Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda Hornet 750: un essai pour se rassurer

Une fois n'est pas coutume, je ne vous convie pas à l'essai d'une moto, mais plutôt à celui d'un moteur.

Car, lors du salon EICMA où j'ai pu me rendre pour la première fois, je dois avouer que l'annonce du vice-président de Honda Europe lors de la présentation de la Transalp XL 750 m'avait laissé dubitatif. C'était celle sur la puissance du nouveau trail de moyenne cylindrée du premier constructeur mondial. 91,8 chevaux, soit exactement la même puissance que la Hornet 750 avec qui elle partage son moteur.

J'étais pourtant persuadé (et je n'étais sûrement pas le seul!) que les motoristes allaient revoir le bicylindre pour offrir plus de souplesse, plus de couple à bas régime et moins d'explosivité en haut car les deux motos ne s'adressent pas à la même clientèle. Entre le jeune adepte des roadsters un brin sportifs, avec une propension aux wheelings et le motard plus âgé qui cherche une machine polyvalente apte au duo et aux voyages, il y a un fossé difficile à oublier. La lecture du dossier presse indiquait toutefois que l'injection avait été retravaillée pour un "comportement plus en adéquation avec une utilisation tourisme à laquelle cette machine est destinée" et que l'accélérateur électronique avait également des spécificités propres à la Transalp. Malgré cela, j'en restais avec quelques interrogations qu'il était bon de lever rapidement.

Cela tombe bien, Honda France a décidé de faire circuler deux Hornet 750 (une en A2, l'autre non bridée) de concession en concession et c'est à Tarbes que ces deux modèles sont prêts à être essayés ce mardi 13 décembre 2022.

Que ceux qui attendent des impressions sur un roadster sportif avec force détails sur les performances et la puissance à haut régime peuvent arrêter tout de suite la lecture. Mon intention est de comprendre ce moteur avec mon rythme habituel, solide mais dénué de toute brutalité. Je n'ai qu'une envie, voir si les 755 cm3 nantis de 91,8 chevaux ne sont pas trop "exubérants" pour cette Transalp qui me fait déjà rêver.

Première opération à effectuer pendant que le moteur chauffe, c'est le choix de la physionomie du tableau de bord qui offre quatre possibilités. J'opte pour le gros compte-tours "à aiguilles" et le fond noir. Il y a également quatre modes de conduite entre Rain, Sport, Standard et User (que l'on programme en fonction de ses envies et besoins). Même pour un réfractaire comme moi à ces nouveaux tableaux de bord programmables, je trouve que la navigation est plus intuitive, plus simple que celle de l'Africa Twin (il n'y a pas de mal!), mais l'aide de Sébastien est cependant la bienvenue... 

 

Je choisis le mode Standard, replie la béquille latérale, relâche l'embrayage doux et progressif et quitte la concession. J'ai un peu plus d'une heure devant moi pendant la pause de midi. Quelques centaines de mètres plus loin, un constat s'impose: c'est bien une Honda. Facile à manoeuvrer avec un guidon qui donne une position assez droite, un moteur souple, une boîte onctueuse, je quitte la ville en laissant le bicylindre ronronner à bas régime.

Ma première impression est bonne, le moteur accepte de musarder. Le son grave qui s'échappe du pot est en outre très sympathique. Traversée de Séméac et de ses ralentisseurs, la fourche et l'amortisseur sont plutôt prévenants même si on n'est pas dans la souplesse d'une Africa Twin par exemple. Mais, pour un roadster, je trouve  les suspensions d'un bon niveau de confort. J'attaque la montée, le moteur montre tout de suite à quel point il est bien rempli. De 2 à 4000 tours/minute, il tracte déjà fort, mais sans brutalité.

Ma moto est équipée d'un shifter optionnel et ce dernier est très bien calibré. Nul besoin d'être sur une forte accélération pour qu'il fonctionne bien, il accepte une conduite souple et, au rétrogradage, il offre un comportement exemplaire avec le coup de gaz qui va bien avant le passage du rapport inférieur.

J'arrive à l'épingle que je passe en troisième car je veux vraiment tester ce moteur dans le cadre de l'utilisation que j'en aurais sur une Transalp 750. 1800 tours/minute, le moteur reprend sans le moindre à-coup et je reprends de la vitesse avec une poignée de gaz douce et facile à doser. J'accélère le rythme, la moto se révèle très sécurisante dans les virages qui suivent. Je craignais un comportement trop vif mais le train avant s'inscrit sur l'angle avec juste une aisance réjouissante et une fourche qui réagit sans aucune violence. Elle est facile, cette moto.

 

 

Petite ligne droite, je me retrouve à 4000 tours/minute en 6ième à 103 km/h. Un peu plus de gaz et j'atteins 130 km/h à 5000 tours/minute. Le moteur est impressionnant, quel que soit le régime il répond présent avec une superbe sonorité. 

Je traverse un village, me force à rester sur le dernier rapport. 50 km/h à 2000 tours/minute. La souplesse est au rendez-vous et c'est un point important pour moi. Le shifter est une réussite et je finis par l'utiliser en continu. 

Cela fait une demi-heure que je roule et je suis rassuré. Le bicylindre est certes trop puissant pour mon utilisation quotidienne mais il n'impose pas cette puissance. Il permet au pilote qui est derrière le guidon de choisir sa façon de conduire et cela marche même en mode Sport que je teste. Je sens bien une plus grande réactivité à la poignée de gaz mais parfaitement maîtrisable et ce mode n'empêche pas de flâner. Puisque j'en suis à essayer toutes les possibilités, je tente le mode Rain parfaitement adapté aujourd'hui sur cette route mouillée. Je l'abandonne très vite, cela donne une moto trop molle en reprise. Il peut se justifier dans des conditions de route difficiles avec un revêtement très glissant mais je suis tellement habitué à gérer l'arrivée de la puissance avec la sensibilité de mon poignet droit que son intérêt est limité pour moi. Il a toutefois le mérite d'exister. 

 

 

 

Je suis sur le chemin de retour. J'aurais bien envie de poursuivre cette relation naissante avec ce moteur diablement réussi mais il me faut ramener la moto à la concession pour la laisser entre les mains des motards l'ayant réservée aujourd'hui. 

Honda ne s'est pas loupé. Le bicylindre en ligne calé à 270° fonctionne superbement à tous les régimes. Car, quand on ouvre en grand la poignée de gaz, il s'envole vers la zone rouge avec une  grande vitalité mais sans aucune violence. 

 

 

 

Le cadre est partagé avec la Transalp mais cette dernière a un bras oscillant plus long, un angle de chasse différent, des suspensions à grands débattements, des pneus d'un diamètre différent et je pense que l'on ne peut pas avoir d'idée précise de ce qu'il donnera sur le trail. Mais, sur ce roadster, le châssis est précis, agile, et le guidon plutôt large permet un guidage aisée. Quant aux pneus Michelin Road 5 équipant la machine, ils ont montré une belle adhérence sur la route mouillée.

 

 

 

 

 

J'espère que l'utilisation du même cadre pour les deux motos ne va pas avoir pour conséquence le même rayon de braquage car si je l'ai trouvé correct pour un roadster bas de selle, je souhaiterais qu'il soit plus court sur la Transalp.

Avec la physionomie choisie, le tableau de bord m'a réconcilié avec le modernisme. A l'instar d'autres constructeurs, Honda permet maintenant de retrouver l'aiguille du compte-tours que j'aime tant , même si elle est dorénavant numérique. C'est un détail qui compte pour moi.

 

C'est donc avec un grand sourire que je rentre à la concession. 

Installé sur la Transalp, ce moteur pourra satisfaire autant l'adepte de la conduite sur le couple aimant musarder dans les bas régimes que celui qui apprécie les rugissements du bicylindre dans la deuxième partie du compte-tours. L'amateur de conduite en duo devrait également y trouver son compte car il est vraiment bien rempli et devrait supporter la charge sans problème. D'après moi, l'Africa Twin va trouver dans la Transalp une sacrée concurrente!

J'ai hâte de voir ce que ce moteur donnera avec les réglages spécifiques à la Transalp.

Dans la catégorie des roadsters, c'est la MT 07 qui a du souci à se faire avec sa partie-cycle "volage" et ses suspensions peu rigoureuses, d'autant qu'elle rend pas mal de chevaux à la Honda. 

Dernière précision, l'ordinateur de bord remis à zéro avant le départ indiquait une consommation moyenne de 4,1 litres/100 au retour. 

 

PS: tellement concentré sur la vérification de l'adéquation de ce moteur à  la Transalp, j'en ai oublié de parler de son coté mécanique "bien huilée". En effet, il y absence totale de vibrations ainsi que de tout bruit mécanique parasite. Cela participe au plaisir éprouvé quand on est aux commandes. Difficile de trouver un défaut à ce moteur décidément bien né, si ce n'est d'être trop puissant pour moi. Mais vu qu'il n'impose à aucun moment cette puissance totalement maîtrisable...