Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda Africa Twin 1100 Adventure Sports

Mercredi 16 octobre 2019. 11H30. Je quitte plein d’entrain le travail. Ma moto m’attend. Une fois n’est pas coutume, je me dirige vers l’entrée de l’autoroute. J’ai une très bonne excuse, un rendez-vous avec une dame dont on dit le plus grand bien, Madame Africa Twin 1100. En fait, elle ne sera pas seule, elle est accompagnée par 200 sœurs jumelles.

D’après mon informateur, j’ai une chance de pouvoir rencontrer toute la famille au bord d’un lac, là-haut, dans mes Hautes Pyrénées voisines.

La petite CB 500 X a compris mon empressement et elle ne rechigne pas à adopter un rythme rapide, d’abord sur l’autoroute jusqu’à Capvern, puis via la route qui mène jusqu’à Saint Lary. J’avale les voitures et camions les uns après les autres, impatient d’arriver.

J’ai droit à la belle montée du col d’Azet désert, avec un point de vue admirable sur la vallée. La lumière de ce début d’automne est superbe. Puis, c’est la descente raide jusqu’à Génos. Là, alignées comme à la parade, une multitude d’Africa Twin tachetées de boue. Il faut dire qu’elles ont quitté Biarritz avant-hier sous le déluge et ont visité les Pyrénées espagnoles avec tous les concessionnaires de France à leur guidon.

 

 

Je gare ma moto et m’approche du groupe en train d’écouter Fabrice Recoque dans ce cadre majestueux. J’aperçois quelques têtes qui ne me sont pas inconnues : Jean-Michel Bayle, pour moi le plus grand pilote français, Sébastien Gimbert, Freddy Foray. J’aperçois mes concessionnaires père et fils, Philippe et Sébastien. C’est ce dernier qui a eu la chance d’effectuer cette belle virée. Philippe, me semble-t-il est à la retraite …. même si je le vois dans le magasin à chacun de mes passages!

Je discute avec certains et tous ont l’air plutôt enthousiastes. L’évolution par rapport à l'ancien modèle est plus que sensible et c’est carrément une nouvelle moto qui est proposée malgré une esthétique à peine retouchée. Cela aurait été dommage tant cette moto dégage une belle personnalité. 

Après un repas " pique-nique", c’est l’heure des départs. Certains ont encore une longue route jusqu’à la concession. Je trouve  l’initiative de Honda France excellente; il faut croire que la précédente édition dans la région de Barcelone initiée lors de la sortie tant attendue de l'AFrica Twin 1000 avait plu.

Je suis heureux d’être ici, l’ambiance est détendue et la moto toujours très séduisante sous un beau soleil.

 « Sébastien pourrait te laisser la moto et rentrer à Tarbes avec ta CB 500 X » …..  Je me demande si j’ai bien entendu. Mais oui, c’est Philippe qui vient de lancer cette idée plus que séduisante. Encore faut-il que Sébastien soit d’accord. Il l’est !

Ma journée prend une autre dimension. J’étais venu admirer une moto, et je vais franchir deux cols jusqu’à Tarbes à son guidon. Car il serait malvenu de ne pas lui faire découvrir les massifs montagneux des Hautes Pyrénées. Cerise sur le gâteau, je vais être accompagné par deux Africa Twin 1000. Je vis un rêve !


J’enfourche l’Adventure Sports et Sébastien m’explique brièvement le fonctionnement de l’ordinateur … heu ... je voulais dire du tableau de bord. De prime abord, cela me paraît un peu complexe et je lui demande de mettre un réglage « moyen ». Il m’apprend que la moto est équipée des suspensions pilotées (une option à 1500 euros). Je suis assis plutôt bas, cela n’a rien à voir avec l’ancien modèle sur laquelle je posais péniblement les pointes de pieds par terre ( je mesure 1,74 m). Elle est équipée de la selle basse que Sébastien a mise en position haute. Vous suivez ?

 

Contact. Le tableau de bord très lisible apparaît sous un fond blanc. Mais il est possible de paramétrer un fond noir. J’ai l’impression que l’on peut paramétrer beaucoup d’autres choses mais je n’ai qu’une envie, rouler. Alors allons-y !

 

Premier virage et l’on attaque de suite la montée du col, avec ses nombreuses épingles. Il y a mieux comme cadre pour découvrir une nouvelle moto aussi imposante. Heureusement, fidèle à la réputation des Honda faciles à vivre, je me sens immédiatement à l’aise dessus. Elle a la boîte DCT et j’ai choisi le mode S1 que je sais me convenir parfaitement. C’est encore le cas, la moto tracte avec une douceur totale. Je remarque tout de suite la diminution sonore comparée à la 1000. Le bruit est toujours aussi beau mais moins présent et cela me convient tout à fait.

Deuxième constatation tout au long de la pente, le couple à bas régime est meilleur. On sent une force tranquille mais solide qui emmène l’équipage vers le sommet du col. Les vitesses passent sur un tempo imperceptible, j’ai l’impression que c’est encore plus doux que sur l’ancien modèle. Cette merveilleuse boîte DCT est décidément en perpétuelle évolution.

Le réservoir plus imposant de ce modèle (24,8 litres de contenance) s’élargit vers l’avant mais ne me gêne aucunement. Mes genoux sont bien serrés sur la partie la plus étroite.

Je retrouve cette facilité dans la mise sur l’angle dont je garde le souvenir sur la 1000. Je ne saurais dire s’il y a une amélioration de ce côté-là. Il faut dire que le niveau était déjà très élevé. En tout cas, je ne ressens pas l’inertie que peut engendrer une roue de 21 pouces. La moto se pose sur l’angle naturellement, sans effort de ma part. Je craignais, en sortant de ma CB 500 X si agile, de devoir passer par un petit temps d’adaptation, mais ce n’est pas le cas. Je balance la moto de droite à gauche en toute confiance. Le guidon est relevé et cela me plaît beaucoup car j’aime beaucoup piloter en contrebraquant, avec juste la petite impulsion à donner sur le côté gauche ou droit du guidon.

Nous arrivons au sommet. La descente est un peu plus délicate avec quelques gravillons par ci par là. C’est dans de telles conditions que j’apprécie une moto facile. Je ne peux m’empêcher de penser à l’essai que j’ai réalisé il y a trois jours de la KTM 990 Adventure d’une amie. Une moto d'un tout autre caractère, que certains adorent; quant à moi, je dirais que je suis un peu plus réservé!


Les suspensions sont prévenantes, absorbant en douceur les inégalités de la route. Parfois, j’ai l'impression fugitive d'une certaine déconnexion entre les obstacles rencontrés sous mes roues et la réaction de la fourche et des amortisseurs, comme s’il y avait un filtre entre les deux. Cela n’entache pas le confort qui est excellent mais c’est un sentiment diffus.

La traversée du village d’Azet excessivement sinueux et étroit révèle une moto bien plus agile et maniable que ses dimensions pourraient le laisser penser.

 

Nous retrouvons la route de la vallée jusqu’à Arreau. Le rythme s’accélère et la moto s’inscrit d’un seul bloc dans les grandes courbes. Il se confirme que ce nouveau bicylindre a vu ses décibels revus à la baisse au niveau de l’échappement mais aussi au niveau de la boîte à air moins présente. Le commodo gauche est devenu bien chargé avec de nombreux boutons au point que, à deux reprises je finis mon dépassement alors que je n’ai pas encore trouvé la manette des clignotants….

J’adore la poussée du moteur dans les bas régimes. Elle est conséquente et s’amplifie au fur et à mesure dans les tours, mais sans aucune violence, de manière très linéaire dans un grondement très agréable. C’est pour moi le progrès le plus immédiatement palpable sur cette moto. Les motoristes japonais ont bien travaillé.

 

Sortie d’Arreau. Clignotant à gauche. C’est parti pour 14 km de montée du col d’Aspin. J’ai envie d’être encore plus acteur et je mets le mode manuel. C’est ce que j’aime sur cette boîte, il y a de multiples possibilités qui s’offrent au pilote en fonction de ses désirs du moment.

Je hausse (modérément) la cadence. Droite, gauche, droite, gauche, la moto enchaîne les virages sans se rebiffer. Je viens d’aller vérifier la fiche technique de la moto, elle est donnée pour 250 kg dans cette configuration (2 kg de plus pour les suspensions pilotées et 10 kg pour la boîte DCT). Difficile à croire tant elle met en confiance dans ces enfilades de virages. J’ai envie de tester un peu plus la souplesse du moteur et reste souvent sur un rapport supérieur. Pas de problème, la moto reprend de la vitesse sans temps mort à la sortie du virage. C’est jouissif !

La réduction de la hauteur de selle est la bienvenue. Je me souviens de mon court essai de l’ancienne Adventure Sports avec quelques sueurs froides en manœuvre à l’arrêt. Là, c’est beaucoup moins tendu et je n’hésite pas à m’embarquer sur un chemin en haut du col d’Aspin pour une photo. Une fois la séance terminée, je fais demi-tour sans difficulté particulière.

Dans la descente, je remets le mode S1 de la boîte DCT, si proche de ma manière de conduire. On dirait qu’il lit dans mes pensées, ne rétrograde pas en seconde dans ce virage serré pour me permettre d’enrouler ce passage sur le couple du moteur.

La bulle est réglable sur cinq positions. Cela se fait très aisément avec les deux mains (donc à l’arrêt). Je l’ai mise au plus bas et elle me protège bien, me permettant de rouler visière ouverte quand l’envie me prend. Il faut dire que sur ce parcours montagneux, la vitesse n’est pas très élevée. Quoique. Tout à l’heure, dans la montée, sur une courte ligne droite que je grimpais tranquillement sur le sixième rapport, j’ai vu le chiffre 125 km/h s’afficher ! Elle est trompeuse, cette machine, on ne réalise pas la vitesse à laquelle on roule.

Petite halte à Payolle car mes deux compagnons de route ont soif. Moi aussi, mais c’est plutôt de kilomètres. Je me laisse tenter,deux crêpes accompagnées d’un thé vert sous le doux soleil de cette fin d’après-midi, cela a du bon aussi.

Nous repartons. Je confirme que la boîte DCT est un poil meilleure que l’ancienne, plus « transparente » en ce sens qu’elle se fait encore plus oublier, ce qui est un compliment de ma part.

Sous mes fesses, il y a la selle basse dont la faible épaisseur semble promettre des instants pénibles. J’ai cru comprendre que c’était le point faible de la moto en écoutant les avis de certains concessionnaires tout à l’heure. Mais ne comptez pas sur moi pour donner un avis tranché sur le sujet. Mon fessier est définitivement à classer dans la catégorie hors norme. Il n’y que sur mon vélo que je finis par ressentir parfois quelques douleurs. La moto est uniquement une source de bienfait pour mon corps….

Dans la descente vers Bagnères, il faut parfois doubler et cela se fait sans coup férir. Quel bonheur, ce moteur !

En ce qui concerne les suspensions, mes impressions se confirment. Elles épousent magnifiquement certaines grosses cassures mais me donnent parfois l’impression de me cacher ce qui se passe sous les roues, atténuant, par l'intervention de l'électronique, le contact direct que je devrais avoir avec la route et ses imperfections.  

Je dois préciser que j’ai, sur des portions plus droites, fait défiler grâce à deux boutons sur le commodo gauche les différents programmes établis par Sébastien. Cela fait apparaître un tableau avec un nom différent et l’indication des paramètres choisis : suspensions plus ou moins souples, puissance totale ou non, etc. J’avoue ne pas avoir eu le temps de me pencher sur un monde nouveau pour moi. Il ne faut pas oublier que je sors de 25 années de Transalp 600 et que ma nouvelle CB 500 X ne déborde pas de technologie. A des années lumière de cet écran-ordinateur!!

Nous traversons Bagnères de Bigorre. La moto se révèle auto-stable à très basse vitesse et permet de garder les bottes sur les repose-pieds dans les manœuvres au pas.

Derniers vingt kilomètres. Je dépasse deux voitures et je me retrouve sans l’avoir demandé et sans en avoir l’impression à près de 150 km/h ! Un véritable piège à permis, cette moto.

Après cette petite centaine de kilomètres, nous retrouvons la concession de Tarbes.

 

Je quitte cette moto si attachante. Même si je sais qu’elle est trop grosse (et trop chère) pour moi, je dois avouer qu’elle m’a fait autant d’effet que celui ressenti lors de la découverte de l’Africa Twin 1000 en 2016. J’aime toujours autant cette moto qui a su rester trail dans l’âme avec sa roue de 21 pouces, ce toucher de route si particulier et si plaisant, cette finesse à l’entre-jambes, ce moteur mélodieux et coupleux et cette allure qui semble vous promettre des voyages lointains.

Seul un essai plus long me permettrait de constater les quelques défauts de cette machine. Utilisée sur des routes de montagne, ellle m'a surtout révélé ses qualités. 

Ce devait être une belle journée. Ce fut bien plus que ça. Merci Philippe, merci Sébastien pour ce très beau cadeau !

  

PS: bien que mon choix actuel se soit porté vers quelque chose de plus raisonnable avec ma petite CB 500 X, je ne peux m'empêcher de penser quelle serait l'Africa Twin de la gamme vers laquelle je me dirigerais.

Après réflexion, même si l'Adventure Sports fait très fort avec un équipement pléthorique pour un surcoût raisonnable de 2000 euros quand on voit tout ce qui est rajouté par rapport au modèle Standard, je crois que je me tournerais vers cette dernière plus svelte (12 kg de moins) en l'équipant d'un porte bagages et top-case et de l'indispensable bulle haute.

Je lui trouve un côté plus accessible, plus proche de mes attentes.