspensions a fait un bond en avant au point que j'ai parfois eu l'impression d'avoir plus de débattements que ceux indiqués sur la fiche technique. La contrepartie de ce côté trail plus prononcé, c'est la hauteur de selle en hausse. Je mesure 1,74 m et je touche le devant des pieds par terre à l'arrêt, c'est à dire que je ne suis pas sur la pointe des pieds mais que je n'ai pas les pieds à plat. Cela ne me gêne pas car je suis habitué aux trails et que la moto a un poids contenu. A chacun de se faire son opinion en allant chez son concessionnaire.
Au niveau équipement, il lui manque les pare-mains si précieux quand on roule comme moi les douze mois de l'année. Un prolongateur de garde-boue avant me semble aussi nécessaire pour éviter de repeindre les pots et le moteur bien exposés derrière. Enfin, un sabot de protection serait utile, même pour ceux qui ne s'aventureront pas en tout-terrain avec. Je suppose que Honda a voulu limiter les coûts de fabrication et, pour ma part, je préfère que le constructeur ait mis l'accent sur les suspensions plutôt que sur l'équipement.
Demain, je vais ramener la moto à mon concessionnaire. Je pensais être triste de la quitter après ces 500 kilomètres passés ensemble. En fait non. Tout d'abord parce que j'ai prévu de passer par le col du Soulor pour aller à Tarbes afin de me délecter une fois encore de cette partie-cycle géniale sur les routes sinueuses. Et surtout parce j'ai décidé de passer commande. Elle me parle, cette moto, et je me verrais bien effectuer quelques dizaines de milliers de kilomètres avec. Je la veux en blanc. Je trouve qu'elle est aussi très belle dans ce coloris et cela me rappellera ma Honda 500 VTE, avec la même cylindrée, quasiment la même puissance et, plus surprenant pour une routière, le même débattement de fourche. Si cette CB 500 X pouvait se révéler aussi bonne voyageuse....
Je rêvais depuis trois ans d'une Africa Twin tant cette moto m'avait séduit, même si j'avais conscience de ne pas avoir besoin d'une aussi grosse cylindrée. Un budget familial un peu juste a remisé ce projet aux oubliettes et l'arrivée de cette CB 500 X arrive à point nommé. Ces quelques heures passées en sa compagnie m'ont montré que cette 500 était d'une très grande homogénéité. Et je ne parle pas du coût à l'utilisation....
Honda a tapé dans le mille avec elle. J'annonce une rupture de stock avant la fin de l'année avec les 1300 motos disponibles pour 2019!
Mardi 12 heures. Je quitte le travail. C'est le moment de ramener la Honda à mon concessionnaire. Le temps est doux, le soleil illumine la ville, il n'en faut pas plus pour me convaincre qu'un léger détour par le col du Soulor s'impose. Pour le plaisir tout d'abord et aussi pour avoir encore quelques réponses à mes questions. Après avoir tournicoté tant et plus dimanche, je voudrais voir comment se comporte la moto au quotidien. C'est donc la sortie de Pau, les remontées des files, les feux rouges et ronds points, puis la longue ligne droite jusqu'à Nay. En ville, la moto et sa maniabilité font merveille. Je m'en doutais mais c'est mieux de vérifier. Sur le ruban de bitume monotone, je me stabilise à 110 km/h à un peu plus de 5000 tours/minute. Une vitesse où la moto se sent bien. La bulle en position basse renvoie un peu d'air au niveau du casque mais il n'y a pas de remous. Je pense que le réglage en position haute devrait me suffire et qu'il ne sera pas nécessaire d'acheter une bulle plus imposante.
Plus loin, c'est avec gourmandise que je bifurque vers le Val d'Azun. Les virages se succèdent et sont avalés avec toujours autant de facilité.
A la sortie de Ferrières, la pente se fait rude et je reste volontairement en quatrième, même dans les virages qui se resserrent. Il tracte bien, ce petit bicylindre. Après Arbéost, je lâche la bride. Le moteur rugit un peu plus fort et je reste concentré sur mon pilotage. Instinctivement, je me limite à 6000 tours/minute sur les rapports et c'est largement suffisant pour avancer à un très bon rythme. Je me souviens très bien que, dans les mêmes conditions, je m'étais limité à 7000 tours/minute avec l'ancien modèle en 2013. C'est pour moi la confirmation des progrès réalisés au niveau du couple dans les moyens régimes. Honda n'a pas menti, il y a bien une amélioration à ce niveau-là. J'aimerais bien voir la courbe de puissance de ce moteur, je suis certain qu'à ce régime de 6000 tours/minute, on ne doit pas être très loin de la puissance maximale délivrée par le bicylindre. Je pense que je n'aurais pas souvent besoin de dépasser ce régime au guidon de ma future monture.
C'est ensuite la descente du col du Soulor. Je me laisse emporter par la pente en 6ième. La souplesse du moteur permet de musarder ainsi.
Avant d'essayer cette moto, je m'étais demandé si une cylindrée modeste limitée aux 47,5 chevaux du permis A2 allait me permettre de rouler comme j'aime le faire, à savoir sans avoir à solliciter les hauts régimes mais sans pour autant me traîner. Je suis rassuré, la réponse est positive. Sur les quelques dizaines de kilomètres que je viens de parcourir, cette CB 500 X a alterné une montée plutôt raide en tractant paisiblement à 3-4000 tours/minute, puis m'a permis de sonner la charge sans jamais dépasser 6000 tours/minute, enfin elle a ronronné comme un matou satisfait à des régimes très bas pendant que je profitais des superbes paysages du Val d'Azun.
A Argelès-Gazost, j'emprunte la quatre voies. Je me stabilise à 130 km/h au régime de 6200 tours/minute. Les vibrations deviennent plus présentes dans les repose-pieds à cette vitesse. Je descends à 125 km/h et c'est tout de suite mieux. C'est peut-être la vitesse idéale sur autoroute.
J'arrive à Tarbes après ces 100 kilomètres bien agréables. Le plein d'essence confirme la frugalité du moteur: 9,54 litres pour 305 kilomètres, soit 3,12 litres aux 100!
Dernier arrêt devant ma concession. Il est temps de passer aux choses sérieuses, la signature du bon de commande!
Dans quelques semaines, une nouvelle page de ma vie de motard va se tourner. J'ai hâte de poursuivre ma relation avec cette séduisante moto.
PS: quelques photos de l'ancienne et la nouvelle génération réunies.