Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Carnet de piste d'Alex - Pau-Arnos, les 5 et 6 juillet 2014

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Durant ce week-end du 5 et 6 juillet 2014, la manche Promosport a eu la bonne idée de faire une halte sur la circuit de Pau-Arnos. Cela tombe bien, j'ai un début de week-end un peu chargé et la proximité du circuit arrange mes affaires.

La région a connu de fortes pluies vendredi mais je me dirige vers la circuit par une douce matinée ensoleillée, après avoir accompagné, quelques kilomètres durant, l'acheteur de notre side-car, parti confiant pour 650 kilomètres de routes jusqu'à sa maison. Je croise les doigts pour que tout se passe bien; en effet, il a eu son permis moto à l'armée, il y a 50 ans et il n'a pas conduit de moto depuis....

J'arrive juste à temps car Alex et tous les concurrents sont en piste pour la séance d'essais qualificative. J'abandonne ma moto et me précipite sur les bords de la piste. Par endroits, de larges trainées d'eau se font un malin plaisir de perturber les pilotes dans leurs trajectoires.

 

 

La séance prend fin, Alex a le cinquième temps de sa série avec un temps de 1.26.064. Son copain Max, qui participe à cette manche proche de chez lui, réalise le 15ième temps avec 1.28.464.

 

 

Alex m'apprend que, hier, le circuit s'est retrouvé inondé avec pas loin de 60 centimètres d'eau sur la piste, eau qu'il a fallu pomper. Mais, il y a toujours des remontées d'eau qui rendent la piste piégeuse.

Au classement général des deux séances d'essais, il est 11ième; Max 32ième.

J'assiste ensuite à la séance qualificative des 500 Promosport au cours de laquelle, comme d'habitude, je note le caractère généreux des pilotes. Ces motos, de vingt ans d'âge, tournent dans des temps incroyables, vu leur faible puissance et leur rusticité.

 

Les deux demi-finales n'auront lieu que l'après-midi, et j'ai du temps devant moi. J'en profite pour faire un petit tour du paddock. Je m'attarde chez les "vieilles". J'aime beaucoup l'ambiance qui s'en dégage, avec des passionnés de mécanique autant que de pilotage. Certaines machines sont vraiment superbes.

 

Je m'arrête devant une Suzuki aux couleurs de celle de Barry Sheene et discute un peu avec le pilote, trop jeune pour avoir connu ce grand monsieur de la compétition moto.

 

Je retrouve Alex. Il me dit que ce circuit est très exigeant physiquement; il ne permet aucun temps de relâchement, avec une ligne droite très courte et de nombreux dénivelés.

Première demi-finale. Alors qu'il se prépare, Alex lance un " ça va être dur".

Il est vrai qu'il règne une lourde chaleur qui semble vouloir annoncer de proches orages.

 

 

Le départ est donné, Alex boucle le premier tour en sixième position.

 

 

Le pilote derrière lui tente un freinage dans le gauche en montée.

Deuxième tour, il est 5ième et se détache un peu en compagnie du sixième des poursuivants. Il perd une place au freinage en bas de l'impressionnante descente.Toujours en sixième position dans les tours 4 et 5 mais je vois que ça remonte derrière. 7ième au trou suivant, puis une place de moins au tour suivant. Alex semble avoir du mal dans l'entrée du long virage à gauche de la montée.

Neuvième au huitème tour. Aïe!

 

Tour suivant, il se retrouve 9ième, avec toujours la même difficulté à s'inscrire dans ce virage.Heureusement, il ne perd plus rien jusqu'à la fin de
la manche et termine donc à la dixième place.

Les 13 premiers sont  qualifiés pour la finale, mais je suis un peu déçu du déroulement de sa course.

Alex arrive sous l'auvent, enlève son casque. Il a le visage rougi et marqué par
l'effort.

 

 

Il dit qu'il ne sentait pas trop le train avant dans ce long gauche. Pourtant, il trouve que ses pneus présentent une usure "propre", signe d'un bon équilibre de la machine. Bruno arrive et analyse sa course. "Tu étais bien partout sauf dans l'entrée de ce grand gauche où tu t'es fait systématiquement remonter".

Pas de temps à perdre, c'est au tour de Max qui court dans la deuxième demi-finale. Avant dernier au départ, il passe un pilote au freinage en bas de la ligne de la descente. 16ième, puis 15ième au cinquième tour. C'est insuffisant pour se qualifier. Heureusement, deux chutes surviennent, qui lui permettent d'éviter de passer par l'éprouvante consolante du dimanche matin.

 

La chaleur est étouffante et je ressens une grosse fatigue après trois courtes nuits. Je quitte donc mes amis et leur dit à demain pour la finale.

 

 

Dimanche, j'arrive sur le circuit au moment où les vielles motos rentrent en piste. Les bruits de ces ancêtres sont sympas et variés: vieux flat-twin BMW au son assourdissant,V-twin qui grondent, quatre cylindres dans un registre moins grave. J'assiste à la nette victoire de la Suzuki que j'avais admirée hier. Vraiment une belle moto et un beau style de son pilote qui sait envoyer du gaz!

 


Ensuite, c'est le tour de la consolante des 600. Deux femmes sont présentes et je note leur style beaucoup plus coulé.

 

 

Enfin, c'est une belle course où se mélangent les quatre cylindres 400 cm3 et les bicylindres 2 temps. Il y a de belles bagarres, notamment les deux premiers: c'est le 4 temps qui finit par prendre le dessus, mais ce fut disputé. Parfois, le bruit si caractéristique du V4 Honda vient couvrir les miaulements stridents des quatre cylindres en ligne.

Pour terminer, les 1000.Quelle violence avec des accélérations vives et des pilotes qui semblent peu impressionnés par la puissance redoutable de ces machines.Sur un circuit aussi sinueux et exigeant que celui de Pau-Arnos, l'exercice ne doit quand même pas être évident.J'aime le son rauque des Yamaha R1 qui tranche avec celui des quatre cylindres en ligne.

 

 

Plus tard, je discute avec Alex de sa course. Hier, il ne comprenait pas les difficultés rencontrées dans l'entrée de ce gauche rapide. Aujourd'hui, il met ça tout simplement sur le compte de la fatigue. Il me parle des 140 kilomètres qui parcourt chaque jour pour aller et revenir du boulot, sur des petites routes. Je réalise combien la compétition moto peut être exigeante physiquement et qu'il n'est pas facile de concilier la vie professionnelle et la course. D'ailleurs,Alex appréhende la finale qui se court sur 21 tours. Heureusement, la chaleur torride de samedi a quitté les lieux.En prévision des orages annoncés, la direction de course a intelligemment revu le programme et avancé les épreuves. Tout se terminera à 14 heures.

En attendant, j'ai droit au très beau spectacle de l'arrivée d'une Suzuki à cadre Martin.La base est une Suzuki Katana, moto ô combien rare. Et le résultat est vraiment exceptionnel. Un bijou!

 

 

L'heure de la finale approche. Le vent s'est levé, et les nuages s'installent peu à peu. Alex m'annonce, en rigolant, qu'il souhaite la pluie ... après le 15ème tour qui provoquerait un arrêt de l'épreuve, car il craint vraiment la longueur de la course.

Il y a toujours une certaine gravité dans les moments qui précèdent le départ en pré-grille. Les visages sont plus tendus, les paroles plus rares. Parfois, je me mets à la place d'Alex et j'ai le sentiment que je serais submergé par les émotions, sans réellement pouvoir maîtriser ces derniers instants.

 

 

Les pilotes entament leur tour de formation. Je regarde tout autour de moi. L'environnement de ce circuit est de toute beauté. C'est un plaisir à chaque fois renouvelé lorsque je m'y rends. c'est même le seul circuit où j'aurais vraiment envie de tourner, peut-être parce que son tracé sinueux et rempli de dénivelés ressemble un peu aux routes que j'ai l'habitude de fréquenter.

 

 

Enfin, c'est le départ. Alex est dans le paquet , 16 ième.

 

 

Au deuxième tour, il se fait passer au freinage, en bas de l'impressionnante descente. Soudain, au 3ième tour, chute d'un pilote dans la parabolique, avec la moto qui glisse longuement et reste au milieu de la piste.

Heureusement, elle est rapidement dégagée par les commissaires de piste. Il reste une trace d'humidité dans ce virage piégeux. Max est en 27ième position.

Au cinquième tour, Alex fait un bel intérieur au freinage du bas de la descente. Après ce dépassement, il se dégage sur groupe de poursuivants. Je trouve qu'il a pris un bon rythme, mais ça roule fort devant.

Au 7ième tour, nouvelle chute dans la parabolique, décidément très piégeuse.

 

 

Alex reste 15ième et commence à être talonné de près par le 16ième. A eux deux, ils remontent sur le 14ième.

 

 

13ième tour, il tombe quelques gouttes! Au tour suivant, je vois le 17ième dans un très bon rythme , qui double le 16ième et remonte sur Alex.Il le pique au freinage, en bas de le descente.

Heureusement, Alex prend sa roue; il est beaucoup plus volontaire et agressif que la veille. Ils remontent tous les deux sur le concurrent devant eux, mais la pluie devient plus forte et les drapeaux rouges sont sortis.

La course est arrêtée au 15ième tour et c'est le classement du tour précédent qui est pris en compte. Alex est 16ième, Max 26ième.

Enfin, un week-end de course sans problème mécanique et sans chute. Alex a pu rouler, et c'est ce qui compte dans cette première année où il découvre une catégorie bien plus pointue que les 500 Promosport.

 

 

 

Dans deux semaines, c'est le circuit du Mans qui accueillera les concurrents. Alex avait adoré courir là-bas, l'an dernier, et pas seulement parce qu'il y avait remporté deux victoires. Ce circuit chargé d'histoire l'avait marqué.

J'espère pouvoir y aller. C'est que j'ai une nouvelle moto dans le garage et un rodage s'impose pour cette jeunette de 16 ans....