Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Septième partie: Honda 250 VTR, la sauterelle rouge - De l’importance du pneu dans le comportement de sa moto

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Une moto, ce n’est pas une voiture. Contrairement à cette dernière, elle n’est pas auto stable et, surtout, elle penche dans les virages avec des pneus qui sont ronds et non pas plats.

Cela peut paraître évident à tout observateur, mais, dans la pratique, cela change tout.

Cette recherche permanente de l’équilibre modifie la perception qu’a le conducteur de sa monture. Sur deux roues, on ne subit pas la route, on l’accompagne dans ses imperfections, ses virages divers et variés, ses différences de revêtement. Dans une voiture, tout est filtré, on est déconnecté de l’extérieur par ces multiples barrières que sont la carrosserie, les quatre pneus, le siège. On est à l’abri du vent, on ne ressent ni la morsure de la chaleur chaud, ni l’agression du froid, les bruits sont feutrés, lointains, souvent couverts par le poste de radio.

Sur son deux roues, le motard vit intensément sa relation avec la route. C’est lui qui participe à l’équilibre de sa moto. Il prend très vite conscience de l’importance de son regard qui commande à son corps les gestes à produire, la trajectoire à suivre. Et, la petite bande de caoutchouc accrochée à la jante prend toute sa dimension ; elle devient essentielle. C’est elle qui va garantir la bonne santé du motard assis sur la selle un peu plus haut.

Tout ce préambule pour dire qu’un mauvais pneu se détecte tout de suite sur une moto. Ses réactions accentuent le sentiment de vulnérabilité. Le motard n’est plus en confiance … et le plaisir de conduite s’en ressent.

C’est un peu ce qui s’est passé avec les pneus installés sur notre VTR 250. Depuis le début, j’avais du mal à les « sentir ». J’avais le sentiment qu’ils bridaient les qualités routières de notre V-twin. C’était comme s’ils opposaient une certaine résistance à la mise sur l’angle, alors que le poids plume de la petite Honda promettait le contraire ; en outre, ils semblaient me dire que j’avais intérêt à ne pas trop me « lâcher » dans les enfilades de virages sous peine d’être rappelé à l’ordre. Bref, ils ne me parlaient pas, ces pneus.

Et vu leur faible taux d’usure à 11 000 kilomètres, je me disais que cette relation difficile risquait de durer bien trop longtemps.

Ce jeudi 29 mars, ma concession Honda a donc  chaussé notre VTR de deux Bridgestone BT 45 en remplacement des Excédra . Drôle de nom pour un pneu ; j’aurais dû être méfiant, cela se rapproche beaucoup d’exécrable !

Une  petite virée en Dordogne de 600 kilomètres ce week-end a permis de vérifier les qualités des nouvelles gommes. Nous n’avons pas été déçus. Marie a aimé et, sur le chemin de retour, ces pneus m’ont tellement mis en confiance que, parfois, j’ai regretté que le virage abordé ne se referme pas un peu plus pour m’obliger à prendre un peu plus d’angle. Ils m’ont donné envie de lâcher la bride;  la moto virevoltait dans les ronds points, se plaçait au millimètre dans les virages les plus serrés. C’était un bonheur de sentir que la moindre impulsion dans mes jambes, le moindre appui sur le repose-pied entraînait une réponse immédiate. Il ne lui manquait pas grand-chose, à cette moto, juste une paire de gommes à la hauteur pour mettre en avant ses qualités routières. C’est chose faite.

Et quelle joie de manier ce poids plume, d’avoir ce sentiment de maîtriser la situation en toute circonstance. Je crois que j’ai définitivement tourné le dos aux motos trop grosses. Quand je vois ce dont est capable une petite moto de 250 cm3 avec 30 malheureux chevaux et le plaisir qu’elle génère, j’ai de plus en plus de recul par rapport à ces motos qui frisent les 100 chevaux et les 250 kilos.

 D’ailleurs, pendant que Christophe me changeait les pneus, j’ai mis mes fesses sur la dernière de la gamme Honda, la Crosstourer. J’avais le souvenir d’une belle virée au guidon de la VFR 1200 et j’étais curieux de voir ce que donnait ce moteur que j’avais tant aimé sur cette nouvelle version.

 

J’avais lu dans la presse que le moteur avait été profondément remanié, et c’est vrai. Je l’ai à peine reconnu. Il possède un coffre incroyable, la moto répond avec vigueur à la moindre sollicitation de la poignée de gaz. Même en me limitant à 40000-4500 tours/minute, j’ai trouvé que la vitesse augmentait trop rapidement. J’avais le sentiment un brin désagréable que tout allait trop vite, que les routes étaient trop étroites, les lignes droites trop courtes, qu’il fallait utiliser plus que de coutume le freinage, pour compenser les accélérations d’une force inouïe.

Au retour, j’étais un peu désabusé et je me suis senti plus que jamais en déphasage avec les essayeurs de la presse moto qui demandent toujours plus de puissance, de couple. Pour moi, la Crosstourer, même bridée à 100 chevaux, c’est une moto trop puissante. Et la NCX 700 tant décriée par certains de ces mêmes journalistes me paraît au contraire avoir trouvé le juste équilibre.

Au départ, je voulais juste parler des pneus, et voilà que je me laisse entraîner vers le terrain glissant de la puissance. Car j’ai conscience que tous les motards ne pensent pas comme moi et que certains aiment sentir les bras s’étendre sous une forte accélération, la roue avant s’alléger, la moto se tasser sur un freinage violent. D’autres, comme moi, aiment dessiner les courbes, pas nécessairement lentement, mais sans brusquerie, en appréciant de balancer, des heures durant, la moto de droite à gauche, tout en écoutant la douce mélodie du moteur qui chante sous le réservoir.


Et c’est ce que j’ai vécu ce dimanche 1er avril 2012, au retour de Dordogne, rythmé par le V-twin qui semblait aussi joyeux que moi de rouler sous cette douceur printanière.

Pour finir de donner le sourire, les derniers relevés de consommation sont les suivants : 3,25, 3,24,  3,07 et 2,93 litres/100 !

3000 kilomètres en deux mois : cette Honda 250 VTR, c’est en fait une véritable routière, tout simplement parce qu’elle donne envie de rouler.