Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda X-ADV 750 modèle 2021: la moto qui ne dit pas son nom

Depuis que je roule à moto, je suis réfractaire au scooter. Je ne me sens pas bien dessus et j'ai la désagréable impression de ne pas pouvoir le mener comme je le fais avec une moto. De plus, l'absence de boîte de vitesses et le patinage qui s'ensuit à l'accélération me rebutent. Sans compter la position de conduite en appui sur le bas du dos que mon corps ne supporte pas.

Mais, en 2017, j'ai pu essayer le X-ADV durant une journée entière et j'ai apprécié cet hybride entre moto et scooter.

C'est pour cette raison que je ne me suis pas fait prier pour prendre le guidon de la nouvelle mouture de ce modèle arrivée depuis quelques semaines chez mon concessionnaire de Tarbes.

Honda annonce une puissance légèrement revue à la hausse avec 58,6 chevaux ce qui, avec les trois premiers rapports raccourcis, devrait offrir plus de vivacité d'autant que 3 kilos ont été gagnés sur le poids total.

Esthétiquement, on est dans la continuité et cela me convient car je trouve le X-ADV réussi.

Avant de partir, Sébastien me montre les changements au niveau des réglages. Exit les modes D, S1,S2 et S3, place à quatre modes de conduite Rain, Standard, Sport, Gravel + un mode personnalisé à paramétrer soi-même en fonction de ses envies. Les réglages qui s'opèrent sur le commodo gauche me paraissent plus évidents que sur l'Africa Twin. 

Sébastien sélectionne le fond d'écran. J'opte pour le noir et pour le compte-tours circulaire. Il y a enfin la possibilité de retrouver la bonne vieille aiguille si facile à lire, même, si dans le cas présent, elle n'est que factice. Encore un petit effort et on pourra obtenir la même chose pour la vitesse et avoir sous les yeux, comme dans l'ancien temps, le compteur et le compte-tours circulaire, côte à côte! Quand le progrès reproduit artificiellement le passé.... 

Il est temps d'arrêter de faire mumuse, je suis venu ici pour rouler avant tout! Je m'installe et je note que je touche un peu plus les pieds au sol. La hauteur de selle n'a pas varié mais cette dernière est plus fine sur l'avant. 

C'est parti! Le temps est gris et frisquet mais il en faudrait plus pour m'arrêter.

Une légère impulsion sur la poignée de gaz et la moto décolle en douceur. Oui, j'ai parlé de moto car cet engin à deux roues m'en semble bien plus proche que du scooter, mais vous avez le droit de ne pas être d'accord! Je pose naturellement les pieds sur la partie arrière du plancher et je saisis le guidon, bien placé devant moi, à bonne hauteur, se rapprochant ainsi de la position que l'on a sur un trail, ce qui ne peut que me plaire. Les vitesses passent avec une délicatesse encore plus grande que sur l'ancien modèle. Pas un bruit. Terminés les discrets "clac" que l'on percevait de temps en temps. Désormais, tout baigne dans la ouate. Cela me confirme une fois de plus que cette boîte DCT ne cesse d'être améliorée. 

Je rejoins très vite mes routes préférées, celles qui tournent dans tous les sens, "remuantes" et où il n'est pas rare, actuellement, de trouver des traces de boue. C'est sur ces terrains parfois piégeux qu'une moto se révèle rapidement et non pas sur des nationales au revêtement lisse et aux courbes trop peu prononcées.

Durant ces premiers kilomètres, je trouve le moteur plus joyeux. Est-ce dû uniquement au paramétrage personnalisé choisi par Sébastien ou le résultat des modifications apportées au moteur, je ne saurais le dire. Mais je lui trouve un côté plus pétillant que celui que j'avais testé il y a quatre ans. En tout cas, je réalise que je maintiens un rythme soutenu sur cette route qui m'amène vers Bagnères de Bigorre par les coteaux. Elle me donne envie de jouer, cette moto, et les petits coups de gaz systématiquement données lors des rétrogradages participent à cette atmosphère débridée. J'en profite d'ailleurs pour louer une nouvelle fois ce moteur longue course proposé par Honda. Je sais que certains n'aiment pas ses caractéristiques de bicylindre peu puissant  adepte des bas et moyens régimes. Personnellement, il se rapproche de mon idéal mécanique. Ses 58 chevaux sont toujours là pour répondre aux sollicitations de la poignée de gaz et la superbe réactivité de la boîte à double embrayage est une alliée précieuse. C'est fichtrement efficace en tout cas. Je suis également très sensible à son bruit feutré et c'est ce qui me manque le plus sur ma CB 500X que je trouve trop présente accoustiquement parlant. Bref, je me régale d'autant que le train avant se révèle réactif et sécurisant; la mise sur l'angle d'une poussée sur le guidon est naturelle ( c'est là l'intérêt de cette position de conduite typée moto).

 

 

Peu avant Bagnères, je trouve ma première ligne droite. 130 km/h à 4000 tours/minute. Le pare-brise en position haute protège bien le casque mais les épaules sont soumises à la pression du vent. Il ne faut pas en attendre une grande protection. Le tableau de bord idéalement positionné est très lisible.  

Un peu plus tard, j'emprunte l'étroite route de la fontaine de Labassère. Le brouillard s'installe, les gravillons s'invitent et le revêtement incertain est mouillé. C'est le moment de calmer le rythme. J'opte pour le passage manuel des rapports via les deux gâchettes à l'index et au pouce. C'est ce que j'aime dans cette boîte DCT, cette possibilité de changer de mode d'utilisation en fonction de son humeur du moment, de sa fatigue ou des conditions de route. Là, je teste la souplesse du bicylindre qui accepte de reprendre sous les 2000 tours/minute sans manifester sa mauvaise humeur. C'est un point important pour moi, cette faculté à pouvoir descendre bas dans les tours car il y a des moments où j'aime musarder.

Un demi-tour en pente montre que la hauteur de selle est malgré tout assez élevée et qu'il faut rester vigilant avec un poids de 236 kilos non négligeable. Mais, dès que l'on roule, il se fait oublier, même en abordant les épingles serrées qui m'amènent jusqu'à Germs sur l'Oussouet. Cela m'est difficile de comparer avec l'ancien modèle à quatre années d'intervalle mais j'ai le sentiment que la moto est plus réactive dans ces virages resserrés. Puis quand l'espace s'ouvre et que la vitesse augmente, le châssis reste neutre et rassurant. Je pense que le poids se manifeste peut-être si l'on adopte une conduite sportive mais ce n'est pas le genre de la maison! Je garde toujours naturellement une marge de sécurité quand je hausse le rythme. Je ne suis pas du genre à me dépouiller sur quelques kilomètres, je préfère de loin un rythme soutenu qui dure et qui me procure un plaisir bien plus grand. Et le X-ADV est comme un poisson dans l'eau dans cet exercice car il est très sain et fatigue peu son pilote. Le moteur m'enchante par sa disponibilité permanente. Nul besoin de monter les régimes tant il tracte bien dans la zone basse du compte-tours; une légère impulsion de l'index sur la gâchette et la vitesse supérieure est enclenchée. J'aime toujours autant le mode manuel de la boîte DCT qui permet de participer pleinement au pilotage; l'extrême facilité à monter et descendre les rapports me pousse à en profiter; mon index et mon pouce s'activent sur le commodo gauche.

Le freinage répond présent. Efficace mais sans violence. Il faut juste que je m'habitue à utiliser ma main gauche pour freiner de l'arrière. Ce n'est pas naturel pour moi.

Lors d'un arrêt photo, je remarque que le frein de parking a émigré un peu plus haut sur le guidon laissant la place à un petite boîte à gants mais le couvercle de cette dernière paraît peu qualitatif avec une fermeture incertaine. J'apprécie par contre l'idée reprise sur l'Africa Twin des clignotants allumés en continu à l'avant; cela va dans le sens de la sécurité en rendant la moto plus visible.

 

Les suspensions sont réussies avec un amortissement de qualité. 153 mm de débattement à l'avant et 150 mm à l'arrière, c'est plus que sur ma CB 500 X!

L'ordinateur de bord a été mis à zéro au départ et la consommation au delà de 5 litres sur la première partie de parcours est descendue progressivement car j'ai baissé un peu le rythme. Je termine avec un 4,3 litres/100 affiché. C'est modéré mais j'avais mesuré 3,88 litres et 3,62 litres avec le premier modèle au cours des 400 kilomètres parcourus. Est-ce que le moteur est moins sobre avec les nouvelles normes anti-pollution?

A noter le bon rayon de braquage qui, allié à une moto très stable à basse vitesse, permet des évolutions au pas en toute sérénité. 

Au rayon des reproches, les pare-mains sont ridiculement minces et ne doivent pas protéger beaucoup du froid et de la pluie. Heureusement que j'avais emporté avec moi mes gants d'hiver car je suis habitué à rouler avec des gants légers sur ma moto munie de larges pare-mains, de manchons et poignées chauffantes, indispensables quand on roule toute l'année. Je trouve dommage que Honda n'ait pas installé un carter de chaîne plus enveloppant que celui présent, du genre de celui qui équipait ma Honda 125 CG (50 000 kilomètres avec la chaîne d'origine minuscule malgré deux voyages en Tunisie et au Maroc). L'investissement serait minime mais permettrait de conserver une chaîne à l'abri de la pluie et de la poussière. 

Je rentre séduit de ces deux heure trente de route. Le X-ADV a bien progressé et il me parait apte pour une utilisation routière au long cours. J'ai d'ailleurs vu que Honda proposait des sacoches que j'ai trouvées très bien intégrées.

 

Je confirme donc que c'est bien une moto que j'ai essayée même s'il m'a juste manqué les repose-pieds optionnels pour m'éloigner encore plus du scooter.

 

 Une bonne nuit permet de se réveiller avec les idées claires pour conclure cet essai. Ce matin, pendant le petit déjeuner je me disais que ce X-ADV était une moto qui donnait envie de rouler. Sa position de conduite détendue, ses suspensions prévenantes, son châssis sain et un ensemble mécanique très homogène en font une routière accomplie. Cela fait longtemps que je ne m'intéresse pas aux motos de plus en plus puissantes car l'expérience m'a montré que, au quotidien, je n'utilisais qu'une petite partie de ces nombreux chevaux. Le bicylindre du X-ADV possède les qualités que j'attends d'un moteur, à savoir un mélange de rondeur, de réactivité dès les plus bas régimes, d'efficacité discrète, tout cela dans un environnement sonore très agréable. Il m'a une nouvelle fois conquis, aidé par une boîte DCT qui a atteint un haut degré d'excellence.

Un signe qui ne trompe pas, c'est cette envie au fond de moi de refaire un essai plus long pour mieux juger ce X-ADV dans la durée.