Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Carnet de piste d'Alex - Premiers pas

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ll y a déjà quelques rares camionnettes et certains s’affairent autour de leur moto. Le vent est glacial.

Alex arrive avec son père Bruno et ils sortent la moto avec laquelle il va participer à la catégorie 600 Promosport en 2014.

Hier au soir, ils ont monté un carénage et réservoir d’occasion. Avec sa nouvelle moto, une Yamaha R6, on rentre dans une autre dimension après la Honda CBF 500. Elle respire la course quand on la détaille. Compacte, elle donne une impression de puissance à l’arrêt et sa zone rouge à 16 500 tours/minute annonce la couleur.

 

Quand Alex la démarre pour le passage au sonomètre, un beau son rauque sort de l’échappement Akrapovik.

C’est parti ! Enfin, presque, car le passage de la première provoque un calage du moteur. La béquille latérale a été enlevée et le capteur interdisant le démarrage béquille dépliée fonctionne bien. C’est l’occasion de voir la différence entre un piètre mécano comme moi et Alex et Bruno qui, en quelques minutes, localisent le problème et shuntent le capteur.

 

Enfin, Alex peut s’élancer. Il parait calme mais son regard qui brille me fait dire que, sous le casque, l’émotion est bien présente. 130 chevaux, des vitesses inversées, une piste mouillée et froide, je pense que cela doit quand même un peu gamberger dans sa tête. Le thermomètre de sa moto indique 3 degrés.

 

 

Je me demande ce qui se passe dans la tête de Bruno à ce moment là. Peut-être songe-t-il à cette époque pas si lointaine où il fréquentait les circuits avec sa Ducati. Il est certain qu’avec un père comme lui, la probabilité était faible pour qu’Alex se mette au chant baroque !

 

 

Nous montons sur la butte pour voir ses premiers tours de roues. Le vent nous glace les os. Bruno semble rassuré, le fiston ne prend aucun risque sur cette piste piégeuse, d’autant qu’il n’a pas les pneus adéquats. Une quinzaine de motos est en piste et les hurlements des quatre cylindres à hauts régimes sont entrecoupés par le grondement sourd de la seule bicylindre en piste, une KTM RC8.

Fin de la session. Alex nous raconte ses premières impressions : ça pousse fort et il a pris 240 km/h en bout de ligne droite, mais l’adhérence très faible l’a incité à ne pas s’emballer. Un pneu qui patine à l’accélération dans la ligne droite, ça calme les ardeurs ! Et il reconnait avoir encore le réflexe, parfois, de mettre le pied sous le sélecteur pour passer les vitesses. Difficile de perdre les automatismes.

 

 

J’aime cette ambiance hivernale. Il y a peu de monde, mais les contacts sont chaleureux. Je discute avec deux motards qui inaugurent leurs pneus slicks ; ils s’interrogent sur les pressions, sur le comportement de ces gommes sur une telle piste froide.

A côté, il y a une vieille Ducati Pantah dont les carbus n’ont pas l’air d’apprécier le froid et une magnifique 900 SS. Tiens, j’entends un bruit qui se fait rare, celui d’un deux temps, une Yamaha RDLC 350.

Alex discute avec un jeune motard qui lui parle de modifications en cours dans le règlement. Je réalise qu’il faut s’occuper de tout quand on est amateur.

C’est parti pour une deuxième séance d’essais. Les couvertures chauffantes ont surtout servi à chauffer les gants d’Alex…. D’ailleurs, je lui avais proposé auparavant mes manchons, mais il peut-être avait-il eu peur de défigurer sa belle moto!

 

Ce dernier reste prudent et cela me rassure. Il fait connaissance avec sa nouvelle monture, aujourd’hui, en essayant de la comprendre.

Le petit resto installé sur le circuit a des allures d’oasis après une traversée de désert. Il y fait chaud, la viande et les frites réchauffent le corps. Nous nous y attardons, avant d’affronter le froid qui a décidé de passer la journée ici.

Troisième séance, la piste a séché par endroits et j’ai l’impression qu’Alex se lâche un peu plus. D’autres pilotes, sûrement plus aguerris, malmènent un peu plus leur monture.

 

6 heures, c’est l’heure de rentrer pour moi.

 

Alex me donne une petite plaquette qu’il a fait éditer à l’attention des sponsors éventuels. Car, cela coûte cher, une saison, même en Promosport ; son budget prévisionnel fait état de plus 12 000 euros pour les courses et de 6000 euros pour les entraînements.

 

 

Cette journée de découverte m’a mis l’eau à la bouche. Il me tarde d’assister à la prochaine séance d’essais, avec un peu plus de soleil et de chaleur.


Et, vu comment Alex a adopté sa nouvelle monture, je me dis que c’est une belle histoire qui se prépare….