Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Voyage à Djanet - Retour à Ghardaïa

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4 / RETOUR A GHARDAÏA

Je décide ensuite de rallier directement Ghardaïa sans faire escale à El Goléa. Cette ville me laisse de trop mauvais souvenirs ; c’est là que quelques voleurs avaient brutalement interrompu mon voyage, il y trois ans. Sur les 100 premiers kilomètres, le route est étroite, fréquemment remplacée par une piste dans un état variable. La prudence est de rigueur. Vers midi, je m’arrête pour grignoter. Une demi-heure plus tard, au moment de repartir, je réalise soudain que je suis vraiment seul, que pas un véhicule n’est passé pendant cette pause déjeuner. Une impression étrange m’envahit.

Plus tard, le vent se lève et m’oblige à de fréquentes corrections de cap. L’arrivée à El Goléa me laisse un goût amer et je me contente de faire un rapide arrêt essence. A la sortie de la ville, le vent se renforce et frappe avec violence le flanc gauche de la moto. Plus gênant, de nombreuses langues de sable recouvrent certains secteurs de la route, ; je les aperçois souvent tardivement car la route est constamment balayée par le vent de sable. Je m’offre quelques chaleurs lors de belles embardées dans ces passages difficiles.

Peu à peu, les chansons que je fredonnais sous mon casque depuis ce matin se taisent pour laisser la place à l’idée fixe de l’arrivée à Ghardaïa. C’est dans un état second que je pénètre dans cette très belle ville de la région du M’zab. Je m’empresse de monter ma tente, me précipite dans le premier restaurant pour un rapide repas et m’engouffre dans mon duvet à la recherche d’un sommeil réparateur. Avant de m’endormir, je réalise que depuis mon départ de France, je mange peu et n’éprouve pas de besoin particulier. Petit déjeuner souvent succinct, repas de midi remplacé par une orange ou une céréale de blé complet, repas du soir léger. Par contre, ces repas sont appréciés à leur juste valeur ; et je n’ai pas l’impression de m’affaiblir.

C’est avec un grand plaisir que je retrouve Ghardaïa après une première visite en 1985. En fait, il s’agit de cinq cités accrochées aux collines. J’aime me perdre dans les dédales de ruelles entourées de maisons aux tons bleutés. Il y règne une atmosphère mystérieuse et il n’est pas rare d’être abordé par un habitant mozabite qui vous fait découvrir sa ville et vous explique l’importance d’une grande rigueur religieuse. Ce sont en effet des islamistes très conservateurs et ils sont facilement reconnaissables à leur habillement caractéristique, sarrouel et petit bonnet blanc. J’apprécie leur tolérance car ils expliquent leur manière de concevoir la religion sans chercher à aucun moment à convaincre ou à imposer leur point de vue. Une belle marque de respect de l’autre.