Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Voyage à Djanet - Premiers pas en Afriqueqie

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2 / PREMIERS PAS EN AFRIQUE
La moto est garée dans la cale du bateau ; j’ai veillé à ce qu’elle soit bien attachée pour la retrouver en pleine forme sur le continent africain dans quelques heures.

 

J’entame la discussion avec Valentino, un motard italien, solitaire comme moi, en partance pour le Niger. Dès le débarquement à Mélilla, nous nous dirigeons vers la frontière à la nuit tombée. L’ambiance est sordide ; il règne dans cet endroit un malaise pesant, avec des fonctionnaires au caractère très changeant et une faune étrange qui ne cesse de roder autour des bâtiments de la douane. A 23 heures, nous nous retrouvons enfin dans le seul hôtel n’affichant pas complet dans la ville de Nador.

Dans notre chambre, les langues se délient devant un bon café et quelques barres de blé complet tartinées de miel des Pyrénées ( quel régal !), et chacun se dévoile racontant les raisons de ce long voyage en solitaire. Mon compagnon, après deux années sur les routes comme routier international, a pris conscience de l’absurdité de sa vie ; esclave de son travail, il a peu à peu perdu de vue ses amis, sa famille. Il vient de tout plaquer et espère que ce voyage lui permettra de retrouver un sens à sa vie.

Je le quitte le lendemain et, sous une route détrempée et boueuse, j’entame mes premiers kilomètres sur le sol marocain. A la sortie d’Oujda, j’emprunte un étroit ruban de goudron dans un paysage lunaire : caillasse à perte de vue avec quelques rares parcelles de verdure. De temps en temps, j’aperçois un jeune berger gardant son troupeau de moutons ou de chèvres dans ce paysage de désolation.

Soudain, je dépasse un étrange véhicule : un tandem traînant une remorque. L’arrêt s’impose et je fais la connaissance d’un couple de Californiens en route pour le Kenya !

 

Peu après, je dépanne une famille marocaine en lui donnant un peu d’essence. Cent kilomètres plus loin, c’est au tour de mon moteur de s’éteindre. Le soleil est sur le point de se coucher et la circulation est nulle.

Le froid s’installe attisé par un vent glacial. L’endroit devient lugubre. Heureusement, un automobiliste vient à mon secours en siphonnant un peu de carburant dans le réservoir de sa voiture et me permet de rejoindre Bouarfa. Je me sens bien alors que je dévore mes côtes de mouton bercé par la musique arabe diffusée par la radio du petit restaurant du village ; la journée a été éprouvante mais elle m’a permis de rentrer vraiment dans mon voyage. Demain, si tout va bien, je pénétrerai pour la troisième fois en Algérie.

 

Bouarfa

 

 

Taghit : je me lève, paisible. Le camping est calme. Dix mètres derrière moi, de superbes dunes se dressent ; c’est le début du grand erg occidental. Hier, la plongée vers Taghit fut un moment fort sous le soleil couchant qui embrasait les couleurs ocre du village blotti au pied de ces magnifiques dunes. Je me pose une journée dans ce petit coin de paradis en compagnie de deux Belges en partance pour le Niger.

 

 

La veille, le passage de la frontière algérienne s’est déroulé en quatre heures ; il y a du progrès dans l’air, en 1988, cinq heures avaient été nécessaires alors que j’étais la seule personne à me présenter dans ce poste perdu !