Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Carnet de piste d'Alex - Les essais hivernaux se poursuivent

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14 décembre 2013.

Le brouillard ne m’a quitté depuis mon départ de Pau.
Toutes les 30 secondes, je balaye avec l’index gauche de mon gant la visière de mon casque. Dans ma voiture, j’actionnerais la commande d’essuie glace, réglerais le niveau de la radio et augmenterais un peu le chauffage. Mais je ne donnerais ma place pour rien au monde.

Je n’ai croisé aucun motard. Cette matinée au goût hivernal ne les a pas inspirés. Ils ne savent pas de quoi ils se privent. D’un plaisir différent de celui des balades printanières ou estivales ensoleillés. Plus intérieur, plus profond et plus intense aussi.
Ah, si, en voilà un, un petit jeune volontaire sur son petit scooter. Un signe de la main. Je me revois sur mon Peugeot 102, si heureux quand un motard me saluait.

J’imagine les pensées noires d’Alex qui devait espérer une belle piste sèche, alors que le soleil brillait depuis une semaine dans la région.

Je traverse le petit village de Sarron, clin d’œil à mon pilote favori, lors de ma jeunesse motarde, celui qui me faisait vibrer à chaque course par ses exploits …. et ses chutes.

 

Nogaro m’accueille sous un ciel bas ; l’humidité est bien présente.

Alex et son père arrivent en même temps que moi.

L’ambiance n’est pas à la franche rigolade avec cette piste mouillée qui attend les pilotes. Sans pneus pluie, la tâche risque de s’avérer délicate. Mais, à plus de 400 euros le train de pneus, ce n’est pas l’achat principal d’un jeune pilote Promosport.

Déchargement de la moto qui prend fièrement la pose sur sa nouvelle béquille d’atelier.

 

Alex règle ses nouveaux guidons. La moto n’a subi aucune autre modification. La priorité, pour le moment, c’est le roulage. Il lui faut s’habituer à la puissance de sa nouvelle moto, la comprendre.

 

Max, le copain de son équipe, le Kawito Racing Team, arrive. Un grand gaillard rempli de joie de vivre.

Les deux pilotes du Team vont « sécher » la première séance. J’en profite pour faire un petit tour du parc. Il y a une belle Ducati 900 SS qui me fait de l’œil. Je discute avec son sympathique propriétaire de son V-twin. Nous parlons aussi des Grands Prix, ceux des années 80 avec les moteurs deux temps à l’intérieur desquels les mécanos s’en donnaient à cœur joie pour y apporter leurs modifications, afin de trouver le cheval supplémentaire qui ferait la différence en course, les moteurs que les pilotes éteignaient en pleine puissance dans la ligne droite du dernier tour des essais, avec le mécano venant démonter les bougies pour déterminer la meilleure carburation. Une autre époque !

 

 

 

Plus loin, c’est une moto magnifique, tout de vert vêtue, qui attire mon regard. Fourche Fior, cadre maison, du beau boulot.

 

 

 

 

Je continue ma visite en m’attardant sur une Yamaha deux temps bleue superbe, puis une Aprilia 125 dans le cadre de laquelle a été installé un moteur de 650 Pegaso. C’est sa première sortie.

 

 

 

Je m'attarde sur d'autres motos.

 

 

Deuxième séance d’essais. Max, qui a des pneus pluie, sort sa moto. Alex prend son mal en patience mais je le sens un peu désabusé. Il n’est pas venu pour être spectateur.

 

 

 

 

 

 

Heureusement, les discussions entre les deux copains apportent quelques rayons de soleil. Derrière leur implication dans la compétition moto, il y a surtout le plaisir de rouler, dans une ambiance conviviale et chaleureuse.

Fin du repas de midi. Le soleil se montre. Enfin ! La prochaine séance est prévue pour 15 heures, la piste devrait avoir le temps de s’assécher un peu.

 

 

 

 

 

Départ d’Alex, Max et deux de leurs copains en Kawasaki et Suzuki.

J’ai le cœur qui bat un peu plus fort. Par la pensée, je demande à Alex de faire gaffe à lui. Je n’avais pas encore réalisé que c’était cela la course vue de l’intérieur, des moments d’euphorie et d’angoisse quand on assiste, impuissant, du bord de la piste, aux tours de circuit de « son » pilote.

 

 

 

 

 

Comme à son habitude, Alex part prudemment et prend peu à peu la mesure de la piste. Il suit un long moment Max et le passe. 
 
  
Le rythme reste modéré, du fait des nombreuses parties encore mouillées de la piste.
Malgré tout, je suis impressionné par la puissance actuelle des motos et les montées en régime fulgurantes des quatre cylindres.

Alex rentre aux stands. Il semble satisfait. Son père trouve que son moteur fait « poumon » dans la ligne droite et que le rodage est encore à parfaire. Alex parle d’une moto saine.
Trois chronos relevés en fin de séance font état de 1.50, 1.49.5 et 1.47.6.

 

 

Deuxième et dernière séance d’essais pour Alex. Je vais m’installer à l’entrée de l’ancienne ligne droite des stands, avant que le circuit ne soit modifié. Je suis seul là-bas. 
 
  
Alex part doucement, prend son rythme, remonte sur Max.
Je le vois mieux sortir de la courbe précédant la ligne droite, remonter sur son copain et le passer au freinage. J’en oublierais presque que ce n’est qu’une séance d’essais. Je l’encourage comme s’il était en train de se battre pour un podium !

 Je me régale à le voir passer. J’aime son style coulé, cette impression qu’il donne de ne pas forcer. Je le trouve doux avec sa moto, avec des gestes précis, sans aucune brusquerie dans les gestes. Ses trajectoires varient peu, c’est propre. Pourtant, je le trouve plus incisif, comme s’il commençait à prendre la mesure de sa monture.La lune assiste au spectacle et le soleil bascule derrière le bosquet d’arbres, derrière moi.

Le froid s’installe.

Heureusement, c’est la fin de la séance.



Luc, un copain venu assister à la séance, m’annonce un 1.44.5 au tour. Cela confirme ce que je ressentais ; Alex a progressivement augmenté le rythme, sans prendre de risques. La piste, encore bien humide par endroits était piégeuse et ce n’était pas une journée à claquer une pendule.

Alex livre brièvement ses impressions. Il parvenait à prendre la courbe avant la ligne droite à fond en évitant la partie mouillée, la moto a pris 267 km/h. Il a été surpris d’être autant secoué quand il roulait en paquet.

Pendant la trêve hivernale, il prévoit de s’occuper de la moto. En priorité, ce sera l’installation d’un amortisseur EMC et un réglage de fourche adapté. Et sûrement une foule de petits détails à peaufiner.



Pour ma part, je suis heureux de cette journée. J’ai déjà ressenti de belles émotions lors de cette simple séance d’essais, j’ai aimé l’atmosphère particulière de ce circuit désert fréquenté par des passionnés de la piste.

C’est donc l’esprit léger que je rentre à Tarbes, pour fêter l’anniversaire d’un ami motard.Ce dernier possède le plus beau couloir que je n’ai jamais vu, avec cinq motos qui lui donnent une ambiance très particulière et très Ducati aussi !