Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Septième partie: Honda 250 VTR, la sauterelle rouge - Le pilote et le conducteur

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J’ai une certaine admiration pour les pilotes. Ce qui m’impressionne chez eux, c’est cette faculté qu’ils ont à donner le meilleur quelles que soient les circonstances.

Je m’en suis fait une nouvelle fois la réflexion quand, en ce début d’été, j’ai pris la route, après ma journée de travail. A priori aucun risque de rencontrer la pluie, et une température douce, il n’en fallait pas plus pour que je décide de rejoindre la maison des parents de Marie par les chemins détournés.

Les (trop) longues lignes droites des Landes avant de rejoindre la Dordogne ne m’ont jamais inspiré.

C’est donc en rejoignant les petites routes du Gers que je commence bien agréablement le week-end. Comme souvent, je démarre tranquillement, d’abord pour faire chauffer la mécanique, ensuite pour me mettre également en température.

 Peu à peu, imperceptiblement, j’augmente le rythme, je sens que toute mon attention est consacrée à mon pilotage. Je soigne mes trajectoires, essaie de lire la route pour aborder le plus proprement possible les nombreux virages que comporte cet itinéraire décalé.

Je ne regrette pas la lecture approfondie, la veille au soir, de ma carte Michelin jaune, celle qui détaille le moindre chemin vicinal. Grâce à elle, je découvre des endroits superbes, ignorés des automobilistes … et des motards.

Les lignes droites y sont rares, mais, quand il y en a une qui s’offre à moi, je ne me préoccupe pas de savoir si un radar est tapi dans les hautes herbes, prêt à immortaliser mon excès de vitesse.

Au dessus d’Agen, j’emprunte une route qui alterne montées et descentes, courbes et virages serrés. Je me sens bien, en harmonie avec mon environnement. Je ne peux m’empêcher de prendre un peu plus d’angle, de faire rugir le V-twin un peu plus que de coutume. Tous les éléments sont réunis pour que j’entame ma conduite « sportive ».


Je réalise que cela fait deux heures que je roule et qu’il m’a fallu tout ce temps pour commencer à attaquer. Je pense alors à ces pilotes qui, après un premier tour de chauffe, sont déjà prêts à se dépouiller pour chasser le chrono. Sous la pluie ou en plein soleil. Même si leur nuit fut agitée. Alors que, peut-être, quelques jours avant, ils ont connu une déception amoureuse, ou le décès d’un proche. Qu’un mal de tête ou un gros rhume s’invite le jour des essais ou de la course.

Je le savais mais j’en prends vraiment conscience, c’est un métier d’être pilote, c’est un bonheur d’être motard.

Pour ma part, j’ai choisi. Je conduis mes motos et je prends plaisir à regarder les pilotes donner leur maximum pour dompter ces motos de course sur lesquelles je me sentirais bien perdu.

Ce jour là, je suis arrivé peu avant la nuit, heureux de ces 300 kilomètres parcourus à mon rythme, sans aucune contrainte.

Et avec, un fois de plus, une pensée pour notre Honda 250 VTR qui ne cesse de me charmer avec son moteur si expressif et sa partie cycle de rêve.