Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda Africa Twin CRF 1100 L, la piqûre de rappel

Jeudi 26 novembre 2020. L’avantage d’avoir son concessionnaire à un peu plus de 40 kilomètres de chez soi, c’est que l’on peut profiter de la moto de prêt lorsque l’on laisse la sienne pour une révision. Et quand , en plus, on se retrouve avec une Africa Twin 1100 en échange, on ne peut qu’avoir le sourire. 

C’est ce qui m’arrive jeudi soir quand j’abandonne ma CB 500 X pour un changement de kit chaîne (à 33 000 kilomètres). Je me vois donc confier les clefs de l’Africa Twin rouge, celle-là même que j’ai essayée en février dernier. Entre-temps, elle a reçu une bulle haute et un porte-bagages, les deux équipements qui lui manquaient. 

C’est donc avec un grand plaisir que je rentre à Pau à la nuit tombée. J’ai maintenant mes petites habitudes avec la boîte DCT et je la mets sur le mode S1 qui correspond à ma conduite coulée tout en évitant les régimes trop bas du mode D. 

Je retrouve le nouveau tableau de bord dans le prolongement du regard, donc très lisible d’autant qu’il est suffisamment grand.

 

 

La sortie de Tarbes avec pas mal de circulation s’exécute sans problème avec la boîte réactive et très douce. J’apprécie toujours autant l’auto-stabilité de la moto à l’arrêt qui permet de garder les pieds sur les repose-pieds lorsque l'on évolue au pas. 

Enfin, la route. La bulle haute, qui devrait être d’origine pour moi, assure le boulot. Par rapport à ma CB 500 X, je suis plus déplié et c’est une position très agréable. Plus de voitures en face, je mets les pleins phares et ça éclaire nettement mieux que sur ma moto !

Je retrouve cette faculté de l’Africa Twin de prendre de la vitesse sans avoir l’air d’y toucher. Entre le moteur coupleux mais discret et la boîte DCT passant rapidement les rapports en douceur, je ne réalise pas vraiment la vitesse que le gros compteur me rappelle heureusement. Sur le plateau de Ger, je roule sur un filet de gaz mais je vois 125 km/h qui s’affiche ! Fichtre, cela doit être difficile de ne pas se faire radariser à son guidon! 

Un peu plus loin, je dépasse une voiture qui roule à 80 km/h ; je tourne modérément la poignée de gaz et le moteur reste sur le dernier rapport ; quand je me rabats sur la voie de droite un peu plus loin, j’ai dépassé 150 km/h ! 

Sur les nombreux ronds-points qui « agrémentent » la rocade de Pau, la moto s’inscrit sans effort mais je ressens quand même une plus grande inertie à la mettre sur l’angle comparée à ma petite 500. Rien que de très normal vu la différence de poids.

Arrivé à la maison, il me faut la manoeuvrer à l’arrêt pour lui faire faire demi-tour dans ma cour étroite avant de la rentrer au garage. Je ressens son poids mais celui-ci est compensé par un excellent rayon de braquage qui facilite ma tâche ; j’aimerais bien avoir le même sur ma CB 500 X.

 

Le lendemain, en sortant du boulot, je reprends la route de Tarbes …. via quelques très légers détours sur des routes sinueuses plus sympathiques que la route principale. L’occasion de pouvoir rouler à un rythme soutenu sans être gêné par la circulation et de tester les qualités routières de la moto. Elle se manie avec facilité et s’inscrit dans les nombreux virages d’une simple impulsion sur le guidon. Le train avant est toujours aussi sécurisant notamment quand le revêtement devient bosselé car la fourche absorbe les chocs avec efficacité. Et j’aime toujours autant le ressenti de cette fine roue avant de 21 pouces.

 

 

Le moteur est souple et reprend sans aucun à-coup à 2000 tours/minute sur les rapports supérieurs, voire en dessous en 3ième. Pour autant, il n’est pas insipide. J’aime son côté vivant mais pas brutal, sonore mais pas agressif. Il est très bien rempli entre 4 et 6000 tours/minute et projette la moto avec force entre deux virages. Lors des freinages appuyés, j’entends les rapports descendre avec le petit coup de gaz qui va bien avec une célérité totale. 

Après Limendous, je prends une petite route défoncée sur un kilomètre où ma petite CB 500 X manifeste à chaque fois sa mauvaise humeur en tressautant. Là, je ne cherche même pas à éviter les plus profondes saignées et je regarde les suspensions faire leur (très bon ) travail. Cela a du bon, les grands débattements !

 

 

C’est mon jour de chance, le fournisseur s’est trompé de couronne et j’en suis quitte pour un nouvel aller-retour. 

C’est l’occasion pour moi d’approfondir ma relation avec cette séduisante Africa Twin. Sur une route que je parcours fréquemment, il m’est facile de comparer et je note que je ne peux pas garder la corde dans les virages serrés comme je le fais avec ma vive CB 500. L’effort est plus important, l’inertie plus grande. Quant au moteur, il n’en finit pas de m’épater par sa disponibilité et sa rondeur. Je quitte le mode automatique pour le mode manuel, semi-automatique est le terme plus approprié pour désigner le passage des vitesses à la main gauche d’une impulsion avec l’index pour monter les vitesses et avec le pouce pour les descendre. Je pense que si j’avais une telle boîte, j’utiliserais assez fréquemment cette possibilité car elle concilie l’extrême rapidité et la douceur de la boîte DCT en mode automatique avec la possibilité de changer la vitesse quand on l’a décidé .

Il arrive en effet que , parfois, en mode automatique, le passage de la vitesse ne se fasse pas quand je l’aurais voulu ou se fasse alors que je le souhaitais pas. Avec les deux gâchettes idéalement placées, je me régale en accompagnant le bicylindre par de légères pressions de mon index et de mon pouce. Je trouve que le pilotage atteint alors un degré de jouissance extrême car les vitesses s’enclenchent sans une once de brutalité. La moto ne se désunit ainsi jamais et l’expérience que j’ai maintenant de la boîte DCT me conduit à dire que c’est avec elle que je suis capable de tenir le rythme le plus élevé sur les routes sinueuses. Elle est une alliée précieuse, et qui plus est dans la durée car on fatigue beaucoup moins qu'avec une boîte classique. Il n’y a plus qu’à se concentrer sur le pilotage étant donné que le passage des vitesses, même en mode manuel, se fait instinctivement, comme si l’ordre du cerveau arrivait directement dans le carter de la boîte de vitesses. Personnellement, je m’éclate avec ce mode manuel.

 

Tout a une fin. Même en ayant effectué quelques détours, Tarbes se rapproche et, malheureusement pour moi, la couronne commandée hier est arrivée à temps chez mon concessionnaire. Pour me consoler, je regarde l’ordinateur de bord que j’avais mis à zéro. Il indique une consommation moyenne de 5,2 litres et  je fais un rapide calcul. Depuis l’achat de ma CB 500 X, j’ai économisé près de 1000 euros de carburant en 18 mois, avec mes deux litres aux 100 de moins que sur cette Africa Twin. On se console comme on peut….

 J’éteins le moteur devant la concession et dit au revoir à « mon» Africa Twin après ces 200 kilomètres qui ont eu très bon goût, je dois le reconnaître. Cela n’a fait que me confirmer une fois de plus que cette moto me fait beaucoup d’effet même si, raisonnablement, je sais qu’elle est trop chère, trop grosse et trop puissante pour moi.

 A ce sujet, je n’ai d’ailleurs pas perdu espoir de revoir naître, bientôt, une Transalp nouvelle génération plus simple et avec un moteur plus « apaisé ». L’article de Young Machines il y a quelques jours a provoqué une hausse sensible de mon rythme cardiaque ! J’espère que la revue japonaise est bien informée....

Wait and see.