Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda NCX 750: la NCX s'étoffe - Noël en NCX 750

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24 décembre 2013 : le temps est plus qu’incertain quand je quitte le boulot en fin de matinée.
Ce n’est pas grave, j’ai du soleil dans la tête. Un peu plus de 300 kilomètres au programme via les petites routes du Gers, Tarn et Garonne et Lot.

Au moment où je prends la route, il pluviote, c’est-à-dire que la route est mouillée mais pas lavée. Résultat, les traces de gas-oil sont bien visibles, celles de la boue déposé par les pneus des tracteurs aussi. Autant dire que ce n’est pas le moment se sortir la grosse attaque.
 Puis, au fil des kilomètres, je prends la mesure de l’adhérence, bien aidé en cela par des pneus qui réagissent bien.

 







Pour rejoindre le hameau de Dordogne où sera fêté Noël, j’ai donc opté pour des chemins détournés afin d’éviter les trop longues et monotones lignes droites des Landes et du Lot et Garonne. Le parcours prend une autre dimension : je ne vais plus d’un point à un autre ; je pars en voyage. Cela change tout.

Les paysages sont variés, je traverse de beaux villages. Bien sûr, parfois, j’hésite et cherche un peu mon chemin, mais c’est l’occasion de parler à une personne du coin. Là, c’est le vendeur d’huitres qui me remet dans le droit chemin avec son bel accent chantant.






La vitesse de croisière que j’adopte est aux alentours de 115 à 3500 tours/minute, celle qui me permet de ne pas me traîner sans pour autant être en décalage avec l’environnement.
La bulle Ermax installée par mon concessionnaire me protège bien de la pression du vent, mais rend mon casque un peu bruyant. Heureusement, j’ai les bouchons d’oreilles pour atténuer le bruit. 





Je varie dans mes choix. Un peu en mode manuel, puis l’automatisme prend le relais. Il est facile de changer, alors profitons en.

Trois chevreuils me font le freinage, heu non, je veux dire qu’ils traversent juste devant moi. Je saute sur les freins, confiant. L’ABS est bien utile dans de telles circonstances avec cette route glissante.





 

 

 

Le revêtement devient plus granuleux et j’augmente le rythme, d’autant que je découvre une belle route vallonnée et sinueuse après Lectoure.

 

 

 

 

La luminosité s’améliore et tout cela m’incite à me lâcher un peu. J’aime cette moto qui répond présent, se balance aisément d’un virage à l’autre. Je ne fatigue pas tant cela se fait naturellement, le résultat d’un poids placé bas avec le moteur très incliné et le réservoir sous la selle. Le vent est présent mais ne me gêne pas, la moto y étant peu sensible. Un virage à droite se referme, mon pouce donne instantanément une légère impulsion sur la commande et je descends un rapport ; cette boîte si réactive est vraiment source de plaisir et de sécurité.



Le moteur est d’une discrétion exemplaire. Cela va plaire à certains, comme moi, moins à d’autres. D’ailleurs, j’ai été surpris de voir que, dans le catalogue Honda, un pot Akrapovic était proposé. Le bicylindre se fera sûrement mieux entendre avec cet échappement optionnel.

 

 

 

 

Les virages se raréfient et de longues lignes droites sans radar me permettent de remonter un peu la moyenne. Au loin, deux énormes panaches de fumée ; c’est la centrale de Golfech. Les noms de Fukushima et de Tchernobyl résonnent alors désagréablement dans ma tête. Je ne peux m’empêcher de penser que l’homme joue à l’apprenti sorcier avec ces énormes cocottes minute dont il ne maîtrise pas totalement la technologie. Cela fait froid au dos de penser que toute la belle région que je viens de traverser pourrait se voit abandonnée par ses habitants en cas d’accident nucléaire. Mais, je m’égare !

 

 

 

Sans GPS et ayant oublié la carte à la maison, je me perds un peu après Lauzerte alors que la nuit s’installe et qu’une petite fatigue se manifeste. Je me retrouve à Cahors et c’est le début du déluge. Bon, il semblerait que la fin du parcours va être un peu plus compliquée ! Derrière la visière,ébloui par les  phares des nombreuses voitures, je tente de me repérer dans les grandes courbes de la N 20. Le froid gagne peu à peu mon corps. Dans ces conditions, ce que je demande à ma moto, c’est de se faire oublier. C’est le cas, « ma » NCX 750 semble me diriger tranquillement dans cet univers hostile au motard.

Le moindre défaut se révèle alors. Pour moi, c’est le fait qu’elle tire trop long, cette moto. En manuel, je passe la sixième à 75-80 km/h environ minimum, et en mode D, c’est aux alentours de 65 km/h qu’elle passe. Même si le moteur me parait plus souple que celui de la 700, je trouve que le régime moteur est alors trop bas. Si j’en avais une ou (version plus optimiste), quand j’en aurai une, la première chose que je modifierai(s), c’est le pignon de sortie de boîte, avec une dent de moins. Je suis certain que cela donnerait une sixième plus exploitable, sans pour autant augmenter la consommation. Un de mes lecteurs, qui a effectué cette transformation, m’a d’ailleurs confirmé les bienfaits de ce changement sur sa NCX 700.

Le plein à la station d’essence de Lauzerte a révélé une consommation en hausse. Serait-ce dû au vent bien présent et à mon aérodynamisme d’armoire normande, dans ma combinaison de pluie XXL ? Il n’y pas péril en la demeure puisque j’ai consommé 3,89 litres aux 100, ce qui reste très raisonnable ! Je deviens exigeant.

Je termine mon étape sur une route boisée, bosselée, parsemée de feuilles mortes. En définitive, j’aime ces conditions un peu extrêmes. Elles permettent de créer un lien avec sa moto qui devient une compagne de voyage avec laquelle on partage les bons et mauvais moments.   

 

 

 

 

25 décembre, la moto a été repeinte hier, et je lui offre un petit nettoyage ainsi qu’un graissage de la chaîne. Elle l’a bien mérité.

 16H30 : j’abandonne mes hôtes alors que nous entamons à peine le dessert. Il  est raisonnable de ne pas trop retarder mon départ. Les fortes pluies du matin ont laissé place à un soleil agréable dont j’aimerais bien profiter avant l’arrivée proche de la nuit.



J’emprunte la route que je n’ai pas su trouver hier. Une merveille d’alternance de courtes lignes droites et de virages serrés, avec quelques dénivelés. J’ai opté pour le mode manuel qui, je dois l’avouer, est celui que je préfère car je choisis mes rapports en fonction de mon envie du moment, et si je veux rester sur le troisième rapport entre ces deux virages, ce n’est pas un calculateur tout sophistiqué qu’il soit, qui va m'en empêcher en décidant de passer la quatrième avant de rétrograder juste après.

 

 

 

 

 Là, je me régale des trois impulsions rapides, du pouce, pour passer de la sixième à la troisième, avant d’aborder ce virage serré et cette remontée des rapports en effleurant la commande avec l’index. La moto virevolte, vive, je fais corps avec elle.

Arrêt express à Cahors où j’ai passé trois belles années.

 

 

 

La nuit s’annonce dans un bel écrin rouge, alors que le soleil disparait au loin. Je retrouve avec plaisir cette route que j’empruntais chaque semaine avec ma Transalp.

 Castelsarrasin : un dernier plein. 8,24 litres pour 234 kilomètres soit 3,52 litres/100, c’est quand même très peu !

Il me reste 200 kilomètres après 15 minutes d’arrêt chez ma frangine dont le bol de soupe chaude m’a requinqué.

Je retrouve cet état d’esprit que j’ai souvent eu lorsque j’avais une étape un peu difficile qui s’annonçait. Toute mon énergie se focalise alors sur l’accomplissement de cette étape. Je fais entièrement corps avec la moto, mon attention est décuplée et tout s’enchaîne naturellement : les virages, les voitures à dépasser, les villages à traverser. La pluie a la bonté de ne pas s’inviter à la fête.

Mon rythme devient soutenu, en mode D. Je découvre une nouvelle facette de cette boîte DCT lorsque je me retrouve derrière les voitures ; je mets gaz en grand et, instantanément, la boîte descend deux rapports, le moteur rugit (un rugissement si silencieux, est-ce vraiment le bon terme ?) et j’avale les véhicules sans coup férir. Une réactivité impressionnante ! Je renouvelle systématiquement l’expérience et ça marche à tous les coups. Cela me permet de noter que, sur le quatrième rapport, ça pousse fort vu la rapidité avec laquelle j’effectue mes dépassements. Vraiment coupleux ce moteur, et vif, sous son apparence de matou docile !
 
Le moteur a dépassé les 1000 kilomètres et je me dis que ce rythme soutenu sera un bon test pour la consommation qui devrait augmenter sensiblement, d’autant qu’un vent d’ouest me fait barrage de temps en temps.

 

 

Dans la descente après Mirande, je me mets en mode S pour profiter du frein moteur. C’est pratique, sur cette moto, il y a trois menus au choix mais on a le droit d’en changer à tout moment. Essayez dans un restaurant pour voir ! Je commence vraiment à apprécier l’étendue des  possibilités de cette boîte.

Serait-ce parce que je le sollicite plus, je trouve que le moteur est plus alerte. Ce rodage soigneux et rapide a sûrement joué son rôle.

L'éclairage est correct en code et plutôt bon en plein phare, même si une voiture fera toujours beaucoup mieux. Quant au tableau de bord, bien qu'adepte des bonnes vieilles aiguilles, je lui reconnais une bonne lisibilité.

Je suis heureux de cette belle virée, le jour de Noël. Le prêt de cette NCX 750 est un de mes plus beaux cadeaux de Noël (merci Philippe), même si je sais que, dans quelques jours, je vais devoir la rendre. Je pense alors à cet autre beau cadeau sous la forme d’une soupe déshydratée que j’avais dégustée le soir de Noël, près d’un petit feu, alors que je me trouvais seul dans le magnifique désert du Tassili N’ajjer. Je me demande si ce souvenir ne remonte pas à la surface à cause de cette NCX. Car elle me donne envie de voyager, cette moto. Je ne peux m’empêcher de l’imaginer m’accompagner dans des contrées lointaines, dans la traversée de l’Amérique du Sud, par exemple.
D’ailleurs, la base de cette moto me semble tout à fait adaptée au développement d’une version voyageuse. Il suffirait de demander aux ingénieurs motoristes de Honda dont la réputation n’est plus à faire, de tirer 10 chevaux de plus de ce moteur quitte à mettre de côté l’aspect consommation, de remplacer le coffre très pratique au demeurant, par un deuxième réservoir de 10 litres pour une autonomie exemplaire, d’installer des suspensions à plus grands débattements, une roue avant de 21 pouces, des jantes à rayons, un pot d'échappement relevé, un beau sabot de protection en alu, un carénage plus sportif, des couleurs différentes.
Cela donnerait une NCX 750 dans le rôle de la Transalp et ce nouveau modèle dans celui de l’Africa Twin ; je me dis que ce nom mythique pourrait être conservé.

Je rêve ? Peut-être….



A 50 kilomètres de l’arrivée malheureusement, la pluie s’invite. Avec un vent puissant, je vois les grosses gouttes d’eau arriver à l’horizontale sur ma visière.

Je m’accroche derrière une voiture dont les deux feux rouges me servent de guide. C’est l’occasion de noter que les pneus Dunlop installés sur la moto ont un excellent grip et mettent en confiance. Que de progrès réalisés ces dernières années dans le domaine !

J'arrive transi, mais heureux, dans la maison et je m'empresse d'allumer le poële. Je remercie par la pensée cette moto de m'avoir fait vivre de belles heures de route.

Impossible de le cacher, je suis sous le charme.

 

 

 Il va  falloir bientôt quitter cette attachante moto rouge. J'ai fait le plein tout à l'heure et comme je l'avais prévu, la consommation a bien augmenté. Il faut dire que, outre un retour de nuit à un rythme enlevé et une utilisation du kick down lors de la majorité des dépassements, j'ai effectué un aller-retour Pau-Tarbes par autoroute sous une pluie diluvienne et avec un fort vent de face en rentrant à la maison. Résultat: 11,33 litres pour 271 kilomètres soit 4,18 litres/100. En comparaison, avec ma Transalp 600 dans les mêmes conditions, la consommation aurait été de l'ordre de 6,5 litres/100. Le progrès est net.